9 avril 2010

Ségolène Royal prône une refonte révoltionnaire du système bancaire et de la finance.

Voici un extrait du discours que Ségolène Royal a prononcé à la Fête de la Fraternité organisée par les Désirs d'Avenir, à Montpellier, en septembre 2009
Discours révolutionnaire et plein de sagesse... Jugez en par vous même, citoyennes, citoyens!!!

"Mes chers amis,
Nous voici  à la croisée des chemins.
Dans quelques jours, le G20 se réunira à  nouveau. Nous savons déjà que l’hyper communication  et que les images qui vont déferler matin midi et soir vont nous démontrer  par A +B que ce sommet est un succès , que les dirigeants, mains dans la mains, sont parvenus à moraliser le capital . Mais ou est la morale quand les banques recommencent à verser des bonus indécents ?
Ou est la décence quand le système redémarre comme si de rien n’était ?
Ou est la fraternité, l’humanisme, le respect du peuple quand les financiers recommencent à s’engraisser, alors que les PME n’arrive même pas à accéder à un crédit pour pouvoir tenir, que dis je pour pouvoir survivre ?
Ou est le succès quand tout semble recommencer comme avant, comme si de rien n’était ?
Nous n’acceptons pas ce «  comme si de rien n’était … Dans ce paysage de champ de bataille dévasté par la crise, il est plus que jamais indispensable de s’en remettre à des valeurs et des règles simples, claires, discutées par tous et en premier lieu par les contribuables. Les tenir à distance du débat sur l’avenir du capitalisme, alors même qu’ils ont été les premières victimes de la crise, paraît inconcevable.
Les règles que je propose sont frappées au coin du bon sens.
1) Première règle : encadrer strictement les bonus, voire si possible les interdire, car ils sont le signe extérieur d’une société qui se délite et qui, au fond, perd son âme, car ils nous interrogent sur la France, l’Europe et le monde dans lequel nous voulons vivre. Et je vous pose la question : est-ce qu’un trader est plus utile à la société qu’un médecin, qu’un instituteur ou qu’un postier ? Et là encore, il est question de fraternité. Ceux qui veulent défendre le système actuel,  sont les mêmes qui raillent l’idée de fraternité. Ils se croient des réalistes, ils se croient des gens sérieux. Mais oublier la fraternité, c’est l’irréalisme même, autrement dit, comme le dit Régis Debray, les phraseurs, ce sont eux. Ce sont eux les têtes en l’air, ceux qui n’ont plus les pieds sur terre, sur la terre des hommes et des femmes sans bonus ni parachute doré.
2) Deuxième règle : mettre fin aux intolérables collusions, conflits d’intérêts, négligences tacitement acceptées entre ceux qui soi-disant régulent et les banques dont ils sont censés assurer la surveillance. Dans l’ombre, des lobbys puissants s’affairent. Les puissances bancaires ont leurs entrées dans les cercles du pouvoir. Elles demandent l’aide de la puissance publique mais refusent que l’Etat rentre à leur capital ; elles font mine d’accepter des contraintes sur les rémunérations et les bonus, mais ces contraintes n’en sont pas. Le discours s’est brouillé. Les leurres prolifèrent. Tout le monde est pour la régulation. Tout le monde est pour l’Etat. Tout le monde est pour le contrôle. Un savant jeu de rôles est organisé. Le gouvernement doit montrer qu’il agit. Les mots sont durs, les banques sont convoquées, on pousse des cris d’orfraie, c’est la place financière de Paris qu’on assassine. La menace est jugée médiatiquement crédible, le pouvoir est satisfait ; les banques se rassurent, les acteurs ont été bons, le pire est évité. Ces connivences existent en France, mais aussi en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Voilà pourquoi l’agenda du G20 est finalement si mince.
