18 mai 2010

"Mais pourquoi tu la soutiens encore ?"

Vendredi midi, on m'a encore posé la question sempiternelle : Mais pourquoi tu la soutiens encore ? La même question je l'ai eu a plusieurs reprises dans la semaine. Je vais donc répondre d'une manière un peu différente.  Avec des choix et des remarques sur la situation actuelle.
Tout d'abord, je n'ai pas confiance dans une tricheuse ou un ami et/ou complice des banksters, c'est simple et sans appel. Encore moins si celui-ci nous explique le 6 mai 2007 à 20H01 qu'il est disponible pour la gauche, alors qu'il préparait son départ pour le FMI depuis au moins 3 mois.
Revenons à notre Sorcière Royal, pour la notion de sorcière , lire ce billet et ce que Dray en pensait de la dite Ségolène.
1/ Tout le monde aura remarqué qu'elle a adoptée une façon plus subtile de communiquer, plus discrète et qu'elle a pris confiance en elle. Il suffit pour ça d'être un peu objectif. Pendant ce temps là les amis de DSK et ceux de Titine vont jouer à se savonner la planche.
2/ On nous a bassiné avec l'histoire d'EAG (Espoir à Gauche), puis nous avons entendu Peillon dire qu'il avait été trop maladroit... et qu'il était conseillé par son enfant de 13 ans. Qu'est devenu EAG ? on ne sait pas, et qu'est devenu le rassemblement de Vincent Peillon ? J'ai entendu parler de rumeurs selon les quelles De Sarnez irait actuellement voir du coté de Villepin, ce qui montrerait le coté louvoyeur du couple Sarnez-Bayrou.
3/ Elle n'intervient dans les médias que pour des problématiques qui concernent directement les citoyens: Heuliez, Tempête, urgence sociale et insécurité foirée par l'UMP. Tandis que la direction du PS a du attendre que Titine explique qu'il fallait parler social avant toute chose. Certains se perdent en conjectures ou tombent dans les pièges de communication de l'UMP : Burqa par exemple.
4/ Pendant ce temps le travail de fond continue : Une visite chez Lula, pas vu dans les médias qui préfèrent faire la promotion de Pal  Sarközy et de ses horreurs. Continuation des UPP, et n'oubliez pas -vil troll- que Desirs d'avenir existe toujours... et que tous les appareils militants sont plutôt en veille en ce moment, y compris les 40 voleurs amis de DSK.
5/ On nous parle des sondages: regardez les bien, elle fait ses meilleurs scores dans les classes populaires et chez les jeunes. On se souvient du problème des sondages avec quotas pas forcément fiables. Une question simple se pose, les sondeurs vont ils dans ces "quartiers" où lignes fixes et internet ne sont pas aussi répandus qu'ailleurs ? De même ces sondages sont réalisés hors primaire: aucun débat de fond réel, pas de propositions sérieuses discutées (y compris dans le PDF dont la diffusion a vainement exaspéré les troll titinistes). Et on en trouve qui donne des informations contradictoires : ainsi Flamby (Hollande) fait 3% de désirs de candidature et est parait-il plus "populaire" que Ségolène Royal qui fait un meilleur score que lui. N'oubliez pas que dans les sondages, la question et le contexte sont très importants.
6/Un point important de cette primaire sera la proximité avec les citoyens, ce point jouera sur les scores et la perception de réelle volonté de commencer à changer le système. Les candidats devront se bouger le cul, et aller discuter un peu partout. Centre ville, quartiers, zones rurales. Voyez vous DSK dans un bus autrement que briefé au mm par Euro RSCG? Martine Aubry à la campagne ? Personnellement j'ai des doutes. Et je vous le dit, je m'investirai dans ces primaires, par exemple pour aller écouter/discuter dans les quartiers et revenir rigoler chez les contrits bobos parisiens.
7/ Regardez les résultats de bureau de vote lors des régionales, comparons les bureaux de vote des zones industrielles en crise là ou la gauche obtient 70% au second tour en Poitou-Charentes elle ne fait que 20 ou 25% dans l'historique fief de la gauche : le Nord Pas de Calais. Bizarrement personne ne parle trop de ça, aucun journaliste ne s'est posé la question des différences de mobilisation des électeurs.
8/ Souvenez vous du débat avec Daniel Cohn-Bendit sur France2, il a été retourné et a montré qu'il était près a travailler avec elle. Et que dire de cette réplique de Ségolène à DCB qui parlait d'experts :"Mais tes experts, ça fait 20 ans qu'ils se trompent".. Et quelle est la candidate potentielle primaire qui a le plus de proximité avec l'écologie ?
9/ Martine Aubry et Ségolène Royal sont tombées d'accord sur un truc très pertinent: Ségolène va travailler sur le sujet de l'écologie et de l'égalité réelle pour les prochaines conventions du PS. Or ces sujets là sont essentiels: le mode de développement productiviste est en cause et le système économique crée des inégalités criantes et des égoïsmes de classe. Accessoirement, le commentaire "elle méprise le PS" des trolls mérite d'être corrigé.
Je rajoute un 10e point, lié au point 3 : Voilà ce qu'elle demande: "Ségolène Royal demande à Nicolas Sarkozy de renoncer aux mesures de rigueur scandaleuses qu'il a annoncées hier et qui frappent les Français les plus modestes, et de rétablir immédiatemment la prime de 150 euros versée à 3 millions de familles, ainsi que l'exonération de charges dont bénéficiaient les très petites entreprises lorsqu'elles embauchaient"
Voilà qui est clair (même si sur les aides, elles doivent être conditionnées): On va demander à 3 millions de famille de faire ceinture sur cette prime de noel, pour une économie de 450 millions d'Euros qui partaient immédiatement dans l'économie réelle, pas dans la spéculation.
Et pour la suite des questions, allez lire les billets sur le même sujet.
 
Par Ronald,

La victoire idéologique de Ségolène Royal

Car c'est bien de cela dont il s'agit.
D'une victoire idéologique de tous les concepts portés publiquement par Ségolène Royal, d'abord dans la conquête de l'investiture socialiste en 2006, puis lors de la campagne présidentielle en 2007 et enfin  lors du Congrès du PS à Reims en 2008.
Lorsque l'on dresse ce tableau, on réalise  à quel point l'impact personnel de l'ex-candidate présidentielle a fait littéralement bouger les lignes et le paysage politique français sur la base de quelques convictions solides qui constituent son ADN politique,  des convictions  imposées, parfois avec fracas  dans le champs politique et l'opinion. Mais ces éclats ont permis de fracturer la barrière des idées reçues.
Le triptyque  « Royal » c'est : l'ordre juste, la fraternité et la démocratie participative. La tentation est grande pour ses concurrents de gauche et ses adversaires de droite de s'approprier ces concepts très puissants parce que simples et profonds. Mais c'est oublier un peu vite la conscience citoyenne, la mémoire de l'opinion qui voit tout, entend tout, se souvient de tout et sait distinguer le bon grain de l'ivraie le moment venu, en l'occurrence la prochaine échéance présidentielle, en 2012.
1) L'ordre juste

