28 mai 2010

La lettre d'actualité de Ségolène Royal, Présidente de Désirs d'avenir

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Chères amies, chers amis,

Le 4 juillet à Rochefort est organisée par la Région Poitou-Charentes une fête champêtre et solidaire du littoral qui a été durement touché par la tempête du 28 février 2010. Ce pique-nique populaire et joyeux marquera le début de la saison touristique avec un moment convivial et fraternel de reconquête après les mois difficiles qu’a vécu la population du littoral. Il se tiendra à Rochefort au clos la Pérouse sur le site de la Corderie Royale à partir de midi.
Et puisqu’il s’agit de fraternité, une université populaire participative de Désirs d’avenir sur le thème de la crise et de l’accélération du temps se tiendra le matin même à partir de 10h00 avec le philosophe Paul Virilio.
Cette université populaire sera suivie à 11H30 de l’Assemblée Générale Ordinaire de Désirs d’avenir.
La veille au soir, samedi à partir de 17h00 vous pourrez assister à la soirée gratuite d’ouverture des Nuits Romanes de la Région Poitou-Charentes à Melle. Les Nuits Romanes sont un  festival régional  qui mêle pour la cinquième année le patrimoine roman régional et des concerts autour de la musique et de la voix, au cours de 70 rendez-vous gratuits et tous publics sur tout le territoire.

Pour ceux d’entre vous qui le souhaitent, des bus vous conduiront de Melle à Rochefort après le spectacle. Un hébergement militant est en cours d’organisation.
Pour vous permettre d’accéder à ces différents rendez-vous :
  • le samedi 3 juillet :
Depuis Paris: Train Paris-Niort: 14h40/16h58
Depuis Bordeaux: Train Bordeaux-Niort: 14h03/ 17h25
Des services de bus assureront le trajet Niort-Melle pour vous permettre d'assister au spectacle des Nuits Romanes
Des bus assureront après le spectacle le trajet Melle-Rochefort.
  • Pour le retour dimanche 4 juillet:
Train TGV Rochefort-Paris (via la Rochelle) : 15h54 / 20h05 ou 18h21/22h20
Train  Rochefort-Bordeaux: 16h19/ 18h16  ou 19h37 / 21h05

Venez nombreux et en famille à la fête champêtre, solidaire du littoral et à notre matinée de débat avec Paul Virilio!

Amicalement
Ségolène Royal
Présidente de Désirs d'avenir

Rejoignez nous à Désirs d'avenir

24 mai 2010

Journées portes ouvertes au Planning Familial

28 et 29 mai 2010
Le Planning Familial ouvre ses portes et lance sa campagne pour le remboursement de tous les contraceptifs

En 2009, vous étiez à nos côtés ! En 2010 qu'allons nous faire ensemble ?

L'an dernier vous avez signé la pétition de défense des missions du Planning Familial comme 200.000 personnes l'ont fait. Suite à votre mobilisation, l'Etat a annoncé le maintien des financements des actions d'information jusqu'en 2011. Une vigilance permanente est nécessaire pour que cette annonce soit suivie d'effet et surtout qu'elle perdure ! En effet, les menaces qui pèsent sur la pérennité du monde associatif sont de plus en plus réelles.

Nous avons toujours besoin de vous à nos côtés !

Le vendredi 28 et le samedi 29 Mai, Le Planning Familial ouvre ses portes et lance deux campagnes : l'une d'appel à soutien et l'autre pour le remboursement de tous les contraceptifs.
On compte sur vous pour discuter, échanger, nous soutenir et mieux nous connaître !

Ensemble pour que riment Liberté et Plaisir, Egalité avec femmes et hommes pour toutes les sexualités !
A bientôt
Le Planning Familial

Pour connaître l'adresse de l'association la plus proche, rendez vous sur le site internet du planning en cliquant ici
Le Planning Familial est désormais sur Facebook :
http://www.facebook.com/ConfederationPlanningFamilial.
N'hésitez pas à "aimer " cette page, à la partager sur votre propre page, à la faire connaître à vos amiEs !

L'école de la République et les politiques sarkozystes : le rapport sévère de la Cour des Comptes

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Chères amies, chers amis,
Je viens de prendre connaissance du Rapport de la Cour des Comptes, rendu public en ce mois de mai 2010 et intitulé « L'Education nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves ». Ses observations, fruit d'un travail méthodique et impartial de trois ans, et ses recommandations, qui en appellent au pragmatisme et et à la volonté politique, me paraissent d'une telle importance que je voudrais vous en dire quelques mots.
Cet état des lieux lucide évite le piège du catastrophisme scolaire, ce filon éditorial inépuissable, et de son sempiternel « tout fout le camp ». Il rend hommage à l'engagement des personnels enseignants et non enseignants qui, malgré les rigidités et des incohérences de notre système éducatif, s'acharnent à faire réussir du mieux possible les élèves qui leur sont confiés. Il ne relaye pas l'illusion trompeuse d'un âge d'or où tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes scolaires, alors que seule une infime minorité d'enfants bien-nés et quelques boursiers méritants, décrochaient le bac, cependant que la moitié des enfants des classes populaires n'obtenait pas son certificat d'études. Il ne fait pas de la « massification » (accueil à l'école de toute une génération et prolongation générale de la scolarité obligatoire) la cause de toutes les difficultés mais la réponse nécessaire aux évolutions du monde moderne, raison pour laquelle tous les pays développés ont fait de même. Il pointe, en revanche, ce qui n'a pas suivi : l'adaptation du système scolaire à ce changement d'échelle et sa démocratisation effective.
L'éducation nationale est, en France plus qu'ailleurs, le pilier d'une République indissociable de son école. C'est une passion française dont témoigne la vivacité de nos débats. C'est, quoique parfois bien malmenée, une priorité nationale attestée par le fait que son budget est le premier de tous. C'est aussi la clef de l'avenir du pays dans un monde où la maîtrise des connaissances et l'élévation du niveau global de formation sont de plus en plus les armes de la croissance, de l'innovation et de l'emploi. C 'est enfin le test de notre capacité collective à transmettre aux générations suivantes les savoirs, les valeurs et les outils dont les plus jeunes ont besoin pour grandir, devenir pleinement citoyens et tracer leur chemin, personnel et professionnel, dans le temps qui est le nôtre. C'est, en somme, l'affaire de tous les citoyens et, pour moi, le coeur de la promesse républicaine de liberté, d'égalité et de fraternité.
L'opération-vérité à laquelle s'est consacrée la Cour des Comptes est centrée sur deux questions majeures : notre système d'enseignement public (de la maternelle au bac) est-il réellement « conçu et organisé en fonction des élèves » comme l'affirme l'article 1 du Code de l'Education ? Est-il réellement « de nature à favoriser la réussite scolaire de chaque élève, quelle que soit son origine sociale ou géographique » ?
Pour y répondre, le rapport s'est attaché à mesurer à la fois l'efficacité de notre système scolaire (sa capacité à atteindre les objectifs fixés par la Nation) et son efficience (son aptitude à le faire en maîtrisant ses coûts et en affectant les moyens à bon escient, là où ils sont les plus nécessaires). Les auteurs de cet intéressant rapport ont donc attentivement examiné les résultats effectifs de notre enseignement public, la manière dont il affecte ses moyens, son organisation interne et ses conséquences sur les parcours des élèves. Il en résulte, je le dis d'emblée, un portrait sévère qu'éclairent de précieux éléments de comparaison tirés d'enquêtes effectuées par les rapporteurs dans des pays voisins (Royaume-Uni, Espagne, Suisse) et des enquêtes PISA (Programme international pour le suivi des élèves) qui évaluent depuis une dizaine d'années les acquis des jeunes de 15 ans en lecture, mathématiques et sciences dans les 30 pays de l'OCDE.
Le diagnostic établi par la Cour des Comptes recoupe les résultats de bien des travaux de chercheurs français (je pense en particulier à ceux de Christian Baudelot sur « l'élitisme républicain à l'épreuve des comparaisons internationales », de François Dubet et Marie Duru-Bellat, d'Eric Maurin, d'Agnès Van Zanten). Je voudrais, sans prétention à l'exhaustivité, vous faire partager certaines conclusions qui m'ont particulièrement frappée et corroborent mon expérience passée de Ministre de l'Enseignement scolaire comme mon expérience actuelle de Présidente d'une Région très engagée dans les lycées et attentive à leurs besoins bien au-delà de ses obligations légales.
Les magistrats de la Cour des Comptes montrent que, toutes sources confondues (évaluation en 3ème, à 15 ans ou à 17 ans lors des Journées de Préparation à la Défense), plus de 21 % des élèves éprouvent aux abords de la fin de la scolarité obligatoire de sérieuses difficultés de lecture et de maîtrise des compétences de base en français. En mathématiques, 73% des élèves de 3ème ne maîtrisent pas le programme.
Plus grave : ces pourcentages sont en augmentation depuis une dizaine d'années.
Plus grave encore : si, sur la longue durée, le niveau de formation de la population française a globalement progressé, l'écart n'a cessé de se creuser dans la dernière période entre les élèves les plus performants et les plus en difficulté. Parmi les pays de l'OCDE, la France occupe une position moyenne (17ème sur 30 pour la compréhension de l'écrit et les maths, 19ème en sciences) mais se caractérise par un fossé grandissant entre ceux qui réussissent (dont les résultats dépassent ceux des pays classés en tête comme la Finlande, la Corée du Sud, le Canada, le Japon...) et ceux qui, dès le CM2, sont en situation d'échec et ne dépassent pas le niveau des pays les plus mal classés (comme le Mexique).
Grosso modo, notre système produit 50 à 60% d'élèves dont les résultats sont satisfaisants ou très bons mais 20 à 30% dont les résultats sont insuffisants et 20% en grande difficulté scolaire. L'école française est l'une des meilleure du monde pour la moitié de ses élèves et l'une des pires de l'OCDE pour l'autre moitié. Nous sommes, parmi les pays développés, celui dont l'élite scolaire est numériquement la moins étoffée et dont les élèves en difficulté sont les plus nombreux. Or ceci explique cela car les pays en tête des classements internationaux conjuguent performances de l'école de masse et excellence d'une élite scolaire plus nombreuse que la nôtre. Ce sont ceux qui réduisent le plus les inégalités scolaires en assurant un véritable tronc commun, en refusant les orientations précoces et en limitant l'impact de l'origine sociale sur les résultats scolaires.
Championne du monde du redoublement, particularité française dont la Cour des Comptes rappelle qu'elle ne corrige pas mais enferme dans l'échec scolaire (et coûte inutilement au pays 2 milliards d'euros par an, soit le double des financements de l'éducation prioritaire !), la France se distingue également par la faible capacité de son système scolaire à réduire l'impact de l'origine sociale des élèves sur leurs résultats scolaires. Nous connaissons, bien sûr, d'admirables réussites qui, comme l'a très bien montré Bernard Lahire, démentent ce déterminisme mais il reste que, dans notre pays plus que dans beaucoup d'autres de niveau comparable, un enfant d'ouvrier ou de chômeur a beaucoup moins de chances d'obtenir un bac général qu'un enfant de cadre supérieur ou d'enseignant (sans même parler d'entrer en classe préparatoire aux grandes écoles !) et cela surtout s'il est dans un établissement à faible mixité sociale.