3) Troisième règle enfin : recentrer les banques sur leur véritable métier, la collecte d’épargne et le prêt aux entreprises et aux familles. Ça veut dire interdire aux établissements financiers de proposer autre chose que des produits solides, robustes, bien identifiés et tracés. La simplicité et la robustesse ont ici deux vertus : éviter l’accident intégral que nous avons frôlé l’année dernière ; rendre possible la régulation financière. Aujourd’hui, les banques gèrent les économies de millions de familles et spéculent sur les marchés financiers. Aujourd’hui, les banques françaises, allemandes, britanniques et bien souvent américaines gèrent nos dépôts et jouent avec sur les marchés financiers. Hé bien je vous le dis, c’est avec cette confusion des genres malsaine et dangereuse qu’il faut rompre. On ne devrait pas être à la fois une banque de dépôt pour les familles et les PME et une banque  s’occupant d’opérations de marchés. Ce sont deux métiers différents. Il faut donc les séparer. Aux premières la légitimité de l’intervention de l’Etat pour sauver l’épargne des ménages et le financement de l’économie. Aux secondes, celles qui spéculent, la responsabilité entière de leurs actes.
Voilà mes 3 propositions. Elles sont très simples.  Il suffit de le vouloir. Je crois à la force de la politique, je crois à la force de la décision. Je mets donc au défi  Nicolas Sarkozy d’accorder enfin un peu ses violons, ses actes à ses paroles, ses belles déclarations d’intention à ses décisions politiques.   On ne peut pas théoriser le bien être à Pittsburg et provoquer le mal être à Gandrange, à Fabris, à Molex et Continental. On ne peut pas ouvrir à gauche et gouverner à droite, on ne peut pas moraliser le capitalisme au G20 et protéger les niches et le bouclier fiscal à l’assemblée. Ca n’est tout simplement  plus POSSIBLE !
Mes chers amis,
Nous devons être le mouvement.
Nous voulons ne pas rester enfermés dans nos certitudes et nos réflexes.
Nous avons la capacité de nous remettre en cause.
Je ne crois plus aux mots valises, aux recettes clé en main, aux décrets en tout genre, aux organisations pyramidales.
A Désirs d’avenir, je veux rendre le pouvoir de faire aux Comités locaux, la réussite de cette fête le prouve.
La démocratie, c’est le mouvement, la capacité à anticiper, à s’adapter, se remettre à en cause quand c’est nécessaire, à reconnaître ses erreurs,  et à repartir en restant fermement  ancré dans ses valeurs inséparables : la liberté, l’égalité et la fraternité.
Nous devons libérer les énergies de ce pays et nous le ferons dans le mouvement. Non plus du haut vers le bas  mais horizontalement, dans un dialogue sans cesse régénéré entre les citoyens et ceux qui les gouvernent.
C’est pourquoi je crois à la démocratie participative. Cette démocratie participative qui est à la base même de Désirs d’Avenir et qui le restera. N’ayez jamais le moindre doute sur ce sujet. Jamais.
Nous ne pouvons plus rester statiques, accrochés à une certaine arrogance, une vision hypertrophiée de notre pays dans un monde qui change si vite, où les informations s’échangent désormais à la seconde, où qui que ce soit peut mettre en ligne en un clic sa vision du monde, ses émotions, son analyse, ses critiques ou ses joies. Internet à changé nos vies… Cette toile mondiale est en mouvement, permanent. Il ne s’agit pas de juger moralement ce phénomène. Il est, tout simplement, et nous devons nous aussi l’utiliser pour créer des valeurs positives, créer de l’espoir.
Je relisais dernièrement des témoignages sur Roosevelt. Et l’un de ses amis citait cette phrase  que le président Roosevelt lançait à chaque fois qu’il se trouvait face à une situation bloquée … «  Il y a de nombreuses manières de soutenir la tache mais se contenter d’en parler n’en fera jamais partie. »
Ecouter beaucoup, parler peu et agir vite… voilà le mouvement que nous devons impulser."

