14 octobre 2010

 
Bonjour à toutes et à tous,
 
Le droit à l' avortement est menacé par :
    - les difficultés persistantes d'accès à l'IVG
    - la fermeture de maternités de proximité et la restructuration des grandes structures
    - la loi BACHELOT impose la tarification à l'acte, l'avortement n'est plus un acte rentable pour les établissements hospitaliers
 
Une manifestation nationale de défense du droit à l'Interruption Volontaire de Grossesse va avoir lieu à Paris le samedi 6 novembre 2010 à 14H, à l'appel de nombreuses organisations dont le Parti Socialiste.
 
Sur Poitiers un collectif (dont le PS 86), organise un déplacement en car sur Paris pour participer à la manifestation : départ vers 8 H 30 et retour vers 24 H. Les autres départements de la région peuvent se joindre à nous pour le transport, ou organiser eux même leur propre déplacement.
 
Afin d'organiser au mieux le voyage, nous demandons aux militantes et militants du PS, de s' inscrire très rapidement et au plus tard le 22 octobre, auprès de moi même à l'adresse suivante : sabine.jullian@wanadoo.fr .
 
Je retransmettrai globalement nos inscriptions au planning de Poitiers. le coût du transport est de 10€ pour les étudiant(e)s et chômeuses/chômeurs et de 30 € pour les autres mais il y aura une participation au déplacement du Parti socialiste pour les militant(e)s de la Vienne.
 
Sabine JULLIAN MAILLE
Déléguée aux droits des Femmes du PS de la Vienne
 
 
* Une synthèse de la situation de l'IVG dans la région est en cours de rédaction, vous devriez la recevoir bientôt.


Plus d'informations :

voir le site consacré à la manifestation du 6 novembre prochain : http://mobilisationavortementnov2010.over-blog.com/
(du matériel de mobilisation est d'ailleurs disponible en ligne, à télécharger.)

Le parcours de la manifestation : 14h Place d’Italie/ bd de l’hôpital avec un arrêt de l’hopital de la Pitié Salpétrière / bd st Marcel / Bd de Port Royal avec arrêt devant hopital Cochin / bd Montparnasse / hopital Necker  et vers ministère de la santé.
 

Lycéens dans les manifs: "L'UMP réagit aussi fort car Ségolène Royal fait peur au gouvernement"

L'UMP et le gouvernement se déchainent contre Ségolène Royal....  (Source: TF1)

Fillon, Woerth, Bertrand, Besson, MAM, Pécresse... Depuis cette intervention de l'ex-candidate à la présidentielle, ministres et ténors de l'UMP se relaient dans les médias pour dénoncer tous en choeur l'attitude "irresponsable" de la socialiste (Lire l'article sur le sujet : Lycéens : l'UMP fait feu sur Royal, une "irresponsable")

Contacté par Le Post, le porte-parole de Ségolène Royal, Guillaume Garot, répond aux critiques de la majorité. Point par point.

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Guillaume Garot et Ségolène Royal (MAXPPP)


Ségolène Royal a-t-elle été "irresponsable" en appelant les jeunes à descendre dans la rue?
"On croît réver ! L'UMP et le gouvernement voudraient renverser les rôles mais l'irresponsabilité est bien de leur côté. Le gouvernement s'entête dans ce projet de réforme injuste, majoritairement rejeté par l'opinion et qui ne sera pas financé après 2018."

"Ségolène Royal a lancé une mise en garde solennelle au président de la République pour lui demander de se montrer à la hauteur des enjeux, afin d'éviter une crise profonde."

Mais n'est-ce pas dangereux d'encourager les jeunes à manifester, alors qu'il y a eu des débordements mardi?
 
"Ségolène Royal a voulu dire que si les jeunes décident de descendre dans la rue, qu'ils le fassent de façon pacifique. C'est une décision qui leur appartient. Elle parle à des jeunes responsables en capacité de comprendre. Elle ne parle pas à des enfants."

La droite accuse la gauche d'instrumentaliser les jeunes...
"Les jeunes sont très informés sur le projet du gouvernement et personne ne peut les manipuler. Ce sont de vrais citoyens. Quand on est à ce niveau de mobilisation, on est pas dans l'instrumentalisation. Il y a un vrai mouvement de fond."

Le gouvernement est-il responsable des débordements ?
"Bien sûr. Cela fait des semaines que les Français essaient de faire entendre leurs voix face à un gouvernement qui s'obstine et bloque la situation. Les Français se sentent méprisés et pas seulement ceux qui manifestent."

À chaque fois que Ségolène Royal prend une position forte, l'UMP se déchaîne contre elle. Comment l'expliquez-vous?
"C'est le signe d'une grande fébrilité au gouvernement et cela montre aussi que la voix de Ségolène Royal porte dans le pays."

Pensez-vous que l'UMP lui "tape" dessus pour la faire monter et pour susciter des divisions au PS, comme s'en amusent régulièrement les porte-paroles de la majorité ?
 
"Je ne rentre pas dans les petits calculs de l'UMP car aujourd'hui, le PS est uni derrière un autre projet et c'est cela qui fait peur au gouvernement. Et si l'UMP réagit aussi fort, c'est parce qu'elle fait peur au gouvernement en dénonçant les injustices de la politique de l'exécutif et fait des propositions fortes."

Sarkozy a déjà oublié le lycéen Guy Môquet, il avait 16 ans !

GuyMoquet_7281-1-.jpg  Nicolas Sarkozy, élu président de la République, avait voulu en faire un héros pour les jeunes en imposant la lecture de la lettre de Guy Môquet dans tous les lycées.
 
Alors que la droite sarkozyste lance une polémique contre Ségolène Royal pour ses propos sur TF1, il semble bien qu’ils ont oublié ce qu’ils avaient voulu honorer hier : l’engagement politique des jeunes pour la liberté et la justice …
 
Le 13 octobre 1940, élève au lycée Carnot à Paris, communiste, Guy Môquet a été arrêté pour son engagement politique contre le régime de Vichy, il avait 16 ans.   
 
Soutenant le combat des jeunes contre la réforme des retraites qui va encore accroître demain le chômage et la précarité, la socialiste avait reconnu leur engagement refusant de croire à la propagande gouvernementale d‘une manipulation de la jeunesse.
 
Ce soutien aux jeunes de la candidate de la gauche en 2007 a provoqué une levée de boucliers à droite. Défendre aujourd’hui le combat politique des jeunes devient « irresponsable ». Mais n’est-ce pas plutôt l’irresponsabilité d’un pouvoir autoritaire dont il est question ?
 
L’histoire joue finalement un drôle de tour au pouvoir en place. Une belle leçon d’histoire … qui aime l’esprit critique … et qui se joue de ceux qui voudraient s’en servir pour leur propre gloire.
 
L’histoire de France est trop rebelle monsieur le président !
 
 Philippe Allard

13 octobre 2010

Si le gouvernement est inquiet de la colère des jeunes, qu'il retire la réforme des retraites

Si le gouvernement est inquiet de la colère des jeunes, qu'il retire la réforme des retraites et les manifestations cesseront. Le gouvernement devrait se souvenir que la responsabilité politique impose de ne pas faire reporter sur autrui les consquences de ses actes.

Les Français ont lancé depuis plusieurs semaines au gouvernement un avertissement clair. Ils ne veulent pas d'une réforme injuste et brutale qui pèse sur les seuls salariés tandis que les plus riches protégés par le pouvoir continuent à s'enrichir.

Je propose aujourd'hui un pacte de confiance avec la jeunesse et de faire du chômage des jeunes une grande cause nationale comme je le fais déjà dans ma Région.

Ségolène Royal




QUI A DIT?