A peine prononcée, la formule a fait mouche. Que ce soit à Arras (Pas-de-Calais), en février 2006, puis à Privas (Ardèche ), le 8 Mars 2006, Ségolène Royal plaide   pour "un ordre juste".
Extraits du discours de Privas : "Il faut rétablir un ordre juste par le retour à la confiance, par le retour de repères clairs, par le bon fonctionnement des services publics, par des règles d'honnêteté (...) valables pour tous".Une notion reprise à Bondy, le 30 Mai 2006 qui séduit immédiatement un électorat de gauche, lassé par le laxisme, et la république des bons sentiments.  Mais l'expression, pourtant déjà présente dans les écrits de Ségolène Royal depuis longtemps (La vérité d'une femme-1996)  provoqué une levée de boucliers dans l'appareil socialise  (l'ordre juste, c'est juste le désordre déclare  DSK). A droite, on reste perplexe et inquiet, l'ordre étant considéré comme l'un de ses  fonds de commerce les plus efficaces.
En Octobre 2006, Nicolas Sarkozy, ministre de l'intèrieur, contre attaque et tente de  reprendre l'expression lors d'une visite en banlieue. Sans succés réel. La presse ironise trop.  Il lâche prise.
3 ans après la présidentielle,  l'ordre juste s'impose comme  une évidence.
A tel point que, pour la campagne des  européennes de 2009, Michel Barnier n'hésite pas à déclarer dans les Echos : « Je suis pour un ordre juste en Europe. Le monde ne sera pas stable s'il n'est pas juste. »

Mais pour l'heure personne au PS n'ose s'emparer de l'expression, qui identifie tant Ségolène Royal. Alors on biaise, on esquive, on tourne autour du pot. C'est assez comique...  à l'image du programme des européennes, dans lequel les socialistes français s'engagent pour « une europe de juste échange ». L'ordre juste est le marqueur, la pierre angulaire de Ségolène Royal, celle qui correspond parfaitement au temps qui vient. Ordre juste économique, international, social environnemental. Difficile de dérober le joyau de la couronne.
2) La Fraternité

C'est probablement le « fric frac » le plus voyant et le plus ridicule.
La fraternité, c'est bien sur le meeting du Zénith, le 27 Septembre 2008. Ce stand up absolument formidable et moderne qui vaudra à Ségolène Royal des critiques acerbes, surtout du microcosme parisien mais aussi un concert de louanges et un impact profond avec le pays.
Elle ouvre ainsi une autre voie de réflexion politique et philosophique, prolongée par l'Université Populaire Participative  sur le même thème et la sortie du livre de Régis Debray « Le moment  fraternité » dont elle fait l'invité d'honneur de l'AG de Désirs d'avenir en Mars 2009.
Le 19 Septembre 2009, à Montpellier, lors de la Fete de la Fraternité, elle va plus loin encore sur l'idée de  Fraternité.
Extraits :
« Oui, ce qui compte, c'est la constance, et le chemin dans lequel nous avançons. Ce qui compte, c'est notre fraternité, qui est plus grande que nous et qui va encore nous faire grandir et donner envie de nous rejoindre!
Qu'est-ce que c'est que la fraternité et comment peut-elle nous faire agir?
La fraternité « consiste à devenir frère et sœur avec tous ceux qui ne sont ni nos frères ni nos sœurs ».

J'y vois là une clé essentielle pour permettre une nouvelle conscience mondiale, ce nouveau siècle citoyen. La fraternité, c'est ce sentiment qui dépasse toutes les différences pour nous permettre de vivre ensemble. Dans un monde frappé par une crise morale sans précédent, un pessimisme latent, un « aquabonisme » quotidien, tant la vie est difficile, tant l'horizon semble bouché, dans les rapports familiaux, sociaux, se dégradent, dans un monde au cœur glacé, ou l'individualisme est la seule réponse que l'on peut trouver pour se protéger des coups qui pleuvent, lié à une politique injuste qui accorde tout à ceux qui ont tout et n'accorde rien à ceux qui n'ont déjà pas grand-chose. Liés aussi à une dégradation du lien républicain... dans ce monde qui ressemble de plus en plus à une jungle, où la loi du plus fort remplace peu à peu le progrès social, oui dans ce monde qui s'empoisonne, la fraternité doit agir comme un puissant contre poison » ( Montpellier, le 19 Septembre 2009 )
En moins de 2 ans, le concept de Fraternité est donc entré  dans la vie de ce pays par la voix Royale . Et c'est immanquable. Après les ricanement, le rapt en bonne et due forme.

Le 31 décembre 2009, lors de ses vœux à la Nation, Nicolas Sarkozy conclut avec ces mots ( extraits ) "Je souhaite que 2010 soit l'année où nous redonnerons un sens au beau mot de fraternité qui est inscrit dans notre devise républicaine" Martine Aubry, lors de ses vœux, en appelle aussi à une « France plus fraternelle ». Elle utilise désormais dans la quasi-totalité de ses interventions, cette expression de France fraternelle. Une façon de s'emparer du  concept en évitant le label «  Royal » Une tactique qui n'échappe pas à la presse et  qui souligne inlassablement, au fil des papiers, l'emprunt assez peu fraternel à Ségolène Royal.

3) la démocratie participative

Elle est présente dans toutes les prises de paroles publiques et privées et l'action politique nationale de Ségolène Royal  dès le mois de décembre 2005. Elle est aussi l'un des leviers d'action dans sa région depuis 2004. Elle en fera le mode de campagne pour la présidentielle en 2007.
La méthode, trop moderne, trop audacieuse, est mal perçue  par  l'opinion, parce que mal relayée  par les cadres du ps qui ne comprennent pas grand chose ou veulent surtout ne pas comprendre. Les médias, tiraillés entre la novation Royal et les freins, même invisible, que semble mettre le parti, couvriront mal cette étape pourtant décisive de la campagne socialiste.
Pourtant, c'est avec cette méthode que Barack Obama remportera la primaire aux USA.
Alors Ségolène Royal en avance d'une époque ? Assurément !
Dès 2006, elle pose les jalons en déclarant   «  Je ne prétend pas tout savoir [...] les citoyens sont les meilleurs experts de ce qu'ils vivent » ( Meeting de Rennes-Juillet 2006 ).
Les citoyens experts et l'intelligence collective vont devenir 2 leitmotiv de son  discours politique. Un discours moqué, critiqué par les éléphants.
Pourtant, le 22 Septembre 2009, Martine Aubry entame à Angoulême son tour de France du projet socialiste sur le mode «  participatif »... questions du public installé en cercle.
En décembre 2009, le PS entérine un  "Contrat pour les régions" dans lequel on peut lire (extraits ) : "Parce que nous pensons que les citoyens sont les meilleurs experts de leur vie, nous voulons qu'ils soient co-auteurs des politiques publiques avec leurs élus et les acteurs de la démocratie sociale (syndicats, associations...)."

