12 juin 2010

«La génération Mandela a fait un boulot fantastique»

Le Figaro 11/06/2010
 

INTERVIEW - Pour Mark Gevisser, écrivain et journaliste sud-africain, les inégalités demeurent, mais l'Afrique du Sud n'est plus menacée d'explosion.

Écrivain et journaliste sud-africain, biographe de l'ancien président Thabo Mbeki, Mark Gevisser évoque les progrès accomplis par son pays en deux décennies.

  Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Generation-Mandela.jpg Le Figaro. - En 1995, la Coupe du monde de rugby avait mis en avant une nouvelle Afrique du Sud. En ira-t-il de même cette année avec le football?
Mark Gevisser. - Il y a un mythe très puissant autour de la Coupe du monde de rugby et l'intervention particulière de Nelson Mandela, qui a offert au pays une sorte de rédemption politique. C'est le moment où Mandela aurait séduit les Afrikaners blancs. En Afrique du Sud, il y a une attente très forte que la Coupe du monde de football débouche sur une nouvelle rédemption, pas politique cette fois, mais économique. Thabo Mbeki, dont c'est le grand projet, a fait cette déclaration extraordinaire : «C'est le moment où l'Afrique va se lever et prendre sa place.» C'est un non-sens. Le football n'apportera pas cette rédemption économique. Au contraire, cela risque de creuser une dette qu'il sera très difficile de rembourser. D'un autre côté, est-ce bon pour l'image du pays et pour son identité, au moment où il est de plus en plus difficile de créer un sentiment national dans un État de plus en plus inégalitaire ? Si c'est le cas, il faut s'en réjouir car cela est sans prix.
 
Vous dites que le pays cherche la rédemption économique, mais en vingt ans on a vu surgir une classe moyenne noire jusqu'alors inexistante?
C'est là le vrai grand changement en Afrique du Sud. En fait, il y a deux catégories qui ont extraordinairement changé en une génération. D'abord les très pauvres, grâce au système d'aides sociales. Ce pays est peut-être celui qui compte la plus forte proportion de gens assistés au monde. Grâce à cela, la pauvreté a reculé. L'autre immense changement, c'est cette classe moyenne noire. Quand Mandela est arrivé au pouvoir, on comptait à peine plus de cent Noirs riches. Aujourd'hui, il y a en 900.000, voire 3 millions selon la manière dont on calcule. Ces gens sont devenus riches, notamment grâce aux programmes de discrimination positive dans les entreprises. Mais il y a aussi une petite minorité qui fait beaucoup d'argent en utilisant les bonnes connexions politiques.
 
N'y a-t-il pas eu de changement de mentalité en Afrique du Sud?
Bien sûr que si. On les mesure en pensant qu'il y a vingt ans le pays était au bord de la guerre civile. Il avait plusieurs pays coexistant dans le même pays. C'était l'essence même de l'apartheid. Et c'est dans la classe moyenne que les choses ont le plus changé : les Blancs ne pouvaient pas rester isolés et ils ont accueilli les Noirs. Mais, pour les Noirs pauvres, vivant dans des quartiers où il n'y a que des Noirs, élevés dans des écoles où il n'y a que des Noirs, je ne suis pas sûr que les mentalités aient autant changé que le pouvoir l'aurait voulu.
 
Diriez-vous que, malgré tout, l'Afrique du Sud est réconciliée avec elle-même?
Thabo Mbeki avait prévenu qu'il n'y aurait pas de réconciliation sans changement. Il avait raison. Aujourd'hui, dans l'ensemble, les Blancs sont encore riches et les Noirs pauvres. Il faut que cela progresse. Le pays n'est plus confronté au danger immédiat d'une explosion. La réconciliation viendra. Cela va prendre du temps et la route sera pleine de cahots. Mais, grâce au fabuleux travail réalisé par la génération Mandela, l'Afrique du Sud est devenue une nation. Les gens se sentent sud-africains avant tout. La présidentielle de 2009 l'a montré. Bien que Zuma soit un Zoulou revendiqué, son élection ne s'est absolument pas jouée sur des questions ethniques, comme on aurait pu le redouter.

Ségolène Royal s'insurge contre la suppression du Défenseur des enfants

Ségolène Royal, en tant qu'ancienne ministre de la Famille et de l'Enfance, s'est insurgée contre la suppression du Défenseur des enfants, que prévoit un projet de loi déposé le 9 septembre 2009 par le gouvernement.
Dans un communiqué, la socialiste a soutenu une institution qui lutte "contre toutes les formes de violence dont [les enfants] sont victimes, notamment les abus sexuels et la maltraitance".
" Un tel recul n’est pas digne d’un pays comme le nôtre qui a suscité, par son exemple, la mise en place de défenseurs des enfants dans de nombreux pays", y juge aussi Ségolène Royal.

11 juin 2010

Quand Ségolène Royal réfléchit tout haut à la présidentielle…

  Du journal Sud-Ouest

Le temps etait gris et pluvieux à Poitiers ce qui n'empêchait pas la présidente de la Région Poitou-Charentes d'être en pleine forme, bien décidée à dire ce qu'elle pensait sur quantité de sujets lors d'une rencontre informelle avec la presse.

Comme, par exemple, sur deux dossiers économiques lourds. D'abord, New Fabris, à Châtellerault, un site sur lequel elle se déplaçait dans l'après-midi pour faire avancer soit l'acquisition, soit la location de ces lieux lourds de symbole pour la région, afin d'y implanter - entre autres projets - une unité de production de panneaux solaires. S'agissant du dossier Heuliez, elle a redit sa détermination, taclant sévèrement au passage Christian Estrosi, le ministre de l'Industrie, jugé trop absent dans cette affaire où, pour l'heure, « il n'a pas mis un sou ».
M. Estrosi aura néanmoins réussi à beaucoup amuser Mme Royal en se faisant poser à l'Assemblée une question « téléphonée » par un député se présentant comme président du groupe parlementaire de l'amitié de la voiture électrique !
Éviter la division
Reste que l'essentiel de la conversation aura porté sur la prochaine échéance présidentielle.
Pour Ségolène Royal, le but à atteindre est clair : « Il est indispensable que la gauche gagne, vu la gravité de la situation. » Et de pour- suivre : « Regardez ! Les débats sur la burqa ont pris une place plus grande que ceux sur les retraites. On assiste à une dégradation du ciment républicain. Si la gauche ne répond pas présent, les Français nous en voudront. »
On le sait, elle se dit « prête à s'effacer derrière le candidat le mieux placé pour battre la droite », précisant que, pour l'heure, elle « œuvre pour qu'il n'y ait pas de divisions » dans son camp.
La suite est moins tranchée. Parce qu'au fil de la discussion, Ségolène Royal laisse entendre qu'elle se considère comme étant la mieux à même de gagner les primaires, mettant en avant sa popularité chez les militants de base, les votes obtenus lors du congrès où elle a fait jeu égal avec Martine Aubry, sa capacité à faire une campagne, ses réseaux de Désirs d'avenir.
Dans la foulée, comme si elle menait sa réflexion à haute voix, elle glisse : « Je ne rejoue jamais les parties passées. Et puis, gagner les primaires, ce n'est pas le problème, même si les primaires sont là pour donner le souffle, la dynamique d'une campagne, offrir l'élan. Le problème, c'est de gagner l'élection présidentielle. »
Qu'on lui fasse alors remarquer que Dominique Strauss-Kahn est aujourd'hui au nirvana dans les sondages, elle répond, avec un sourire étrange, « que ce n'est déjà pas mal qu'un candidat socialiste apparaisse comme capable de battre Sarkozy ».
Qu'on ajoute que dans ces mêmes sondages, elle est nettement distancée par DSK, et elle fait remarquer que les « variations » des sondages sont étonnantes, parfois de l'ordre de 15 points sur la même question en l'espace de quelques jours.
Fou rire
Cette discussion à bâtons rompus aura permis à Ségolène Royal de distiller quelques petites phrases. Retenons-en deux : « Je ne mélange jamais le parti et l'appareil du parti », et « Je suis prête à être en première ligne ».
Une discussion au cours de laquelle elle aura piqué un fou rire que l'on peut qualifier de rare. En fait, lorsque l'un de ses interlocuteurs lui a rapporté que sur une radio, François Hollande avait critiqué le calendrier socialiste en vue de 2012, indiquant qu'il fallait, à ce niveau, éviter les erreurs de 2007. « Le calendrier, c'est un sujet secondaire », a estimé Mme Royal, ajoutant, pliée de rire, à l'adresse de M. Hollande : « Je ne sais pas si c'est le meilleur expert pour analyser 2007. »
Preuve que le temps a cicatrisé les blessures personnelles. En revanche, celles qui ont trait à la bataille politique semblent, malgré les efforts et les apparences, toujours à vif…
Restait alors à revenir à des sujets plus locaux. Odeurs de la récente campagne lorsque le « cumulard » Bussereau en a pris pour son grade. Et, grand classique pour finir, l'indispensable mot « gentil » à l'égard de son vieil « ami » le préfet de région Bernard Tomasini, lequel, pas plus tard que mardi, se plaignait d'avoir les pires difficultés à rencontrer la présidente du Conseil régional. « Ce sera possible quand il arrêtera de m'insulter », a répondu l'intéressée.