Soirée Solidarité Haïti à Buxerolles le 10 avril

affiche-10-avril.jpg

Madame Parité commence fort en renvoyant les femmes… au bordel !

PAR CLAUDINE LEGARDINIER, JOURNALISTE (*)
Quelle politique mettre en oeuvre pour faire reculer la prostitution ?
L’éternel sondage sur les maisons closes ranime une nouvelle fois les conversations de bistrot. Voilà que59 % (1) des Français opinent du bonnet pour les rouvrir, dont 70 % d’hommes (pour 49 % de femmes, quel écart !), mus par un élan de nostalgie pour les tentures rouges et les miroirs sans tain. Les Verts, sans douteinspirés par des projets de bordel écologique, s’illustrent avec un pic à 69 % de voix favorables.
Ce ne serait rien s’ils n’étaient encouragés dans leur réflexe antédiluvien par Chantal Brunel (2) (UMP), qui, en tant que rapporteure générale de l’Observatoire de la parité, ne trouve rien de mieux, pour aider lesfemmes à s’imposer au Parlement, que de commencer par les orienter vers le bordel le plus proche.
Bordel ? Pardon : maison « ouverte ». La maison close a du plomb dans l’aile ? Appelons-la « maison ouverte ». « Ouverte » vous a tout de suite un petit air de liberté, un côté jeune et engageant.
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots », disait Jaurès. Partagée entre le vocabulaire fleuri et l’euphémisme, la droite la plus conservatrice a égrené des décennies de fantasmepatriarcal et hygiéniste, nous vantant tour à tour les « cliniques sexuelles » (1970, Claude Peyret, député RPR), et autres « espaces de liberté » (1986, Henri Bouvet, député UDF). Il restait, en 2010, à tenter les« maisons ouvertes », ce que fait Chantal Brunel en proposant que les femmes prostituées se regroupent« comme les experts-comptables ». Elle emboîte ainsi le pas à l’éminent Jacques Médecin (RPR) quiproposait il y a… quarante ans de « regrouper toutes ces dames dans un vaste ensemble immobilier (…) » où elles « pourraient se livrer librement à leur métier en professionnelles organisées ». Belle constance à droite.
Beau combat de femmes, qui plus est ! Michèle Barzach, ministre de la Santé (1990), Françoise dePanafieu, vice-présidente de l’UMP à l’Assemblée (2002), et maintenant Chantal Brunel… Les hommesn’osent plus appeler à la réouverture des bordels, il se trouve désormais des femmes pour prendre le relais.
Une simple incantation donc, et ces lieux d’exploitation, qui ont toujours fait fructifier leur business sur unsavant mélange de paternalisme et d’esclavagisme, vont se muer subitement en havres de bonnesmanières. Plus l’ombre d’un mafieux dans les coulisses, plus de prête-noms pour masquer les relents criminels, plus de violences de tous ordres, mais un paysage pastel, civilisé, le règne enfin réalisé de l’autogestion et de la convivialité. Avantageusement pourvu de sonnettes d’alarme pour appeler au secours,un bordel restant avant tout un bordel. Quel que soit le joli nom qu’on lui donne. Chantal Brunel, dont onsalue par ailleurs le discours critique sur la loi sur le racolage, propose « que soit mise à l’étude la création d’endroits où l’achat de services sexuels soit possible dans des conditions de protection médicale, judiciaire,financière et juridique ». Elle ajoute : « Un patron n’est pas obligatoire. » Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites…
Il faut ne rien connaître à la logique de ces établissements qui brassent des sommes considérables, rien àl’enfermement prostitutionnel qui touche en priorité les personnes les plus vulnérables au plan social, économique, psychologique, culturel, ethnique, pour avancer des idées aussi pétries de naïveté. Qu’en sera-t-il des contrôles médicaux dans les maisons « ouvertes » ? Les clients prostitueurs seront-ils enfin soumis à ces examens que tous les bordels du monde persistent à n’imposer qu’aux femmes ? On voudrait bien voir ça ! Quant aux protections de tous ordres, promises par tous les bordels du monde, elles ont fait la preuvede leur échec patent ; noyées dans la corruption et son indéfectible alliée, la loi du silence. Les personnes prostituées elles-mêmes le savent mieux que personne, et se méfient pour la plupart de ces lieux comme dela peste.