"Nous nous engageons à faire vivre nos régions de manière démocratique. Nous développerons la démocratie participative sous toutes ses formes. »
On croit rêver mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.

4) La rénovation : primaires ouvertes, alliances élargies

Mai 2007. entre les deux tours, Ségolène Royal tend la main, non pas aux électeurs de François Bayrou, mais à François Bayrou lui même.  Le leader centriste hésite et finalement renonce. Nicolas Sarkozy est élu avec 2 millions de voix d'écarts. Il aurait suffi d'un million de voix pour changer le cours de l'histoire. Bayrou, partagé entre  calcul politique personnel  et  lâcheté laisse passer le train de l'histoire.
En Janvier 2010, bis répétita. Ségolène Royal cette fois, tend à nouveau la main localement au Modem. François Bayrou regimbe. Le modem local s'allie en partie. Le président du Modem essuie un revers cuisant.
A deux reprises, au pied du mur, Bayrou démontre que derrière ses mots et ses valeurs se cache un maquignon qui compte avant tout la monnaie sonnante et trébuchante de ses intêrets.
Les alliances font couler beaucoup d'encre. Ségolène Royal est à nouveau clouée au pilori. Mais les grandes déclarations vertueuses nationales n'empêchent pas les petits arrangements locaux. Pour les municipales, en mars 2008,  Martine Aubry passe un accord avec ses centristes locaux dès le premier tour.
A la Rochelle, lors de son discours d'ouverture, la première secrétaire délivre un message mi chèvre-mi chou sur le modem, loin, bien loin des incantations de Reims «  "le Modem ne porte pas un projet de société compatible avec le nôtre" déclare-t-elle à la tribune avant de rejeter  la proposition de Ségolène Royal de referendum sur le Modem, jugeant que c'est "au bureau national et au conseil national" de trancher » Idem pour les primaires élargies, portées par Ségolène Royal dans sa motion « Combattre et proposer »  qui souhaite « ouvrir les portes et les fenêtres du parti socialiste, en faire un lieu de débat ouvert à tous les français ».
Lors de son discours d'ouverture à la Rochelle, le 25 aout 2009,  Aubry s'empare du talisman de la rénovation en se prononçant pour ces primaires élargies et contre le non cumul des mandats.
Commentaire plein d'humour de Ségolène Royal après le discours « je suis ravie que les bonnes idées fassent enfin leur chemin ».
Aubry rénovatrice ? Peut être pour l'instant. Mais cette posture possède une limite simple : dans le cadre de primaires élargies, comment Martine Aubry pourra-t-elle incarner la modernité, la rénovation en étant la première secrétaire du parti encore jugé très archaique et  rejeté, comme l'ump ? N'oublions pas l'abstention record aux régionales. Comment pourrait l'incarner face à une Ségolène Royal qui, si elle était candidate, pourrait se prévaloir de cette rénovation, qu'elle porte avec entêtement depuis 4 ans, et de cette modernité,  ce dépassement du PS et des appareils politiques, cette autre façon de faire de la politique  qu'elle incarne  dans sa région concrètement, qu'il s'agisse de la social-écologie, de la démocratie participative ou des politiques de civilisations?

Dans une primaire élargie, Ségolène Royal serait à n'en pas douter, mieux armée que Martine Aubry dans l'incarnation du nouveau siècle.

5) Le pillage des mots

Si la tentative de s'emparer des concepts est évidente, elle passe parfois par le pillage des mots, qu'on tente de théoriser ensuite.
La bataille sur « la politique de civilisation » est à ce titre presque grotesque.
En Juin 2009, Ségolène Royal présente à la presse, à Paris, en présence d'Edgar Morin, l'université d'été qui doit se dérouler à Poitiers sur les 7 défis de la politique de civilisation. Depuis 2008, elle entretient des dialogues permanents avec le grand sociologue et la région finance en partie le centre Edgar Morin à Poitiers.
Lors de cette conférence de presse, elle déclare:
"C'est un rendez vous essentiel pour les années qui viennent. Il y sera notamment question des «alternatives théoriques au paradigme de la croissance», des «sept défis pour une politique de civilisation» et de «l'abîme ou la métamorphose : l'état de la planète, les enjeux et les prospectives. Ce sont les défis majeurs. C'est ca qui est important. L'important, ca n'est pas les chicayas du ps. L'important, ce sont les solutions et ces défis".

Le 27 Aout 2009, la veille de l'ouverture de La Rochelle, Martine Aubry, dans une tribune pour le journal «  Le Monde » déclare «  nous devons lancer une offensive de civilisation » La presse se moque de ce glissement sémantique... de la « politique » à « l'offensive », le landernau médiatique s'amuse. A plusieurs reprises, Ségolène Royal évoque cette politique de civilisation, pendant sa campagne des régionales, notamment  lors du discours de la Rochelle, le 16 Janvier 2010.
A plusieurs reprises, elle évoque les 7 défis de la politique de civilisation et la nécessité d'ouvrir un autre chemin, une autre voie, qui est la pierre angulaire de la politique de civilisation telle que la définit Edgar Morin. Le 12 Février 2010, elle accueille la trentaine de chercheurs venus du monde entier pour l'installation à Poitiers du comité scientifique de l'institut de politique de civilisation, financée en partie par le Conseil Régional, à sa demande expresse. Edgar Morin est présent.
L'offensive de civilisation, elle, disparaît des discours de Martine Aubry, échaudée par les ricanement justifiés des journalistes mais, par un tour de passe passe miraculeux, « la politique de civilisation » revient dans le projet du PS présenté par Pierre Moscovici. Le même qui, lorsque Nicolas Sarkozy avait évoqué cette politique de civilisation le 31 Décembre 2007, déclarait « C'est un concept fumeux ». Vérité de 2007 n'est plus vérité de 2010.
La politique de civilisation s'invite donc à nouveau à la table socialiste... et Martine Aubry de ressortir « son offensive de civilisation », le 28 Mars, lors de la convention du PS sur le projet. Un projet truffé d'expression royaliste à travers ses pages.
Qu'il s'agisse du « nouveau modèle économique et écologique », un concept sur lequel Ségolène Royal a fait toute sa campagne des régionales, dès Janvier 2010, ou de la société qui prend soin (la société du care), qui se rapproche étrangement de l'un des thèmes de campagne de la présidente de la Région Poitou charentes « la région qui prend soin » et qui évoque, inévitablement, l'un des thèmes de la présidentielle,  notamment lors du meeting de Lille ou elle déclarait
"J'instaurerai une forme de gouvernance, de présidence qui prend soin des français, qui prend soin de vous ».
La morale de l'histoire est assez limpide.
Critiquée, jalousée, empêchée, Ségolène Royal est parvenu, en 4 ans,  à imposer partiellement sa vision du monde, et les valeurs auxquelles elle croit et qu'elle cultive depuis 25 ans.
Partiellement parce que seule la victoire peut permettre de transformer des concepts, des idées et des valeurs en moyens réels pour le bien d'un pays, d'un continent et plus largement de la planète. Et ces valeurs, portées avec courage, souvent dans l'adversité, ces valeurs sont universelles mais elles ne peuvent pas se « transfuser » . parce qu'elles font intrinsèquement partie de celui ou celle qui les porte et elles ne sont crédibles que si elles s'accompagnent d'actes cohérents.

