Ce Marseillais, père de quatre enfants est d'origine algérienne, musulman de tradition.
Tout a commencé en 2006, quand Naïma, sa fille cadette, est rentrée au domicile familial de Marseille, « habillée comme un fantôme noir » se souvient, dans La Provence, Ahmed.
Qui ajoute:
« Elle était devenue comme folle, nous disait qu'on était des mécréants, qu'on irait en enfer, qu'elle ne voulait plus nous parler ».
Quelques jours après cette apparition en burqa, Naïma, 20 ans, a disparu du foyer familial.
Elle n'a laissé aucune adresse à sa famille, mais avant de disparaître, elle s'est emparée des économies de la famille, 3.000 euros.
C'est l'incompréhension totale dans la famille:
« Naïma était une fille épanouie, mignonne, complice avec ses parents et ses frères, toujours habillée à la mode. Après son BTS de stylisme, elle venait de terminer un stage à Paris, chez Saint-Laurent ».
Mais ce père de famille ne baisse pas les bras.
Pour retrouver sa fille, il va de mosquée en mosquée, interroge les imams.
Ahmed précise dans la Provence qu'il a alors découvert que sa fille fréquentait « un groupe salafiste, dans une mosquée des quartiers Nord » de Marseille:
« On m'a dit qu'elle vivait recluse dans un appartement, mariée à un type qui lui interdisait de sortir. Les barbus ont essayé de m'embobiner en m'appelant "mon frère", en me disant que c'était le destin voulu par Allah ».
Une fois ces renseignements obtenus, Ahmed porte plainte au commissariat de police pour abus de faiblesse et escroquerie et écrit deux fois au procureur de la République en donnant les noms et l'adresses de ceux qui "retiennent" sa fille.
Ahmed ne recevra jamais de réponse...
Durant un an, Ahmed va enquêter, effectuer des filatures.
Il effectuera même des « visites musclées » chez certains imams radicaux, révèle La Provence.
Et un matin, Naïma téléphone à son père.
Elle lui demande de venir la chercher.
Ahmed en est convaincu:
« Le groupe qui s'était emparé d'elle a fini par lâcher prise. Ce sont des gens qui agissent dans l'ombre, qui n'aiment pas la publicité. Et ils ont compris que je ne laisserai jamais tomber ».
Depuis son retour au foyer familial, Naïma réapprend à vivre.
« Elle vivait dans la terreur, privée de sommeil, soumise à des prières continuelles, souvent debout toute la nuit pour servir les hommes » confie son père.
Sa fille cadette ne porte plus la burqa.
Ce voile noir qui était « un deuil pour toute la famille ».
Mais Ahmed se dit opposé à l'interdiction de la burqa en France:
« Interdire le voile, c'est faire le jeu des salafistes, c'est condamner les femmes qui sont contraintes à le porter à ne plus sortir de chez elles ».
Et Ahmed d'ajouter:
« Dans mon cas, il aurait suffit que la police et la justice fassent leur travail en enquêtant comme dans toute affaire d'abus de faiblesse et d'escroquerie; et ne surtout pas faire de la religion un tabou ».
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