1/ " On ne réduira pas le chômage des jeunes en continuant à faire supporter au travail tout le poids du financement de la protection sociale."

2/ " Il y a aussi dans la société une violence qui vient du sentiment d'injustice. Il ne faut pas sous-estimer le désespoir d'une jeunesse condamnée à vivre moins bien que ses parents, dont les diplômes en valent rien sur le marché du travail, qui est obligée de vivre chez ses parents parce qu'il n'y a pas d'emploi pour elle, dont les rêves se brisent sur le chômage et sur l'impossibilité d'acquérir une indépendance financière."

3/ "La faillite de l'éducation a mis en faillite notre système d'intégration. elle a affaibli le sentiment d'appartenance à la nation, fabriqué du chômage et de l'exclusion. Elle a privé toute une partie de la jeunesse des moyens d'exprimer ses sentiments, ses doutes, ses angoisses, de dominer ses pulsions, de canaliser ses émotions, ne lui laissant plus comme exécutoire que la violence ou le repli sur soi."

REPONSES

1/ Nicolas Sarkozy, Disocurs de Saint-Etienne - 9 novembre 2006

2/ Nicolas Sarkozy, Discours de Montpellier - 3 mai 2007

3/ Nicolas Sarkozy, Discours de Maison Alfort - 2 février 2007

Ségolène Royal : la reconquête


DSC00227[1]C’est le retour en force de Ségolène Royal. Après l’émission « A vous de juger » d’Arlette Chabot sur France 2, sa fête de la fraternité, troisième édition, à Arcueil en présence de plusieurs leaders de gauche, après la convention socialiste sur la politique internationale aux côtés de Fabius qui quelques jours plus tôt ne citait pas son nom parmi les « carrures »  socialistes, c’est au journal de 20 heures sur TF1 que la socialiste est intervenue mardi soir en remplacement de Martine Aubry souffrante. Après la forte mobilisation des Français descendus dans la rue pour refuser cette réforme, la socialiste a appelé fermement le gouvernement à écouter cette France « entrée en résistance »  et «suspendre sa réforme des retraites » largement condamnée par l’opinion publique.
 
 
Elle est partout Ségolène Royal, plus de noir vêtue mais toujours aussi rayonnante et volontaire. Les Français la retrouvent après une longue page d’investissement dans sa région durant laquelle elle a pu mettre en pratique ses propositions avec les résultats que l’on sait, faisant de ce coin de France une référence. Un bilan qui lui a valu sa réélection en forme de plébiscite. Une page qui lui a permis de se forger une nouvelle image de femme de terrain, d’apparaître davantage comme une femme d’action.
 
 
Elle est donc de retour Ségolène Royal, pourtant tellement vilipendée par la droite et une certaine gauche, de ce ton moqueur qu’on utilise pour mieux abaisser l‘adversaire. Mais elle est bien là, toujours là, aussi forte, résistante pour défendre ses combats, ses propositions. Toujours là mais un peu changée tout de même, oubliés les premiers pas d’une campagne présidentielle, la voilà plus détendue, plus assurée, plus convaincante. Il faut la voir aux côtés d’un Fabius, voir ce sourire qu’elle lui adresse avec un peu de détachement comme un signe de sagesse pour se concentrer sur l’essentiel. Il faut lui voir cette assurance sur les plateaux de télévision contre la réforme des retraites, défendant point par point ses arguments pour convaincre qu’une autre politique est possible, moins injuste.
 
 
C’est le temps de la reconquête pour Ségolène Royal, avec sa détermination d‘hier et son assurance d‘aujourd’hui. Une Ségolène Royal, on ne peut en douter, prête pour mener le combat face à la droite sarkozyste, pour porter le socialisme de gouvernement au pouvoir. Un socialisme humaniste replaçant l’Homme au cœur de tout, l’appelant à participer dans une démocratie renouvelée. Un socialisme progressiste ouvert sur le monde contemporain pour placer la France dans les pays moteurs pour plus de justice et de développement durable. Un socialisme renouant avec son engagement social, prônant un Etat fort pour une égalité réelle.
 
 
Elle est revenue Ségolène Royal car " quelque chose s’est levée qui ne s’arrêtera pas " ...
 
Philippe Allard
 
Ségolène Royal sur TF1 mardi 12 octobre : 
http://www.wat.tv/video/royal-francais-sont-entres-34nt1_2i0u7_.html
 

Le Théâtre du Soleil illumine le cortège

12 octobre 2010
Il est de plus en plus rare qu’une manifestation suscite sur son passage émerveillement, joie et applaudissements. Ce mardi 12 octobre, jour de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, le cortège parisien brandissait à sa tête (juste derrière les représentants de la CFDT) une surprise aussi somptueuse que symbolique, qui fut applaudie de tous : une marionnette haute de trois mètres, toute de blanc vêtue, armée d’un glaive et d’une balance. Cette allégorie de la Justice, conçue et fabriquée hier au Théâtre du Soleil, donnait au cortège l’allure d’un célèbre tableau…
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Pour préparer un digne accueil aux milliers de manifestants, Ariane Mnouchkine, mère fondatrice du Théâtre du soleil, avait donné rendez-vous, à midi, au Théâtre de l’Odéon (Paris 6ème). Les comédiens, musiciens et techniciens de sa troupe, ainsi que leurs plus proches compagnons, comme l’écrivain Hélène Cixous, le comédien Georges Bigot, ou encore de nombreux spectateurs fidèles, avaient répondu présents, avec leurs instruments de musique, leurs banderoles poétiques… Et la fameuse marionnette géante.
“La retraite, on sait bien qu’elle est foutue pour nous, puisque nos carrières, dites ‘incomplètes’, ne nous permettent jamais de cotiser suffisamment pour avoir une retraite décente. Mais ce n’est pas une raison pour se résigner ! “, expliquait un réalisateur sonore, chargé de porter en drapeau cette citation de Pascal:”la force sans la justice est tyrannique”.
“Cette soit-disant réforme que tous les français ressentent comme un régression est bête et inefficace: on sait bien que dans dix ans, elle sera déjà caduque. Il faut une réforme, tout le monde est d’accord là dessus, et des sacrifices sont nécessaires. Mais ça suffit de toujours sacrifier les mêmes. Y’en a marre des injustices et de l’arrogance!” tonnait Ariane Mnouchkine entre deux consignes pour orchestrer le départ.
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“Les banderoles, les musiciens et la sono partent les premiers vers la rue de Rennes. La Justice fera son entrée un peu plus tard, pour arriver comme une surprise. N’oubliez pas de chercher des relais parmi les manifestants qui nous rejoindront: on a quatorze porteurs et il nous en faut vingt-six pour tenir jusqu’au bout! C’est parti : d’abord les drapeaux sur la justice, ensuite les Shakespeare”.
Les “Shakespeare”, c’était par exemple cet extrait incroyablement actuel de Macbeth: “A présent des révoltes incessantes lui reprochent ses parjures. Ceux qu’il commande n’agissent que sur commande. Rien par amour. Maintenant, il sent son titre qui pend flasque sur lui. Comme la robe d’un géant sur un faussaire nain”.
Ou encore cette autre citation de circonstance: “les frelons ne sucent pas le sang des aigles mais pillent les ruches des abeilles”…
Voir la “Justice” géante qui déambulait dans les rues du 6ème arrondissement, ce fut un spectacle à part entière. Passants et militants disaient tantôt “bravo”, tantôt “merci” en voyant la marionnette flotter au-dessus des autobus près de la place Saint-Sulpice.
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Rue de Rennes, où se posta la petite centaine d’artistes et amis du Théâtre du Soleil, plusieurs autres groupes attendaient les manifestants : Lutte Ouvrière et, un peu plus bas, le PS. Vers 14h, la marionnette et la troupe du Soleil se mirent à défiler entre deux cortèges syndicaux, et l’exclamation fut générale lorsque La Justice joua sa scène place Saint-Germain des près: attaquée par des corbeaux (de papier), elle commença à se débattre dans une danse fascinante, sur une musique dramatique.
“Oh la vache que c’est beau”, s’exclama une jeune femme qui tenait une des banderoles du PS. “La symbolique est parfaitement efficace”, lança une jeune avocate à ses côté. Même dans les rangs très sérieux de la CFDT, les jeunes militants applaudissaient : “c’est le théâtre du soleil, je crois! c’est magnifique. Et c’est super d’apporter un peu d’innovation dans le mouvement.”
Peu à peu, enseignants et “indépendants” en tous genres sont venus grossir les rangs du Soleil.
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“Je me reconnais dans le parti du théâtre bien plus que dans tout autre parti, confia une sexagénaire toute légère et souriante. Car quand il est bien fait, le théâtre est ce qui implique l’engagement le plus profond de l’individu, qu’on soit acteur ou spectateur”.
L’intervention de Mnouchkine témoigne en tout cas d’une foi profonde dans l’efficacité politique du théâtre. “Le rôle des artistes, c’est d’apporter un peu de forme, d’images et de rythme au mouvement. C’est pour cela que nous nous mettons au service de la manifestation”, justifie tout simplement la metteur en scène.