Alors, le PS peut bien parler de Fraternité. Il ne peut convaincre jusqu'au bout tant qu'il est incapable de faire la paix réelle entre ses différents leaders et particulièrement son ancienne canditate à la présidentielle. Nicolas Sarkozy peut bien parler d'ordre juste. Il ne peut convaincre en appliquant une politique aussi injuste. Martine Aubry peut bien parler de rénovation. Elle ne peut convaincre que si elle va jusqu'au bout, impose la rénovation aux barons qui font la pluie et le beau temps, accepte des primaires élargies et totalement transparentes. Tous peuvent bien évoquer la démocratie participative. Ils ne peuvent pas convaincre  si elle n'est qu'un colifichet, un prétexte et pas un véritable outil de nouvelle gouvernance.
Seule la cohérence ouvre le chemin de la victoire. En traçant inlassablement son sillon, sans jamais dévier des valeurs auxquelles elle croit, Ségolène Royal la cohérente reste plus que jamais la mieux placée pour succéder à Nicolas Sarkozy en 2012.

Ségolène Royal défend le partenariat avec la Méditerranée


 
  
· Et aussi un monde multipolaire où chacun a sa place

· La zone euro «un peu vidée de son contenu»



TOUJOURS aussi vivace que calme, le sourire aux lèvres, le regard intense et profond. Ségolène Royale, la concurrente socialiste de Nicolas Sarkozy aux présidentielles françaises de mai 2007, n’a rien perdu de sa verve ni de son… charme.
La grande dame de la politique française a profité de son passage à Casablanca pour rencontrer des journalistes d’Eco-Médias. L’occasion pour elle de revenir sur la crise financière européenne et aussi sur la vive polémique qui anime le pays après l’annonce du plan d’austérité de Sarkozy. Il est vrai que le Parti socialiste (PS) voit dans ce plan la fin d’une grande partie des avantages sociaux, sans compter le gel des dépenses pour réduire le déficit public de l’Etat, ou encore le prolongement de l’âge de la retraite.
Dans ce cadre, Ségolène Royal estime que ce qui «manque cruellement à ce plan de sauvetage, ce sont des règles très fermes de lutte contre la spéculation financière et contre le système bancaire qui reçoit un soutien des Etats sans qu’il y ait contrepartie en termes de lutte contre la spéculation, rémunération des traders, taxe sur les mouvements de capitaux». A ce propos, elle a indiqué que «si cette taxe n’est toujours pas mise en place, c’est parce qu’on est encore dans un système ultralibéral qui fait la part trop belle aux banques et, aujourd’hui, les opinions publiques font pression pour qu’il y ait à la fois de la transparence dans les décisions qui sont prises, de la justice dans la répartition des efforts et surtout que le système bancaire soit mis devant ses responsabilités avec des contraintes nouvelles». «Ce que je préconise, c’est qu’il y ait au sein des banques une dichotomie, une séparation entre les banques spéculatives qui n’ont plus à recevoir le soutien de l’Etat et les banques économiques qui financent durablement l’économie réelle et qui peuvent recevoir, le moment venu, un soutien des Etats ou des garanties d’emprunt qui leur permettent d’aider les entreprises à se développer».
Abordant la question de la solidarité entre les Etats européens après la crise financière qui secoue la Grèce, Ségolène Royal, tout en estimant que la création de l’euro «est un progrès considérable puisque ça permet aux pays de ne plus se faire des évaluations compétitives», a souligné que «ce qui a manqué c’est le volet économique, gouvernance commune, progrès social commun, politique fiscale commune, politique environnementale commune…». Conséquence, «la zone euro s’est trouvée un peu vidée de son contenu». Aussi, ajoute-t-elle, «le problème est soit un risque de déclin pour l’Europe, soit au contraire une opportunité de sursaut, de convergence, de volonté politique et de volonté des Etats de remettre de l’ordre dans ce qui est aujourd’hui un grand désordre lié à la spéculation financière».
Sur le chapitre des relations européennes, notamment avec les pays méditerranéens, Ségolène Royal a estimé que la sortie de crise «est une opportunité nouvelle pour les pays émergents comme le Maroc». Et d’ajouter: «moi j’ai toujours pensé de toute façon que l’avenir de l’Europe c’était le partenariat autour de la Méditerranée. Et je pense que cette épreuve qui arrive à l’Europe devrait au contraire lui permettre de considérer que la domination de l’Occident n’est plus d’actualité». Ce qui est d’actualité, dit-elle, «c’est un monde multipolaire où chacun a sa place, où il y a des partenariats équilibrés et c’est cela la grande leçon des choses». Seulement, pour les Européens, «c’est difficile à admettre, c’est-à-dire, le prisme de l’histoire est tellement lié à l’occidentalisation du monde et, aujourd’hui, il y a une forme de «désoccidentalisation». Mais «on a besoin des regards des autres pour avancer et l’Europe n’est plus le modèle dominant», avance-t-elle.

Jamal Eddine HERRADI

 
Article publié dans L'Economiste (le 1er quotidien économique du Maroc)

Les causes inavouables du déséquilibre budgétaire des régimes des retraites

L’objectif qu’annonce le gouvernement dans un document d’orientation sur la réforme des retraites est d’apporter une “réponse aux déséquilibres des régimes de retraite”, il me semble qu’il faut aller au-delà de la réponse uniquement démographique que le gouvernement entend lui apporter. Car le problème démographique devrait disparaître dès 2020….

Il y a bien d’autres causes à ce déficit des caisses de retraites, endémique depuis 2000.

Le chômage et le blocage des salaires:

Certes le gouvernement n’a visiblement pas l’intention de faire quoi que ce soit pour que le chômage disparaisse…et pour cause, moins de gens qui travaillent en produisant plus avec un salaire bloqué, ça fait monter la compétitivité du pays…Mais ça vide les caisses de retraite!

Pourtant , c’est bien cette omission de l’impact du chômage et du blocage des salaires dans les causes du déficit des caisses de retraite qui laisse entendre que le gouvernement n’a en aucun cas l’intention de régler le problème du chômage et d’augmenter les salaires. L’intérêt de tous serait pourtant , plutôt que de s’évertuer à faire travailler plus longtemps les personnes de plus de 55 ans, de mettre en œuvre une politique de plein-emploi des 20-30 ans et des chômeurs de moins de 55 ans. Financièrement les jeunes entrant dans la vie active sont moins payés que les plus anciens mais comme ils cotiseraient, les caisses de retraites continueraient à se remplir…et comme les plus anciens ne seraient plus abimés par le travail, je suis certaines que les caisses d’assurance maladie seraient soulagées….