Autre triste spécificité française : le nombre de jeunes sortant du système scolaire sans diplôme ni qualification et donc plus exposés que les autres au chômage (130.000 selon le Ministère de l'Education nationale ? 17% d'une génération selon le Centre d'études et de recherche sur les qualification ? Les chiffres varient car on ne s'est toujours pas donné les moyens de connaître le nombre exact de ces élèves « perdus de vue »!).
La France, note la Cour des Comptes, est le pays de l'OCDE « le plus inéquitable scolairement » car c'est celui où la « distillation ségrégative » (corrélation entre l'origine sociale et le destin scolaire) est la plus forte. Cinglant démenti à la méritocratie républicaine qui promettait de sélectionner les meilleurs en neutralisant au maximum le poids de l'héritage social et culturel.
Notre pays consacre pourtant 6,6% de son PIB aux dépenses d'éducation. C'est moins que les Etats-Unis, le Royaume Uni, la Suède ou la Corée du Sud mais plus que certains pays qui affichent des résultats enviables (Finlande, Japon) pour un coût inférieur au nôtre. Je précise naturellement qu'il y a une différence radicale entre la volonté, légitime, de mesurer l'efficacité de l'utilisation de l'argent public au regard des objectifs affirmés et l'approche petitement comptable de la droite sarkozyste qui ampute mécaniquement et aveuglement les moyens humains et matériels de l'Education nationale. La Cour des Comptes en appelle, à juste titre, à une optimisation des moyens humains et matériels alors que le gouvernement actuel, entre non remplacement d'un enseignant sur deux partant à la retraite (50.000 postes supprimés en 3 ans, 80.000 à l'horizon 2012 !) et plan de rigueur, fragilise et affaiblit le service public de l'éducation nationale quand il faudrait le renforcer quantitativement et qualitativement.
Particulièrement significatif d'une allocation aberrante des ressources : ce sont l'école primaire et le collège, déterminants pour les apprentissages fondamentaux, qui sont, chez nous, désavantagés à l'inverse des autres pays de l'OCDE. Au point que dans un rapport rendu public le 5 mai, le très libéral Institut Montaigne s'alarme, lui aussi, de la situation de notre école primaire.
Ce ne sont pas les salaires des professeurs qui pèsent sur le coût de l'éducation (difficile de gagner moins qu'une institutrice débutante !) mais le nombre total d'heures d'enseignement suivies par les élèves qui bat, en France, tous les records alors même que l'exemple de la Finlande, N°1 de tous les classements, montre que ce n'est pas un facteur d'efficacité scolaire.
Autre lacune majeure du pilotage de notre système éducatif : son déficit d'évaluation. L'obligation de rendre public un rapport annuel des deux inspections de l'éducation nationale n'est plus respectée depuis 2007. Certaines publications ministérielles ne sont pas diffusées « pour des raisons d'opportunité ». Le Haut Conseil de l'Evaluation de l'Ecole a été supprimé en 2005 et remplacé par une structure qui ne joue pas le même rôle « d'évaluation des évaluations ». Tout cela, relève la Cour des Comptes, est dommageable pour la lisibilité des résultats de notre système scolaire. Mauvais pour la gestion et mauvais pour le débat démocratique. Quant à l'éducation prioritaire, plus que jamais parent pauvre d'une école à deux vitesses, le rapport observe que, censée concerner un élève sur cinq, son coût reste mal connu et sa prise en compte dans la répartition des crédits entre académies toujours faible. Un chiffre atteste le peu d'intérêt que lui porte le gouvernement actuel : celui relatif à la scolarisation des moins de trois ans, dont on sait combien elle facilite l'intégration scolaire ultérieure des enfants des quartiers populaires. En 10 ans, il est passé de 35% à 18% (dont, en Seine St Denis, seulement 5% des enfants en âge d'en profiter). Un véritable plan « désespoir banlieue » !
Autre handicap majeur selon la Cour des Comptes : le décalage persistant entre la définition légale du service des enseignants, surtout dans le second degré, et la réalité concrète du métier dès lors que l'école accueille durablement toute une classe d'âge et vise la transmission à un public hétérogène d'un « socle commun de connaissances et de compétences ». Car il ne s'agit pas d'opposer la transmission à l'éducation mais de tirer les conséquences de ce que savent bien (et pratiquent sur le terrain) tous les enseignants qui s'attachent à faire réussir leurs élèves : les apprentissages supposent une implication des professeurs qui excède le strict champ de la discipline qu'ils enseignent. Suivi personnalisé, travail en néquipe, projets transdisciplinaires.... le temps n'est plus où le cours magistral était l'alpha et l'omega du métier. D'où, relèvent les auteurs du rapport, l'inquiétude dont beaucoup leur ont fait part devant les projets de réforme de la formation des enseignants annoncés par le gouvernement (la fameuse « mastérisation » avec réduction de la formation proprement professionnelle à la portion congrue). D'où aussi l'inefficacité relative des différents dispositifs de prise en charge des élèves en difficulté qui n'ont pas leur place dans la définition (datant des années 50...) du coeur du métier enseignant et sont trop souvent laissés à la bonne volonté des professeurs motivés.
Cette actualisation nécessaire des obligations de service ne pourra procéder que d'une réelle concertation visant conjointement l'amélioration des conditions de travail des enseignants et une meilleure prise en compte des besoins des élèves d'aujourd'hui. Elle suppose le respect des uns et des autres, l'écoute du malaise croissant des professeurs qui ne se sentent guère épaulés par leur hiérarchie, la compréhension de leurs contraintes et de leurs attentes, et surtout une politique qui ne soit pas, appliquée à l'école, celle des « cost killers » qui sévissent dans les entreprises. Cela suppose aussi une évolution des inspections et des notations, qu'un syndicaliste caractérise comme « infantilisantes », devant plus à la note obtenue au concours et à l'ancienneté qu'à l'investissement effectif dans toutes les dimensions d'un travail qui a beaucoup changé. Or, remarque la Cour des Comptes, la conception « taylorienne » de la division du travail entre transmission et éducation sous-estime ce que l'investissement éducatif d'un professeur au-delà du strict enseignement de sa discipline peut lui conférer, en retour, d'autorité pour faire cours.
Elle souligne, en somme, l'hypocrisie et les contre-performances d'un système qui prétend assurer l'égalité des chances par un traitement uniforme de tous les élèves alors qu'il y a urgence à remplacer la vieille logique de l'offre scolaire (des moyens prioritairement alloués en fonction des programmes) par une logique davantage fondée sur la demande, « c'est à dire une connaissance nettement plus précise des besoins des élèves ».
Or, comme l'illustre à maintes reprises le rapport, ces besoins continuent d'être trop faiblement pris en compte, qu'il s'agisse des rythmes scolaires (et de la désastreuse semaine de 4 jours dans le primaire, contraire à toutes les connaissances chronobiologiques, comme l'a récemment rappelé l'Académie de Médecine), des journées trop longues et trop lourdes qui ignorent les conditions optimales d'apprentissage, de notre année scolaire réduite à 144 jours (200 jours au Danemark), de ces emplois du temps calés sur les désirs des adultes et dont ni les conseils d'administration ni les conseils pédagogiques ne sont saisis.
