Nicolas Sarkozy, en campagne après avoir dit qu'il ne ferait campagne, a tenu lors d'un déplacement de soutien au candidat UMP en région Centre à présenter ses propositions sur la ruralité. Cherchant des solutions efficaces et novatrices pour défendre la ruralité, ses conseillers se sont, semble-t-il, penchés sur les actions menées par la Région Poitou-Charentes. Avec six années de retard, on voit ainsi Nicolas Sarkozy copier sans vergogne « les maisons de santé » (12 ont été créées depuis 2004 en Poitou-Charentes), les "bourses aux étudiants en médecine" (227 médecins-stagiaires en milieu rural soutenus depuis 2004) et l'internet haut débit dans les zones blanches rurales. En revanche, rien contre la désertification des services publics qui isole de plus en plus nos campagnes, rien sur le soutien à la mobilité en milieu rural, rien sur un véritable soutien à une agriculture saine et de qualité. On se propose, afin de lui faire gagner du temps, de transmettre très prochainement au Président de la République le projet régional de la liste menée par Ségolène Royal afin qu'il comble ces lacunes...
12 février 2010
11 février 2010
Quelques mots à propos de l’agression de Rayhana (Djemila Benhabib)
Publié par prochoix
mardi 19 janvier 2010
Comme plusieurs d’entre vous, je suis terrassée par l’agression barbare dont a été victime, en plein cœur de Paris, le 12 janvier dernier, la comédienne Rayhana, à quelques pas de la Maison des Métallos où elle devait monter sur les planches le soir même. Je lui exprime toute ma solidarité ainsi que ma profonde sympathie.
Nous nous sommes rencontrées à Ottawa, en mars 2009, alors qu'elle était invitée par Esther Beauchemin au Théâtre de la Vieille 17 pour présenter une lecture-spectacle de sa pièce intitulée « A mon âge, je me cache encore pour fumer », à l’occasion de la Journée internationale des femmes. J’ai vite été enveloppée par la moiteur du Hammam, emportée par ses intrigues et littéralement conquise par le caractère libérateur et voir même libertin de quelques personnages. Nul interdit ne subsistait. Nulle place au conformisme. Rayhana avait fait péter tous les verrous et du même souffle avait suspendu tous les tabous. J’avais oublié le froid glacial de cette nuit hivernale. Ottawa avait disparu, englouti sous le Hammam qui avait pris ses aises. Aspergée par les vapeurs, je me voyais là, débarrassée de mes lainages, quelque part entre ces femmes dont les voix étouffées s’étaient furtivement libérées, partageant leurs rêves et leurs blessures. On aurait cru que l’Algérie entière s’était donné rendez-vous dans ce théâtre et que la vie de ces femmes convergeait toute vers le même idéal : leur émancipation. C’est précisément cette fin, un peu idéaliste et triomphaliste, qui m’a laissée perplexe. Autant admettre que je suis de celles qui ne croient pas en la vertu d’une solidarité féminine intrinsèque. Dans ma pensée, les lignes de démarcation transcendent les sexes et sont bien naturellement idéologiques. Pour ma part, les revendications féministes s’inscrivent toujours dans le champ du politique par leurs objectifs de transformation du système juridique et du modèle patriarcal. Cependant, cette réserve n’avait aucunement freiné mon élan. Lors de l’échange qui a suivi avec Rayhana, je saluais, émue, son souffle théâtral ô combien rafraichissant et courageux. Je découvrais aussi une femme d’une incroyable vivacité et immensément belle…parce que digne. Qui d’autre mieux que cette artiste pouvait incarner l’histoire de l’Algérie ? Elle qui est née dans un quartier populaire et a choisi de faire un métier interdit aux femmes. Elle qui se faisait traiter de pute depuis toujours ou presque. C’est ainsi qu’elle devient comédienne et féministe. Était-ce pour conjurer le sort ? Avec la montée de l’islamisme politique, vivre en Algérie ne lui était plus possible. Fatiguée de jouer à cache à cache avec la mort, elle a fui Alger, il y a une dizaine d’année, meurtrie, endeuillée par tant de haine et de violence. A la fin de la pièce, elle m’a racontée, en aparté, les conditions difficiles de son départ. Elle m’a révélé, avec retenue, les énormes sacrifices auxquels elle a consenti pour regagner l’autre rive et les difficultés de vivre à Paris. Ses yeux étaient embués et son rire était devenu plus discret. Nous avons évoqué Alloula et Medjoubi, ces deux géants du théâtre algérien, tous deux assassinés. Puis, nous avons pleuré l’une dans les bras de l’autre car une même douleur traversait nos corps. La douleur d’être femme lorsqu’on est de culture musulmane.