Gare à elles… Car Chantal Brunel parle de « condamner la prostitution à l’extérieur de ces lieux ».Enlevant d’une main la répression qui pèse sur elles, elle la rétablit aussitôt en traquant celles qui refuseront lesmirifiques conditions qu’elle leur propose.
De la bouche de celle qui préside l’Observatoire de la parité, on goûtera l’affirmation de choix de société si progressistes ! Les hommes de ce pays peuvent se friser les moustaches. Avec la bénédiction de l’État et deses représentantes zélées, ils seront assurés de trouver, au supermarché, une femme disponible, à touteheure, oublieuse de son propre plaisir, de son propre désir, mais délicieusement soumise à tous leurscaprices, même aux plus humiliants. Il restera, en toute logique, à ces « consommateurs » reconnus, à se syndiquer, comme aux Pays-Bas, pour voir garanti leur droit à une « prestation » de qualité. Vous avez dit égalité hommes-femmes ? Parité ? Lutte contre les violences ? Régression généralisée, plutôt, dont voilà un signe supplémentaire. Un pas de plus pour réaffirmer le « droit » séculaire, jamais interrogé, que s’arrogent certains hommes d’exercer, en exploitant sexuellement des femmes, le pouvoir de la « virilité ». Un reniement de toutes les luttes contre les violences faites aux femmes dont la prostitution, au nombre desviolences dénoncées par la grande cause 2010, constituela scène la plus brutale avec son lot d’insultes, de mépris, d’agressions, de viols et même de meurtres. Des violences perpétrées en grande partie par les« clients », quel que soit le lieu d’exercice de la prostitution, ce que montrent quantité d’enquêtes, mais ce que nul n’a envie de savoir.
Le même serpent de mer depuis 1946, date de la fermeture des bordels en France ! N’est-il pas temps d’en finir avec un ordre ancien – l’homme qui mate, qui jauge, qui choisit, la femme qui s’exécute –et de construire une politique qui mette tout en oeuvre pour faire reculer la plus réactionnaire institution dumonde ? « Il faut mettre un terme à leur exploitation », dit Chantal Brunel en parlant des prostituées. Nous sommes d’accord ! Et attendons donc de pied ferme le projet qui va sortir du groupe de travail mis en place au ministère de l’Intérieur ce 25 mars.
Pour nous, n’est envisageable qu’une politique ambitieuse de lutte contre le sexisme, contre les violences etpour l’égalité, qui cesse de réprimer les personnes prostituées, lutte réellement contre toutes les formes deproxénétisme, et responsabilise, sur le modèle suédois, les clients prostitueurs en posant un principe fort : on n’achète pas le corps d’autrui. La prostitution est une survivance archaïque, elle est contraire aux plus élémentaires droits humains et indigne d’une démocratie (3).
(1) Sondage CSA le Parisien, 16 et 17 mars 2010.
(2) Le Parisien, 18 mars, « Les prostituées seraient à l’abri des agressions de la rue ».
(3) Sur ce sujet, on peut consulter le site du Mouvement du nid : www.prostitutionetsociete.fr
(*) Sont cosignataires de ce texte :
- Bernice Dubois, coordination française du Lobby européen des femmes,
- Sylvie Jan, consultante en égalité femmes-hommes et citoyenneté,
- Patric Jean, cinéaste,
- Michèle Loup, présidente de ECVF, Élu(e)s contre les violences faites aux femmes,
- Malka Marcovich, historienne, directrice pour l’Europe de la CATW (Coalition against trafficking in women),
- Michela Marzano, philosophe,
- Jacqueline Pénit-Soria, altermondialiste,
- Emmanuelle Piet, médecin,
- Ernestine Ronai, militante féministe contre les violences,
- Coline Serreau, cinéaste,
- Grégoire Théry, secrétaire général du Mouvement du nid,
- Michèle Vianès, présidente de Regards de femmes,
- Henriette Zoughebi, conseillère régionale d’Île-de-France.
http://www.humanite.fr/article2763419,2763419