Quant aux méfaits des césures de notre système scolaire et aux bienfaits des cycles ainsi que d'une meilleure articulation entre les trois degrés du primaire, du collège et du lycée, ils sont depuis longtemps connus mais rien ne change ou si peu... Or les premières victimes de cet immobilisme institutionnel sont, là aussi, les élèves les plus fragiles.
La Cour des Comptes éclaire aussi les avantages comparés des classes hétérogènes et homogènes : tout montre, des travaux des chercheurs aux enquêtes internationales, que les classes de niveau ne sont pas un facteur de performance du système scolaire car elles font peu progresser les plus forts et beaucoup reculer les plus faibles. C'est, là encore, une spécificité française.
Je comprends, bien sûr, que des principaux et des proviseurs cherchent à tout prix à enrayer les risques de ghettoïsation de leur établissement et à retenir leurs élèves des classes moyennes par une offre scolaire sur mesure. De même que je comprends le désir des parents de vouloir le meilleur environnement scolaire pour leurs enfants. Mais ces options d'excellence, quand elles apparaissent réservées à des élèves d'origine sociale plus favorisée, sont souvent un facteur de tensions scolaires dans les établissements et ne sont surtout que le cache-misère de l'incapacité des politiques éducatives actuelles à garantir à chacun, sur tout le territoire de la République, des conditions efficaces de réussite scolaire.
Je ne peux, ici, passer en revue tout ce que décrit et analyse avec une grande pertinence ce rapport qui étaye mes convictions les plus profondes et appelle à regarder les choses en face pour corriger ce qui doit l'être : les impasses d'une orientation par l'échec qui évacue les élèves en difficulté vers des filières qu'ils n'ont souvent pas choisies et où ils savent que les chances d'emploi sont les plus incertaines ; l'hypocrisie qui présente comme un outil de lutte contre la difficulté scolaire une orientation-sanction qui l'aggrave sans revaloriser des cursus professionnels dignes de ce nom ni permettre à notre pays de disposer en nombre des jeunes diplômés et qualifiés dont il a besoin ; l'empilement des dispositifs aux titres ronflants mais dont le coût et l'efficacité scolaire restent mal connus (programmes personnalisés de réussite éducative, tutorat renforcé, réseau ambition-réussite, réseau réussite scolaire...) ; les dysfonctionnements des classes et ateliers-relais, destinés à recadrer des élèves qui posent de graves problèmes de comportement mais qui interviennent souvent trop tardivement et, selon le rapport, « permettent rarement une rescolarisation durable dans l'établissement d'origine ».
Le tableau peut paraître sombre mais il n'oublie pas que l'école, ce sont aussi et avant tout ces équipes pédagogiques motivées, imaginatives, qui refusent de baisser les bras ; dans les quartiers populaires et les zones rurales, en dépit des difficultés sociales qui y assaillent l'école et d'une politique gouvernementale dont le principal message adressé aux professeurs est qu'ils seraient trop nombreux et trop chers, beaucoup d'enseignants font malgré tout vivre et partager le plaisir d'apprendre. Je pense aussi à ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui, issus du même milieu que leurs élèves, incarnent devant leur classe la preuve que la réussite scolaire et professionnelle ne doit pas être un privilège de la naissance. « Le terrain, disent les auteurs du rapport, supplie que ça bouge » mais il éprouve aussi « un profond découragement et épuisement devant les effets d'annonce » qui ne prennent pas efficacement les problèmes à bras le corps.
L'école, j'en prends tous les jours la mesure dans ma région, hérite de beaucoup de difficultés qui ne sont pas de son fait : un chômage de masse qui déstabilise les familles et décrédibilise pour nombre d'élèves jusqu'à l'intérêt des études, une ségrégation spatiale qui fait obstacle à la mixité sociale et scolaire, des mutations profondes de l'autorité et de la perception de la légitimité des institutions qui ne lui facilitent pas la tâche. Mais le grand intérêt du travail de la Cour des Comptes est de montrer, comme je le crois, que le fonctionnement du système scolaire, ses partis-pris éducatifs et les politiques publiques qui l'organisent peuvent atténuer ou au contraire accentuer l'impact de ces tendances lourdes, permettre au plus grand nombre de progresser et aux meilleurs d'exceller ou, au contraire, ancrer dans l'échec une part croissante des élèves sans pour autant parvenir à dégager un vivier suffisant de jeunes diplômés. Il montre aussi qu'il faut rompre franchement avec l'uniformité d'une offre scolaire formellement égale mais en réalité très inégalitaire, où l'aide ne va pas prioritairement à ceux qui en ont le plus besoin. Cela suppose d'assumer que l'école n'est pas une dépense à comprimer à tout prix mais une richesse de la nation et une chance pour la croissance à condition que les moyens soient pris de la rendre plus efficace et plus juste. Certains pays y parviennent mieux que nous. La France, si elle le veut, en est capable. C'est l'enjeu prioritaire d'une politique de civilisation en phase avec son temps et d'un nouveau modèle de société dont notre école nous dit l'urgence.
Le temps presse car la droite sarkozyste commet, sur ce front là aussi, de terribles dégâts, aggravant les incohérences et l'arbitraire d'un fonctionnement scolaire dont la Cour des Comptes pointe à raison les défaillances mais aussi les ambitions justifiées et les ressorts possibles. L'école, malheureusement, paye aujourd'hui deux fois le prix des politiques du gouvernement actuel.
D'abord parce que la dégradation de son environnement s'accélère et parce que le plan de rigueur va accentuer encore plus les inégalités et les insécurités sociales. Or, comme le montrent les comparaisons internationales, les pays les plus performants scolairement sont également ceux où, à niveau de développement comparable, les écarts sociaux sont les plus réduits. Forte leçon : moins une société est inégale, meilleure est son école.
Ensuite parce que les mauvais coups pleuvent sur un système éducatif qui aurait au contraire besoin de sentir le soutien de la nation pour réussir sa mutation et améliorer son efficacité : suppression massive de postes, précarisation des personnels, bac pro amputé d'un an, enseignants débutants privés d'une véritable formation en alternance, étudiants et retraités appelés en catastrophe pour colmater la brèche des remplacements, allers et retours erratiques sur la semaine de 4 jours à l'école primaire, réduction du traitement des violences scolaires et de l'absentéisme à un volet répressif incapable d'enrayer à lui seul ces symptômes de dysfonctionnements plus profonds, disqualification accrue des familles populaires qu'on appelle dans le même temps - merveille de l'injonction paradoxale ! - à plus d'autorité et de responsabilité, ségrégation renforcée et opacité d'un système dont l'évaluation ne semble guère préoccuper sur fond d'affaiblissement programmé du service public d'éducation...
Conclusion de la Cour des Comptes : « les réformes engagées par le Ministère (...) ont pour défaut de ne pas affronter ce qui tient à l'inadaptation de la structure de notre système scolaire ».
C'est poliment dit mais c'est net.
A nous de tirer parti de cet excellent travail pour construire, avec tous les acteurs de l'école, une alternative éducative aux politiques destructrices de la droite sarkozyste, affranchie des incantations dont la gauche ne s'est pas toujours gardée et forte d'une ambition à la mesure de ce que nous voulons pour tous les enfants de France.
Fidèlement à toutes et à tous,

