26 juillet 2010

Retour sur le 13ème Symposium de Symi – un réseau d’amitié avec le monde universitaire, économique et associatif et la clôture du symposium à Poros

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Photo des participants au 13ème Symposium de Symi à Poros (Fondation Andréas G. Papandréou)
Outre les thèmes évoqués, principalement la Grèce et la crise (voir l’article La Grèce et le 13ème Symposium de Symi), et le fait que le symposium dans l’île de Poros a permis de constituer un réseau politique d’amitiés pour les forces progressistes (voir l’article Retour sur le 13ème Symposium de Symi – un réseau politique d’amitiés pour les forces progressistes), le 13ème Symposium de Symi, auquel a participé Ségolène Royal, a également été l’occasion de créer et renforcer un réseau d’amitiés dans le monde des affaires, des universitaires, des économistes, et des associations.
La représentation de The Economist, de la London School of Economics, de Greenpeace, de la Banque Mondiale notamment sont significatives à cet égard de l’importance du symposium.
La présence de la trésorière du Comté de Cook, Illinois, aux Etats-Unis, doit être souligné : le comté de Cook est le deuxième comté le plus peuplé des Etats-Unis après celui de Los Angeles, avec 5,3 millions d’habitants en 2008 ; il fait partie de l’aire urbaine de Chicago. C’est aussi un fief démocrate américain, et le comté où Barack Obama a été Sénateur du Sénat de l’Illinois de 1996 à 2004, date à laquelle il est devenu Sénateur des Etats-Unis à Washington.
Parmi les nombreux participants du monde économique, universitaire et associatif, on note la présence de :
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La ministre grecque de l'Economie Louka Katseli et Joseph Stiglitz (Fondation Andréas G. Papandréou)
-Joseph Stiglitz, professeur d’économie à l’Université de Columbia et prix Nobel d’économie en 2001,
-James K. Galbraith, économiste, professeur à la Lyndon B. Johnson School of Public Affairs et au Département de Gouvernement de l’Université du Texas, à Austin,
-Maria Pappas, trésorière du comté de Cook, Illinois, Etats-Unis,
-Mats Karlsson (voir vidéo et texte), suédois, directeur pays pour l’Afrique centrale, de l’Est et du Nord pour la Banque Mondiale,
-Mary Kaldor (voir vidéo et texte), anglaise, professeure de gouvernance mondiale à la London School of Economics et directrice de son Centre d’étude de la gouvernance mondiale,
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Dimitri Zenghelis (Fondation Andréas G. Papandréou)
-Dimitri Zenghelis, anglais, conseiller du gouvernement anglais et de Lord Stern à la London School of Economics (Grantham Research Institute), conseiller économique de l’innovation à long terme du groupe américain d’électronique, de logiciels et de solutions technologiques Cisco,
-Clark Bruce, éditeur de la section « International » de The Economist et journaliste du département Affaires Internationales du journal,
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Au centre, Kumi Naidoo et Cem Özdemir (Fondation Andréas G. Papandréou)
-Kumi Naidoo, sud-africain, directeur exécutif international de Greenpeace International, premier Africain à ce poste,
-James Fishkin, professeur et directeur du Centre pour la Démocratie Délibérative à l’université de Stanford,
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Paul Cheng (Fondation Andréas G. Papandréou)
-Paul Cheng, chinois, directeur des investissements du fonds Venturesome qui apporte de façon innovante son soutien à des organisations à caractère social de petite et de moyenne taille,
-Anthony Barnett, anglais, fondateur d’openDemocracy.net (voir vidéo et texte), qui publie des analyses de haute qualité, des débats et des blogs sur le monde et la façon dont nous sommes gouvernés ; les valeurs d’openDemocracy sont la démocratie, les droits de l’homme, et le droit à l’expression des points de vues marginalisés,
-Misha Glenny, anglais, écrivain et journaliste audiovisuel – il a été correspondant de la BBC pour l’Europe centrale et continue à être régulièrement consulté sur les Balkans.
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Cérémonie de clôture du 13ème Symposium de Symi à Poros le 15 juillet 2010 (Fondation Andréas G. Papandréou)
La cérémonie de clôture du 13ème Symposium a eu lieu sur une terrasse, les cinq intervenants – Joseph Stiglitz, Mary Kaldor, Georges Papandréou, Misha Glenny et Cem Özdemir – étant assis autour d’une table basse et devant un large public. Elle a duré une heure et demie et s’est achevée à 21h30 heure locale (20h30 en France), jeudi 15 juillet 2010. Elle pouvait être suivie en direct sur internet (pour voir une des 5 vidéos, cliquez sur le chiffre : 1 2 3 4 5 ).
Ségolène Royal, qui est intervenue lors de la cérémonie d’ouverture cette année à Poros, était intervenue lors de la cérémonie de clôture du 12ème Symposium de Symi à Skiathos en 2009. Vous trouverez ci-dessous son intervention lors de la cérémonie de clôture de l’an dernier, dont les thèmes sont – hélas – toujours d’actualité, hormis pour M. Papandréou, qui est devenu – heureusement ! –  premier ministre grec depuis-
En voyant ces images, une question vient à l’esprit : où sera Ségolène Royal l’an prochain à la même époque, quelques jours avant la mi-juillet ? À ce moment là, la période des dépôts de candidature pour la primaire organisée par le Parti socialiste viendra juste de s’ouvrir…
Frédérick Moulin
-oOo-
 
