Comment Ségolène Royal gère les finances de Poitou-Charentes
Stanislas Boutmy, de l'agence de notation des collectivités locales Public Evaluation System, nous livre son analyse.
La situation financière de la région présidée par Ségolène Royal se situe dans la moyenne des régions françaises. Quatre caractéristiques transparaissent à la lecture des comptes de la région.
Une politique fiscale très sage
Dans un premier temps, et comme toutes les autres régions, Poitou-Charentes a utilisé le ressort politique de "la décentralisation Raffarin" pour anticiper les transferts de charges (notamment de personnel). Tout juste élue, Ségolène Royal augmente très fortement les taux d'imposition entre 2004 et 2005 : + 12 % pour les taxes foncières et + 16 % pour la taxe professionnelle. Ces hausses sont toutefois moins élevées que celles pratiquées en moyenne en un an par les 22 régions métropolitaines (respectivement + 19 % et + 24 %).
Depuis, de 2005 à 2008, les taux sont demeurés inchangés. Leur niveau reste légèrement inférieur à la moyenne nationale. La taxe professionnelle s'élève ainsi à 2,51 % en 2009 pour une moyenne à 3 %.
Les dépenses de personnel s'envolent
Fruits des transferts de charges, les dépenses de personnel ont très fortement augmenté, ici comme ailleurs. Toutefois, elles pèsent plus lourd dans cette région : Poitou-Charentes est la région de France qui consacre la plus grande part de ses recettes au poste "personnel" (16 %, contre une moyenne nationale de 12 %).
Ce décrochage est très net entre 2006 et 2008, période pendant laquelle les personnels de l'État travaillant dans les lycées sont devenus des agents régionaux : les dépenses de personnel passent ainsi en deux ans de 15 à 49 euros par habitant et de 6 à 16 % des recettes de fonctionnement (lesquelles ont par ailleurs augmenté de près de 30 %).
Moins d'équipements, mais aussi moins de dettes
Poitou-Charentes est la région de France qui, par habitant, dépense le moins pour s'équiper* : 93 euros en 2008 (137 en 2004), contre une moyenne nationale de 165 euros (127 en 2004). C'est un choix de gestion : la région préfère rembourser sa dette au détriment de ses investissements pour s'équiper. Une politique qui porte ses fruits : 2008 se caractérise par un niveau d'endettement inférieur à la moyenne nationale. Cet effort distingue Poitou-Charentes : bon nombre de régions préfèrent repousser les remboursements de la dette et allonger la durée des emprunts, pour continuer à investir à l'approche des élections.
On note toutefois une amélioration franche de l'épargne de gestion (l'argent disponible pour investir et rembourser la dette après avoir payé les charges). Elle est passée de 45 à 86 euros par habitant en 2008, pour une moyenne nationale de 112 euros.
[*Dépenses d'équipement directes et subventions d'équipement versées]
L'emprunt sous contrôle
Jusqu'en 2007, la région a continué à emprunter et à augmenter son stock de dettes. Il reste toutefois limité, et inférieur à la moyenne nationale : 169 euros par habitant en 2008, contre 209 pour la totalité des régions françaises (hors Ile-de-France et Corse).
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