Notre Première secrétaire a décidé, voici moins d'un an, d'engager la rénovation du Parti socialiste et il faut l'en féliciter !
Mais l'organisation de primaires et la fin du cumul des mandats, s'ils constituent de véritables avancées, ne sont qu'une partie de l'effort à accomplir ! Mais l'une et l'autre ne seraient rien si elles ne s'accompagnaient d'une rénovation encore plus profonde, encore plus urgente, encore plus nécessaire : à savoir, la transformation de nos modes de fonctionnement, la modernisation et la démocratisation de l'appareil.
Pour qui a participé comme quelques-uns ici à la réunion de la commission des résolutions jusqu'à plus de 3h du matin, comment ne pas avoir le sentiment d'un rituel absurde qui ne fait progresser ni la démocratie ni notre crédibilité ! Je sais qu'il existe des professionnels de l'exercice et assister à la disparition de leur savoir faire pourrait susciter, comme pour beaucoup de vieux métiers, une sorte de nostalgie.
Mais là encore puis-je suggérer qu'il serait utile de laisser sa place au progrès. Contributions, motions, courants sont à ranger d'urgence au musée aux cotés de la fameuse lampe à huile et de la non moins fameuse marine à voile ! Mais ce saut technologique, si j'ose dire, vers une démocratie moderne, sommes nous prêts à le faire ? La rénovation n'est pas un gadget : elle est la condition de la reconquête (et son absence, l'explication de nombre de nos échecs) : la confiscation du parti par des clans, la cooptation, l'instrumentalisation des débats, voilà l'ennemi ! Remettre les courants à leur place et rendre le pouvoir aux militants voilà l'enjeu : cela passe par la suppression de la proportionnelle, l'élection directe à toutes les fonctions, le choix de notre Premier secrétaire avant le congrès et le choix de notre projet via autant de votes thématiques. Disant cela, j'ai naturellement un peu l'impression de parler d'une corde dans la maison d'un pendu !
Mais si vous avez trouvé l'énergie nécessaire à supprimer le cumul, peut être les militants trouveront-ils celle de supprimer les courants !
Le paradoxe de notre situation c'est que nous sommes victimes du conservatisme que produisent les rentes de situation. Pourquoi devons nous changer ? Non pour répondre à une mode ! Mais pour répondre à l'exigence nouvelle de transparence et de participation ressentie par nos militants et nos concitoyens !
Pourquoi devons-nous changer ? Non pour complaire à je ne sais quel caprice ! Mais pour nous doter de l'outil adapté à nos ambitions ! Mais sommes nous capables d'admettre que nous sommes devenus, idéologiquement parlant, de plus en plus homogènes ? Et que les nouveaux clivages qui pourraient nous distinguer comme l'écologie ne passent malheureusement pas à l'intérieur du Parti socialiste mais sur ses marges.
Maintenir les courants n'aurait de sens que si nous avions choisi la voie des Assises, pour rallier à nous de nouvelles sensibilités ou y accueillir de plus anciennes. Mais dès lors que nous avons fait le choix de rester entre nous, limitant l'ouverture aux primaires, ce découpage entre nous produit ce que produisent les artifices : de faux débats sur de fausses pistes.
L'enjeu est ici stratégique : un parti qui a choisi d'affirmer son identité plutôt que de s'ouvrir pour devenir un grand parti de gauche doit rassembler ses forces, se structurer en fonction de cette réalité et des combats qu'il a choisi de mener, à savoir la présidentielle ! Les courants sont aujourd'hui l'alibi d'une certaine démocratie mais aussi, dans la pratique, son principal obstacle. Alors voyons les raisons pour lesquelles nous faisons cette rénovation, qui lui donnent sa cohérence, et comprenons qu'elles nous entraînent nécessairement au-delà de ce qui est aujourd'hui proposé !
Gaëtan Gorce
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