10 octobre 2010

La France unie, c’est la France qui parle avec confiance, sans arrogance en Europe et dans le monde

Discours de Ségolène Royal, prononcé lors de la convention du parti socialiste sur la nouvelle donne européenne et internationale le samedi 9 octobre. 

"Chers amis, chers camarades,

Cher Laurent et Jean-Christophe, Harlem, Élisabeth et Hubert et vous, tous et toutes et les amis de nos délégations étrangères, je suis très heureuse de m’exprimer devant vous car la nouvelle donne internationale et européenne, l’objet de cette convention avec l’excellent texte, qui fait l’objet de nos débats autour de cinq idées fortes, nous réunit aujourd’hui.

Ce sujet fondamental touche à ce qu’il y a de plus essentiel dans la vie des peuples et des nations. En effet, la politique étrangère nous parle de paix et de guerre, de sécurité, de précarité, de prospérité et de misère. La politique étrangère nous parle aussi de l’un des plus vieux mythes de l’humanité, celui de Babel dans un monde contradictoire, divisé par des puissances que la politique doit organiser. Elle nous parle aussi du visage que nous offrons au monde avec la manière dont nous recevons l’autre dans notre intimité nationale et nous parle de promouvoir nos valeurs dans le respect et la reconnaissance de chacun. Elle nous parle de désir de maîtriser notre destinée, de notre liberté, de notre capacité de dire oui ou non, de délivrer un consentement ou un refus farouche à ce qui nous semble injuste et dangereux alors que ceux du pouvoir renvoient l’image d’un démocratie erratique, incohérente, sans noblesse et sans grandeur.

Notre rôle est de dire ce qu’est la politique étrangère de la France, ce qu’elle est devenue et celle qu’elle devrait être. Et au sein de l’Internationale Socialiste qui rassemble des représentants animés du même idéal, venant des pays riches ou des pays pauvres ou émergeants, les mots que je viens d’utiliser sont faibles par rapport à ce qu’on entend.

Et forte de cette expérience et des contacts internationaux, je voudrais vous dire deux ou trois choses par rapport à l’ensemble des travaux, pour donner deux ou trois éclairages particuliers.

D’abord vous dire que la politique étrangère, ce n’est pas une technique désincarnée, c’est un miroir de nous-mêmes et un reflet d’un projet de civilisation, c’est évident, la politique étrangère de la France est inséparable de ce que nous sommes, de notre identité et de nos valeurs.

Elle est forte si nous sommes forts, crédibles si nous sommes assurés. Et à ceux qui voient les relations internationales ou la construction européenne comme un jeu dont l’essentiel nous échapperait. A ceux qui se résignent à une forme d’impuissance, je voudrais qu’ils entendent notre message d’espoir, de volonté et de détermination :

L’efficacité de la politique étrangère dépend d’abord de ce que nous sommes et du projet de civilisation que nous portons.

C’est pourquoi une démocratie active, dynamique, capable de faire entendre la voix de la France, c’est d’abord une politique intérieure qui renvoie au monde l’image d’une société unie, forte, confiance et rayonnante.

C’est pourquoi une France divisée est une France affaiblie. Mais la France unie, c’est la France qui parle avec confiance, sans arrogance en Europe et dans le monde. C’est pourquoi une France appauvrie par le chacun pour soi est une France gagnée par le doute et le repli, une France qui rejette l’étranger, qui n’est plus respectée. A contrario une France qui partage équitablement ses richesses entre ses enfants, c’est la France qui renoue avec sa promesse républicaine.

On ne forge pas une diplomatie offensive avec des Gandrange, des Molex ou des Continental, ni avec des millions de personnes dans le rue pour sauver le fruit de leur travail, leur droit à la retraite avec des revenus décents.

On ne forge pas une diplomatie offensive avec la ghettoïsation des oubliés de la République. Clichy-sous-Bois, Argenteuil et d’autres sont très entendus par l’ambassade des États-Unis, plus présente que notre propre gouvernement.

La diplomatie prend son essor à partir de milles échanges que ces citoyens sécurisés et en confiance entretiennent avec le monde environnant. Elle se nourrit des petites et moyennes entreprises innovantes dans laquelle un ouvrier qualifié apprend l’anglais, qui forme les ouvriers aux technologies mise en œuvre par cette entreprise.

Je tire une leçon pour l’avenir : en affaiblissant le projet républicain de la France, en rompant avec une tradition d’accueil plus que bicentenaire, offrant le spectacle navrant de prisons délabrées, en ne dotant pas la France d’une politique efficace pour que ses entreprises innovantes s’engagent sur le marché actuel, le gouvernement a pris le risque d’affaiblir notre image dans des proportions inédites et indignes de la cinquième puissance mondiale.

Car la République exemplaire, nous la devons à nos efforts, et nous la devons aussi à ceux qui nous regardent, qui aiment tant la France et qui se désespèrent du spectacle qu’on offre aujourd’hui. On le doit à nos amis qui craignent le chemin que nos gouvernants nous font prendre.

Nous la devons aux militants des droits de l’homme, à Sakineh, à San Suu Kyi pour que vienne un espoir et puis aux organisations non gouvernementales qui après le demi-succès de Copenhague veulent que l’humanité devienne raisonnable.

Notre responsabilité, c’est de réaffirmer ce qu’est la France de manière simple et limpide, une République juste, intransigeante sur le respect de ses valeurs, une nation digne et ouverte, un pays entièrement engagé dans l'Europe.
Et aux pays et peuples amis et allié qui s’inquiètent, nous disons que les critères ethniques, ce n’est pas la France, nous disons que l’agressivité et le manque de respect à l’endroit de l'Union européenne, ce n’est pas la France, nous disons que les propos blessants sur l’homme africain pas encore entré dans l’histoire, ce n’est pas la France.

Et aux Français qui nous écoutent aujourd’hui et qui nous entendront demain nous disons notre volonté, nous socialistes, de rendre à notre pays la fierté et l’honneur d’appartenir à la France.

Nous voulons renouer avec une France de fraternité aujourd’hui affaiblie, nous voulons éprouver la fierté de retrouver la joie des retrouvailles avec nos amis en Afrique, au Maghreb. Volontairement à un projet collectif puissant, c’est le Brésil de Lula qui nous en donne le meilleur exemple.