Ségolène ROYAL
Présidente de Désirs d'Avenir

Diane Abbott, une femme noire pour succéder à Blair et Brown ?

Première femme noire élue à Westminster, Diane Abbott se lance dans la course pour diriger le Parti travailliste. Sa candidature surprise dans un univers d'hommes blancs anime la course .

À 56 ans, cette fille d'immigrés jamaïcains, députée de l'est de Londres depuis 23 ans et porte-parole de l'aile gauche du Labour, répond
    « Les autres candidats (5) sont tous gentils et feraient de bons dirigeants pour le Parti travailliste, mais ils se ressemblent tous.
  On ne peut pas se permettre d'offrir un choix de candidats qui sont tous pareils…….

www.rue89.com/blog-londres/2010/05/22/diane-abbott-une-femme-noire-pour-succeder-a-blair-et-brown-152144

Par Sylvain Biville | Journaliste | 22/05/2010

A la une de Marianne : Ségolène Royal, pourquoi ils n’arrivent pas à s’en débarrasser

Elle bouge encore. Elle est vivante. Le club des éléphants réunis pensait l'avoir « fly-toxée » lors du congrès de Reims. Un an et demi après, elle est toujours là. Obstinée. Mordante. Depuis des semaines, dans un élan d'« alain-duhamélisation » généralisée, les com­mentateurs politiques soliloquent sur un duel Strauss-Kahn - Aubry, mais rien y fait : chassée par la porte, Ségolène Royal revient par la fenêtre.

En l'occurrence, grâce à un sondage Ifop paru dans Paris Match, où elle parvient à se glisser entre Dominique et Martine. Certes, une enquête d'opinion ne fait pas un printemps électoral. Mais l'increvable Mme Royal vient de se rappe­ler au bon souvenir de ceux qui l'avaient enterrée. Ou qui avaient préféré l'ignorer pour mieux la banaliser. En vain. La «folle » du Poitou, l'« irrationnelle » de Melle rend toujours plus dingues ceux qui voudraient tant la voir disparaître. S'ils n'ont pas réussi à se débarrasser de la gênante, c'est d'abord parce que l'in­téressée a décidé d'organiser son propre enlèvement médiatique et politique. De les fuir, tous autant qu'ils sont. Une retraite stratégique dans son « laboratoire » du Poitou-Charentes. De longs mois passés loin « du microcosme parisien et des guerres d'ap­pareil qui assèchent et stérilisent », décrypte son entourage, pour obtenir une réélec­tion sans bavure. En franchissant la barre symbolique des 60 %, c'est chose faite.

« Ce résultat l'a requinquée, explique sa jeune porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem. Ça l'a renforcée dans sa façon défaire de la poli­tique. » Une nécessité après un congrès de Reims qui reste pour elle « une blessure ». La « victoire volée », la morgue des vainqueurs, sa rage inaudible...

Tout cela « appartient au passé », jurent, la main sur le cœur, les membres du club très fermé des ségolé-nistes pratiquants. Elle serait plus « apaisée » que jamais. Et plus décidée aussi, répétant inlassablement à son quarteron de lieute­nants la même phrase quasi prophétique : « Regardons devant. »

Devant ? La présiden­tielle bien sûr, si affinités populaires. Elle a conservé un lien avec ce peuple à qui le PS parle si peu. Un lien ténu mais qui peut paraître prometteur... Nouvelle méthode Donc un repli en province pour éviter les coups, et aussi un changement de méthode pour en porter de plus justes. Fini, apparemment, le temps des slogans et des concepts ésotériques. Entre les mains de ses adversaires, ils devenaient des armes terribles. Désormais, sur la taxe carbone, sur la rigueur, sur les retraites et contre les injustices sarkozystes, elle fait entendre sa différence, avec, à chaque fois, un temps d'avance sur la direction du PS.

Qu'importe la cohérence pourvu que le timing soit bon. Ségolène Royal sait, en outre, dénicher à domicile des sujets symboles qui feront office de tribunes. La tempête Xynthia ? L'occasion pour elle de s'en prendre à l'administration aveugle et à la verte Cécile Duflot, de lui expliquer que l'écologie ne doit pas se pra­tiquer hors sol, déconnectée du sacro-saint principe de réalité.

Royal agite aussi osten­siblement son volontarisme en matière d'emploi au niveau local. C'est le cas avec l'entreprise Heuliez et sa voiture électrique dont elle a fait un Renault Billancourt du XXIe siècle, obligeant le ministre de l'Indus­trie, Christian Estrosi, à lui porter secours. Un volontarisme qui lui per­met de continuer d'exister loin de Paris, mais qui a aussi parfois ses limites : d'après de récents chiffres de l'Insee, le Poitou-Charentes compte parmi les huit régions fran­çaises à avoir connu le plus de destructions d'emplois salariés privés sur la période 2008-2009.

