28 janvier 2010

Alerte Afghanistan

Shoukria HAÏDAR, Présidente de NEGAR-Soutien aux femmes d’Afghanistan et tous les parlementaires et responsables d’ONG inquiets des propositions qui risquent d’être faites lors de cette conférence internationale, ont organisé une conférence de presse au cours de laquelle ont été exprime leur sentiment sur la situation et leur profonde inquiétude sur les propositions qui semblent devoir être retenues lors de la conférence de Londres le jeudi 28 janvier prochain, au cours de laquelle seront envisagés par l'ONU et la cinquantaine de pays représentés, les moyens du soutien à l’Afghanistan.
Le président Hamid Karzaï a annoncé qu’il proposerait à cette occasion un plan de "réconciliation", assorti d'une demande d’aide de un milliard de dollars, comportant notamment:
- la demande à l'ONU et aux Etats Unis d'ôter les Taliban de la « liste noire », y compris le Mollah OMAR
- la réinsertion des Taliban, désormais appelés les "insurgés de rang inférieur", par le don de terre, d'argent, des facilités de regroupement familial, une formation professionnelle.
Ce plan - qui n'a pas reçu l'aval de l'Assemblée Nationale afghane - repris par les responsables internationaux en poste à Kaboul, a été annoncé dans les médias occidentaux sans paraître susciter l’émoi des chancelleries concernées.
La population civile de Kaboul rejette avec l'énergie du désespoir ce projet qui signerait le retour aux « années de plomb » (1996-2001). Shoukria Haïdar, Présidente de NEGAR- Soutien aux femmes d’Afghanistan, association créée en 1996 pour lutter contre le pouvoir taliban et soutenir les classes clandestines de filles, sait parfaitement que les femmes feront les frais de cette « réconciliation » qui ramènera au pouvoir en Afghanistan les pires des intégristes, selon un processus maintes fois expérimenté ailleurs dans le monde.
Elle rappelle qu'il n'y a pas plus de Taliban modérés qu'il n'y a eu de nazis modérés.
Lundi 25 janvier, à l'appel de NEGAR, une manifestation a réunit à Kaboul les associations, dont celles de droits des femmes, les représentants de la société civile et de divers partis politiques qui s'inscrivent dans une ligne de résistance contre ces propositions. Une résolution validée par cette manifestation sera portée à la Conférence de Londres, jeudi 28 janvier.
A l’invitation de Françoise HOSTALIER, Député du Nord, Shoukria HAÏDAR, de retour à Paris pour la première fois depuis plus de deux ans, a  présenté lors de la conférence de presse à l’Assemblée Nationale le texte de la résolution décidée à Kaboul lors de cette manifestation. Elle en a expliqué le contenu, évoqué la situation politique de l’Afghanistan, ainsi que celle des femmes et des enfants, et en appellé à une véritable mobilisation de la communauté internationale contre le risque de retour de la barbarie au pouvoir en Afghanistan.
Présentation de la résolution, discutée ce lundi à Kaboul par l’ensemble des forces vives d’Afghanistan qui s’élèvent contre le projet du président KARZAÏ, et qui sera portée à Londres par Shoukria HAÏDAR.
Contact NEGAR : Geneviève COURAUD, Secrétaire Générale, 06 61 34 75 73 genevieve.couraud@wanadoo.fr
Contact local : Sabine JULLIAN-MAILLE      06 83 10 69 82       sabine.jullian@wanadoo.fr


Résolution adoptée par 200 organisations de défense des droits des femmes et de la société civile afghane
Hôtel Intercontinental - Kaboul, Afghanistan, le 25 janvier 2010
Le 28 janvier 2010 va se tenir à Londres une conférence au cours de laquelle sera discuté un plan de négociation avec les taliban. Nous, ici réunis, organisations de défense des droits des femmes et de la société civile afghane, participant à ce rassemblement historique, avons acté les points suivants :
1.     En vertu du fait que les taliban ont de façon permanente violé les droits des hommes et des femmes de notre pays, et ce, pendant et après qu’ils ont été au pouvoir, nous exprimons clairement et fermement notre objection à toute négociation avec les taliban.
2.     Nous voulons la paix et la sécurité dans notre pays, mais nous affirmons que la Constitution afghane et la Déclaration internationale des Droits de l’Homme ne sauraient, en aucun cas, être soumises à un marchandage.
3.     Nul, y compris l’Etat afghan, n’a le droit de faire entrer dans l’appareil de l’Etat des criminels, des personnes qui ont violé les Droits de l’Homme et les Droits des femmes. En revanche, nous acceptons que ceux qui ont été contraints de rejoindre les taliban, puissent être soutenus et encouragés à quitter leurs rangs.
4.     Nous alertons la communauté internationale sur le fait quelle ne doit pas  subventionner un plan qui renforcerait les taliban terroristes. N’étendons pas, par la mise en œuvre de plans voués à l’échec, l’insécurité sur le territoire afghan.
5.      Nous estimons qu’il n’y a aucune différence entre les dirigeants taliban  et les dirigeants de l’organisation « sortie de l’enfer » Al Qaeda. Retirer les noms de taliban de la liste noire (liste du Comité 1267 des Nations Unies), veut dire qu’il faut aussi retirer de cette liste celui d’Ousama Ben Laden et des autres dirigeants d’Al Qaeda.
6.      L’Etat afghan et la communauté internationale ont la responsabilité et le devoir de soutenir et de protéger la libre expression, les Droits de l’Homme, les Droits des femmes et la démocratie dans le pays. Ces objectifs ne peuvent en aucune manière être atteints par la négociation avec les taliban.
7.      Nous exigeons de l’Etat afghan et de la communauté internationale de ne pas laisser l’Afghanistan replonger dans la situation où il était avant 2001: les valeurs démocratiques ne doivent pas être sacrifiées dans des marchandages politiques.
8.      Cette résolution a été approuvée à l’unanimité par les 200 organisations participant à ce rassemblement.
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire