14 février 2010

Elisabeth Badinter déplore un retour en arrière pour les femmes


Elisabeth Badinter philosophe et mère de trois enfants
Elisabeth Badinter fut jeudi 11 février toute la journée l'invitée de France inter à l'occasion de la sortie de son nouveau livre. Intitulé Le Conflit, la femme et la mère, il dénonce une nouvelle exaltation de la maternité analysé comme une régression par la philosophe féministe.

L'essai d'Elisabeth Badinter tire la sonnette d'alarme sur la montée en puissance d'une idéologie naturaliste qui tend à renvoyer les femmes à la maison, «au nom du bonheur de l'enfant». La philosophe épingle quelques symptômes apparemment anodins de cette tendance: les mérites tant vantés de l'allaitement, la taxation des couches jetables jugées trop polluantes...
 
Les femmes sont également toujours jugées, consciemment ou pas, presque exclusivement responsables du bien-être de leur enfant. En plus de devoir satisfaire la longue liste des "besoins naturels" formalisés par les pédopsychiatres,  elles doivent se montrer équilibrées, professionnellement épanouies et parfaitement disponibles. Elisabeth déplore aussi un retour à la famille «à l'ancienne», qui voit des femmes surdiplômées renoncer à leur carrière pour élever leur enfant.
Article de l'Express - Par Claire Chartier

Elisabeth Badinter déplore un retour en arrière pour les femmes : Hier sur France Inter :

http://www.slate.fr/story/17179/elisabeth-badinter-deplore-un-retour-en-arriere-pour-les-femmes#comment-25313

La défaite des mères?

Elisabeth Badinter, écrivain, chez elle, à Paris.
L'Express
Elisabeth Badinter, écrivain, chez elle, à Paris.
Attention, régression! Dans son nouveau livre, la philosophe Elisabeth Badinter dénonce la tyrannie de la maternité, qui renvoie les femmes à la maison.
Qui s'en souvient encore? Dans les années 1970, les féministes rageuses criaient non à l'aliénation maternelle. Trente ans plus tard, les femmes ont remis leur soutien-gorge et s'abandonnent avec bonheur à la maternité. Autres temps, autres moeurs ou inquiétant retour de balancier? Dans son dernier essai, la philosophe Elisabeth Badinter sonne l'alarme: les femmes européennes sont engagées sur le terrain glissant de la régression.
 
Pourquoi est-on toujours débordée 

Il s'agit non pas ici de la sempiternelle inégalité des salaires, mais d'un phénomène plus subtil: l'insidieuse montée en puissance depuis les années 1980 d'une idéologie naturaliste qui, par son exaltation de la maternité et la pression qu'elle exerce sur les femmes, tend à les renvoyer à leur seule fonction de mère nourricière.
Des femmes altruistes et perfectionnistes
"Le retour en force du naturalisme, remettant à l'honneur le concept bien usé d'instinct maternel et faisant l'éloge du masochisme et du sacrifice féminins, constitue le pire danger pour l'émancipation des femmes et l'égalité des sexes", prévient l'auteure. Les mères post-MLF ont intégré l'idée qu'elles devaient être entièrement investies, passionnément altruistes et immensément disponibles. Qui leur a mis ce perfectionnisme en tête? Un peu tout le monde, accuse Elisabeth Badinter, depuis les pédopsychiatres martelant la longue liste des besoins naturels du petit enfant jusqu'aux puissants croisés de l'allaitement au sein - l'association américaine Leche League - en passant par les médecins et les puéricultrices, de plus en plus rétifs au bon vieux biberon.
L'auteure aurait pu ajouter les religieux, dont le discours s'est clairement recentré sur le respect de la loi naturelle. Les politiques publiques ont aussi une part de responsabilité. En France, par exemple, le congé parental permet aux mères actives de "décrocher" trois ans pour pouponner. C'est bien, mais sans doute eût-il été intéressant aussi de réfléchir à de nouveaux aménagements du temps de travail.
L'indépendance financière ne fait plus rêver
Alors que les féministes "historiques" avaient tout fait - trop fait? - pour permettre aux mères de concilier grossesse et aventure professionnelle, leurs filles, en "conflit" constant, ploient donc sous la tâche. Elles culpabilisent même si fort que certaines trouvent un réel plaisir dans le retour à la famille à l'ancienne, maman à la maison et papa au boulot. Elisabeth Badinter souligne là une tendance très actuelle: chez les 25-35 ans, il n'est plus rare de voir des femmes surdiplômées renoncer à une carrière prometteuse, pourvu que leur conjoint soit en mesure d'assurer les rentrées du ménage. L'indépendance financière, instrument premier de la liberté, ne fait plus rêver.
On comprend que la philosophe féministe soit déçue. Cette désillusion, perceptible entre les lignes, l'amène hélas à forcer le trait, fustigeant pêle-mêle l'écologie, la croyance dans l'instinct maternel ou le rejet des accouchements trop "techniques". La nature n'a pourtant, en soi, rien d'idéologique. Pourquoi vouloir l'évacuer à toute force au motif qu'elle serait aujourd'hui mise en avant à des fins sociopolitiques? La culture, champ du libre arbitre et de l'émancipation, a toujours trouvé à dialoguer avec la logique naturelle. Plutôt que des chilless -ces femmes sans enfants par choix, ultraminoritaires- en qui Elisabeth Badinter semble voir les pionnières d'une nouvelle féminité éclairée, c'est de cette génération de mères écartelées, sensibles à l'appel de la nature sans forcément y succomber, que doit venir la relève.
madame Badinter hier sur france inter (au cas où ... ) :

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