Gaëtan Gorce : intervention du 8 juin 2010 lors du Conseil national du Parti socialiste sur la rénovation.

Notre Première secrétaire a décidé, voici moins d'un an, d'engager la rénovation du Parti socialiste et il faut l'en féliciter !
Mais l'organisation de primaires et la fin du cumul des mandats, s'ils constituent de véritables avancées, ne sont qu'une partie de l'effort à accomplir ! Mais l'une et l'autre ne seraient rien si elles ne s'accompagnaient d'une rénovation encore plus profonde, encore plus urgente, encore plus nécessaire : à savoir, la transformation de nos modes de fonctionnement, la modernisation et la démocratisation de l'appareil.
Pour qui a participé comme quelques-uns ici à la réunion de la commission des résolutions jusqu'à plus de 3h du matin, comment ne pas avoir le sentiment d'un rituel absurde qui ne fait progresser ni la démocratie ni notre crédibilité ! Je sais qu'il existe des professionnels de l'exercice et assister à la disparition de leur savoir faire pourrait susciter, comme pour beaucoup de vieux métiers, une sorte de nostalgie.
Mais là encore puis-je suggérer qu'il serait utile de laisser sa place au progrès. Contributions, motions, courants sont à ranger d'urgence au musée aux cotés de la fameuse lampe à huile et de la non moins fameuse marine à voile ! Mais ce saut technologique, si j'ose dire, vers une démocratie moderne, sommes nous prêts à le faire ? La rénovation n'est pas un gadget : elle est la condition de la reconquête (et son absence, l'explication de nombre de nos échecs) : la confiscation du parti par des clans, la cooptation, l'instrumentalisation des débats, voilà l'ennemi ! Remettre les courants à leur place et rendre le pouvoir aux militants voilà l'enjeu : cela passe par la suppression de la proportionnelle, l'élection directe à toutes les fonctions, le choix de notre Premier secrétaire avant le congrès et le choix de notre projet via autant de votes thématiques. Disant cela, j'ai naturellement un peu l'impression de parler d'une corde dans la maison d'un pendu !
Mais si vous avez trouvé l'énergie nécessaire à supprimer le cumul, peut être les militants trouveront-ils celle de supprimer les courants !
Le paradoxe de notre situation c'est que nous sommes victimes du conservatisme que produisent les rentes de situation. Pourquoi devons nous changer ? Non pour répondre à une mode ! Mais pour répondre à l'exigence nouvelle de transparence et de participation ressentie par nos militants et nos concitoyens !
Pourquoi devons-nous changer ? Non pour complaire à je ne sais quel caprice ! Mais pour nous doter de l'outil adapté à nos ambitions ! Mais sommes nous capables d'admettre que nous sommes devenus, idéologiquement parlant, de plus en plus homogènes ? Et que les nouveaux clivages qui pourraient nous distinguer comme l'écologie ne passent malheureusement pas à l'intérieur du Parti socialiste mais sur ses marges.
Maintenir les courants n'aurait de sens que si nous avions choisi la voie des Assises, pour rallier à nous de nouvelles sensibilités ou y accueillir de plus anciennes. Mais dès lors que nous avons fait le choix de rester entre nous, limitant l'ouverture aux primaires, ce découpage entre nous produit ce que produisent les artifices : de faux débats sur de fausses pistes.
L'enjeu est ici stratégique : un parti qui a choisi d'affirmer son identité plutôt que de s'ouvrir pour devenir un grand parti de gauche doit rassembler ses forces, se structurer en fonction de cette réalité et des combats qu'il a choisi de mener, à savoir la présidentielle ! Les courants sont aujourd'hui l'alibi d'une certaine démocratie mais aussi, dans la pratique, son principal obstacle. Alors voyons les raisons pour lesquelles nous faisons cette rénovation, qui lui donnent sa cohérence, et comprenons qu'elles nous entraînent nécessairement au-delà de ce qui est aujourd'hui proposé !
Gaëtan Gorce

Contribution de Ségolène Royal à la convention du Parti socialiste sur le nouveau modèle de développement : « Pour la croissance verte et la social-écologie »