Bien que je me réjouisse de la vague de sympathie envers Rayhana, certaines réactions me laissent dubitatives. En effet, plusieurs voix s’élèvent, en France, pour demander s’il y a réellement un lien entre la nature de cette agression et sa pièce de théâtre. D’autres encore appellent à la prudence et à la patience en évoquant l’enquête policière qui suit toujours son cours. Je vous le dis d’emblée et probablement d’une façon brutale : vos réactions me gênent profondément. Non pas que je doute, une seule seconde, de votre compassion, mais votre attitude donne à penser qu’on pourrait saucissonner Rayhana. Est-ce la comédienne qu’on a voulu punir ou bien la féministe ? Est-ce tout simplement la femme? Et si c’était tout cela en même temps? Et si toutes les facettes de cette femme incarnaient en soi un parti pris pour la liberté, pour l’émancipation des femmes et le triomphe de l’art ? Et qui donc Rayhana dérange-t-elle autant? Qui traite de putains, de mécréantes et d’occidentalisées à longueur de prêches toutes les femmes qui sortent du rang ? Qui est obsédé par la sexualité et le corps des femmes? Qui veut les voir brulées, crevées, cachées, voilées, terrées, emprisonnées et anéanties? Qui déverse sa haine sur les journalistes, les écrivains, les caricaturistes, les poètes, les peintres, les dramaturges, les comédiens et les musiciens? Qui manie le sabre pour sectionner les têtes des libres-penseurs ? Qui arrose ses mercenaires de la mort de millions de dollars pour mettre à prix la tête de telle femme ou tel homme qui n’ont que pour seul tort de « mal penser » ? Qui donc a donné l’ordre par une fatwa d’assassiner le romancier Salman Rushdie ? Qui a eu l’audace criminelle d'attenter à la vie du seul prix Nobel de littérature du monde arabe, Naguib Mahfoud, alors âgé de 83 ans, en le poignardant? Qui a condamné à mort la féministe Nawal Saadawi en l’accusant d’apostasie et de non-respect des religions ? Qui a tenté d’assassiner le caricaturiste danois Kurt Westergaard, âgé de 74 ans le 1er janvier dernier en soirée ? Devrait-on penser à monter un spectacle planétaire intitulé Bas les masques ! J’ai bien peur que la fiction serait dérisoire tant la terrible réalité surpasse l’entendement lorsqu’il est question de l’islamisme politique et de ses nombreuses manifestations. Quiconque est familier, un temps soi peu, avec la rhétorique des islamistes est forcé de reconnaitre que l’idéologie qu’ils vocifèrent nourrit et perpétue toutes ces violences. S’élever contre l’agression de Rayhana, c’est d’abord et avant tout condamner l’idéologie islamiste. Sans cela, on contribue à isoler la main de l’agresseur de sa tête gangrenée par la haine des femmes, le passage à l’acte ne constituant qu’une étape d’un long processus jonché par la détestation et le mépris des femmes.
J’en arrive alors à la deuxième ambigüité qui sous-tend la prise de position précédemment citée. En évacuant le lien de cause à effet qui existe entre la main et la tête de l’agresseur, on situe l’agression hors du temps et hors de l’histoire. C’est comme si la pièce ne faisait plus partie de l’histoire. C’est comme si Rayhana n’appartenait plus à l’histoire. C’est comme si les personnages étaient soudainement devenues a-historiques. Et tout compte fait c’est comme s’il fallait occulter le contexte politique, aussi bien en France qu’ailleurs, dans lequel l’agression s’est produite. C’est comme s’il fallait soudainement devenir amnésique et vider l’histoire de son sens. Est-ce un hasard si l'ordre islamiste régule le quartier ou Rayhana a été agressée ? Est-ce encore un hasard si les commerces communautaires ont écrasé de tout leur poids le reste des échoppes avoisinantes? Est-ce un hasard encore si la burqa se commercialise dans le quartier ? Est-ce toujours un hasard si la mosquée du quartier rythme la vie des riverains ? Je vous surprendrai peut-être, mais pour vous dire vrai, je ne suis aucunement surprise par l’agression de la comédienne. Depuis quelques années déjà je suis constamment alertée par des amis extrêmement inquiets de l’avancée de l’islamisme politique au sein même de leur quartier et de leur ville. A Marseille, à Lyon, à Lille, à Paris et en région parisienne ou ailleurs, plusieurs de mes amies ont été victimes d’agressions verbales et physiques. On les accusait toujours des mêmes maux : de mécréantes et de putains. C’est dire qu’une violence, avant d’être physique, est d’abord verbale et porte en elle une profonde charge symbolique. Aujourd’hui, j’en arrive à me demander combien sont-ils, en France, à subir des menaces et des intimidations sans jamais rien dire ni porter plainte? Combien sont-elles à emprunter des ruelles sinueuses les entrailles nouées par la peur?
Cet état de fait est une conséquence directe d’une situation particulière qui se caractérise par un recul de la laïcité, de la mixité, un affaiblissement des services et de l’école publics. Dans ce contexte, le lien social se fissure, et viennent se loger dans ces trous béants de la République des poches de régression qui échappent totalement à ses lois, à ses valeurs et à ses principes. Il ne fait aucun doute pour moi que la mouvance islamiste, extrêmement bien organisée, s’est greffée à toutes les sphères de la société française y compris la sphère économique et financière. Elle a ses entrées partout, ses représentants sont reconnus et reçus par tous les paliers gouvernementaux du municipal au national en passant par le régional ; ses prédicateurs, à travers le bruyant Tarik Ramadan, reçoivent toute l’attention des médias. La mouvance islamiste n’avance plus sur la pointe des pieds. Elle est dans la démonstration de sa force et de son arrogance. En ce sens, l’occupation des rues le vendredi après-midi lors de la prière en est un bon exemple. La multiplication des voiles, du hidjab à la burqa, en est une autre. Pendant ce temps, ceux qui osent dénoncer ces pratiques se font rabrouer et accuser de racistes et d’islamophobes alors que d’autres sont menacés et agressés. Se peut-il qu’il soit devenu périlleux de défendre les idées de Voltaire dans le pays des Lumières ? J’en ai bien peur. Ce ne sont pas que là des mots que je lance à la légère. C’est le fruit d’un constat auquel je suis arrivée après avoir goutté un peu à la médecine des islamistes, en France, lors du lancement de mon livre Ma vie à contre-Coran à l’automne dernier. Cela ne signifie nullement que l’adversité me fait reculer. Absolument pas. Je dis seulement qu’il est urgent d’unir nos forces pour que la République reprenne ses droits. Dans cette épreuve, j’ai besoin de croire en votre solidarité concrète et de lever toutes les ambigüités qui viendraient la parasiter. Ce n’est que de cette façon que les Rayhana de France et d’ailleurs feront éclater leurs talents sans jamais craindre pour leur vie. Rayhana quant à toi, je souhaite que la France entière, que dis-je ? que le monde entier, se transforme en un gigantesque théâtre pour accueillir ton Hammam.