James K. Galbraith – traduction française pour Militants de l'Espoir à Gauche avec Ségolène Royal par F.M & F.M.
« Pour ceux qui font seulement un court séjour en Grèce, les rencontres de Symi représentent une opportunité extraordinaire de savoir en détail ce que l’actuel gouvernement grec est en train de faire et de comprendre comment il essaie de faire face à la crise économique, avec les difficultés financières et l’extraordinaire pression extérieure à laquelle sont soumis le gouvernement, l’économie et le peuple grecs en ce moment. C’est ce qui, pour moi, est l’apport majeur de ces derniers jours. Il s’agit d’un groupe de personnes extraordinaires, avec une intention internationale très affirmée, et bien que je participe à cette rencontre pour la première fois, c’est aussi un groupe de gens dont beaucoup ont été présents à ces rencontres et ont discuté les uns avec les autres au fil des ans, donc une sorte de but commun et de compréhension mutuelle existe autour de la table, et cela permet la discussion. »
 
 Mary Kaldor – traduction française pour Militants de l'Espoir à Gauche avec Ségolène Royal par F.M. & F.M.
« Pour moi, deux points ont été importants lors de la rencontre de Symi. Tout d’abord, ça a été une découverte, la découverte de la Grèce, géographiquement, politiquement, culturellement, mais je pense que nous avons également exposé notre propre point de vue intellectuel, ce qui est très important à la fois au niveau des idées et de la politique ; il s’agit de notre point de vue sur la croissance verte, sur la démocratie délibérative et la consultation civique, sur une politique étrangère basée sur la société civile. » 
Anthony Barnett – traduction française pour Militants de l'Espoir à Gauche avec Ségolène Royal par F.M. & F.M. 
« Je m’appelle Anthony Barnett ; j’ai créé openDemocracy, qui est un site internet qui traite de sujets mondiaux. Je participe aux rencontres de Symi depuis 2004. Les rencontres de Symi sont de merveilleux séminaires, des mélanges étonnants de gens, et il y a l’importante question de savoir comment rendre le monde meilleur, comment être plus démocratique, comment rendre le monde plus équitable et son développement plus durable.
Aux rencontres de Symi les discussions sont d’un genre particulier, par exemple, lors de la première session, ici au 13ème Symposium de Symi, nous avons eu une discussion avec Joseph Stiglitz à propos de la nature de la crise, puis une intervention de Leif [Pagrotsky, NdlR] sur la façon dont il se débrouille en Suède, et de Kemal [Dervis, NdlR] sur la façon dont il a travaillé avec les banques dans une crise équivalente en 1991 en Turquie : il nous a raconté comment il a obtenu des conseils du Mexique, sur le besoin de communiquer, et la volonté est venue avec les débats inhérents à la politique.
Alors la question du développement d’idées nouvelles se pose vraiment, et je pense que nous commençons maintenant à en voir les effets sur la politique menée par la Grèce, mélangés à la réelle expérience des décideurs politiques quant à ce qu’ils ont réussi et aux leçons qu’ils en ont tiré. Et ils tirent ensemble les conclusions de cette découverte de pistes inconnues quant à la façon dont nous créons un monde plus démocratique et au développement plus durable. »
 