En quelques décennies, les impacts sanitaires, sociaux et économiques liés aux activités humaines sur notre environnement se sont accélérés. Nos modes de production, de consommation et de vie bouleversent chaque jour un peu plus les équilibres écologiques. Crise climatique, crise énergétique, crise alimentaire : nous sommes entrés dans une nouvelle ère où tout est à repenser. Je considère que c'est une chance à saisir.
L’écologie n’est pas une contrainte négative ralentissant la croissance et poussant à consommer moins. L’enjeu écologique devient aussi aujourd’hui un enjeu économique majeur, il représente un levier de croissance que nous devons saisir. Anticiper la production d’énergies nouvelles, faire muter l’industrie vers les technologies propres, investir en R&D, mais également raccourcir les circuits de distribution du producteur au consommateur, sont autant d’opportunités d’innovations et d’emplois. C'est la « croissance verte ».
Ce virage stratégique essentiel que le Président Obama a résumé dans une formule : « Le Pays qui maîtrisera les énergies de demain sera le leader du XXIème siècle », n’a pas été pris par le pouvoir actuel, englué dans sa vision traditionnelle du laissez-faire industriel, sans résistance face aux lobbies qui se déchaînent comme rarement et incapable, au-delà des mots, d’imposer une régulation au monde de la finance spéculative. La reculade du Gouvernement, dans tous les domaines, sur le Grenelle 2 en est la triste démonstration. Dans le même temps, les Etats-Unis mobilisent 2 milliards de dollars pour développer à grande échelle le véhicule électrique et Angela Merkel réunit en Allemagne tous les constructeurs automobiles pour leur imposer la mobilisation générale pour le développement du véhicule décarboné... 
Pourtant, en France, le potentiel de croissance verte existe et il est porteur d’avance technologique, de valeur ajoutée, de relocalisation des activités industrielles et d’un espoir d’emplois considérable. Partout, sur les territoires, les entreprises, les particuliers et les collectivités locales, s’élancent sur ce chemin porteur. 
Les collectivités locales, et particulièrement les Régions et les villes, jouent en effet un rôle majeur d’impulsion qui doit inspirer l’Etat dans les prochaines années. Ce qui est possible et qui marche dans les Régions et dans les villes est possible et marchera à l’échelle nationale avec l’effet amplificateur que créera la synergie de l’ensemble. 
Quelques exemples concrets de la croissance verte en région peuvent illustrer ce mouvement. Cette contribution concrète sur la mutation écologique de l'économie vient en appui de la réflexion du Parti socialiste sur le nouveau modèle de développement.
Le potentiel de la croissance verte sur les territoires
Des choix budgétaires doivent être faits. Ils ne sont pas faciles car ils impliquent de renoncer à des dépenses souvent devenues moins efficaces mais considérées comme des faits acquis. S’ils ne sont pas faciles, ces choix sont acceptés par les citoyens dès lors qu’ils sont associés à la compréhension des enjeux et aux décisions prises. C’est tout le rôle de la démocratie participative.
En Poitou-Charentes, 20% du budget régional est consacré chaque année à l’excellence environnementale. Les récents résultats des élections régionales montrent que ce choix recueille l’adhésion du plus grand nombre.
Il est nécessaire que la puissance publique – c’est vrai pour l’Etat et pour les collectivités locales – soit exemplaire sur son patrimoine et ses actions propres, notamment en matière de maîtrise de l’énergie. Ainsi en Poitou-Charentes, les travaux engagés dans les lycées depuis 2004 permettent de couvrir 14% des dépenses énergétiques des lycées à partir d'énergies renouvelables et la Région a construit le lycée Kyoto, premier lycée d’Europe « zéro énergie fossile ».  
Au titre des politiques industrielles régionales, l’enjeu majeur est de renforcer la compétitivité des entreprises en favorisant leur accès aux nouveaux secteurs stratégiques de la croissance verte et de créer des filières nouvelles, en lien étroit avec les universités, les centres de recherche régionaux et les structures de soutien à l’innovation. La création, dès 2005 en Poitou-Charentes, du pôle régional des éco-industries qui fédère actuellement plus de 600 entreprises, laboratoires et centres de recherche, et 15 000 emplois répond à cet enjeu ainsi que les efforts de la Région pour stimuler le développement de filières industrielles dans les secteurs du photovoltaïque, des isolants naturels ou encore de l’agriculture biologique.  
Au titre de la politique énergétique des Régions, un objectif réaliste peut être de tripler la part des énergies renouvelables dans la consommation régionale d’énergie finale d’ici 2015 et de renforcer la production décentralisée d’énergie « verte » de façon à couvrir une part des besoins énergétiques régionaux, développer des activités non délocalisables et réduire la dépendance pétrolière.
Cet objectif va de pair avec les actions à mener en faveur de la sobriété énergétique et de la maîtrise de l’énergie telles que la lutte contre la précarité énergétique des foyers à revenus modestes, la rénovation énergétique des logements sociaux et la construction de bâtiments et logements de très haute performance énergétique (THPE). Ce plan de développement des énergies renouvelables peut s’accompagner d’un plan d’action ambitieux pour le recours aux réseaux intelligents et au stockage de l’énergie de manière à garantir, à moyen terme, la qualité et la fiabilité des réseaux électriques régionaux.
Ainsi, la maîtrise de l’énergie, l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables sont les 3 piliers d’une politique énergétique des Régions permettant d’atteindre l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30% à l’horizon 2020.
Chacun de ces secteurs est un vivier énorme de création d'emplois. Dans le domaine de la rénovation des logements pour plus d'efficacité énergétique, un logement rénové crée un emploi. Pour les ménages, c'est un gain de pouvoir d'achat puisque la facture énergétique baisse. Et c'est évidemment bon pour la planète.  
Développer les filières vertes d’excellence 
· L'énergie photovoltaïque
La France a encore beaucoup de retard en la matière par rapport à ses voisins, particulièrement l'Espagne et l'Allemagne.
Un investissement massif dans les installations photovoltaïques permettrait de développer l’industrie photovoltaïque afin de maîtriser l’ensemble de la chaîne logistique et de garantir la sécurité des projets locaux, de mettre en œuvre des technologies innovantes afin d’anticiper l’évolution du marché à moyen terme, de créer un berceau industriel pour les énergies renouvelables, étroitement lié aux laboratoires de recherche des universités locales, de développer une véritable filière photovoltaïque et les emplois qui vont avec, de la conception à la commercialisation, en passant par la formation, la fabrication, la pose et l’entretien. Autant d'emplois non délocalisables car créés pour la plupart par des PME et des TPE. À la seule échelle du Poitou-Charentes, le plan énergie solaire en cours permettra de créer 2 500 emplois. 
Des solutions innovantes doivent être trouvées. Il est possible de mobiliser des financements privés pour ne pas recourir systématiquement à l’investissement public par nature limité. C’est ainsi que la Région Poitou-Charentes a pu signer – une première en Europe – une convention de financement d’installations photovoltaïques avec la Banque Européenne d’Investissement avec l’objectif de 2,5 millions de mètres carrés de panneaux installés d’ici 2014.
· Le développement des véhicules décarbonés 
La pollution automobile représente une part importante de la pollution totale. La lutte contre les changements climatiques passe donc par la recherche de modes de transports plus économes en énergies fossiles. Si des progrès technologiques ont été accomplis avec des moteurs thermiques moins consommateurs, voire avec les moteurs hybrides, cela ne suffira pas. L'avenir est au véhicule électrique.
La France a la chance de disposer de deux grands constructeurs automobiles auxquels s'ajoute un tissu de PME capable d'innovation et d'agilité dans ses modes de production. C'est sur cette double force qu'il faut s'appuyer pour créer une filière de véhicules électriques française et ainsi répondre à la demande des consommateurs de disposer d’alternatives à la voiture traditionnelle thermique à un prix abordable. 
L’exemple du développement de la voiture électrique d’Heuliez en un temps record montre que ce bond technologique est possible dès lors qu'il y a une impulsion publique. Laisser cours au libre jeu de la concurrence ne suffit en effet pas. Tant que nous n'arrivons pas à l'épuisement de la ressource pétrolifère, la filière automobile a intérêt à continuer à faire fonctionner son appareil de production tel qu'il existe aujourd'hui. 
La Région a lancé un appel à projets en direction des PME locales. En 18 mois, la société Heuliez, associée à d'autres PME est parvenue à mettre au point un véhicule électrique désormais homologué pour la circulation routière. Seules les difficultés de la branche emboutissage de l'entreprise empêchent que cette voiture électrique soit déjà sortie des chaînes de production. 
En plus de l'appel à projets régional accompagné de moyens financiers pour le mettre en oeuvre, la Région attribue une prime aux premiers véhicules achetés pour atteindre un prix d’achat raisonnable permettant de créer le marché. Enfin, autre innovation majeure : la Région est entrée au capital d'Heuliez. Cette participation publique permet d'avoir un droit de regard sur les choix stratégiques de l'entreprise, et pourra également se traduire par un retour sur investissement pour le contribuable régional lorsque la société Heuliez fera des bénéfices.  
Ce qui est possible à l'échelle d'une région l'est au niveau national, à la condition que l'Etat joue pleinement son rôle. 
· Le développement des biocarburants de deuxième et troisième génération, les biomatériaux et la chimie verte  
En créant la Société d’Economie Mixte VALAGRO Carbone Renouvelable, la Région Poitou-Charentes entendait développer et mettre en œuvre des technologies innovantes de production de biocarburants de deuxième et troisième génération, élaborés à partir de coproduits agricoles et de biomasse. Là encore, l'impulsion publique a porté ses fruits puisque deux unités pilotes de productions ont déjà en service ou en cours de développement :  
· Sur le site du Vigeant (86) avec le groupe Séché, un site pilote de production d’écocarburants à partir de micro-algues de culture;
· À Melle (79), un site pilote de production de biocarburants de deuxième génération à partir de matériaux cellulosiques (déchets textiles et agricoles) est en cours de développement.
En complément, Poitou-Charentes a été la première Région à faire rouler des TER aux biocarburants (et elle teste également des installations photovoltaïques sur les toits de ses trains).