Djemila Benhabib auteure de Ma vie à contre-Coran10 février 2010
Témoignage de Djemila Benhabib
Je vous invite à regarder le témoignage magnifique de Djemila Benhabib en vidéo:
http://www.dailymotion.com/vid...
http://www.dailymotion.com/vid...
La citation du jour ....
Dans un éditorial du journal Challenge , le 4 octobre 2007, un responsable patronal, Denis Kessler,écrivait : « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! » ? « Le modèle social français, expliquait-il, est le pur produit du Conseil national de la Résistance. (…) Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
La délégation socialiste française refuse d'investir une Commission européenne faible et soumise
Après s'être fortement impliqués dans les auditions des commissaires désignés, les membres de la délégation socialiste française considèrent que le futur collège n'est pas suffisamment armé pour répondre à la crise, ainsi qu'aux urgences sociale et climatique, et pour s’imposer sur la scène mondiale.
"Contraints sans doute au silence, les candidats ont dans l’ensemble montré peu d’engagement politique, peu d’ambition et aucune vision personnelle. De plus, la délimitation des portefeuilles sera certainement source de conflits, et les auditions ont parfois révélé des profils sous-dimensionnés. L'ensemble des critiques émises à l'égard de ce collège pendant les auditions, dans l'ensemble des groupes politiques, démontre l'impossibilité pour notre assemblée d'accorder un plébiscite à Barroso II ", explique Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen. Les futurs commissaires ne se sont pas engagés sur des points essentiels aux yeux des socialistes : stratégie de sortie de crise, réponse à l'urgence sociale et climatique, et renouveau du projet européen. La présidente de la délégation socialiste française souligne d'autres absences dangereuses : "aucun engagement substantiel sur l'harmonisation fiscale et l'harmonisation sociale, sur l'ambition d'une politique industrielle, sur les moyens de l'Union, son budget, la politique régionale et la politique agricole, sur la protection des services publics et des services sociaux, ou encore sur les véritables priorités et orientations de la politique étrangère et de sécurité commune".
Le collège n'a donné ni perspectives politiques à l'échelle interne, ni ambition en ce qui concerne l'union comme acteur global. Les Etats membres ne l'ont pas voulu. C'est leur choix.
"Notre vote contre l'investiture de Monsieur Barroso désignait notre refus d'une Europe réduite aux acquêts de l'intergouvernementalisme, triomphe des égoïsmes nationaux", rappelle Catherine Trautmann. "Les auditions ont confirmé nos craintes : la seule priorité de ce collège sera de ne pas gêner le Conseil. Nous ne pouvons pas cautionner par notre vote un tel affaiblissement de l'exécutif communautaire.".
Enfin, ajoute la présidente, "Dans un vote où le choix se limitait à "Pour" ou "contre", c'est en cohérence que nous avons voté contre l'investiture de ce collège. Il nous est impossible de donner un blanc-seing à ce manque flagrant de volontarisme européen. "
L'Europe a besoin de vision, d'ambition et d'impulsion avec un exécutif qui soit le moteur de l'intégration européenne. Par son orientation majoritairement conservatrice et libérale comme par sa composition, la Commission proposée ne répond pas à cet objectif
Communiqué de la délégation socialiste française au Parlement européen
"Contraints sans doute au silence, les candidats ont dans l’ensemble montré peu d’engagement politique, peu d’ambition et aucune vision personnelle. De plus, la délimitation des portefeuilles sera certainement source de conflits, et les auditions ont parfois révélé des profils sous-dimensionnés. L'ensemble des critiques émises à l'égard de ce collège pendant les auditions, dans l'ensemble des groupes politiques, démontre l'impossibilité pour notre assemblée d'accorder un plébiscite à Barroso II ", explique Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen. Les futurs commissaires ne se sont pas engagés sur des points essentiels aux yeux des socialistes : stratégie de sortie de crise, réponse à l'urgence sociale et climatique, et renouveau du projet européen. La présidente de la délégation socialiste française souligne d'autres absences dangereuses : "aucun engagement substantiel sur l'harmonisation fiscale et l'harmonisation sociale, sur l'ambition d'une politique industrielle, sur les moyens de l'Union, son budget, la politique régionale et la politique agricole, sur la protection des services publics et des services sociaux, ou encore sur les véritables priorités et orientations de la politique étrangère et de sécurité commune".
Le collège n'a donné ni perspectives politiques à l'échelle interne, ni ambition en ce qui concerne l'union comme acteur global. Les Etats membres ne l'ont pas voulu. C'est leur choix.
