Du journal Sud-Ouest
Le temps etait gris et pluvieux à Poitiers ce qui n'empêchait pas la présidente de la Région Poitou-Charentes d'être en pleine forme, bien décidée à dire ce qu'elle pensait sur quantité de sujets lors d'une rencontre informelle avec la presse.
Comme, par exemple, sur deux dossiers économiques lourds. D'abord, New Fabris, à Châtellerault, un site sur lequel elle se déplaçait dans l'après-midi pour faire avancer soit l'acquisition, soit la location de ces lieux lourds de symbole pour la région, afin d'y implanter - entre autres projets - une unité de production de panneaux solaires. S'agissant du dossier Heuliez, elle a redit sa détermination, taclant sévèrement au passage Christian Estrosi, le ministre de l'Industrie, jugé trop absent dans cette affaire où, pour l'heure, « il n'a pas mis un sou ».
M. Estrosi aura néanmoins réussi à beaucoup amuser Mme Royal en se faisant poser à l'Assemblée une question « téléphonée » par un député se présentant comme président du groupe parlementaire de l'amitié de la voiture électrique !
Éviter la division
Reste que l'essentiel de la conversation aura porté sur la prochaine échéance présidentielle.
Pour Ségolène Royal, le but à atteindre est clair : « Il est indispensable que la gauche gagne, vu la gravité de la situation. » Et de pour- suivre : « Regardez ! Les débats sur la burqa ont pris une place plus grande que ceux sur les retraites. On assiste à une dégradation du ciment républicain. Si la gauche ne répond pas présent, les Français nous en voudront. »
On le sait, elle se dit « prête à s'effacer derrière le candidat le mieux placé pour battre la droite », précisant que, pour l'heure, elle « œuvre pour qu'il n'y ait pas de divisions » dans son camp.
La suite est moins tranchée. Parce qu'au fil de la discussion, Ségolène Royal laisse entendre qu'elle se considère comme étant la mieux à même de gagner les primaires, mettant en avant sa popularité chez les militants de base, les votes obtenus lors du congrès où elle a fait jeu égal avec Martine Aubry, sa capacité à faire une campagne, ses réseaux de Désirs d'avenir.
Dans la foulée, comme si elle menait sa réflexion à haute voix, elle glisse : « Je ne rejoue jamais les parties passées. Et puis, gagner les primaires, ce n'est pas le problème, même si les primaires sont là pour donner le souffle, la dynamique d'une campagne, offrir l'élan. Le problème, c'est de gagner l'élection présidentielle. »
Qu'on lui fasse alors remarquer que Dominique Strauss-Kahn est aujourd'hui au nirvana dans les sondages, elle répond, avec un sourire étrange, « que ce n'est déjà pas mal qu'un candidat socialiste apparaisse comme capable de battre Sarkozy ».
Qu'on ajoute que dans ces mêmes sondages, elle est nettement distancée par DSK, et elle fait remarquer que les « variations » des sondages sont étonnantes, parfois de l'ordre de 15 points sur la même question en l'espace de quelques jours.
Fou rire
Cette discussion à bâtons rompus aura permis à Ségolène Royal de distiller quelques petites phrases. Retenons-en deux : « Je ne mélange jamais le parti et l'appareil du parti », et « Je suis prête à être en première ligne ».
Une discussion au cours de laquelle elle aura piqué un fou rire que l'on peut qualifier de rare. En fait, lorsque l'un de ses interlocuteurs lui a rapporté que sur une radio, François Hollande avait critiqué le calendrier socialiste en vue de 2012, indiquant qu'il fallait, à ce niveau, éviter les erreurs de 2007. « Le calendrier, c'est un sujet secondaire », a estimé Mme Royal, ajoutant, pliée de rire, à l'adresse de M. Hollande : « Je ne sais pas si c'est le meilleur expert pour analyser 2007. »
Preuve que le temps a cicatrisé les blessures personnelles. En revanche, celles qui ont trait à la bataille politique semblent, malgré les efforts et les apparences, toujours à vif…
Restait alors à revenir à des sujets plus locaux. Odeurs de la récente campagne lorsque le « cumulard » Bussereau en a pris pour son grade. Et, grand classique pour finir, l'indispensable mot « gentil » à l'égard de son vieil « ami » le préfet de région Bernard Tomasini, lequel, pas plus tard que mardi, se plaignait d'avoir les pires difficultés à rencontrer la présidente du Conseil régional. « Ce sera possible quand il arrêtera de m'insulter », a répondu l'intéressée.
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