De nouvelles solutions pour l’industrie et les filières de production, fondées sur la chimie verte et le remplacement du carbone fossile par du carbone renouvelable dans les procédés de fabrication, existent grâce à des appels à projets lancés par la Région. Plusieurs projets innovants ont déjà vu le jour : production de bioplastiques végétaux depuis 2007, produits biodégradables pour l’horticulture et le jardinage, création d'une nouvelle filière industrielle de production d’isolants d’origine naturelle.  
Au travers de la Société d'Economie Mixte Valagro Carbone Renouvelable, la Région est détentrice d'une cinquantaine de brevets d'invention, desquels elle tirera un bénéfice lorsque certains d'entre eux feront l'objet d'un transfert de technologies et d'une mise en production.
· Réseaux intelligents et stockage de l'énergie
L’enjeu est d’améliorer la qualité de la production régionale d’énergie renouvelable et celle du réseau électrique régional, notamment en réponse aux besoins créés par le développement des véhicules électriques.
Dans l’optique d’un développement massif des énergies renouvelables, incontournable pour atteindre les objectifs fixés par l’Union Européenne, il importe en effet d’anticiper afin de réduire les perturbations du réseau électrique liées à la production d’énergie renouvelable de manière intermittente (photovoltaïque, éolien, …).
Le potentiel énergétique marin est considérable et peut faire l'objet d'un développement respectant les différents usages de la mer et la biodiversité et favoriser l’émergence d’une filière industrielle régionale, grâce notamment à la mise en place de projets démonstratifs sur le domaine maritime régional.
Faute de pouvoir être exhaustive, je souligne que d'autres filières d'excellence sont à développer telles que :
- l’éco-construction et la rénovation énergétique des bâtiments pour un habitat à basse consommation d’énergie et à coût maîtrisé ;
- l’allongement du cycle de vie des produits avec le recyclage des matériaux, la réutilisation des déchets et la durabilité des produits notamment ; 
- l’éco-conception et le management environnemental pour concevoir des modes de production et de consommation durables ;
- la méthanisation et la production de biogaz, qui permettent de valoriser l’énergie contenue dans les déchets ménagers, du secteur de l’élevage et de l’agriculture ;
- le stockage du CO2 ;
- l'agriculture biologique qu'il faut pleinement intégrer à la filière agro-alimentaire qui est une force de la France. 
Encourager la mutation écologique des entreprises et des filières  
La conversion écologique de l’économie constitue une opportunité de croissance et de compétitivité pour les entreprises et les industries, avec notamment :
· Le développement de modes de production sobres en carbone et en consommation d’énergie, en misant sur l’éco-conception, l’optimisation des process industriels, la valorisation des déchets dans un objectif « zéro déchets industriels » ;
· Le développement des usages du carbone renouvelable en valorisant les ressources végétales, en particulier les coproduits et déchets pour la production d’énergie, la fabrication de produits et de matériaux ;
· La réduction des émissions de gaz à effet de serre et les traitements de la pollution de l’air ;
· La protection des ressources en eau et la protection des sols.  
Dans ce cadre, la Région Poitou-Charentes a décidé d’engager des démarches partenariales volontaristes avec les entreprises et les industries régionales, au moyen de conventions de conversion écologique et sociale visant à anticiper les mutations économiques et renforcer la compétitivité des entreprises par l’accès aux nouveaux marchés de la croissance verte. L'objectif est de réduire la production de déchets industriels.  
Soutenir l'emploi et la formation dans les filières vertes
La croissance verte constitue une opportunité pour le développement de nouveaux emplois et métiers, dans une optique durable et de proximité. 
Un programme massif de formation aux nouveaux emplois verts, qui réponde aux besoins en recrutement dans les principales filières vertes dans différents secteurs économiques, doit accompagner la mutation écologique de l'économie. Les Régions dont c'est la compétence ont un rôle majeur à jouer. 
Par exemple, à l’échelle de la Région Poitou-Charentes, dans le cadre du plan régional de développement des énergies renouvelables, la Région se fixe l’objectif de tripler sa production d’énergie renouvelable d’ici 2015 (soit 25% des consommations) et d’atteindre un niveau de 30% d’énergie renouvelable dans la consommation régionale d’énergie finale. 
Un tel objectif représente un potentiel de création de plus de 8 000 emplois pérennes  et non délocalisables, au sein des différentes filières, au titre de l’installation des équipements, de leur entretien et de leur maintenance. À cela, s’ajoutent les perspectives de créations d’emplois liées à la rénovation énergétique des bâtiments dans le cadre du plan régional pour l’efficacité énergétique et la maîtrise de l’énergie. 
Le ratio communément admis est un emploi pérenne créé pour un million d’euros d’investissement.  
Soutenir la recherche et l'innovation dans la croissance verte : mobiliser les outils innovants à fort effet de levier
Plusieurs axes doivent être développés : 
· Le développement du capital humain ;
· Le soutien aux PME innovantes ;
· Un soutien renforcé aux filières régionales d’excellence, en particulier dans les filières de la croissance verte ;
· La diffusion des connaissances et de l’innovation vers les PME.
Afin d'assurer leur développement, les PME innovantes ont besoin de renforcer leurs fonds propres. Or, elles se heurtent à la frilosité du système bancaire qui ne remplit pas son rôle. 
C'est pourquoi la Région a renforcé ses outils d’intervention en fonds propres en développant des outils complémentaires, cohérents et visant à augmenter la capacité de financement régionale. L’enjeu de cette stratégie consiste à pallier la carence des marchés financiers régionaux, en se focalisant sur des marchés particulièrement risqués.  
Dans ce cadre, plusieurs outils ont été renforcés ou créés :
· La société de capital risque régionale Poitou-Charentes Innovation ;
· Le Fonds Commun de Placement dans l'Innovation (FCPI) Poitou-Charentes Croissance verte et Innovation ;  
· Le Fonds régional de co-investissement en cours de création, 100% public, aura pour vocation de co-investir aux côtés d'autres opérateurs de capital-investissement dans les PME en phase d'amorçage ou de démarrage. Chaque euro public sera accompagné d'un euro privé d'investissement. 
En complément, la Région stimule également le développement d’une offre régionale compétitive et qualitative de financement des projets par la dette avec la mise en place du prêt « PME croissance verte Poitou-Charentes » avec la Banque Européenne d’Investissement. 
Un exemple d'écologie incitative plutôt que punitive : le bonus vert 
Pour réduire la consommation énergétique des ménages – et donc leurs factures – la Région Poitou-Charentes a créé le bonus vert qui les aide à acquérir les équipements électroménagers les plus performants sur le plan énergétique. Lancé il y a 10 mois, le bonus vert a profité à 20 000 habitants de la Région et a dopé l'achat de matériel plus économe en énergie.
Cette incitation à des comportements écologiques citoyens est efficace, tout le contraire de la punition qu'aurait constituée la taxe carbone en l'absence de moyens alternatifs de transports
Une agriculture raisonnée permettant aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail  
Par sa taille, son impact environnemental et son influence sur les territoires qui l'abritent et qu'elle façonne, l'agriculture constitue un enjeu fort de développement économique et d'aménagement du territoire.  
Avec la volonté de soutenir les démarches d'excellence environnementale et de développement durable, la Région Poitou-Charentes accompagne l'innovation et la création d'activités agricoles, génératrices d'emploi, en privilégiant les soutiens aux projets adhérents à des démarches collectives, dont les démarches qualité. Ainsi 41% des exploitations agricoles produisent sous signe officiel de qualité. À cela, il faut ajouter les activités de l'aquaculture et de la pêche qui sont engagées dans des démarches d'identification de la qualité et de l'origine.  
Ayant opté pour l'interdiction des essais et des cultures d'organismes génétiquement modifiés en plein champ, le Conseil Régional oriente ses soutiens vers les porteurs de projet qui s'engagent à ne pas cultiver ou utiliser de plantes génétiquement modifiées pour l'alimentation des animaux sur leur exploitation. 
Nous avons fixé plusieurs objectifs afin d'apporter des réponses adaptées à la crise agricole actuelle :
· promouvoir la qualité, notamment par la conversion des exploitations à l'agriculture biologique
· accompagner le développement d'une activité raisonnable et durable
· aider l'emploi et l'installation de jeunes agriculteurs
· conserver la diversification de la production agricole
· accompagner la transmission d'exploitation
· économiser la ressource en eau
· soutenir l'innovation et la création d'activités agricoles génératrices d'emploi
Les circuits courts constituent un mode de commercialisation complémentaire aux circuits traditionnels, en permettant de valoriser au mieux la production des agriculteurs et de les reconnaître socialement. La Région vient de lancer un appel à projets destiné à soutenir la création de "Magasins fermiers de la fourche à la fourchette" sur l'ensemble du territoire de Poitou-Charentes. Pour garantir un revenu minimum aux producteurs de lait, la Région travaille à la mise en place d'une filière « lait équitable ».
Pour gérer au mieux les aides communautaires, les régions françaises réclament la régionalisation des aides – aujourd'hui gérées par l'Etat – ce qui leur permettrait d'orienter ces aides vers les agriculteurs qui en ont réellement besoin et de peser plus fortement dans le sens d'une agriculture durable.
Encourager la participation citoyenne et renforcer le lien social 
La croissance verte et la conversion écologique de l’économie ne sont pas que l’affaire des développeurs publics et privés. Pour s’ancrer durablement et de façon harmonieuse, la croissance verte doit être l’affaire de tous.
L’émergence d’un nouveau modèle de développement social-écologique doit passer par l’appropriation des enjeux et des actions à l’échelle des citoyens, avec la démocratie participative et avec le renforcement du lien social à l’échelle des territoires ruraux, urbains et des quartiers.
C’est pour cette raison que la Région Poitou-Charentes a décidé, en février 2010, de lancer un appel à projets pour le développement des quartiers et des villages écologiques. Dans le cadre de cette démarche, la Région soutiendra les projets de production d’énergie renouvelable collectifs, portés par des groupes d’au moins 5 familles, afin d’encourager le développement de nouvelles formes d’habitat favorisant la sobriété énergétique, la solidarité et la convivialité.