Le désengagement du gouvernement envers le Fonds de Réserve des Retraites:

En accusant la crise économique d’avoir “accéléré l’augmentation de ces déficits”, le gouvernement oublie de dire qu’en 1999 la loi de financement de la sécurité sociale avait créé un fonds de réserve pour les retraites. Ce fonds était censé constituer une cagnotte de 150 milliards d’ici 2020, afin d’amortir les effets du déséquilibre démographique prévu entre 2010 et 2020. Ce fonds de réserve devait être abondé par le produit que l’État retirait des privatisations, par la vente de la quatrième licence UMTS et par le produit d’une taxe sur les transactions boursières.

Or, quel constat pouvons-nous faire en 2010?

Depuis 2002, l’État français n’a pas tenu ses engagements. La vente du Crédit Lyonnais, les recettes de privatisation n’ont pas été versées au Fonds de Réserve pour les Retraites. En 2007, le fonds a investi 195 millions d’euros, sur un fond à part, chez Lehman Brothers. Malgré la faillite, le 15 septembre 2008, de cet organisme, les fonds placés sont, en principe, récupérables.

Comment se fait-il que cette somme de 195 millions ne soit pas récupérée et compensée par l’État au fonds de réserve pour les retraites?

Comment se fait-il que, pas plus que lors des réformes de 2003 et de 2008, le gouvernement ne prenne en compte ces 195 millions d’euros pour combler le déficit des caisses de retraites?

La quatrième licence UMTS a été vendue, en 2009, à Free pour une somme de 240 millions d’euros. Où sont passés ces 240 millions d’euros?

l’État, vient ici nous faire des leçons de solidarité, de démographie,et se permet de laisser s’évanouir 435 millions d’euros en un ans. 435 millions d’euros qui auraient dû alimenter le fonds de réserve pour financer une partie du régime de retraite lorsque les déficits se creusent sous l’effet du vieillissement, ce qui est le cas actuellement et jusqu’en 2020.

La mauvaise gestion et la trop grande multiplicité des caisses de retraites:

435 millions d’euros en un an, je sais bien, c’est une goutte d’eau par rapport au déficit abyssal que 10 années de mauvaise gestion des différentes caisses de retraite ont creusé.

Mais c’est un début en attendant qu’enfin on se décide à mettre à plat la multitude de caisses de retraite corporatiste qui n’oublient pas de quémander des compensations à l’État, alors qu’elles ne sont pas déficitaires.

Parce qu’à bien y regarder rien que pour le régime général de retraite j’ai dénombré 39 caisses de retraites! Et toutes défendent leurs petits privilèges, leurs régimes particuliers, se font verser des compensations par l’Etat. A quel titre, ont peu se le demander pour certaines…..

Et personnellement toutes ces caisses me font penser au trous d’une passoire quand je regarde le déficit global des caisses de retraites. J’ai comme l’impression qu’il y a pas mal d’argent qui fuit au travers de ces trous…

Sources: e24 ; L’expansion ; Journal du Net ;

Ségolène Royal : «Ce serait une grave erreur de réduire la réforme à la hausse de l’âge de départ à la retraite»

Ségolène Royal réagit sur la réforme des retraites :

Ségolène Royal : «Ce serait une grave erreur de réduire la réforme à la hausse de l’âge de départ à la retraite»

Sans attendre le bureau national du Parti socialiste, qui doit avoir lieu dans la soirée du 18mai, la présidente socialiste de la région Poitou- Charentes prend position sur le document d’orientation du gouvernement sur la réforme des retraites. Si elle reconnaît certaines avancées, commela création d’une contribution nouvelle prélevée sur les hauts revenus et les revenus du capital, elle doute de la validité des projets gouvernementaux qui devraient s’accompagner, à ses yeux, d’une révolution fiscale et d’une nouvelle politique industrielle.

Le gouvernement vient de transmettre aux partenaires sociaux son «document d’orientation sur la réforme des retraites ». Quelle est votre réaction?

On assiste à un recul inattendu du gouvernement, puisqu’il se dit prêt, pour la première fois, à examiner le volet recettes d’une réformedes retraites. Il parle d’«une contribution supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital». C’était une de nos exigences anciennes et c’est un acquis du rapport de force que nous avons su créer avec lui. Mais il doit annoncer très rapidement quel sera le niveau de ces prélèvements. Avant toute décision sur la dépense, les Français doivent savoir combien on encaisse. Si ces prélèvements sont faibles, cela sera seulement un nouveau tour de passe-passe pour endormir les forces sociales.

Quand le document parle de «réforme systémique», cela correspond- il aussi à vos attentes?

On peut considérer cela commeun point positif car c’est ce dont la France a besoin. Mais le gouvernement ne met pas tous les éléments sur la table. Qu’en estil de la révolution fiscale qui devrait être le corollaire de la réforme des retraites, le bouclier, les niches? Il doit aussi préciser ses intentions sur la pénibilité de certains emplois, c’est un débat bloqué depuis de longs mois et c’est inadmissible. Il y a des travaux qui aliènent. C’est vrai pour les emplois précaires qui se succèdent en contrats à durée déterminée (CDD), c’est vrai pour certains emplois de France Télécom. Les conditions de travail ne sont pas pour rien dans ce que le médiateur de la République appelait récemment la «fatigue psychique » de la société française. La retraite intervient dans la vie des Français commeun moment où chacun peut suivre le rythme de sa vie personnelle. Ce serait une grave erreur de réduire la réforme à la hausse de l’âge de départ à la retraite et à la durée de cotisation.

Pourtant, si on en croit les termes de la «consultation populaire sur la retraite et la fiscalité» que vous avez lancée sur votre site Internet desirsd’avenir.org, l’augmentation de la durée de cotisation n’est pas un sujet tabou.

Si le maintien de l’âge légal de départ à 60 ans n’est pas négociable, la modification de la durée de cotisation, elle, ne pourrait intervenir qu’en dernière instance. Tous les paramètres internes et externes doivent d’abord être considérés et, si nécessaire, à la fin, et seulement à la fin, la question de la durée de cotisation pourra être posée. Pour que nous l’acceptions, il faudrait que des garanties aient été apportées sur le montant des pensions et que le gouvernement accepte d’établir un calendrier précis pour ré-abonder le Fonds de réserve que nous avions créé en 1999, en imaginant des recettes nouvelles.

Préconisez-vous aussi, comme l’aile gauche du PS, une nouvelle taxation sur les bénéfices des banques?

J’y suis tout à fait favorable. Plus largement, la question de la réglementation de l’activité bancaire n’a pas été réglée. Sur le terrain, on vit le contraire de ce que dit le président de la République. C’est tout demêmeincroyable que les régions soient obligées de garantir les prêts bancaires et que l’Etat ne fasse rien.

Quel bilan faites-vous des trois premières années de la présidence de Nicolas Sarkozy?