Mats Karlsson – traduction française pour Militants de l'Espoir à Gauche avec Ségolène Royal par F.M. & F.M.
« J’ai participé aux rencontres de Symi au fil des années, et ai trouvé l’inspiration qu’on en tirait extraordinaire. Par ailleurs, ceux qui viennent ici forment une grande famille, ils rassemblent une somme d’expériences individuelles énorme, et au cours de ces années, ils ont abordé des sujets très difficiles comme la coopération internationale en matière de paix et de sécurité, mais cette année est spéciale car c’est une année très importante pour la Grèce, tout à fait déterminant pour l’économie grecque, pour la création d’emplois et pour que l’avenir soit positif. Alors maintenant nous espérons réellement pouvoir partager nos expériences pour exercer une influence sur les nombreux choix difficiles auxquels la Grèce doit faire face. Georges Papandréou a été une source d’inspiration pour nous par le passé, et le pouvoir qu’il exerce en tant que premier ministre est très important pour la Grèce en ce moment, alors essayons de voir si nous pouvons lui apporter notre expérience en matière économique alors qu’il dirige le pays.
Vous savez, je pense que d’une certaine façon c’est de l’accumulation de défis dont il est question. M. Papandréou dit, vous savez que nous avons besoin de mettre de l’ordre dans la maison, et cela a de nombreuses conséquences pour le gouvernement mais aussi pour l’économie. Ce matin nous avons entendu la ministre de l’Economie Louka Katseli parler des nombreux défis auxquels doivent faire face le secteur privé et le monde des affaires. Et de toute évidence, quand vous en discutez, l’objectif final se résume à la création d’un plus grand nombre d’emplois, et cela peut uniquement être réalisé avec le secteur privé. D’après ce que je comprends, il y a un léger retournement de tendance actuellement, mais cela prendra du temps avant que des emplois soient créés à grande échelle, et je crois que la définition des priorités et la mise en place des mesures seront les clés pour mener à bien les réformes nécessaires. Il ne s’agit pas uniquement de nouvelles lois, il faut aussi examiner en profondeur le système administratif pour simplifier et ouvrir la dynamique des créations d’emplois. »

L’agence ONU Femmes créée début juillet 2010 est dotée de moyens insuffisants pour une mission de terrain très lourde