Conclusion
Si tout cela est réalisé à l’échelle des régions, cela prouve que c’est possible à l’échelle du pays. Pour nous, socialistes, la social-écologie doit donc aujourd’hui devenir un des piliers du modèle de société auquel nous aspirons, et la croissance verte un moyen pour y parvenir. Il dépend de nous de donner à la France toute l’énergie politique nécessaire à cette ambition.
La crise actuelle ne doit pas être le prétexte à l'inaction. Au contraire, l'écologie a vocation à être le nouveau moteur propre de la relance économique. Les déficits publics ne doivent pas être le prétexte pour ne pas saisir cette opportunité. L'exemple de l'action des collectivités locales montre que la volonté politique et l'imagination dans les politiques mises en œuvre permettent de donner une impulsion forte en la matière dans le cadre de leurs capacités budgétaires. 
La France souffre cruellement d'une absence totale de politique industrielle qui se traduit par une hémorragie d'emplois. L'occasion est historique d'engager le renouveau de la politique industrielle française en l'orientant vers la croissance verte.
Cette orientation stratégique de notre modèle économique vers la croissance verte s'accompagnera de la fin de la course effrénée vers le moins-disant social. Dans la compétition économique mondiale, la France aura, malgré les sacrifices toujours plus grands imposés aux salariés, toujours un désavantage sur les pays émergents en matière de coûts salariaux. Et quand les pays émergents actuels nous auront rattrapés sur ce plan, il y aura de nouveau pays émergents... C'est en parvenant à prendre de l'avance dans les nouvelles technologies vertes, que la France parviendra à rétablir son potentiel industriel sans sacrifier ceux qui le construisent jour après jour.