Il n'empêche, désormais, Madame « choisit ses sujets ». Avec plus de soin que par le passé. Pour mieux exister. « Onbosse, on se muscle, et quand il faut taper, on tape ! » explique une collaboratrice ardente. « Ségo » aurait donc appris à s'économiser, à se faire désirer, à créer le besoin chez l'électeur consommateur.

Elle aurait acquis, selon Guillaume Garot, un autre de ses fidèles porte-voix, une « gestion mitterran-dienne du temps », rien que ça ! Convoquer Mitterrand, voilà qui est gonflé de la part du député-maire de Laval. Mais la référence ne sera sans doute pas pour déplaire à sa patronne. Tonton, lui, a échoué à deux reprises avant de décro­cher les clefs de l'Elysée.

Lula a réussi à la faire exploser de rire lors d'une rencontre au Brésil, en lui rappelant n'être parvenu à ses fins qu'à la quatrième tentative. Et si Ségolène n'est pas morte, c'est aussi et surtout parce qu'elle est certaine de son destin. Elle est persuadée, comme disent ses proches, d'être « en résonance avec les Fran­çais » et qu'elle finira par toucher au but.

Lorsque l'on est si sûr de soi, on ne peut pas mourir ! Du moins le croit-on... Et lorsque l'on est certain de sa victoire, pourquoi dévoiler son jeu ? Surtout quand tant de cartes restent incertaines. Chez les ségolénistes du premier cercle, on n'est pas convaincu que DSK, l'oncle d'Amérique, reviendra dans la partie. On explique même compter avec amusement « les leurres envoyés par l'Elysée et Solferino ».

Pas de calendrier donc pour Ségolène Royal. Officiellement. Si ce n'est celui du PS. Elle participera à l'automne prochain à la convention sur l'égalité réelle. Preuve, dit-on, que les rela­tions avec la direction du parti se sont « normalisées ». « Normalisées », le mot revient en boucle et personne chez les roya­listes n'en trouve de moins administratif. Les attaques et les piques envoyées de part et d'autre, en tout cas, ont cessé. La période ne s'y prête pas. Les électeurs de gauche ne comprendraient pas. On se contente à « Solfé » de soupirer d'accablement comme devant un cas incurable...

Ségolène Royal, elle, s'obstine à se tenir à bonne distance du parti. Et il en est encore tout de même quelques-uns pour dire tout le mal qu'ils pensent de cette posture. « il n'y en a bien qu'une qui s'agite à l'extérieur, c'est elle. C'est la seule », tacle Pascale Gérard, une proche de Bertrand Delanoë tombée en amour pour Martine Aubry depuis qu'elle est entrée au secré­tariat national du PS.

Perso, la Ségo ? Rien de nouveau sous le soleil. Mais, si la dame du Poitou bouge encore aujourd'hui, c'est aussi parce qu'elle est parvenue, en adop­tant cette position hors parti, à conserver sa liberté de ton. Elle n'est pas « encombrée par le costard du PS », concède un de ses sou­tiens de l'ombre. Une liberté qui tranche avec la paralysie dont sont frappés ses « camarades ». Aubry, elle, est obligée de jouer les équilibristes pour satisfaire les différentes tendances qui cohabitent au sein du PS. Avec une souplesse qu'on ne lui connaissait pas. Une recherche de consen­sus qui lui a imposé de garder longtemps le silence sur le dossier des retraites. C'en est fini. Dans ce domaine, le parti à la rosé a fini par dévoiler son jeu. Mais c'est écrit : inévitablement, un sujet gênant reviendra sur le tapis. Un de ces sujets lourds comme les dettes et les déficits qui conduira à une « insolution » bavarde. Une paralysie dont est tout autant victime l'exilé de Washington. Le « cos­tard » de directeur du FMI n'est pas plus facile à porter. Il lui impose de se tenir à l'écart de la scène politique française. A ses relais parisiens de le faire exister mal­gré son absence. A lui, DSK, d'intervenir dans les médias pour se dédouaner de la politique de rigueur qu'imposé l'insti­tution qu'il dirige aux pays tombés sous sa coupe. Faire sans...

Mais, si Ségolène Royal reste libre, si elle n'est toujours pas morte, il faut bien recon­naître que sa rémission n'est pas totale. « Elle a beaucoup perdu auprès de l'opinion par rapport à 2006 et 2007, analyse Jérôme Fourquet, de l'Ifop. Mais sa cote remonte doucement depuis janvier, et l'on ne peut pas dire qu'elle soit hors jeu : ni DSK ni Aubry n'ont encore tué le match comme elle l'avait fait lors des précédentes primaires. » Et le directeur adjoint du département opinion de se lancer dans un pronostic : « S'il y a pléthore de candidats aux primaires de 2011, elle reste dans la course. S'ils ne sont que deux - elle face au candidat « canal officiel » du parti -, ce sera beaucoup, beaucoup plus dur. »

Les primaires ? L'ultime arme pour dézinguer Ségolène ? Peut-être. En attendant, pour affron­ter comme il se doit ce rendez-vous, il faut des soutiens. Or, les rangs ségolénistes sont clairsemés. Elle n'a cessé de s'isoler et ne dispose pas de ces pistoleros capables de faire le ménage pour elle. De poids lourds sur qui s'appuyer, Ségolène Royal n'en compte pas ou si peu. Restent une dizaine de jeunes élus locaux dévoués à sa cause, auxquels il faut ajouter les fidèles Jean-Louis Bianco. Gaétan Gorce et Domi­nique Bertinotti- Les autres ? « Ils revien­dront " prédit son entourage, toujours aussi optimiste. Reste à savoir si Ségolène Royal acceptera, elle, de voir rentrer au bercail déserteurs et torpilleurs. La « théoricienne de la fraternité a la réputation d'avoir la « rancunitude » tenace. Et son ancien cou­rant, L'Espoir à gauche, victime d'une OPA hostile de Vincent Peillon ? « il n'existe plus >. concède NajatVallaud-Belkacem. Qui s'em­presse d'ajouter : « Mats c'est valable pour les autres courants du Parti socialiste. »

Et Désirs d'avenir, sa grande fierté ? « Aujourd'hui, on doit être autour de 10 000 adhésions. » Certes, mais le bébé de Ségolène Royal aurait connu jusqu'à 15 000 adhérents au plus fort de la campagne prési­dentielle. Avec 10 000 adhé­rents, l'association retombe presque au niveau où elle était à sa fondation. Même les intellectuels sont peu nombreux : il y a bien Ariane Mnouchkine, la femme de théâtre, avec qui elle échange régulièrement, et Philippe Aghion, profes­seur à Harvard et à l'Ecole d'économie de Paris, qu'elle consulterait à l'occasion. Mais au-delà ? Son équipe lui fournit l'essentiel de sa matière première et, au final, elle décide seule. « On sait à quoi ressemble le cochon quand il entre dans la machine, mais on ne sait pas à quoi ressemblera la saucisse quand elle en sortira ! » plaisante une proche.