"Notre vote contre l'investiture de Monsieur Barroso désignait notre refus d'une Europe réduite aux acquêts de l'intergouvernementalisme, triomphe des égoïsmes nationaux", rappelle Catherine Trautmann. "Les auditions ont confirmé nos craintes : la seule priorité de ce collège sera de ne pas gêner le Conseil. Nous ne pouvons pas cautionner par notre vote un tel affaiblissement de l'exécutif communautaire.".
Enfin, ajoute la présidente, "Dans un vote où le choix se limitait à "Pour" ou "contre", c'est en cohérence que nous avons voté contre l'investiture de ce collège. Il nous est impossible de donner un blanc-seing à ce manque flagrant de volontarisme européen. "
L'Europe a besoin de vision, d'ambition et d'impulsion avec un exécutif qui soit le moteur de l'intégration européenne. Par son orientation majoritairement conservatrice et libérale comme par sa composition, la Commission proposée ne répond pas à cet objectif
Communiqué de la délégation socialiste française au Parlement européen
Lettre de Mouloud Baubérot à Nicolas Sarkozy
12/12/2009
Cher Nicolas, Mon cher compatriote,
Tu as écrit une tribune dans Le Monde (9 décembre) qui a retenu toute mon attention. En effet, tu t’adresse à tes « compatriotes musulmans », et c’est mon cas, moi Mouloud Baubérot, frère siamois de celui qui tient ce blog.
Comme une lettre ne doit pas rester sans réponse, alors j’ai décidé, à mon tour de t’écrire. Après tout, toi aussi tu es mon « compatriote ». Et puis, comme je suis professeur d’histoire en terminale, j’ai l’habitude de corriger des copies.
Nous allons le voir, il y a plein de belles idées dans ta lettre, et je vais pouvoir te citer souvent.
Mais tu t’as commis une légère erreur de perspective, qui gâche un peu ton propos. Et comme cela vous concerne en particulier ton frère siamois et toi, permets moi de la rectifier.
Avant, par politesse, il faut que je me présente très brièvement. Ma famille provient d'Alger, ville française depuis 1834 et chef lieu d’un département français depuis 1848. Nous sommes donc d’anciens Français.
D’autres nous ont rejoint peu de temps après et sont devenus Français, en 1870, tel les Niçois et les Savoyards.° Nous avons intégré volontiers ces "nouveaux arrivants" et avons ajouté la pizza à nos coutumes alimentaires.
Et au siècle suivant, d’autres sont encore venus. Certains de l’Europe centrale, bien différente de notre civilisation méditerranéenne. Mais, comme tu l’écris très bien, nous sommes très «accueillants», nous autres.
Alors nous avons donc accueilli parmi eux, un certain Paul Sarkozy de Nagy-Bosca, qui fuyait l’avancée de l’Armée Rouge en 1944.
Nous sommes tellement « accueillants » que nous avons fait de son fils, ton frère siamois, immigré de la seconde génération, un Président de notre belle République.
Comment être plus accueillants ?
Mais faudrait quand même pas tout confondre : entre lui et moi vois-tu, c’est moi qui accueille, et lui qui est accueilli. Ne l’oublie pas.
Ceci précisé, je suis tout à fait d’accord avec ce que tu écris :
Moi, Mouloud, l’accueillant, j’offre à ton frère siamois et à toi-même, «la reconnaissance de ce que l’autre peut lui apporter». Mais je demande, à «celui qui arrive, le respect de ce qui était là avant vous»
Et, je vais y revenir, quand les Sarkozy sont devenus Français, le ciel de Paris s’ornait d’une Grande Mosquée, avec un beau minaret.
Je suis d’accord, moi Mouloud qui t’accueille, je dois te faire «l’offre de partager (mon) héritage, (mon) histoire [y compris en classe de terminale], (ma) civilisation), (mon) art de vivre.»
Tiens, je t’invite volontiers à venir manger un couscous avec moi.
Mais, naturellement, toi «qui arrive», ou toi dont c’est juste le père qui est arrivé, je te demande, comme tu l’écris toi-même, d’avoir «la volonté de (t)’inscrire sans brutalité, comme naturellement, dans cette société que (tu vas) contribuer à transformer, dans cette histoire que (tu vas) désormais contribuer à écrire.»
«Sans brutalité» : tu as bien raison, c’est important ça.
Nous, anciens Français, nous ne jouons pas au matamore, aux «tu causes tu causes, c’est tout ce que tu sais faire » ; nous n’aimons pas trop tout ce qui est « bling-bling».
Nous aimons, tu le soulignes, « l’humble discrétion » et nous comptons sur toi pour être exemplaire dans ce domaine.
Nous comptons sur toi, pour, comme tu l’affirmes que cela doit être le cas des «nouveaux arrivants», de te « garder de toute ostentation et de toute provocation».
Car, toi dont le père a fui le totalitarisme, tu dois être bien «conscient de la chance que (tu as) de vivre sur une terre de liberté».
Et cela te donne le devoir de n'en supprimer aucune.
Contrairement à moi, puisque tu n’es en France que depuis une seule génération, tu as encore beaucoup de choses à apprendre quant aux «valeurs de la République (qui) sont partie intégrante de notre identité nationale».
Vu ta fonction, il faut que tu l’apprennes vite car «tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec.»
