O, voici le choeur antique des éplorés ! O, voici les cris de vierges effarouchées ! O voici les couteaux et les fourchettes du parti présidentiel , sortis du bois en quelques heures pour condamner, les propos "délirants" "outranciers" "démagogiques" populistes" ah l'hypertrophie de l'adjectif ...
Une avalanche de réactions qui signe donc la justesse de la charge .
Oui Ségolène Royal a raison de dénoncer ce sytème, cette corruption du "coeur" au sens justement où Montesquieu la définit. Une véritable confusion des genres, des pouvoirs, et ce fossé , incroyablement profond désormais entre une France d'en haut qui ne réalise même plus la portée de ses actes et une France d'en bas,, condamnée à assister, impuissante, aux privilèges, aux passe droits, à l'impunité de ceux qui la gouverne.
Une forme d'obscénité et dans la mise en scène de son propre spectacle et dans la trahison de l'idéal républicain, et des promesses de campagne qu'on est en droit de voir respecter, en tant que citoyens français.
Oui Ségolène Royal a raison de mettre en parallèle le nouvel avion de Nicolas Sarkozy et les millions qui n'arrivent plus dans les cités, dans les quartiers, dans les sites industriels en difficultés ou qui n'arrivent pas dans les zones sinistrés comme celle où a frappé la tempête Xynthia.
Non, ca n'est pas du populisme de remettre en perspective le bouclier fiscal dont bénéficie aussi Liliane Bettancourt et la difficultés de millions d'habitants de ce pays à boucler ses fins de mois.
Oui, c'est juste , absolument juste de demander des comptes sur la morale républicaine, cette république devenue indécente comme l'écrit si intelligemment Arnaud Montebourg.
Et si Ségolène Royal ne le fait pas , qui le fera ?
Le parti socialiste est timoré sur cette affaire. Hormis Arnaud Montebourg et c'est tout à son honneur.
Un PS marqué au fer rouge par la fin de règne mitterandienne, il n'ose pas , et ca n'est pas nouveau, frapper fort par peur d'un boomerang de l'opinion qui n'aime pas la chasse en meute.
Mais justement, nous ne sommes pas dans une logique de chasse à courre. Nous sommes face à un système dont l'affaire Woerth n'est qu'un symptôme, et en aucun cas la maladie elle même.
Et le parti socislite se devrait de soutenir Ségolène Royal et Arnaud Montebourg car ils disent une vérité qui dérange : nous sommes tous entrain de nous résigner à cette France des passe droits, cette France de la consanguinité, cette France des privilèges, cette France sulfureuse. Et parce que nous nous résignons, par peur d'être jugés excessifs ou populistes, nous acceptons peu à peu l'inacceptable.
Oui, Ségolène Royal a raison de poser cette simple question : dans quel pays, un ministre pris dans une telle tourmente médiatique, sur lequel pèse autant de soupçons et qui cumule des fonctions incompatibles à ce point ( trésorier du parti au pouvoir et ministre du budget) dans quel pays ce ministre n'aurait pas été prié de rendre son marocain par le chef de l'Etat ?
Les salaires de Christine Boutin ? Ca passe . Les avions de Joyandet ? Ca passe. Les cigares de Christian Blanc ? Ca passe.
Tout passe, à bien y réfléchir. Et qu'a dit Ségolène Royal sur TF1 : non, ca ne peut pas passer.
C'est sa fonction et elle l'exerce avec justesse et courage. Cette fonction d'interpellation démocratique , de combat avec les petites gens , et ce courage mériterait un soutien sans faille du parti dont elle a été la candidate face à un gouvernement qui non seulement a perdu le sens commun dans son comportement mais génère, à force de justifier ce qui peut difficilement l'être , un sentiment d'insécurité morale, de défiance, de colère dans un pays qui ne sait plus vraiment où il va et avec qui surtout il peut y aller.
On entend dejà les analystes à courte vue nous expliquer que Ségolène Royal a cherché à faire un "coup " de pub. C'est bien le drame aussi de cette classe médiatique. Etre incapable de se défaire de ses préjugés, de penser contre elle même et de sortir de ses salles de rédactions pour sentir vraiment ce pays.
Ségolène Royal est une leader politique hors norme, pour laquelle se pays s'est enflammé en 2006 non sans raison . La principale, c'est le courage de dire, d'accepter le fracas en pulvérisant l'ordre établi par une certaine élite qui ne comprend plus le monde dans lequel elle vit.
Aujourd'hui encore, ce pouvoir d'interpellation fonctionne à merveille. Et peut aussi créer une forme d'espoir dans une société quasiment abandonnée par ses dirigeants.
Voilà pourquoi Ségolène Royal a raison. Elle ne se contente pas des choses telles qu'elles sont.
A ce titre, elle est une figure essentielle de la vie démocratique de ce pays.
A ce titre, elle mérite un soutien sans faille. Celui que l'on doit à ceux qui parlent lorsque nous avons choisi de nous taire.
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