Ségolène Royal en direct du Brésil

8 avril 2010

Tempête Xynthia : Bussereau crée l'impôt-tempête !

Communiqué de presse de Denis Leroy, Conseiller général : La nouvelle augmentation d'impôts décidée par Dominique Bussereau est scandaleuse
  
Dominique Bussereau vient d’annoncer une hausse des impôts du Département de Charente-Maritime de 6% pour 2010 s’ajoutant aux 5,5% déjà votés par sa majorité, portant ainsi à 11,5% la hausse pour 2010. Cette annonce scandaleuse intervient en plein week-end de Pâques, au début des vacances scolaires, au moment où Dominique Bussereau pense peut-être que l’attention des habitants sera occupée ailleurs.
 
Cette explosion fiscale est inadmissible :
 
-          La tempête Xynthia est une catastrophe nationale comme la France en a rarement connu. A catastrophe nationale solidarité nationale. Ce n’est pas aux seuls Charentais-Maritime déjà durement touchés de payer, c’est à l’Etat d’assumer ses responsabilités et de mettre la main à la poche, bien au delà des 3 millions annoncés par Nicolas Sarkozy dont on n’a d’ailleurs pas encore vu la couleur. L’argent mis dans les dix déplacements ministériels et présidentiels aurait été plus utile au bénéfice direct des sinistrés.
-          Ce coup de massue fiscale montre que le Département ne dispose d’aucune marge de manœuvre pour faire face à ce type de situation. Pour comparaison, la Ville de La Rochelle et la Région Poitou-Charentes ont assumé, avec la réactivité que l’on sait, leurs responsabilités sans ponctionner un contribuable suffisamment accablé par ailleurs.
-          Cet effort de solidarité demandé aux Charentais-Maritime va épargner les plus riches d’entre eux puisqu’ils seront protégés par le bouclier fiscal. Dominique Bussereau demandera-t-il à Nicolas Sarkozy la levée du bouclier fiscal pour mettre localement tout le monde solidairement à contribution ?
 
Je demande donc, comme conseiller général d'un canton sinistré, à Dominique Bussereau de revenir sur cette décision à laquelle la gauche s’opposera de toutes ses forces. S’il est normal que le Département apporte sa part à l’effort collectif, il doit le faire en coupant dans d’autres dépenses moins urgentes. Le renforcement des digues est aujourd’hui prioritaire sur tout le reste.
 
Dominique Bussereau est ministre. Il sera jugé sur sa capacité à obtenir du Gouvernement les millions nécessaires pour épargner nos concitoyens charentais-maritime.
 
Voir aussi l'intervention de Maxime BONO à l'Assemblée Nationale

7 avril 2010

Lyon invente l'immeuble social en colocation et toutes générations

Rue Prosper-Chappet, au sud-ouest de Lyon (7e arrondissement), devrait naître fin 2011 un immeuble de logements sociaux entièrement pensé pour la colocation intergénérationnelle. Cinq types de configurations seront proposés, allant de 70 m2 à 120m2: deux personnes âgées partageant un même appartement; une famille monoparentale et une personne âgée; deux familles monoparentales; ou encore quatre jeunes.
Cette démarche, inédite, a été imaginée par Habitat et Humanisme. Cette association fondée à Lyon en 1985 par Bernard Devert, un agent immobilier ordonné prêtre deux ans plus tard, est aujourd'hui un acteur reconnu dans la lutte contre la ségrégation urbaine.
«Nous voulions nous saisir du phénomène des jeunes qui se mettent en colocation soit pour des raisons économiques, soit pour ne pas être tout seuls», explique Christian Bel Latour directeur de Régie Nouvelle, une agence immobilière à vocation sociale qui est le principal outil d'intervention d'Habitat et Humanisme. «Nous avons fait le pari que d'autres générations étaient intéressées et qu'on pouvait les mélanger», raconte-t-il.
Crise du logement et crise tout court obligent, la colocation, autrefois réservée aux étudiants, a en effet changé de public s’élargissant à des jeunes salariés, voire des personnes âgées et même des familles monoparentales. En France, si le phénomène fait florès dans les médias (le site colocation.fr a même mis à leur disposition une page d’appel à témoins), son importance réelle n’est pas du tout mesurée.
«Il n’y a aucune donnée objective sur la colocation, qui n’est pas une catégorie de l’Insee, explique Mourad Bahfir, doctorant en sociologie urbaine à l’université de Lyon II, qui a déposé le premier sujet de thèse sur la colocation en France. Mais sur le terrain, on voit bien que le public s’élargit, par exemple à de jeunes enseignants titulaires, de jeunes juristes, etc., qui avec leur salaire ne peuvent avoir un grand appartement seuls.»
Mais le parc immobilier ne suit pas. «En général, on bricole la colocation en partant des baux et de logements classiques peu adaptés; là on a pensé l'immeuble en partant du public cible», précise-t-on à Habitat et Humanisme.