Mais, je ne suis pas inquiet : tu es très doué
Donc, il suffit que je te précise un peu les choses, notamment sur la laïcité dont je parle souvent à mes élèves dans mes cours de terminale, et tu obtiendras une brillante note.
D’abord, la laïcité, ce n’est nullement «la séparation du temporel et du spirituel» comme tu l’écris.
Cette expression, elle fleure le Moyen Age, la société de chrétienté, bref l’exact contraire de la société laïque.
Comme tu as publié ta tribune le 9 décembre, jour anniversaire de la «séparation des Eglises et de l’Etat», ta formule est particulièrement malheureuse.
Le «spirituel» et le «temporel», ce sont des notions théologiques, et cela connotait des pouvoirs.
La lutte de l’Empereur et du Pape, c’était la lutte du «pouvoir temporel» pour s’imposer face au «pouvoir spirituel». Deux souverainetés.
En laïcité, seul «le peuple» est souverain, et donc le seul «pouvoir» est le pouvoir politique qui émane de lui. Le pouvoir, écrit Max Weber, a «le monopole de la violence légitime» : il peut réprimer par la loi.
La religion n’est pas sur le même plan. Et peut avoir, elle, autorité, si l'on est convaincu de sa validité.
Mais elle ne doit pas disposer de pouvoir.
Bon, la première leçon étant apprise, passons à la seconde.
Elle concerne aussi la laïcité.
Tu fais preuve d'une curieuse obsession des minarets et tu sembles assez ignorant à ce sujet.
Pour être concret, je vais te raconter l’histoire de France en la reliant à ma propre histoire d’ancien Français, du temps où toi, tu ne l’étais pas encore.
Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière grand-père est mort au front, comme, malheureusement, beaucoup de Français, de diverses régions : Algérie, Savoie, ou Limousin, «petite patrie» de mon frère siamois.
Mais si je te raconte cela, ce n’est pas pour me cantonner dans la petite histoire, celle de ma famille, c’est pour rappeler l’Histoire tout court.
Car nous avons été environ 100000, oui cent mille, musulmans a mourir au combat pour la France.
Nous étions déjà tellement «arrivés» en France, que nous y sommes morts !
Ces combats avaient lieu dans cette partie de la France appelée «métropole». Ma famille y était venue, à cette occasion, et elle y est restée. A Paris, précisément.
Comme nous commencions à être assez nombreux, et provenant, outre la France, de différents pays, la République laïque a eu une très bonne idée : construire une mosquée, avec un beau minaret bien sûr.
Elle avait décidé, en 1905, de «garantir le libre exercice du culte» (Article I de la loi de séparation).
«Garantir», c’est plus que respecter. C’est prendre les dispositions nécessaires pour assurer son bon fonctionnement.
Pourquoi passes-tu tant de temps, dans ton texte, à nous parler des minarets ?
Cela n’a vraiment pas été un problème. Bien au contraire.
Et pourtant, ils étaient très laïques, tu sais, plus laïques que toi, mon cher chanoine, les rad’soc (radicaux-socialistes), les Edouard Herriot, ou Léon Bourgeois (un des « pères » de la morale laïque) qui ont pris la décision de consacrer des fonds publics à la construction de cette mosquée, de ce minaret.
Tu sais, j’aime bien fréquenter les bibliothèques. J’y ai trouvé un ouvrage d’un historien qui retrace l’histoire de cette construction. Et c’est fort intéressant.
«Il est a remarquer, écrit son auteur, Alain Boyer, que personne n’a soulevé à l’époque le problème de la compatibilité de cette subvention avec l’article 2 de la loi de 1905, concernant la séparation des Eglises et de l’Etat qui dispose la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte ; il aurait pu d’ailleurs être répondu que l’Etat ne finançait que la partie culturelle, l’institut, et non pas la mosquée proprement dite, c'est-à-dire le lieu de culte.»[1]
«Il aurait pu être répondu» :
Donc c’est sans doute plus tard que l’on a justifié ainsi les subventions de l’Etat et de la ville de Paris. Sur le moment, on s’est contenté de trouver cette construction nullement incompatible avec la loi de séparation.
C’est ce que l’on appelle une rationalisation a posteriori.
Vois-tu, comme moi aussi je suis historien, je me permets une autre interprétation, qui me semble fort plausible.
On a (aussi) raisonné par analogie : en effet la conséquence de l’article 1 de la loi de 1905, de sa garantie du libre exercice des cultes avait été double :
- d’une part la mise à disposition gracieuse (donc manque à gagner par absence de loyer!) des édifices du culte existants en 1905 et propriété publique (des milliers et des milliers !), mise à dispostion aux religions correspondantes à ces édifices (et on y a ajouté presque tout de suite le droit de faire des réparations sur fonds publics) ;
- d’autre part, la possibilité (prévue dans l’article 2 lui-même) de payer des aumôniers pour garantir le libre exercice du culte dans les lieux clos : hôpitaux, prisons, armée, internats des lycées,…
On s’est dit : étant donné tout ce que l’on consent financièrement pour garantir l’exercice des cultes catholique, juif, protestant, c’est bien le moins de donner des subventions publiques pour une Grande mosquée et son minaret.
D’ailleurs le père de la loi de 1905 Aristide Briand avait dit à son propos : «En cas de silence des textes ou de doute sur leur portée, c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur.»
De plus, et je vais t’étonner Nicolas, les laïques, ils aimaient bien les minarets.