Pas ou peu d'intellos associés, une équipe restreinte, plus de cou­rant. Pour affronter une campagne des pri­maires, c'est maigre. Mais, par le passé, elle a déjà fait sans ces auxiliaires. Et puis elle a l'expérience d'une campagne. De la défaite aussi.

Une base pour écrire une autre his­toire, plus achevée, ou pour participer, en force, à celle de ses rivaux.

Mais pourront-ils jamais faire sans elle ? • G.A.

La lettre d'actualité de Ségolène Royal, Présidente de Désirs d'avenir

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Chères amies, chers amis,


Je vous invite à lire l’excellent article d’Edgar Morin, paru dans Le Monde daté du 23 mai, intitulé « Une nouvelle voie »  et qui annonce son prochain livre.
Cela me permet de vous rappeler  que l’Université internationale annuelle aura lieu à Poitiers du 27 au 30 septembre 2010 à l’Espace Mendes France.
En effet,  l’Institut international de recherche, politique de civilisation que préside Edgar Morin est installé à Poitiers et soutenu activement par la Région que je préside.

Sous le titre général « Au-delà du développement IV »,
 l’Université internationale  proposera comme thème de discussion « Changer de voie » en relevant cinq défis :
Les plénières et les cercles réflexifs, moments forts d’échanges de connaissances et de points de vue, sont réservés aux inscrits. En soirée des forums thématiques publics, libres et gratuits, sont proposés afin de promouvoir une réflexion collective.
Si vous souhaitez participer aux travaux de cette Université que j’ouvrirai avec Edgar Morin, vous pouvez vous inscrire dés à présent en Région en envoyant un mail à l’adresse suivante :h.emmanuelle7@gmail.com
Dés la semaine prochaine des forums sur chacun des cinq défis seront ouverts sur le site de Désirs d’avenir et le 31 mai vous pourrez lire en Une du site  une interview exclusive d’Edgar Morin avec qui je travaille activement à la préparation de son Université en Région.

Je souhaite également souligner que le Sénat Américain vient d’adopter :
Cette proposition je l’ai faite il y a plus d'un an  lors de mon discours sur la mondialisation prononcé au Megaron d'Athènes, le 2 octobre 2008. Elle avait été dénigrée par la droite.
Ce que Barack Obama fait, qu’attend Nicolas Sarkozy pour le faire ?

Fidèlement à toutes et à tous,
Ségolène ROYAL
Présidente de Désirs d'avenir 

Forum sur les retraites : prenez la parole, je compte sur vous. Rejoignez nous à Désirs d'avenir

19 mai 2010

« Pour un projet socialiste et écologiste, à l’écoute de la société »

Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades,

Vous trouverez ci-dessous une contribution au débat d'idées ("Pour un
projet socialiste et écologiste, à l'écoute de la société") rédigée par des
militants de notre mouvement, à l'occasion de la préparation de la prochaine
Convention du PS. Il ne s'agit pas d'un amendement soumis au vote ; l'idée est
de mettre l'accent sur 6 axes de réflexion - qui nous paraissent essentiels
pour préparer l'avenir - et de poursuivre le débat de manière ouverte.
 
Philippe Moine
Coordinateur de "Militants parisiens de l'Espoir à gauche, avec Ségolène Royal"

Militants parisiens de l’Espoir à gauche, avec Ségolène Royal
« Pour un projet socialiste et écologiste, à l’écoute de la société »
Contribution au débat
 
I- Marquer davantage la rupture après l’échec de Nicolas Sarkozy
Aujourd’hui, l’action du Président et de son gouvernement accentue le « mal français ». Elle se traduit par une société encore plus fragmentée, émiettée, alors que plus que jamais nos concitoyens sont en attente de nouvelles solidarités.
Le pouvoir active les peurs par des décisions mal conçues et mal expliquées, ou en privilégiant une approche sécuritaire ("débat" sur l’identité nationale, "débat" sur la burqa, projections alarmistes - à l’horizon 2050 - sur les retraites, sans tracer de perspectives autres que la pénalisation des futurs retraités et la montée de l'angoisse chez les jeunes actifs).
Il s’arc-boute sur le bouclier fiscal, qui ne peut que perpétuer l’atonie économique en limitant les sommes que l’on peut consacrer à une relance efficace et au pilotage de la dette.
Face à une telle situation, un profond changement s'impose.
Ce dont nous avons besoin, c’est de restaurer une société de la confiance, d’indiquer une direction forte et de faire émerger des idées neuves, pour répondre aux défis d'aujourd'hui.
 
II- Rappeler les atouts de la France
Un constat simple : d'un point de vue économique, la France ne sera pas en grande forme en 2012... Or elle dispose d'atouts dont il faudrait davantage tirer parti.
Notre pays semble notamment oublier son potentiel démographique.
- Il fait fi de la vitalité d’une jeunesse encore nombreuse, mais trop souvent écartée de l’acquisition des qualifications nécessaires à l’emploi, puis de l’emploi lui-même. Et c'est dès la petite enfance que des politiques efficaces doivent être mises en place, pour lutter contre les inégalités.
- Il ne reconnaît pas suffisamment l’apport de l’immigration à l’économie et à la société françaises.
- Il valorise très peu l’expérience et les compétences des seniors dans les entreprises et l’administration, leur faisant vivre des situations frustrantes, voire désastreuses - quand ils sont prématurément écartés de la vie active.
 