Il aurait fallu qu’il sache pourquoi il était là. Trois ans passés, et pas le début du commencement d’une politique industrielle. Le tournant de l’investissement massif dans la croissance verte n’a pas été pris ; rien n’a été fait pour recadrer l’activité économique et remettre en ordre les aides aux entreprises. Nicolas Sarkozy n’a jamais réuni, par exemple, les responsables de la filière automobile pour essayer de mettre fin à la vaine concurrence qu’ils se mènent alors qu’ils devraient concevoir ensemble la voiture électrique de demain. Angela Merkel l’a fait en Allemagne et ils sont en train de nous passer devant…On assiste aussi à une incroyable démobilisation des territoires. Nicolas Sarkozy n’a jamais réuni les présidents de région pour esquisser un travailcommun entre l’Etat et les collectivités. La droite est partout défailllante, elle manque de volonté et d’imagination.

Propos recueillis par Olivier Schmitt

http://www.desirsdavenir.org/s-gol-ne-royal/le-blog/s-gol-ne-royal-ce-serait-une-grave-erreur-de-r-duire-la-r-forme-la-hausse-de-
Evénement :

Ségolène Royal vous invite à participer à la consultation populaire sur les retraites et la fiscalité ouverte par Désirs d'avenir

Je lance une consultation populaire sur les retraites et la fiscalité ouverte par Désirs d'avenir.

Les Français doivent prendre la parole sur ce qui les concerne. Il n’est pas acceptable que cette parole soit confisquée par le gouvernement. Désirs d’avenir veut être la voix des sans-voix. Venez participer, prenez la parole ! Et plus nous serons nombreux, plus cette parole sera entendue.

Comment prendre la parole ? Venez sur le site Désirs d’avenir sur le forum spécialement ouvert à ce sujet et organisez partout des réunions. Des correspondants locaux feront remonter les propositions dont nous rendrons compte. A Désirs d’avenir, une équipe a rédigé un premier document de travail que vous trouverez ci-dessous pour comprendre et pour participer, animer des débats sur le territoire et surtout prendre la parole sur le forum internet.

Ségolène Royal Présidente de Désirs d’avenir

Pour lire le document de travail de Désirs d'Avenir pour la consultation populaire sur les retraites et la fiscalité cliquez sur le lien suivant :

http://www.desirsdavenir.org/s-gol-ne-royal/les-actualit-s/ev-nement/17-05-2010

10 mai 2010

10 mai 2010 L'esclavage et son abolition : une histoire partagée, des valeurs universelles