Quand on a posé la 1ère pierre de la mosquée, le maréchal Lyautey a fait un très beau discours. Il a déclaré :
«Quand s’érigera le minaret que vous allez construire, il montera vers le beau ciel de l’Ile de France qu’une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses.»
Et tous les dirigeants et militants laïques présents l’ont chaleureusement applaudi.
Ils étaient comme cela les laïques : ils assumaient, mais ne voulaient pas «valoriser» les «racines chrétiennes de la France».
Ils estimaient, au contraire, que le pluralisme religieux faisait partie de son histoire, de son identité nationale laïque.
Et plus il y avait de prières différentes, plus ils étaient contents.
J’ai plein d’autres choses à t’écrire à propos de ton discours. Mais la bonne pédagogie veut que l’on ne cherche pas à en dire trop en une seule fois.
Pour le moment, assimile bien ces deux premières leçons.
Ecris nous vite une seconde tribune qui rectifie le tir.
Et on reviendra ensuite sur le « communautarisme » notamment, car la (en un seul mot ?) il y a aussi quelques petites choses à reprendre.
Ton cher compatriote
Mouloud Baubérot
--------------------------------------------------------------------------------
[1][1] A. Boyer, L’Institut musulman de la Mosquée de Paris, Paris, CREAM, 1992, p. 26.
Cher Nicolas, Mon cher compatriote,
Tu as écrit une tribune dans Le Monde (9 décembre) qui a retenu toute mon attention. En effet, tu t’adresse à tes « compatriotes musulmans », et c’est mon cas, moi Mouloud Baubérot, frère siamois de celui qui tient ce blog.
Comme une lettre ne doit pas rester sans réponse, alors j’ai décidé, à mon tour de t’écrire. Après tout, toi aussi tu es mon « compatriote ». Et puis, comme je suis professeur d’histoire en terminale, j’ai l’habitude de corriger des copies.
Nous allons le voir, il y a plein de belles idées dans ta lettre, et je vais pouvoir te citer souvent.
Mais tu t’as commis une légère erreur de perspective, qui gâche un peu ton propos. Et comme cela vous concerne en particulier ton frère siamois et toi, permets moi de la rectifier.
Avant, par politesse, il faut que je me présente très brièvement. Ma famille provient d'Alger, ville française depuis 1834 et chef lieu d’un département français depuis 1848. Nous sommes donc d’anciens Français.
D’autres nous ont rejoint peu de temps après et sont devenus Français, en 1870, tel les Niçois et les Savoyards.° Nous avons intégré volontiers ces "nouveaux arrivants" et avons ajouté la pizza à nos coutumes alimentaires.
Et au siècle suivant, d’autres sont encore venus. Certains de l’Europe centrale, bien différente de notre civilisation méditerranéenne. Mais, comme tu l’écris très bien, nous sommes très «accueillants», nous autres.
Alors nous avons donc accueilli parmi eux, un certain Paul Sarkozy de Nagy-Bosca, qui fuyait l’avancée de l’Armée Rouge en 1944.
Nous sommes tellement « accueillants » que nous avons fait de son fils, ton frère siamois, immigré de la seconde génération, un Président de notre belle République.
Comment être plus accueillants ?
Mais faudrait quand même pas tout confondre : entre lui et moi vois-tu, c’est moi qui accueille, et lui qui est accueilli. Ne l’oublie pas.
Ceci précisé, je suis tout à fait d’accord avec ce que tu écris :
Moi, Mouloud, l’accueillant, j’offre à ton frère siamois et à toi-même, «la reconnaissance de ce que l’autre peut lui apporter». Mais je demande, à «celui qui arrive, le respect de ce qui était là avant vous»
Et, je vais y revenir, quand les Sarkozy sont devenus Français, le ciel de Paris s’ornait d’une Grande Mosquée, avec un beau minaret.
Je suis d’accord, moi Mouloud qui t’accueille, je dois te faire «l’offre de partager (mon) héritage, (mon) histoire [y compris en classe de terminale], (ma) civilisation), (mon) art de vivre.»
Tiens, je t’invite volontiers à venir manger un couscous avec moi.
Mais, naturellement, toi «qui arrive», ou toi dont c’est juste le père qui est arrivé, je te demande, comme tu l’écris toi-même, d’avoir «la volonté de (t)’inscrire sans brutalité, comme naturellement, dans cette société que (tu vas) contribuer à transformer, dans cette histoire que (tu vas) désormais contribuer à écrire.»
«Sans brutalité» : tu as bien raison, c’est important ça.
Nous, anciens Français, nous ne jouons pas au matamore, aux «tu causes tu causes, c’est tout ce que tu sais faire » ; nous n’aimons pas trop tout ce qui est « bling-bling».
Nous aimons, tu le soulignes, « l’humble discrétion » et nous comptons sur toi pour être exemplaire dans ce domaine.
Nous comptons sur toi, pour, comme tu l’affirmes que cela doit être le cas des «nouveaux arrivants», de te « garder de toute ostentation et de toute provocation».
Car, toi dont le père a fui le totalitarisme, tu dois être bien «conscient de la chance que (tu as) de vivre sur une terre de liberté».
Et cela te donne le devoir de n'en supprimer aucune.
Contrairement à moi, puisque tu n’es en France que depuis une seule génération, tu as encore beaucoup de choses à apprendre quant aux «valeurs de la République (qui) sont partie intégrante de notre identité nationale».
