30 mai 2010

Le mirage de l'électricité " 100 % verte "

Après avoir consommé beaucoup de produits pétroliers (essence , diesel, fioul domestique) et gaziers (grande campagne d’EDF pour le chauffage au gaz), la France fait sa « révolution verte » avec l’électricité. L’accroissement de la part de l’électricité est en effet au cœur des 273 propositions du Grenelle de l’environnement, et de manière plus large de notre société : voiture électrique, promotion du tramway (électrique) et du métro (rocade du grand Paris), plan fret et autoroutes ferroviaires massif (les trains autres qu’électriques ont disparu depuis quelques années), pénalisation de l’aérien (kérosène) et du transport routier (diesel, …), apparitions de nouveaux produits électroniques ou électroménagers électriques (ordinateurs, iPhone et portables, iPod et lecteurs MP3, iPad, machine à pain, …).
 
Et personne ne se pose LA question : est-ce que cette montée en puissance du « tout-électrique » est bien écologique ?
 
Certes, cela permettra de réduire certainement la consommation de produits pétroliers et de gaz, presque entièrement importés, ce qui n’est pas négligeable pour la dépendance énergétique de la France : en 2008, année des 273 propositions du Grenelle de l’environnement, en solde net, 50,2% de l’énergie consommée était importée (produits pétroliers et gaziers) :
 
-137 Mtep de production d’énergie en France (surtout de l’électricité),
-172 Mtep d’importations d’énergie (surtout des produits pétroliers et gaziers),
-34 Mtep d’exportation (électricité et produits rafinés).
 
Mais les 49,8% produits en France provenaient déjà surtout de l’électricité. Que se passera-t-il quand la part de l’électricité augmentera ? Les exportations, constituées en partie d’électricité, baisseront mécaniquement.
 
Mais au-delà, à partir de quoi est produite l’électricité ? Aux trois-quarts à partir de nos centrales nucléaires (deuxième parc au monde après les Etats-Unis) : 76,5% en 2008, 75,2% en 2009. Ainsi, le nucléaire représente 33,7% de l’énergie consommée en France en 2008.
 
nuclearhands

Puis vient l’hydro-électrique, les barrages : 11,9% en 2009. La production hydro-électrique est désormais à peu près fixe en valeur absolue en France, notre pays ne construit pratiquement plus de barrage en France métropolitaine depuis les années 80. Si l’énergie produite est une énergie renouvelable, certains impacts environnementaux sont reprochés aux barrages : remodelage en profondeur du paysage, « coupé » par le barrage, barrage aux routes migratoires des poissons, invasions biologiques facilitées, …
 
Le reste de la production électrique est assuré par les usines thermiques (gaz, charbon, tous deux importés) pour 11% en 2009 et par les autres énergies renouvelables, presque uniquement l’éolien, pour 1,5%.
 
800px-Electricity_production_in_France.svg.png
Graphique Wikipédia (SuperManu)

Aujourd’hui, les énergies renouvelables se résument principalement à l’hydroélectricité des barrages, production fixe en valeur absolue. Pour atteindre l’objectif de doublement de la part des énergies renouvelables fixé par le gouvernement suite au Grenelle de l’environnement pour l’horizon 2020, il va falloir faire « décoller » très rapidement les autres énergies renouvelables : l’éolien, qui suscite déjà des réactions de la part de la population alors que sa part est très faible (bruit, défiguration des paysages), le solaire qui balbutie encore, la biomasse et la géothermie, …
 
C’est dans ce contexte que Le Monde publie un article sur les « arnaques » de certains producteurs d’électricité alternatifs à EDF, qui vendent plus cher une électricité labellisée « verte » alors qu’en fait elle est « grise » (en général nucléaire) puis « verdie » par le biais de « certificats verts » achetés auprès des producteurs d’hydroélectricité.
 
F.M.

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