8 juin 2010

Rénover... vraiment!

Voici le texte alternatif que j'ai présenté ce soir en Commission des résolutions et l'amendement que je défendrai demain en Conseil national.
Gaëtan Gorce, député de la Nièvre 

Secrétaire national à l'exclusion, membre du Conseil national 

Rénovons... vraiment! 

La rénovation n'est pas un gadget qui se limiterait a l'organisation de Primaires (dont nul n'est sûr à 
ce jour qu'elles pourront se tenir). Elle est la condition de la reconquête, le moyen indispensable 
par lequel notre parti doit répondre aux nouvelles exigences de la vie démocratique : demande de 
participation des citoyens et donc des militants à la décision, transparence accrue du fonctionnement 
interne, prise en compte des incidences du quinquennat sur l'équilibre de nos Institutions. Bref, elle 
est le gage et la condition de la modernisation et de la démocratisation du Parti socialiste. 

1) Pour une stratégie de la rénovation ! 
La rénovation du Parti socialiste n'a ainsi de sens que si elle est mise au service d'une stratégie. Il 
est frappant de voir comment notre parti, outil créé, affûté par François Mitterrand pour la conquête 
du pouvoir, s'est progressivement transformé en machine à perdre les élections nationales. Ce 
retournement s'explique par l'extrême médiatisation, l'excessive personnalisation de notre système 
politique qui a contribué à dévaloriser toutes les autres fonctions. 
Mais, reconnaissons-le, le mal est plus profond encore. Ce qui rend nos affrontements internes si 
infructueux, c'est qu'ils reposent toujours sur le même schéma, celui fixé, défini, en 1971 à Epinay 
et que, contre toute évidence, l'on s'efforce de reproduire ou plus laborieusement d'imiter, 
« figeant » paradoxalement pour l'éternité la recette d'un génie de l'adaptation. 
Il nous faut aujourd'hui bâtir un autre parti répondant aux conditions de la reconquête. Dans la 
France actuelle, l'objectif ne peut pas être dès lors de changer nos procédures simplement parce qu'il 
faudrait les changer. Il faut les changer parce qu'elles ne sont plus adaptées au contexte social et 
politique ni à la stratégie que nous devons suivre. Sur quelles bases le parti d'Épinay a-t-il bâti son 
succès, sinon sur une analyse minutieuse et un instinct non moins sûr, de la situation du pays au 
début des années 70 ? 
L’union de la Gauche constituait sa caractéristique première par opposition à ceux, qui 
nostalgiques de la quatrième République, continuaient à rêver d’une petite fédération réunissant la 
Gauche socialiste et le Centre. À la différence de ces derniers, François Mitterrand tirant les leçons 
du scrutin majoritaire et de la présidentialisation du régime, s’était convaincu que la Gauche ne 
pourrait l’emporter que rassemblée. L’union de la Gauche s’imposait à ce titre, le pari consistant à 
1
rééquilibrer puis inverser un rapport de force à l’origine tout à l’avantage du Parti communiste 
français. Le cap, fixé très tôt et maintenu contre vents et marées, fut la clé de la victoire. 
Cette stratégie allait s’avérer d’autant plus efficace qu’elle était portée par le flot montant des 
classes moyennes qui ne pouvaient manquer de se reconnaître dans l’aspiration assumée du PS à 
« changer la vie ». L’alternance de 1981 apparaît, avec le recul, comme l’aboutissement politique 
d'une suite de transformations économiques, sociales et culturelles (dont Mai 1968 fut le symbole). 
Le carcan dans lequel la société française restait pour partie enfermée devait exploser sous la 
pression d’une demande d’initiative, d’autonomie et de liberté. 
La Gauche sut alors mieux répondre aux attentes des catégories salariées qui avaient vu dans les 
années 70 leur nombre exploser, favorisant une mobilité, une promotion sociale inédite à travers 
l’accession à un meilleur niveau de vie et de responsabilité de générations entières d’enfants 
d’ouvriers, d’employés. 
Enfin, la troisième dimension du cycle d’Épinay résidait dans l’organisation méthodique d’un 
parti tout entier tourné vers la conquête du pouvoir et mis au service d’un chef dont le 
leadership pouvait parfois être contesté, mais pas l’envergure présidentielle. 
L’énumération de ces ingrédients qui furent à la base du succès montre combien les temps ont 
changé aujourd’hui et que proclamer la fin du cycle d’Épinay ne constitue pas une 
provocation mais un simple constat dont il est urgent en revanche de tirer les leçons. 
L’environnement économique et social s'est d’abord radicalement modifié. Les fissures 
qui commençaient à lézarder le modèle des années 70 se sont encore creusées, la France 
connaissant une double révolution en l’espace d’une quarantaine d’années. 
À peine achevé, le passage d’une économie rurale à une économie industrielle qui avait mis 
plus de 30 ans à se concrétiser, a débouché sur une nouvelle transformation : la tertiarisation de 
l’emploi qui s’accompagne du déclin voire de la disparition de pans entiers de grands secteurs 
industriels. Le freinage de l’expansion des catégories moyennes est d’autant plus sensible qu’il 
s’est accompagné d’une fragmentation des statuts, d’une stagnation du pouvoir d’achat et d’un 
blocage de la mobilité sociale et professionnelle.  La poussée des médias et des nouvelles 
technologiesl’évolution des modes de vie a encouragé une individualisation accrue des 
comportements sociaux et politiques. Enfin, la précarisation de l’emploi débouche sur une crise 
des modèles traditionnels de solidarité poussant à mettre en cause le poids des prélèvements et la 
légitimité de la redistribution. En clair, la France d’aujourd’hui ne ressemble plus en rien à celle 
de 1971 ni même à celle de 1981. 
Le contexte politique est ensuite bien différent : la Gauche dans ses frontières 
traditionnelles est structurellement minoritaire. Et ses alliés potentiellement affaiblis. 
L’extrême Gauche antilibérale est dans l’impasse : elle se nourrit certes de l’inquiétude d’une frange 
de l’opinion confrontée à la mondialisation ; mais elle est bien incapable de fédérer (la 
présidentielle l’a montré, les régionales confirmé) et par conséquent de peser. Et comment imaginer 
l’avenir bâti autour d’une vision si incurablement négative de la modernité ? Le refus, la 
protestation, la résistance ne font pas une politique. Certainement pas une majorité. Même pas une 
alliance. 
La solution peut-elle venir « d’ailleurs », pour reprendre l’expression charmante de Michel Jobert 
dans les années 70, c’est-à-dire du centre ? Si le Centre du point de vue électoral peut être décisif, 
une alliance avec François Bayrou serait au contraire aventureuse puisqu’elle reviendrait à lui 
déléguer le soin d’incarner la modernité économique et sociale. Laissons donc de côté cette 
chimère ! 
C’est d’abord sur ses propres forces que le parti socialiste doit compter. Il y sera aidé par la 
logique des institutions que favorise la présidentielle. On est passé en 20 ans du fameux quadrille 
bipolaire, chaque camp étant composé de 2 cercles concurrents, à un bipartisme imparfait, l’UMP à 
droite, le PS à Gauche, s’étant assurés une position dominante. 
La question de l'alliance doit passer après celle du projet. C'est celui-ci plus que celle là qui 
créera une véritable dynamique. Parce que les Français veulent des solutions ! 
Et c'est la vocation de notre parti de les construire pour autant qu'il sache s'ouvrir sur de nouvelles 
références sociales, culturelles, écologiques. 
Cela ne doit pas nous conduire à négliger nos partenaires. Nous devons au contraire les traiter avec 
respect. Mais, forts de notre volonté, de nos idées, pas pour leur sous-traiter ce que nous aurons été 
incapables d'imaginer !Ce qui doit nous conduire à privilégier une stratégie qui n'ait pas les 
alliances comme but, mais pour conséquence. L'enjeu est de créer une dynamique qui permette de 
rassembler tant de forces éparses. Le premier acte d'une rénovation réussie devrait être ainsi de 
lancement d'Assises de l'Alternance visant à fédérer toutes celles et tous ceux Socialistes, ex 
communistes, écologistes, simples citoyens. 
Enfin, aucun véritable leadership n'a réussi à s'affirmer, chaque responsable se trouvant obligé de 
composer avec des groupes aux intérêts et aux vues contradictoires. Le dernier congrès de Reims en 
a fourni une épouvantable illustration. Nous ne pourrons sortir de cette situation que le jour où le 
Premier secrétaire sera élu avant le congrès, sur la base la plus large. 