Vu ta fonction, il faut que tu l’apprennes vite car «tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec.»
Mais, je ne suis pas inquiet : tu es très doué
Donc, il suffit que je te précise un peu les choses, notamment sur la laïcité dont je parle souvent à mes élèves dans mes cours de terminale, et tu obtiendras une brillante note.
D’abord, la laïcité, ce n’est nullement «la séparation du temporel et du spirituel» comme tu l’écris.
Cette expression, elle fleure le Moyen Age, la société de chrétienté, bref l’exact contraire de la société laïque.
Comme tu as publié ta tribune le 9 décembre, jour anniversaire de la «séparation des Eglises et de l’Etat», ta formule est particulièrement malheureuse.
Le «spirituel» et le «temporel», ce sont des notions théologiques, et cela connotait des pouvoirs.
La lutte de l’Empereur et du Pape, c’était la lutte du «pouvoir temporel» pour s’imposer face au «pouvoir spirituel». Deux souverainetés.
En laïcité, seul «le peuple» est souverain, et donc le seul «pouvoir» est le pouvoir politique qui émane de lui. Le pouvoir, écrit Max Weber, a «le monopole de la violence légitime» : il peut réprimer par la loi.
La religion n’est pas sur le même plan. Et peut avoir, elle, autorité, si l'on est convaincu de sa validité.
Mais elle ne doit pas disposer de pouvoir.
Bon, la première leçon étant apprise, passons à la seconde.
Elle concerne aussi la laïcité.
Tu fais preuve d'une curieuse obsession des minarets et tu sembles assez ignorant à ce sujet.
Pour être concret, je vais te raconter l’histoire de France en la reliant à ma propre histoire d’ancien Français, du temps où toi, tu ne l’étais pas encore.
Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière grand-père est mort au front, comme, malheureusement, beaucoup de Français, de diverses régions : Algérie, Savoie, ou Limousin, «petite patrie» de mon frère siamois.
Mais si je te raconte cela, ce n’est pas pour me cantonner dans la petite histoire, celle de ma famille, c’est pour rappeler l’Histoire tout court.
Car nous avons été environ 100000, oui cent mille, musulmans a mourir au combat pour la France.
Nous étions déjà tellement «arrivés» en France, que nous y sommes morts !
Ces combats avaient lieu dans cette partie de la France appelée «métropole». Ma famille y était venue, à cette occasion, et elle y est restée. A Paris, précisément.
Comme nous commencions à être assez nombreux, et provenant, outre la France, de différents pays, la République laïque a eu une très bonne idée : construire une mosquée, avec un beau minaret bien sûr.
Elle avait décidé, en 1905, de «garantir le libre exercice du culte» (Article I de la loi de séparation).
«Garantir», c’est plus que respecter. C’est prendre les dispositions nécessaires pour assurer son bon fonctionnement.
Pourquoi passes-tu tant de temps, dans ton texte, à nous parler des minarets ?
Cela n’a vraiment pas été un problème. Bien au contraire.
Et pourtant, ils étaient très laïques, tu sais, plus laïques que toi, mon cher chanoine, les rad’soc (radicaux-socialistes), les Edouard Herriot, ou Léon Bourgeois (un des « pères » de la morale laïque) qui ont pris la décision de consacrer des fonds publics à la construction de cette mosquée, de ce minaret.
Tu sais, j’aime bien fréquenter les bibliothèques. J’y ai trouvé un ouvrage d’un historien qui retrace l’histoire de cette construction. Et c’est fort intéressant.
«Il est a remarquer, écrit son auteur, Alain Boyer, que personne n’a soulevé à l’époque le problème de la compatibilité de cette subvention avec l’article 2 de la loi de 1905, concernant la séparation des Eglises et de l’Etat qui dispose la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte ; il aurait pu d’ailleurs être répondu que l’Etat ne finançait que la partie culturelle, l’institut, et non pas la mosquée proprement dite, c'est-à-dire le lieu de culte.»[1]
«Il aurait pu être répondu» :
Donc c’est sans doute plus tard que l’on a justifié ainsi les subventions de l’Etat et de la ville de Paris. Sur le moment, on s’est contenté de trouver cette construction nullement incompatible avec la loi de séparation.
C’est ce que l’on appelle une rationalisation a posteriori.
Vois-tu, comme moi aussi je suis historien, je me permets une autre interprétation, qui me semble fort plausible.
On a (aussi) raisonné par analogie : en effet la conséquence de l’article 1 de la loi de 1905, de sa garantie du libre exercice des cultes avait été double :
- d’une part la mise à disposition gracieuse (donc manque à gagner par absence de loyer!) des édifices du culte existants en 1905 et propriété publique (des milliers et des milliers !), mise à dispostion aux religions correspondantes à ces édifices (et on y a ajouté presque tout de suite le droit de faire des réparations sur fonds publics) ;
- d’autre part, la possibilité (prévue dans l’article 2 lui-même) de payer des aumôniers pour garantir le libre exercice du culte dans les lieux clos : hôpitaux, prisons, armée, internats des lycées,…
On s’est dit : étant donné tout ce que l’on consent financièrement pour garantir l’exercice des cultes catholique, juif, protestant, c’est bien le moins de donner des subventions publiques pour une Grande mosquée et son minaret.