Untitled documentChères amies, chers amis,

La lourdeur de l'actualité, la crise financière européenne, la marée noire sur les côtes américaines, la politique de rigueur annoncée par le gouvernement, le grave recul du Grenelle de l'environnement, les menaces sur les retraites et bien d'autres sujets graves d'inquiétudes et de colère – dont je vous parlerai demain – vont sans doute rejeter au second plan ce qu'il faudrait activement commémorer en ce 10 mai 2010 : non pas seulement l'élection de François Mitterrand en 1981, ce jour d'espoir si cher à notre coeur, mais la « journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions ». Je voudrais toutefois vous en parler un peu car c'est un jour important et une page de notre histoire.
Cette date a été choisie car c'est le 10 mai 2001 que fut définitivement adoptée par le Parlement la loi proposée par Christiane Taubira, députée de la Guyane, et soutenue par la gauche, reconnaissant la traite et l'esclavage pour ce qu'ils furent : un crime contre l'humanité.
La République, ce jour-là, assuma avec lucidité un passé constitutif de notre histoire commune et décida de rendre hommage à ceux, noirs et blancs, esclaves et abolitionnistes, qui se dressèrent contre « l'infâme commerce ».
La France, ce jour-là, fut digne de ses valeurs.
Loin, très loin de ceux qui, sous prétexte de pourfendre je ne sais quelle repentance imaginaire, la voudrait amnésique, oublieuse de ses combats fondateurs, frileusement crispée sur une identité au rabais.
A l'opposé de ceux qui tentèrent, en 2005, de donner force de loi aux « bienfaits de la colonisation » et de ces 40 députés UMP qui, à la veille du 10 mai 2006, voulaient empêcher que, conformément à l'article 2 de la loi de 2001, les programmes scolaires et de recherche accordent à la traite et à l'esclavage la place qu'ils méritent.
Je l'ai dit souvent car je le crois profondément : notre pays s'honore d'avoir été le premier à caractériser clairement l'esclavage non pas comme un crime inhumain mais comme crime contre l'humanité. La France a tout à perdre d'une lecture révisionniste de son passé et tout à gagner d'une histoire partagée qui l'arme pour les combats d'aujourd'hui et de demain.
Je me souviens d'en avoir parlé avec Aimé Césaire, à Fort de France, lui qui affirmait en 1982 à la tribune de l'Assemblée nationale, combien il est important pour tous les Français « de se rappeler que le combat, le séculaire combat pour la liberté, l'égalité et la fraternité, n'est jamais entièrement gagné et que c'est tous les jours qu'il vaut la peine d'être livré ».
Il rendit à cette occasion un bel hommage à Victor Schoelcher, artisan majeur de l'abolition définitive de l'esclavage en 1848, soulignant que le même mouvement l'avait porté, sa vie durant, à vouloir l'émancipation des esclaves et celle des ouvriers « victimes désignées d'un capitalisme sauvage ».
Mais nous voulons aussi, ajoutait Césaire, que soit célébré le souvenir de ceux qui ne se résignèrent jamais et se levèrent périodiquement contre l'asservissement esclavagiste.
En ce 10 mai 2010, souvenons-nous qu'ils étaient nos frères et nos soeurs ces esclaves déportés d'Afrique qui, par tous les moyens, résistèrent à leur déshumanisation et à leur marchandisation. Ces hommes et ces femmes qui se jetèrent à la mer durant la traversée des bateaux négriers, Ces « marrons » qui s'évadèrent des plantations pour vivre libres. Ces esclaves révoltés qui s'emparèrent des idéaux de 1789 et anticipèrent la première abolition de 1794.
Et aussi Louis Delgrès et les siens, dressés en 1802 contre le rétablissement par Bonaparte de l'esclavage en Guadeloupe. Dans la belle Proclamation de Basse Terre publiée le 10 mai 1802, Delgrès en appelle « à l'univers entier » et rappelle à ceux qui trahissent la République que « la résistance à l'oppression est un droit naturel ». Encerclés par les troupes venues les remettre dans les fers, ils choisirent la mort plutôt que la servitude.
A leurs côtés, des femmes. Parmi elles, la Mûlatresse Solitude, exécutée après la naissance de son enfant, et Marthe-Rose, blessée au combat, qu'on conduisit à la mort sur un brancard.
La répression de cette insurrection républicaine fut sanglante.
Il fallut bien des luttes encore et le développement du mouvement abolitionniste pour que la République issue de la Révolution de 1848 abolisse définitivement l'esclavage.
Si j'évoque la mémoire des résistants d'alors, c'est pour rappeler que l'abolition ne fut pas un cadeau octroyé mais une conquête, fruit d'une double lutte menée, dans les outre-mers et dans l'Hexagone, par les esclaves eux-mêmes et par les ennemis de l'esclavage.
Nous savons qu'après la fin de l'esclavage vinrent d'autres formes de domination : le travail forcé, la citoyenneté inachevée car prise dans le carcan colonial, les espoirs déçus de la départementalisation outre-mer et, de nos jours encore, ces discriminations qui défigurent la République.
Mais il ne faut pas, comme le disait sagement Césaire, demander « aux hommes du siècle dernier de résoudre des problèmes qui ne se posaient pas encore à eux ». Ils firent, en leur temps, les choix courageux qui permirent à l'émancipation d'aller de l'avant. D'autres, ensuite, prirent le relais. A nous, aujourd'hui, d'approfondir le chemin qu'ils ont ouvert.
Voilà pourquoi il est important de garder vive la mémoire d'un crime dont Frantz Fanon, dans « Peau noire, masques blancs » a admirablement décrit les ravages sur ses victimes et sur ses auteurs : « Le malheur de l'homme de couleur est d'avoir été esclavagisé. Le malheur et l'inhumanité du Blanc sont d'avoir tué l'homme quelque part ». Il disait aussi : « je ne suis pas esclave de l'esclavage qui déshumanisa mes pères » car « moi, l'homme de couleur, je ne veux qu'une chose : que jamais l'instrument ne domine l'homme. Que cesse à jamais l'asservissement de l'homme par l'homme ».
Voilà pourquoi il est important de transmettre aux jeunes générations les repères solides d'un récit partagé et citoyen qui ne gomme pas les blessures profondes laissées par quatre siècles de traite et d'esclavage mais rende, dans le même temps, pleinement justice aux combattants et combattantes passés des droits humains et à la richesse actuelle d'une culture française forte de tous ses métissages. L'école et les programmes scolaires ont, ici, le premier rôle. Car il ne s'agit pas de concurrence des mémoires mais de valeurs universelles.
Voilà pourquoi, aussi, nous avons quelques raisons supplémentaires d'assumer à l'égard du peuple haïtien, si durement frappé par le terrible séisme de janvier dernier, un devoir de solidarité qui n'oublie pas la contribution apportée à l'histoire de l'humanité par ce pays qui se dressa, à l'appel de Toussaint Louverture, pour « déraciner l'arbre de l'esclavage » et où, comme l'écrit Césaire dans le Cahier d'un retour au pays natal, « la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu'elle croyait à son humanité ».
En Poitou-Charentes et tout particulièrement à La Rochelle qui fut un grand port négrier, le 10 mai est un moment fort où l'on peut prendre la mesure du rôle que joua le système esclavagiste dans l'économie du territoire et l'édification des fortunes locales des armateurs et des industriel du sucre. Durant sept mois, de mars à septembre 2010, des débats, des conférences, des expositions, des publications permettent aux habitants de la région de s'approprier cette histoire et aux scientifiques de faire un bilan des connaissances disponibles tout en promouvant de nouvelles recherches.
Ce capitalisme négrier dont la région porte l'empreinte eut ses dissidents : au 18ème siècle, Léon-Robert de l'Astran, humaniste et savant naturaliste mais également fils d'un armateur rochellais qui s'adonnait à la traité, refusa que les bateaux qu'il héritait de son père continuent de servir un trafic qu'il réprouvait.
En ce 10 mai 2010, je tiens à faire le lien entre ces deux émancipations que furent, à plus d'un siècle de distance, l'abolition définitive de l'esclavage et les indépendances africaines dont on célèbre cette année le cinquantenaire.
Nous savons bien, et les Africains mieux que nous, que ces affranchissements de la tutelle coloniale française n'ont, comme le pressentait lucidement Frantz Fanon, pas exaucé toutes les espérances de ceux qui combattirent pour la libération de leur pays. D'autres sujétions prirent le relais. Economiques, politiques et sociales. Le Nord, en général, et la France, en particulier, en portent une part de responsabilité. Ce ne fut pas la fin de l'histoire mais le commencement d'une autre et, avec elle, d'autres combats.
Mais je n'ai pas, vous le savez, de l'Afrique une vision misérabiliste car je sais combien elle recèle de talents, d'énergies, d'intelligences, de solidarités pour tracer son propre chemin et construire, à égalité, ce monde nouveau dont nous ressentons l'urgence.
J'ai dit à Dakar, le 7 avril 2009, combien nos destins étaient liés, pour le pire, parfois, dont témoigne notre passé mais surtout pour le meilleur, à bâtir ensemble.
J'ai dit, à Dakar, que nous avions le devoir de poser des mots justes sur ce qui fut, un devoir de vérité. C'est pourquoi elles n'auraient jamais dû être prononcées au nom de la France, ces paroles humiliantes d'un Président aveugle à l'histoire de l'Afrique et à sa contribution de longue date à l'histoire du monde.
J'ai dit, à Dakar, ma conviction que ce siècle serait celui du continent africain.
La mondialisation esclavagiste a été défaite.
La mondialisation colonialiste a été défaite.
La mondialisation de la finance prédatrice le sera à son tour si nous en avons le courage, à commencer par celui d'aller contre les idées reçues, les modèles éculés et les égoïsmes dépassés.


Amitiés fidèles, 
Ségolène Royal
Présidente de "Désirs d'Avenir"