2)  Transformer le PS en une force moderne et démocratique 
Au fond, le Parti socialiste se trouve aujourd’hui un peu dans la situation du parti communiste dans 
les années 60 : on ne peut rien faire avec lui mais on ne peut rien faire non plus sans lui. 
Son appareil est demeuré rétif à la réforme, incapable de se remettre en question, figé dans ses 
archaïsmes et ses querelles. Mais il n’existe pas d’alternative. 
Certes le chantier est immense. Et la tâche à conduire exactement à rebours de celle accomplie entre 
1971 et aujourd’hui. Le PS n’a pas de leader incontestable : il lui faut donc s’en donner un ! Il est 
privé d’alliés sûrs, il lui faudra donc d'abord agir par lui-même ! Il n’est plus porté par le 
mouvement de la société, sa foi dans le changement et le progrès : il devra donc se redonner un 
projet mobilisateur qui tienne compte des réalités de la société d’aujourd’hui. On peut défaillir 
devant l’ampleur du travail à accomplir. On peut aussi y trouver matière à enthousiasme. Plutôt que 
simplement placer ses pas dans ceux des grands anciens, c’est un nouveau chemin qu’il faut ouvrir, 
un nouveau chapitre qu’il faut écrire. 
À ce stade, la question de l’outil est évidemment essentielle. Dans quel état se trouve le parti 
socialiste ? Ai-je besoin d’y revenir, tant on l’a laissé rouiller comme un vieux et grand navire, 
oublié au bord d’un quai ? Tournons-nous plutôt vers les solutions ! 
1) D'abord, supprimons les courants, ou, à tout le moins, remettons-les à leur place ! 
Disons-le tout net, sans langue de bois : le pouvoir au Parti Socialiste est devenu une sorte de rente 
à laquelle les bénéficiaires n’ont pas envie de renoncer. Cette rente, ce sont les courants, les 
sensibilités, héritiers de vrais débats aujourd’hui dépassés et paravents d’ambitions personnelles 
toujours renouvelées. Derrière chaque courant, il y a des places, des avantages à distribuer. La 
logique «proportionnelle » sur laquelle ils sont fondés garantit à chacun sa juste part de mandats 
locaux, nationaux et européens. Il suffit pour y prétendre, de réunir à un congrès, plus de 5% des 
suffrages et la porte s’ouvre sur le grand partage. 
Avec de tels appâts, il n’est pas difficile de se faire une clientèle. La constituer, l’entretenir, protéger 
ses intérêts demande cependant, face aux appétits des concurrents, une dépense d’énergie, un effort 
d’attention, qui ne sont plus disponibles pour les tâches jugées plus ingrates : comprendre les 
mutations de notre société, en débattre, faire vivre les idées. Celles-ci ne sont plus que prétextes à 
des conflits instrumentalisés selon des rites bien connus, ravivés à chaque congrès. Dans un tel 
système, le changement ne peut venir de nulle part. L’on peut sans risque aucun se démarquer le 
temps de se constituer un petit capital, sans perdre pour autant sa place dans les instances de 
pouvoir. Le vent de la défaite électorale peut bien souffler, comme en 1993 et 1995, et même 
redoubler de force et d’intensité comme en 2002 et en 2007, il ne parvient pas à ébranler ces 
casemates calfeutrées qui ne laissent pas passer le moindre air frais. La bataille des présidentiables 
peut même apparaître sans véritables conséquences dans la mesure où elle n’entraîne pas la perte de 
ses véritables joyaux de la couronne socialiste que sont les mandats locaux. On l’aura compris, le 
Parti Socialiste, qui rêve d’une sixième République, a succombé depuis longtemps aux délices de la 
quatrième. 
La solution passe par la suppression ou à tout le moins l'affaiblissement des « courants ». Pourquoi 
faudrait-il lier indissolublement la discussion de fond et les enjeux de pouvoir, au point, comme par 
le passé, de laisser les seconds cannibaliser la première ? Leur rôle ne doit plus en aucune manière 
porter sur à la sélection des candidats, à la direction du parti ou aux fonctions électives qui devront 
répondre au contraire à des critères politiques partagés : la promotion des femmes1, la diversité de 
manière générale, le renouvellement indispensable à vitalité d’une grande organisation. Ces choix 
devront être le fait des militants au scrutin direct, uninominal et majoritaire : un militant, une voix, 
un choix ! Et les courants, si l'on veut les conserver, devront être ramenés à leur vocation première : 
le débat d'idées. D'où la proposition de les doter d’un véritable statut, de mesurer leur influence aux 
parrainages (nombre de militants, de parlementaires) qu’ils pourront recueillir pour se déclarer et 
être ainsi représentés dans des commissions nationales qui devraient devenir des forums 
permanents, contribuant à nourrir la réflexion du parti et de ses instances. 

2) Rendons le pouvoir aux adhérents 
Cette modernisation devra s’accompagner, comme un pendant naturel, d’une démocratisation, c’est- 
à-dire la mise en place de mécanismes de vote individuel, garantissant la primauté des choix des 
membres sur l'autorité des dirigeants. À la méthode surannée des motions, supposée couvrir 
tous les sujets, devra succéder un vote par thème, garant de la clarté des orientations politiques et 
de l’adhésion des membres. Le PS se veut le représentant d’une nouvelle démocratie et ses modes 
de fonctionnement empruntent aux pratiques les plus archaïques de la démocratie représentative. 
D’où l’idée de transformer le « Saint-Tropez socialiste » que constitue désormais l’Université de La 
Rochelle, en conférence nationale annuelle, lieu de travail et de débat, où le poids des adhérents 
serait garanti par un principe simple : un représentant élu par section constituerait cette assemblée 
appelée à se prononcer sur la position que prendra le parti sur l’ensemble des dossiers d’actualité. 
Dans l'intervalle,  des conventions thématiques permettront un vote des militants sur les 
orientations constitutives de notre projet politique. Élaborés pas la Direction à partir des travaux des 
commissions nationales revivifiées, chaque texte et les éventuels amendements déposés, seront 
soumis au suffrage universel des militants. 
Cette démocratie directe sera la meilleure manière de garantir la participation de tous, tout en 
dépassant l’influence et la captation de pouvoir par les anciens courants et leurs dirigeants. Elle 
garantira la continuité de l’axe décisionnel entre un Président du parti issu du choix des militants et 
les orientations soumises au vote. 