6 avril 2010

Les vraies raisons du désastre sarkozyste

Pour Roland Hureaux, les réformes du gouvernement sont souvent mal comprises car trop brouillones. La faute à une administration et des institutions trop bien rangées.

Grand débat – et déballage, à droite : le président a-t-il compris la « leçon » des régionales ?

Si la politique suivie par le gouvernement depuis 2007 n’était impopulaire, comme ont l’air de le penser les ténors de la majorité, que par le bouclier fiscal ou l’affaire Jean Sarkozy, la trajectoire serait facile à corriger - même si le président répugne à revenir sur ses cadeaux fiscaux, garantie d’un « socle » minimum de partisans parmi les grands prescripteurs.

Mais les réformes emblématiques ne sont pas les seules qui posent problème. C’est l’ensemble des politiques menées dans à peu près tous les domaines depuis trois ans qui, dès que l’on connait tant soit peu le sujet, apparaissent, au mieux brouillonnes et contre-productives, au pire destructrices. Sécurité publique, réforme judiciaire, fonction publique, santé publique, éducation nationale, Pole emploi, administration territoriale etc. : partout le plus grand désordre a été mis sans bénéfice substantiel.

C’est à tort cependant qu’une certaine gauche voit dans ce programme l’application d’un plan machiavélique et réfléchi, qualifié d’ultralibéral, au service du capitalisme mondialisé. Les mêmes sans doute seront prêts à gober, le jour venu, une politique analogue, pour peu qu’elle soit menée par un gouvernement socialiste.

Les ravages du conformisme

*
Besson, Jouanno, Allègre: opération «sauvez Sarko»
*
Sarko n'est pas sourd: il a entendu qu'on était tous aveugles!
*
Réformes: Sarkozy persévère ... et perd sévère!

Non, le grand coupable du «foirage» général des réformes qui, pour la plupart, suscitent la frustration des Français , c’est le conformisme par rapport à l’air du temps et la « techno-dépendance » par rapport à une haute administration elle-même imprégnée de l’idéologie ambiante. On a beau raconter qu’il n’y a jamais eu moins d’énarques au gouvernement, la strate politique n’a jamais eu moins de recul face aux propositions des services des ministères.

C’est pourquoi, on a également tort d’imputer les vices de la politique réformatrice au seul président actuel. Car lesdits services ne font rien d’autre que de lui proposer d’aller plus loin, dans à peu près tous les domaines, dans le sens où ils vont depuis vingt ou trente ans ! La machine à faire des lois absurdes était depuis longtemps en marche : elle s’est seulement emballée.

Dans quel sens vont ces lois ? A peu près toujours le même depuis vingt ou vingt-cinq ans. L’application de schémas simplistes tirés du secteur privé : par exemple les grandes fusions ANPE-ASSEDIC, Impôts-Trésor, communes, région-département etc. La mise en œuvre de principes, inscrits dans des rapports publics fondateurs, anciens ou récents (rapport Picq, rapport Pébereau, rapport Attali, etc.) dont le principe général est la « modernisation », entendue presque exclusivement comme l’imitation servile des modèles anglo-saxons, devenus européens du fait de l’influence prépondérante que ces derniers exercent à Bruxelles. Il n’y a dans les pays anglo-saxons ni 36 000 communes, ni gendarmerie, ni juge d’instruction, ni séparation des ordonnateurs et des comptables, ni statut de la fonction publique, ni grandes écoles, ni brevet des collèges. Haro donc sur ces vieilles institutions françaises ! Il faut « moderniser » notre vieux pays, dit-on d’un ton sentencieux, au Medef, sur BFM, à l’Inspection des finances, dans les think tanks libéraux (où on pense si peu !) et, partant, au sommet de l’Etat. Il faut abolir ce qui reste d’un état « jacobin » dépassé (la belle fumisterie que ce mythe de l’Etat jacobin, qui fut en réalité napoléonien et imité dans toute l’Europe pendant 150 ans !).