III- Ouvrir un vrai débat, pour un nouveau modèle de développement
1) La parole au peuple !
Pour préparer l’avenir, la gauche socialiste et écologiste doit poursuivre un objectif majeur : faire en sorte que le peuple prenne la parole. Il nous faut aujourd’hui lever les obstacles politiques et culturels à une réflexion ouverte sur le nouveau modèle de développement. Il ne peut être le seul fruit d’un travail de commission au sein d'un parti, fût-il ratifié par les représentants de tous ses "courants"…
La société de confiance que nous voulons suppose le renforcement de la démocratie participative. Avec Ségolène Royal, nous pensons que les citoyens eux-mêmes doivent être directement associés aux débats essentiels qui engagent leur avenir.
Aujourd'hui, les pays occidentaux se caractérisent par une large prise de conscience des enjeux écologiques ; c'est sur les citoyens qu'il faut d'abord compter pour orienter les décisions dans le bon sens et changer la vie !
2) Ecouter les représentants des collectivités territoriales
Les collectivités territoriales sont partie prenante de la puissance publique et se sont imposées comme des acteurs incontournables, malgré un poids relatif encore inférieur à celui qui les caractérise dans les principaux pays européens. Et malgré les mauvais coups portés à la décentralisation par la droite au pouvoir.
Elles représentent les trois quarts des investissements publics, soutiennent l’emploi et l’innovation, luttent contre la précarité et la pauvreté en agissant de leur propre chef ou pour le compte de l’Etat. Elles doivent être, pour l'avenir, au coeur du nouveau modèle de développement.
3) Ouvrir un dialogue constant avec les syndicats
Les propositions émanant des syndicats, dont l'ancrage social est d'une autre nature que celui des partis, enrichissent le débat et doivent être prises en considération.
On ne peut se contenter de consultations ponctuelles, qui ne nous permettent pas d'établir des relations de confiance dans la durée et qui ne contribuent pas à renforcer l'audience et la crédibilité du PS dans le monde du travail.
 
IV- L’écologie, « moteur » du nouveau modèle de développement économique et social
L’Europe du Nord a pris un temps d’avance : assainissement de l’eau, matériaux écologiques pour la construction, filières écologiques (solaire, éolien, réseaux de chaleur, cogénération…), présence accrue de la nature en milieu urbain...
A nous de relever le défi et de proposer quelques pistes :
- La recherche en matière d'énergie solaire doit déboucher sur des filières productives. Elle peut, avec l’appui des régions et l’expérimentation dans les villes, être un lieu de transfert et de développement de bonnes pratiques.
- La récupération des déchets progresse, même si notre pays reste encore en retard. Il nous faut maintenant inventer et soutenir des filières qui limitent la production des déchets, en réutilisent une partie dans un cycle de production.
- Une politique en faveur de la sécurité et de la qualité alimentaires peut être un formidable outil de lutte contre les inégalités. Et dans le domaine de la restauration collective publique, des efforts importants doivent être réalisés pour favoriser la mutation d’une agriculture très productive, mais peu économe en eau et en intrants.
 
V- Pour retrouver la confiance : une réforme des institutions, pour une
6e République
Les dysfonctionnements institutionnels sont aujourd'hui nombreux et font obstacle à une nouvelle dynamique de développement.
Si on se limite par exemple à l'organisation du territoire, quelques constats s'imposent :
- dans une France où 80% des habitants vivent en ville, la commune n'est pas le cadre le plus adapté pour répondre efficacement à un certain nombre d'enjeux - l'urbanisme ou les risques environnementaux, par exemple, ne peuvent être gérés à cette seule échelle ;
- l'opposition traditionnelle entre ville et campagne devient souvent artificielle ;
- les modes d'élection des conseils généraux (sur la base de cantons qui ne correspondent pas aux dynamiques démographiques), du Sénat (surreprésentation des petites communes et du monde rural dans les collèges de grands électeurs) ou des intercommunalités (pas de support démocratique) ne sont pas adaptés aux enjeux territoriaux, tandis que les conseils régionaux - création de la gauche - apparaissent encore trop faibles, compte tenu de leurs compétences en matière de développement économique ;
- les solidarités fiscales locales, qui relèvent de la responsabilité de l’Etat, sont très insuffisantes ou anachroniques, malgré les efforts de la gauche (institution de la TPU et la DSU par les socialistes au pouvoir).
Pour faire vivre un nouveau modèle de développement, il faudra donner aux territoires les moyens politiques et financiers de leurs ambitions. C'est dans les territoires, en particulier, que les mutations écologiques qui s'imposent pourront être impulsées avec le plus d'efficacité.
Fondamentalement, la société de confiance que nous voulons suppose le renforcement de la démocratie à différents niveaux. C'est le sens de la 6e République que nous allons construire : renforcement de la décentralisation et représentation démocratique des territoires ; renforcement de la démocratie sociale et mise en oeuvre d'une véritable démocratie participative. Et c'est ainsi que nous pourrons progresser vers la prise en compte des nouveaux défis économiques, sociaux et écologiques.
 
VI- Sans l’Europe, nous ne pourrons rien
Malgré des avancées dans certains domaines, l'Europe risque d’être marquée, en 2012, par de fortes divergences économiques et la persistance d'une croissance molle ; par la force de l’extrême droite et des nationalismes dans beaucoup de pays ; par les dégâts de politiques brutales, en France ou en Italie par exemple. Au mieux, on assistera à une convalescence de la social-démocratie, dont on peut penser qu’elle devrait regagner un peu du terrain perdu, mais dans un contexte économique et social qui nous ramènera loin en arrière, avec en France un taux de chômage élevé et une dette paralysante.
Face à cette crise économique, sociale et politique, le Parti socialiste européen doit retrouver l’ambition des Pères de l’Europe, pour en poursuivre la construction. Il nous faudra notamment mettre en place les instruments d’une véritable politique budgétaire commune, capable de financer les investissements de grande ampleur qui nous permettront d’aller de l’avant. Nous avons besoin des Etats-Unis d’Europe, d’une Europe modèle : démocratique, sociale, innovante et écologique !
Merci d’envoyer un message email à contact@militants-avec-segolene.fr