3) Pour un vrai « chef de l'opposition » légitimé par les primaires 
Outre les progrès qu’elle ferait connaître à notre démocratie interne, cette formule permettrait enfin 
à la Gauche de se doter d’un parti dont l’organisation serait en parfaite adéquation avec ses 
objectifs à savoir la conquête de la présidence de la République puis d’une majorité parlementaire. 
Le quinquennat a rendu cette mutation plus nécessaire et plus urgente. Devenu un super Premier 
ministre, le Président sortant doit trouver en face de lui, pendant la durée de son mandat, comme 
lors du scrutin présidentiel, un véritable chef de l’opposition, sûr de son autorité politique, tendant 
toutes ses forces vers l’objectif, choisi par un parti dont la base aura été élargie, capable de faire 
valoir ses orientations en en appelant aux militants. Appuyé sur un appareil rénové, il partira à la 
bataille dans les meilleures conditions, en tout cas bien différentes de celles que connut en 2007 
Ségolène Royal. 
Le plus surprenant est qu’une telle évolution ne fasse pas l’unanimité. Certains plaident même pour 
dissocier la désignation du leader du parti de la désignation de celui qui les représentera à la 
présidentielle. Dans le temps, et peut-être même dans les personnes ! J’invite tous ceux qui veulent 
travailler à une véritable rénovation, à se défier de cet argumentaire. Qui ne voit tout d’abord qu’il 
n’a pour objet que de gagner du temps en faisant d’une opportunité un principe. Là encore, les 
présidentiables veulent donner le change. Parce qu’ils ne se sentent pas prêts pour 2010, ils plaident 
pour reporter à 2011 un choix auquel ils veulent participer. 
Mais, n’avons-nous pas été suffisamment instruits par le précédent de 2006 des effets dilatoires 
d’un tel report ? Pouvons-nous imaginer et supporter une nouvelle querelle des chefs, larvée, diluée 
dans le temps, qui concentrera l’attention au détriment du travail d’opposition et de la 
reconstruction. Et quelle sera l’autorité d’un premier secrétaire privé de la possibilité de se présenter 
à la présidentielle ou s’il ne l’est pas, soupçonné de n’agir que dans ce but ? Et quelle sera sa 
légitimité s’il devait, au bout du compte, se voir préférer un autre candidat ? Toutes ces expériences, 
nous les avons faites. Nous avons vécu ces épreuves, traversé ces crises. 
Ne pouvons-nous pas, une fois pour toutes en tirer les leçons ? Tout, l’histoire récente, l’évolution 
des institutions, les attentes de l’opinion plaident pour une unité de direction et le choix rapide de 
celui ou celle qui devra l’assumer avec pour contrepartie naturellement, d’en rendre compte en cas 
d’échec, en abandonnant automatiquement sa « couronne». 
D'où la question des primaires qui doivent être le moyen de la transformation souhaitée du parti 
socialiste, alors c’est naturellement dans ce sens qu’il faut aller. Celles-ci devront être le plus large 
possible si l'on ne veut pas limiter le choix aux seuls personnalités acceptées par leurs pairs, la 
candidature doit être ouverte à toute personne soutenue par au moins un parlementaire ou un 
membre du conseil national. Et l'élection se déroulera sur un seul tour : qui peut croire qu'un 
candidat incapable de créer un élan majoritaire dès le premier tour des Primaires socialistes, qui ne 
soit capable de s'imposer qu'après négociations et arrangements, puisse rassembler les Français ? Il 
faut faire le pari d'une dynamique ou alors en rester à nos tristes pratiques actuelles ! 
Enfin, il faut que ces Primaires aient lieu le plus tôt possible, c'est à dire avant la fin de l'année, pour 
que celui ou celle qui sera désigné puisse à la fois incarner l'opposition et piloter la rédaction du 
projet dans lequel nous serons engagés. 
Une telle formule supposerait naturellement qu’à côté de ce Président élu travaille un secrétaire 
général qui se consacre exclusivement au Parti et qu’à un conseil national moribond (actuellement 
élu sur la base des motions2) soit substitué un forum national élu au scrutin de liste uninominal, 
à l'échelle départementale. Ainsi les délégués des militants seraient bien les délégués des 
militants ! 
Notre parti est encore solide : un réseau militant qui couvre tout le territoire et que l’espoir peut 
remobiliser comme l’a montré le succès des nouveaux adhérents ; un nombre considérable d’élus 
locaux dotés d’une légitimité incontestable auprès de nos concitoyens, doués d’une vraie 
compétence et d’une expérience du pouvoir, trop peu sollicités et dont la capacité d’initiative et 
d’invention peut s’user sous l’effet du cumul des mandats ; une position électorale enfin, 
stratégique, centrale, forte, décisive et que la succession d’échecs n’a pas entamé mais, au contraire 
si l’on en juge par la réaction de 2010, renforcé. 
Il existe donc un potentiel ! Encore faut-il le valoriser, le renforcer, l’élargir, voire même le dilater. 
La cible est claire. Elle est constituée par ses milliers de militants, ses centaines de milliers 
d’électeurs en provenance du reste de la Gauche et pour partie du centre, et aujourd’hui en 
déshérence. C’est à eux et non aux appareils, qu’il faut d'abord s’adresser. 
C’est d’eux que viendra la régénération du parti socialiste. La Gauche en arrive à une nouvelle 
étape de son histoire. D’abord républicaine, tout au long du dix-neuvième siècle, puis radicale et 
enfin socialiste, elle entre désormais dans une nouvelle ère, qui suppose, comme à chaque étape, le 
dépassement de son identité précédente. La nouveauté de la période qui s’ouvre tient peut-être au 
fait que jusqu’alors la mue s’était faite au bénéfice de son aile la plus à Gauche, à travers un 
processus de radicalisation qui s’est interrompu avec le communisme, marquant mieux encore 
l’originalité de la période qui s’annonce. Il ne s’agit plus de céder à la pente naturelle d’un 
sinistrisme accentué qui a marqué tout notre vingtième siècle, mais de réussir la synthèse d’un 
courant issu de l’économie industrielle, le socialisme, avec ceux issus de sa crise. L’écologie 
naturellement mais aussi les mouvements de société comme le féminisme ou ceux pour la diversité 
culturelle ou sexuelle ou la lutte des consommateurs... 
Il n’y aurait qu’avantage dans ces conditions à faire désigner notre leader en amont d'Assises de 
l'Altenative. 
5) Inventer un nouveau militantisme 
Sur ces bases, l’organisation à construire devra donc être avant et par-dessus tout attractive, c’est-à 
dire le contraire d’un appareil coopté malthusien. La formule des adhérents à 20 euros avait en 
quelque sorte ouvert la voie. 
2 
 et dont les membres ne peuvent supporter d'y siéger plus de deux heures d'affilée si l'on en juge par l'absentéisme 
croissant au fil des discours. 
6
Elle doit être renouvelée et même institutionnalisée. L’adhésion doit changer. Elle peut et doit 
prendre plusieurs formes comme la citoyenneté moderne qui en est le fondement. À motivation 
différente, réponse adaptée. 
Pourquoi faudrait-il être choqué que le militantisme traditionnel coexiste avec d’autres formes 
d’engagement qui se traduiraient par des contributions ponctuelles mais informées ? Pourquoi le 
premier ne devrait-il pas, à défaut d’être professionnalisé, ce qui en changerait la nature, être 
organisé et modernisé à l’instar de ce qu’ont fait nos amis du Parti Socialiste ouvrier espagnol par 
exemple ? Ceux-ci se sont dotés d’une force militante percutante, facilement mobilisable et utilisant 
des méthodes ouvertes de communication : porte à porte systématique, mailing ciblé connecté à des 
campagnes d’informations nationales permettant de garantir l’impact et la cohérence du message. 
Que la direction du PS ne dispose d’un fichier central de ses adhérents que depuis quelques mois et 
toujours pas d’un fichier centralisé des sympathisants, établi pourtant par ses sections et ses élus, 
apporte la preuve d’un amateurisme qui n’est plus guère acceptable aujourd’hui. Non pas qu’il 
s’agisse de confondre l’organisation d’un grand parti avec celle d’une entreprise, mais simplement 
au nom d’un principe simple, qui veut que si l’on croit à ses idées, l’on se donne les moyens de les 
faire triompher. Et que dans une société où la communication tient une si grande place, notre 
devoir est d’utiliser des techniques modernes à partir desquelles la diffusion de notre message peut 
être assurée. 
Une telle évolution devra ouvrir sur la création de sections thématiques, en plus des sections 
territoriales, pour permettre à celles et ceux qui le souhaitent, d’apporter leurs compétences, 
leur expérience et leur contribution à l’approfondissement de la réflexion collective. Une telle 
démarche supposera aussi une véritable formation de nos cadres dont un réseau devra pouvoir 
organiser, animer les réunions. Se dessinera alors un parti moderne, citoyen, bouillonnant à la base, 
offrant à ses membres une vraie capacité de mobilisation et d’expression. 
On l’aura compris : la solution que je préconise suppose une rupture. Rupture avec les habitudes 
certes d’un parti ankylosé par ses courants, divisé par ses chapelles, en contradiction avec l’objectif 
même qu’il s’assigne pourtant ouvertement ; rupture par conséquent avec une règle, la 
proportionnelle qui ne sert plus que de prétexte à des ambitions concurrentes. 
Ce nouveau militantisme ne serait pas complet s'il ne s'accompagnait d'un renouvellement que 
faciliterait l'instauration du mandat unique. Les élus qui se trouveront en situation de cumul à l'issue 
des prochaines élections politiques devront choisir entre leurs différents mandats au plus tard en 
2014, lors du prochain renouvellement général. Cette rupture, nous devons l'assumer sans 
hésitation, elle concrétise le passage d'une époque à une autre. Doté d'un leader choisi par tous les 
électeurs de la Gauche, dans le cadre de Primaires organisées avant la fin de l'année, conforté par 
des Assises de l'Alternative qui concrétiseront le rassemblement opéré lors des Primaires, appuyé 
par une Direction élue par le Congrès au scrutin majoritaire, enrichi par des « sensibilités » 
uniquement orientées vers la préparation de conventions thématiques, bases de notre futur projet, 
cet autre parti socialiste sera prêt à assumer la relève politique et électorale que nous appelons tous 
de nos voeux pour 2012. D'une certaine façon, il est réconfortant de penser que ce changement 
dépend de nous autant que du candidat dont nous nous doterons : c'est le prix, et la vertu, de la 
démocratie!