Ceux qui croient qu’il s’agit là d’une idéologie « libérale » cohérente se trompent : qu’a à faire le grand capital international de la suppression des petites communes ? Non, il s’agit du plus stupide des mimétismes s’imposant dans un univers où l’on a cessé depuis longtemps de réfléchir par soi-même et qui témoigne seulement de l’inféodation mentale de nos élites à des modèles étrangers ( ou ce que l’on croit qu’ils sont !) ou de la propension bien française aux schémas a priori. Ce mimétisme peut même venir à l’appui d’autres courants d’idées pour peu qu’ils paraissent dans le vent, par exemple , en début de mandat, l’écologie : y eut il - t- il d’autre motivation à la taxe –carbone, socialement si contestable ?
Que le pouvoir actuel ne soit pas prêt à remettre en cause ce conformisme administratif et politique, probablement parce que, en haut lieu, on n’est pas vraiment conscient de ses ravages, nous en voyons le signe dans deux nominations récentes.

Des nominations emblématiques
D’abord, celle du nouveau premier président de la Cour des Comptes. On y a vu de l’originalité du fait qu’il venait du parti socialiste. Quelle illusion ! Didier Migaud est un des pères de la loi organique sur les lois des finances (dite LOLF pour les initiés) votée par Jospin en 2000 – à l’unanimité ! - et appliquée sous le président actuel (c’est dire l’illusion des gens de gauche qui mettent en cause là l’ultralibéralisme !) On n’entrera pas dans le détail de cette machine ; nous l’avons fait par ailleurs (1). Sachons cependant qu’en généralisant les « indicateurs de performance », elle a réussi à démobiliser de haut en bas une fonction publique qui avait été longtemps une des plus consciencieuse qui soit. Sans compter les effets pervers d’indicateurs aussi simplistes que le nombre de reconduites à la frontière ou celui des gardes à vue. Philippe Séguin qui, malgré sa prudence, était un vrai grand esprit, ne se privait pas de critiquer en privé ce dispositif en forme d’ «usine à gaz». Son successeur, lui, n’est qu’un bon élève. Enthousiaste, il préside même une « association des amis de la LOLF » ! Didier Migaud, issu de la fonction publique locale , n’a pas fait l’ENA mais il s’inscrit bien dans cette lignée de technocrates qui, pour être autodidactes, n’en furent que plus redoutables, de Jean Monnet à Jacques Delors.

La seconde nomination est l’entrée au gouvernement de Georges Tronc. On savait qu’il était un proche de Villepin. On sait moins qu’il fut pendant plusieurs années, à la tête de la commission de l’immobilier de l’Etat, chargé d’appliquer la politique la plus absurde qui soit : la vente des immeubles des ministères situés au centre de Paris, soit pour déménager ces services en banlieue, soit pour les installer dans des immeubles de location, tout cela ayant pour objectif, selon le jargon technocratique à la mode, de « réduire le coût de la fonction immobilière de l’Etat ». La réalité : au prix de bénéfices qui, au regard des déficits courants, demeurent négligeables, complique la vie des services en les dispersant , et surtout, on abaisse le prestige de l’état « régalien », sommé de décamper des lieux prestigieux de la capitale pour les laisser aux grands investisseurs. C’est ainsi qu’ont été vendus le centre de conférences international de l’avenue Kléber, la DATAR et l’hôtel du ministère de la coopération de la rue Monsieur ou que va l’être le ministère de la défense. Il est même arrivé que l’Etat ait dû racheter deux fois plus cher pour d’autres usages des biens ainsi vendus !

Que ces réformes parties de principes artificiels ou de la transposition servile de modèles étrangers, dont tous ceux qui connaissent le terrain sachent les inconvénients, suscitent des résistances, prouve que le bon sens existe encore. On ne sera pas dès lors étonné de la nervosité de ceux qui les promeuvent, dont témoigne entre autre la révocation de cet officier de gendarmerie qui contestait, au nom des traditions de son arme, son rapprochement avec la police. Mais bien d’autres corps administratifs sont également excédés.

Des méfaits du conformisme dans la haute administration témoigne encore la difficulté grandissante qu’a le gouvernement à pourvoir un certain nombre de postes de la haute fonction publique, pas seulement celui de premier président de la Cour des comptes. Le conformisme appelle la servilité, la servilité l’incompétence et l’incompétence, la raréfaction des candidats crédibles aux grands emplois.

C’est à un examen de conscience d’une bien plus grande ampleur que ce que croient les députés de la majorité que le gouvernement devra procéder s’il veut échapper au désastre annoncé