D’ailleurs le père de la loi de 1905 Aristide Briand avait dit à son propos : «En cas de silence des textes ou de doute sur leur portée, c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur.»
De plus, et je vais t’étonner Nicolas, les laïques, ils aimaient bien les minarets.
Quand on a posé la 1ère pierre de la mosquée, le maréchal Lyautey a fait un très beau discours. Il a déclaré :
«Quand s’érigera le minaret que vous allez construire, il montera vers le beau ciel de l’Ile de France qu’une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses.»
Et tous les dirigeants et militants laïques présents l’ont chaleureusement applaudi.
Ils étaient comme cela les laïques : ils assumaient, mais ne voulaient pas «valoriser» les «racines chrétiennes de la France».
Ils estimaient, au contraire, que le pluralisme religieux faisait partie de son histoire, de son identité nationale laïque.
Et plus il y avait de prières différentes, plus ils étaient contents.
J’ai plein d’autres choses à t’écrire à propos de ton discours. Mais la bonne pédagogie veut que l’on ne cherche pas à en dire trop en une seule fois.
Pour le moment, assimile bien ces deux premières leçons.
Ecris nous vite une seconde tribune qui rectifie le tir.
Et on reviendra ensuite sur le « communautarisme » notamment, car la (en un seul mot ?) il y a aussi quelques petites choses à reprendre.
Ton cher compatriote
Mouloud Baubérot
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[1][1] A. Boyer, L’Institut musulman de la Mosquée de Paris, Paris, CREAM, 1992, p. 26.
Communiqué de CATHERINE COUTELLE et JEAN-MICHEL CLEMENT
Les député-e-s socialistes de la VIENNE, Jean-Michel Clément et Catherine Coutelle ont rencontré ce lundi les représentants de plusieurs associations poitevines, notamment les organisateurs de la manifestation de samedi 6 février. Ils réagissent aux interpellations survenues à la fin du rassemblement.
« Poitiers n'est pas devenue une ville violente, gangrenée par de dangereux hooligans.
Pas plus que nous n'acceptons certains dérapages d'activistes coupables de dégradations importantes ces derniers mois, de la même façon que nous avions condamné le saccage violent des rues piétonnes le 10 octobre, nous pensons aujourd'hui qu'il est de la responsabilité de tous, et notamment de l'Etat de garantir à l'ensemble du mouvement associatif et syndical, aux citoyens en général, le droit de manifester et d'exprimer des idées.
Il en va du respect des libertés publiques.
L'action de la police consiste à protéger et à garantir le respect de la loi. La présence oppressante de forces de l'ordre en nombre démesuré, le zèle de certains fonctionnaires, le recours systématique au fichage vidéo et photo, les interpellations abusives et les brimades régulières en direction des jeunes, ne semblent pas réservées à notre département. Nous interpellerons très prochainement les ministres de l'Intérieur et de la Justice pour dénoncer ces atteintes répétées aux libertés.
Nous avons été des jeunes militants, nous sommes toujours des citoyens en colère, solidaires de messages d'alerte sur les dérives du pouvoir, de tous les pouvoirs. La manifestation pacifique de samedi dernier dénonçait par exemple des pratiques devenues insupportables dans la traque des sans-papiers, ne l'oublions pas.
Le non-respect des droits fondamentaux ne manque pas d’inquiéter tous les défenseurs des droits de l’Homme, les syndicats d’avocats ou de magistrats, simples fonctionnaires ou citoyens.
Ni complices, ni complaisants envers ceux qui enfreignent la loi, nous n'acceptons plus le climat sécuritaire qui ravive les tensions dans le pays.
Nous défendrons le droit pour tous et la sérénité pour Poitiers. »
« Poitiers n'est pas devenue une ville violente, gangrenée par de dangereux hooligans.
Pas plus que nous n'acceptons certains dérapages d'activistes coupables de dégradations importantes ces derniers mois, de la même façon que nous avions condamné le saccage violent des rues piétonnes le 10 octobre, nous pensons aujourd'hui qu'il est de la responsabilité de tous, et notamment de l'Etat de garantir à l'ensemble du mouvement associatif et syndical, aux citoyens en général, le droit de manifester et d'exprimer des idées.
Il en va du respect des libertés publiques.
L'action de la police consiste à protéger et à garantir le respect de la loi. La présence oppressante de forces de l'ordre en nombre démesuré, le zèle de certains fonctionnaires, le recours systématique au fichage vidéo et photo, les interpellations abusives et les brimades régulières en direction des jeunes, ne semblent pas réservées à notre département. Nous interpellerons très prochainement les ministres de l'Intérieur et de la Justice pour dénoncer ces atteintes répétées aux libertés.
Nous avons été des jeunes militants, nous sommes toujours des citoyens en colère, solidaires de messages d'alerte sur les dérives du pouvoir, de tous les pouvoirs. La manifestation pacifique de samedi dernier dénonçait par exemple des pratiques devenues insupportables dans la traque des sans-papiers, ne l'oublions pas.
Le non-respect des droits fondamentaux ne manque pas d’inquiéter tous les défenseurs des droits de l’Homme, les syndicats d’avocats ou de magistrats, simples fonctionnaires ou citoyens.
Ni complices, ni complaisants envers ceux qui enfreignent la loi, nous n'acceptons plus le climat sécuritaire qui ravive les tensions dans le pays.
Nous défendrons le droit pour tous et la sérénité pour Poitiers. »
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