La procédure d'exclusion ouverte contre les socialistes candidats derrière Georges Frêche a fait une première victime. Présidente de l'Observatoire de la parité du Languedoc-Roussillon, Geneviève Tapié ne pourra recevoir, le 6 mars à Budapest, le prix que le Parti socialiste européen (PSE) avait prévu de lui décerner. L'impétrante étant "réputée exclue du Parti socialiste" puisque candidate (en dernière position) sur la liste Frêche dans l'Hérault, la direction du PS a opposé son veto, comme le lui permet le règlement du PSE. La distinction, décernée au titre de "la socialiste européenne ayant, au cours de l'année 2009, le plus oeuvré pour renforcer la place des femmes dans la vie publique et promouvoir les valeurs de démocratie", ne lui sera donc pas attribuée. Le PS "balaie d'un trait dix ans de travaux incontestables d'une association placée au coeur d'un réseau d'adhérents et de sympathisant réunissant plus de 1 500 personnes" s'indigne Mme Tapié, à qui la décision de la rue de Solferino a été annoncée par Zita Gurmaï, présidente du PSE-Femmes. Cette dernière, députée européenne hongroise mais aussi secrétaire nationale du PS français chargée du droit des femmes, s'est dite "vraiment navrée", dans un courrier adressée à Mme Tapié.
"Show politique"
Cette décision risque d'envenimer un peu plus les relations entre les deux camps socialistes du Languedoc-Roussillon. Elle intervient alors que Martine Aubry veut mettre à profit la célébration de la Journée internationale des droits de la femme, lundi 8 mars, pour se rendre à Montpellier dans le cadre de la campagne des régionales. La première secrétaire a prévu de faire le voyage en compagnie d'une délégation de dirigeantes socialistes - dont Elisabeth Guigou, Marylise Lebranchu, Adeline Hazan ou Aurélie Filippetti - afin de soutenir Hélène Mandroux, investie par le PS. Mme Aubry et la quinzaine d'élues conviées à l'accompagner ont prévu de participer à une réunion regroupant des femmes ayant décidé d'apporter leur soutien à Mme Mandroux. Ce projet n'est pas du goût de Mme Tapié. "On n'a pas le droit d'utiliser cette journée pour en faire un show politique", estime cette figure féministe de la région, par ailleurs viticultrice à Nissan-lez-Ensérune (Hérault).
Dans un entretien à l'hebdomadaire Voici daté du 27 février, le président (div. gauche) du conseil régional du Languedoc-Roussillon sortant s'en prend de nouveau à Martine Aubry, qui "veut se faire une stature de vierge morale, alors qu'elle est rigide". Il assure aussi qu'il a "été élevé par des femmes : ma mère et ma grand-mère", et considère qu'il aurait "dû devenir soit homosexuel, soit macho". "Je suis devenu macho", conclut-il. Mme Tapié prend pourtant la défense du président de conseil régional. "Certes, Georges Frêche n'est pas féministe, concède-t-elle, mais il a toujours soutenu les mouvements féministes lorsqu'il était maire de Montpellier."
Jean-Michel Normand, Article paru dans l'édition LE MONDE, du 04.03.10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire