Brice Hortefeux, le 30 janvier 2010, au sujet de l'assassinat d'un couple de septuagénaires par, semble-t-il, des cambrioleurs, a dit :
« Les sanctions pénales seront aggravées pour ce type de délinquance. […] Ce n'est pas la même chose d'agresser, de cambrioler un octogénaire. »
« Le meurtre est puni de la réclusion criminelle à perpétuité lorsqu'il est commis [notamment] sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de son auteur. »
Heu, chef, comment on aggrave la perpétuité ? On garde le cadavre en prison ?
Ah, mais non, le chef parlait de délinquance, et non de criminalité. Il parlait donc des cambriolages des maisons de petits vieux.
« Le vol est aggravé [notamment] lorsqu'il est facilité par l'état d'une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de son auteur. »
Vous connaissiez la règle « un fait divers, une loi ? ». Elle a atteint un nouveau pallier : désormais, c'est « un fait divers, votons ce qui existe déjà ».
À lire chez maître Mô, le coup de sang de Marie, magistrate du parquet (mon excellent quoique septentrional confrère a plus de chance que moi en adoptant des parquetiers : je n'ai eu que des mâles…) qui fait le tour des infractions d'ores-et-déjà aggravées.
J'en profite pour tirer ma toque au Garde des sceaux qui s'est comporté en Garde des sceaux (ça nous change) en refusant cette démagogie. Merci, madame le ministre.
Et je rends confraternellement hommage à Frédéric Lefebvre, auteur de cet impérissable apophtegme :
« A force de réfléchir avant de légiférer, […] on reste immobile. »
Il parvient presque à faire oublier l'abject titre de cet article du Figaro.
Rue 89, en partenariat avec Journal d'un avocat
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