63 ans après la création de l’UNICEF, la création d’ONU Femmes (« UN Women ») a été annoncée le 2 juillet 2010 à New York. Elle regroupera 4 entités onusiennes, dont la plus importante est le Fonds de développement des Nations unies pour les femmes (Unifem), instauré en 1976, et la personnalité qui la dirigera aura grade de secrétaire général adjoint, sous l’autorité directe du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon.
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L’agence sera voué à la « lutte contre les inégalités entre les sexes et à l'autonomisation des femmes », les champs d’action seront donc très vastes.
Le secrétaire général de l’ONU s’est personnellement impliqué dans la lutte contre les violences faites aux femmes. En 2008, il a lancé la campagne « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ». Nicole Kidman, nommée ambassadrice de l’Unifem en 2006, apporte son soutien à cette lutte.
L’ONU souligne que jusqu’à 70% des femmes sont victimes de la violence au cours de leur vie ; selon les données de la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis. La violence et l’absence de choix de bien des femmes impliquent une plus grande vulnérabilité : les femmes battues par leur partenaire ont 48% de probabilité de plus d’être infectées par le VIH ; en Europe, en Amérique du Nord et en Australie, plus de la moitié des femmes handicapées sont victimes de maltraitance contre un tiers pour les femmes non handicapées.
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Nicole Kidman, nommée ambassadrice de l’Unifem en 2006, apporte son soutien à la lutte contre la violence des femmes (ONU)
Une femme sur cinq sera victime de viol ou de tentative de viol au cours de sa vie ; et entre 500 000 et 2 millions de personnes font l’objet de traite tous les ans, à des fins de prostitution, il s’agit de femmes à 80%.
Selon l’ONU, plus de 130 millions de filles et de femmes vivant aujourd’hui ont subi une excision, principalement en Afrique et dans quelques pays du Moyen-Orient, et on considère que 2 millions de filles par an courent le risque de mutilation.
Selon une étude de l’ONU, les coûts directs (soins, soutien des familles, justice) et indirects (productivité) des violences faites aux femmes est très élevé : plus de 5,8 Md$ par an aux Etats-Unis, et 23 Md£ par an au Royaume-Uni en y ajoutant l’impact et le traitement de la douleur et des souffrances, soit 440 £ par personne.
Le budget de la nouvelle agence ONU Femmes sera de 500 M$, plus du double des budgets des quatre entités réunies, alors même que les budgets des entités avaient triplé les trois dernières années.
Mais malgré cette progression très significative, la question des moyens alloués à l’agence suscite bien des interrogations. Car les 500 M$ budgétés pour ONU Femmes, c’est 6 fois moins que le budget qui fait référence en la matière, celui de l’UNICEF (3 Md$), et 10 fois moins que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) (5 Md$).
C’est aussi notoirement insuffisant pour mettre en œuvre l’Objectif du Millénaire numéro 3, « Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes », dont les besoins de financement ont été estimés en 2008 par la Banque Mondiale à un montant compris entre 60 et 80 Md$.
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Pour parvenir à atteindre cet objectif, l’ONU s’est donnée pour cible d’ « éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d’ici à 2005, si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tard ». La cible sera difficile à atteindre, et l’ONU énonce dans son point d’étape de septembre 2008 trois faits :
-« seulement 18 des 113 pays qui ne sont pas parvenus à la parité des sexes dans les écoles primaires et secondaires avant la date butoir de 2005, ont des chances d’atteindre cet objectif d’ici 2015 » ;
-par ailleurs, si les filles comptent pour « seulement » 55% de la population non scolarisée, cette moyenne cache d’importantes disparités, une grande inégalité entre les sexes persistant pour l’enseignement primaire dans certaines zones, notamment en Afrique subsaharienne, en Asie occidentale et en Océanie. De plus, dans ces zones, le problème de l’eau a un impact important sur les femmes et les filles : ce sont elles qui passent le plus clair de leur journée à aller puiser de l’eau, et nombres de filles ne vont pas à l’école faute de sanitaires privés et décents ;
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Photo : ONU
-d’autre part, entre 2000 et 2008, le pourcentage de sièges parlementaires tenus par des femmes n’est passé que de 13,5% à 17,9%, et ce taux n’est supérieur à 40%, tout en restant inférieur à 50%, que dans 5 pays au monde, dans l’ordre : le Rwanda, la Suède, Cuba, la Finlande, et l’Argentine. En janvier 2008, seulement 7 des 150 chefs d’Etat élus et huit des 192 chefs de gouvernement étaient des femmes.
Car au-delà du budget alloué à ONU Femmes, on le voit bien, c’est l’action sur le terrain qui sera primordiale. Or au budget d’ONU Femmes correspond actuellement un effectif de 284 personnes, contre 7 200 pour l’agence de référence pour les associations, l’UNICEF (soit 25 fois plus !), 3 334 pour le PNUD et même 900 pour Onusida, qui chapeaute les diverses agences spécialisées dans la lutte contre le sida. C’est tout à fait insuffisant pour être présent sur le terrain ; les 330 ONG qui avaient mené une campagne pour la création d’une agence onusienne des femmes, la « Gender Equality Architecture Reform Campaign », estimaient qu’il fallait au minimum 1 Md$. Cet objectif sera difficile à atteindre, nombre des pays membres de l’ONU ne voulant pas d’un « Unicef bis », regrette Daniela Rosche d’Oxfam, confédération de 14 organisations qui agissent contre les injustices et la pauvreté dans plus de 100 pays. À défaut d’avoir ses propres structures, ONU Femmes devrait s’appuyer, au moins temporairement, sur les structures du PNUD, présent dans (seulement) 135 pays. Une béquille pour les premiers pas d’ONU Femmes…
Au niveau des soutiens, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, malgré la crise qui risque de refroidir bon nombre de pays contributeurs, verseront à ONU Femmes le double de ce qu’ils versent aujourd’hui à l’Unifem. La France de Nicolas Sarkozy est, on s’en doute, un mauvais élève : elle reste au 17ème rang des pays donateurs.
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Dessin de Muzo
Reste à connaître le nom de celle qui prendra les rênes de l’agence : une liste de 10 noms circulent dont 7 Africaines, mais la favorite, qui n’est pas dans la liste, est Michelle Bachelet, présidente socialiste chilienne de mars 2006 à mars 2010, et première femme à être élue présidente au suffrage universel direct en Amérique du Sud. Ségolène Royal était venue la soutenir lors du second tour de l’élection présidentielle en janvier 2006. Dès le 30 janvier 2006, Michelle Bachelet avait tenu une promesse faite lors de sa campagne en instaurant la parité dans son gouvernement, annonçant la nomination de 10 ministres femmes et de 10 ministres femmes.
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Michelle Bachelet et Ségolène Royal en janvier 2006 (photo : Patrick Bruchet)
D’autres rumeurs évoquent aussi le nom de Mamphela Ramphele, militante anti-apartheid et ancienne directrice générale de la Banque Mondiale.
Frédérick Moulin
Sources : www.un.org/fr, Mission difficile pour l'agence ONU Femmes, Le Monde daté du 22 juillet 2010, LeMonde.fr du 2 juillet 2010, Wikipédia