9 mai 2010

Régionales 2010 : un appel au dépassement article-point-presse-du-6-mai-2010.jpg Photo Nouvelle République PARTI SOCIALISTE Fédération de la Vienne POINT DE PRESSE DU 6 MAI 2010 Les élections régionales de mars 2010 ont été marquées par deux caractéristiques : - un score historique de la gauche, particulièrement en Poitou-Charentes et dans la Vienne : tous les cantons sans exception ont voté majoritairement Ségolène Royal au second tour, 35 sur 38 au premier tour. Près de 2 électeurs sur 3 ont voté pour la gauche rassemblée, après avoir donné à Ségolène Royal 10 points de plus que la moyenne nationale au premier tour. - une abstention très forte, un peu moins dans notre région qu’en moyenne nationale, mais malgré tout près de la moitié des électeurs ne se sont pas déplacés. Aussi ce scrutin sonne-t-il comme un double appel : - un appel à la gauche de la part des votants - mais aussi un appel d’une grande partie du corps électoral, qui perd confiance dans la capacité du politique et des élus d’apporter des réponses à leurs attentes, et qui pour une bonne part avait cru dans la « rupture » annoncée par Nicolas Sarkozy et maintenant se sent flouée. Face à cela, le Parti Socialiste doit se dépasser pour éviter deux écueils : • la peur de ne pas être crédible peut conduire à un projet « plan-plan », catalogue de vieilles recettes dans lequel nos concitoyens ne verraient qu’une variante de l’existant • la fuite en avant dans des promesses intenables qui ne ferait que creuser le fossé entre société et politique. Il est nécessaire à la fois de faire une remise en cause fondamentale d’un système qui ne génère que déclin économique, chômage, injustice, tensions sociales et dégâts écologiques, et de jeter les bases d’une reconstruction concrète qui soit solide et lisible pour la population. Il est nécessaire de rassembler très largement tous les citoyens qui aspirent à ce changement. La présence très majoritaire de la gauche dans les collectivités régionales et locales nous en offre l’occasion. Par exemple, le nouveau modèle économique, écologique et social préfiguré par la Région Poitou-Charentes est une référence crédible et pourtant par certains aspects révolutionnaire. Un exemple tiré de la presse de ces dernières semaines montre bien que ce dépassement est possible. Le Front de Gauche a conditionné sa participation aux exécutifs dans les régions Nord-Pas de Calais et Limousin, à trois engagements : - Exiger que la région adopte une clause de conditionnalité sociale et écologique pour ses aides et subventions aux entreprises - Un grand service public de la formation professionnelle rompant totalement avec la logique des appels d'offre aux organismes privés - La création d'un comité régional de planification écologique doté de moyens. Ces trois conditions correspondent à des mesures déjà mises en œuvre en Poitou-Charentes entre 2004 et 2010. Le Front de gauche n’aurait pas eu à poser ce type de conditions s’il avait pu être présent dans une fusion avec les socialistes et Europe-Ecologie. Et ces éléments de bilan, jugés très avancés par le Front de Gauche, n’a pas empêché un certain nombre de centristes de rejoindre Ségolène Royal dès le premier tour, comme il n’a pas retenu le monde rural, traditionnellement enclin à voter à droite, dans son soutien massif à la présidente sortante. Aujourd’hui, dans un pays surendetté et incapable de financer correctement les retraites et la protection sociale, dans un pays qui s’appauvrit et laisse mourir son industrie, le principal enjeu est la création de richesse. En Poitou-Charentes, sous l’impulsion du conseil régional et d’autres collectivités, et grâce à des acteurs économiques et sociaux de talent, d’autres modes de développement sont en train d’émerger. Un système économique basé sur la priorité aux ressources locales renouvelables se construit : énergies renouvelables, valorisation du végétal, circuits courts, lait équitable, etc… Face au déclin industriel, les emplois de demain commencent à apparaître dans les technologies vertes, les véhicules électriques, l’alimentation biologique, … De plus en plus nombreux sont les salariés qui reprennent leur entreprise sous forme de SCOP. C’est ce message d’espoir que nous faisons passer au plan national à l’occasion de la convention nationale du PS sur le nouveau modèle économique, écologique et social. La fédération de la Vienne avait tenu en novembre 2009 des assises sur ce thème et débattra le 6 mai du texte national à partir des témoignages d’acteurs régionaux engagés dans ce nouveau modèle. Jean-François Macaire Premier secrétaire fédéral Article paru dans la Nouvelle République

PARTI SOCIALISTE
Fédération de la Vienne

 
POINT DE PRESSE DU 6 MAI 2010

Les élections régionales de mars 2010 ont été marquées par deux caractéristiques :
- un score historique de la gauche, particulièrement en Poitou-Charentes et dans la Vienne : tous les cantons sans exception ont voté majoritairement Ségolène Royal au second tour, 35 sur 38 au premier tour. Près de 2 électeurs sur 3 ont voté pour la gauche rassemblée, après avoir donné à Ségolène Royal 10 points de plus que la moyenne nationale au premier tour.
- une abstention très forte, un peu moins dans notre région qu’en moyenne nationale, mais malgré tout près de la moitié des électeurs ne se sont pas déplacés.
 
Aussi ce scrutin sonne-t-il comme un double appel :
- un appel à la gauche de la part des votants
- mais aussi un appel d’une grande partie du corps électoral, qui perd confiance dans la capacité du politique et des élus d’apporter des réponses à leurs attentes, et qui pour une bonne part avait cru dans la « rupture » annoncée par Nicolas Sarkozy et maintenant se sent flouée.
 
Face à cela, le Parti Socialiste doit se dépasser pour éviter deux écueils :
• la peur de ne pas être crédible peut conduire à un projet « plan-plan », catalogue de vieilles recettes dans lequel nos concitoyens ne verraient qu’une variante de l’existant
• la fuite en avant dans des promesses intenables qui ne ferait que creuser le fossé entre société et politique.
 
Il est nécessaire à la fois de faire une remise en cause fondamentale d’un système qui ne génère que déclin économique, chômage, injustice, tensions sociales et dégâts écologiques, et de jeter les bases d’une reconstruction concrète qui soit solide et lisible pour la population.
Il est nécessaire de rassembler très largement tous les citoyens qui aspirent à ce changement.
La présence très majoritaire de la gauche dans les collectivités régionales et locales nous en offre l’occasion.
 
Par exemple, le nouveau modèle économique, écologique et social préfiguré par la Région Poitou-Charentes est une référence crédible et pourtant par certains aspects révolutionnaire.
Un exemple tiré de la presse de ces dernières semaines montre bien que ce dépassement est possible. Le Front de Gauche a conditionné sa participation aux exécutifs dans les régions Nord-Pas de Calais et Limousin, à trois engagements :
- Exiger que la région adopte une clause de conditionnalité sociale et  écologique pour ses aides et subventions aux entreprises
- Un grand service public de la formation professionnelle rompant  totalement avec la logique des appels d'offre aux organismes privés
- La création d'un comité régional de planification écologique doté de  moyens.
 
Ces trois conditions correspondent à des mesures déjà mises en œuvre en Poitou-Charentes  entre 2004 et 2010. Le Front de gauche n’aurait pas eu à poser ce type de conditions s’il avait pu être présent dans une fusion avec les socialistes et Europe-Ecologie. Et ces éléments de bilan, jugés très avancés par le Front de Gauche, n’a pas empêché un certain nombre de centristes de rejoindre Ségolène Royal dès le premier tour, comme il n’a pas retenu le monde rural, traditionnellement enclin à voter à droite, dans son soutien massif à la présidente sortante.
 
Aujourd’hui, dans un pays surendetté et incapable de financer correctement les retraites et la protection sociale, dans un pays qui s’appauvrit et laisse mourir son industrie, le principal enjeu est la création de richesse.
 
En Poitou-Charentes, sous l’impulsion du conseil régional et d’autres collectivités, et grâce à des acteurs économiques et sociaux de talent, d’autres modes de développement sont en train d’émerger. Un système économique basé sur la priorité aux ressources locales renouvelables se construit : énergies renouvelables, valorisation du végétal, circuits courts, lait équitable, etc… Face au déclin industriel, les emplois de demain commencent à apparaître dans les technologies vertes, les véhicules électriques, l’alimentation biologique, … De plus en plus nombreux sont les salariés qui reprennent leur entreprise sous forme de SCOP.
 
C’est ce message d’espoir que nous faisons passer au plan national à l’occasion de la convention nationale du PS sur le nouveau modèle économique, écologique et social. La fédération de la Vienne avait tenu en novembre 2009 des assises sur ce thème et débattra le 6 mai du texte national à partir des témoignages d’acteurs régionaux engagés dans ce nouveau modèle.

Jean-François Macaire
Premier secrétaire fédéral

 
Article paru dans la Nouvelle République et Centre presse