En Poitou-Charentes, Ségolène Royal affiche la couleur en vue des élections régionales: celle-ci sera verte. Passionnément. La candidate socialiste à sa propre succession en a même fait son slogan de campagne - "la croissance verte" - et avance tambour battant sur un chemin traditionnellement balisé par l'écologie politique. Cette confiance, l'élue poitevine la tire de son bilan écologique à la tête de la région depuis 2004. Le "Plan énergie solaire régional", qui fait la part belle à la filière photovoltaïque, le "Pôle de compétitivité régional des éco-industries" qui vise à développer la croissance verte ou la Simply City, cette voiture électrique à 5000 euros qui doit sortir des usines Heuliez, sont, selon ses supporters, autant d'atouts dans la manche de la présidente de région. Sans oublier le somptueux lycée Kyoto "zéro énergie fossile", inauguré en grande pompe le 2 septembre 2009 et dont Ségolène Royal ne cesse de vanter les mérites. Jusqu'à Copenhague, où, en marge de la conférence internationale sur le climat, elle a réussi à faire entendre la petite musique écolo de la région Poitou-Charentes.
Royal oublie les Verts
Face à cette débauche d'énergie verte, ses fidèles applaudissent des deux mains: "Ségolène Royal a fait de sa région une des régions les plus innovantes en matière d'écologie et de croissance verte", juge Guillaume Garot, le député-maire de Laval. "Ségolène Royal a un bilan exceptionnel à la tête de la région de Poitou-Charentes", enchérit sa jeune disciple lyonnaise, Najat Vallaud-Belkacem. Mais ils sont également nombreux, à l'heure du bilan, à ne pas faire montre d'un tel enthousiasme. "Les panneaux photovoltaïques installés dans la région dont elle parle tant ne représentent qu'une quinzaine de terrains de football", raille par exemple Françoise Coutant, chef de file Europe-Ecologie en Poitou-Charentes, contactée jeudi par leJDD.fr. "Son bon bilan environnemental - parce qu'il est bon, c'est vrai -, Ségolène Royal le doit avant tout à ses partenaires Verts", ajoute l'adjointe au maire d'Angoulême, qui vise 15% des voix "voire mieux" en mars prochain.
Et est-ce justement parce qu'il est si "bon" que deux élus verts ont récemment décidé de rallier les rangs "royalistes" (lire: Radiés pour avoir rallié Royal)? "Cette histoire appartient au passé, je ne veux pas polémiquer", évacue Françoise Coutant, visiblement pressée de passer à autre chose. Ce qui est loin d'être évident en Poitou-Charentes, où la personnalité de l'omniprésente Ségolène Royal - selon un sondage, 85% de ses administrés la connaissent, un record pour un président de région - écrase le paysage politique local.
La preuve par l'exemple: même son slogan de campagne n'échappe pas aux commentaires. "La croissance verte, c'est un nouvel Avatar en 3-D de l'évolution de la croissance: produire plus pour gagner plus, pour consommer plus, pour polluer plus", a ainsi attaqué l'euro-député Yannick Jadot, "guest star", dimanche dernier, du lancement officiel de la campagne d'Europe Ecologie en Poitou-Charentes. Face aux attaques, Ségolène Royal, fidèle à son habitude, préfère rester zen. "Vous savez, quand j'ai commencé à parler de l'excellence environnementale dès 2004, beaucoup se sont moqués", rappelle-t-elle dans un entretien accordé à La Charente Libre début décembre. Aujourd'hui, le Poitou-Charentes est un exemple", martèle-t-elle. A qui veut bien l'entendre. Nicolas Moscovici - leJDD.fr
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