Ce Brésil que l’on disait à bout de souffle, qui était prêt à basculer dans la misère totale au moment où Lula est arrivé aux responsabilités et qui est passé du 13 au 8e rang mondial !

Quand je rencontrais le président Lula en avril dernier, il me disait que ce dont il était le plus fier, et ce qui lui avait permis de faire levier à l’intérieur de son propre pays, mais aussi levier sur la présence du Brésil sur la scène internationale avec les mêmes valeurs, les mêmes idées, les mêmes principes, j’en retiendrai trois.

D’abord sa conviction profonde que le social est le facteur majeur du développement et de la croissance économique, c’est ce résultat extraordinaire qui lui a permis de sortir 20 millions de Brésiliens de la misère avec sa réforme des Bolsa Familia, des bourses qui sont données aux familles en précarité en échange de l’obligation éducative pour leurs enfants, mais aussi avec le relèvement des bas salaires et des petites retraites, il a réussi à redresser son pays.

Sa deuxième idée, c’est l’affirmation et la réhabilitation du rôle de l'État par la création d’un vrai capitalisme d’État et le voilà, lui, petit ouvrier, titulaire d’un seul CAP de tourneur-fraiseur, se retrouvant face aux banques, contrôlant la production des matières premières dans son pays.

Enfin la démocratie participative : rien ne s’est fait au Brésil sans cette conviction profonde que les réformes justes et durables ne peuvent pas se faire contre les peuples, mais avec le peuple. Et vous voyez que ce sont ces mêmes principes qui ont aussi forgé sa politique diplomatique et qui ont permis au Brésil de trouver pour la première fois une telle place à l’échelle de la planète et de s’ériger en puissance médiatrice dans plusieurs conflits du monde.

La politique étrangère doit être appuyée sur une vision stratégique : ceux qui ont oublié la France, ceux qui ont pensé ici à la tête de l'État à leur éphémère éclat politique avant de penser au bien commun, ceux- là ont dilapidé le crédit dont jouissait notre diplomatie.

Au lieu de garder un cap autour d’une vision et de valeurs à protéger, ils ont fait une politique de coup d’éclat qui a servi de paravent au vide de la réflexion stratégique.

Par exemple, l’avènement de l’union de la méditerranée, point d’orgue d’un 14 juillet auquel Bachar el Assad assistait, a été oublié. Dès lors que tout était sacrifiable sur l’autel du retentissement, plus rien n’avait de valeur, c’est cela l’histoire de notre diplomatie depuis 2007 et c’est celle d’un oubli de l’essence de la politique étrangère entendue comme une défense de notre indépendance.

Notre politique étrangère est devenue contradictoire, illisible et des décennies de patrimoine lentement accumulée par le gaullisme et la gauche ont été dilapidés.

Notre politique étrangère doit donc retrouver cette constance, cette force d’âme, cette conscience d’elle-même nécessaire pour refuser toutes les formes d’alignement, tous les conforts de pensée, toutes les réductions hâtives, et d’abord il faut cesser de défendre des positions à contretemps de l’histoire, la réintégration du commandement militaire de l’OTAN en est la preuve flagrante car nous avons a lors que le monde était en train de Basculer dans autre chose.

Nous devons être dans un mouvement d’ouverture.

Dans les années 60, le général de Gaulle avait saisi l’importance du pont entre le monde de l’Ouest et celui de l’Est cette attitude est plus pertinente que jamais car le monde a besoin de pays qui jouent le rôle de médiateurs, voire de recours politique et moral, cela vaut pour nous et pour l'Europe dans son ensemble. L’indépendance de la politique étrangère n’est pas destinée à flatter l’esprit cocardier, en évitant d’être marquée par l’assignation à un seul camp.

Plus que jamais il faut donc doter la France et l'Europe d’une vision politique et stratégique, ce à quoi s’emploie cette convention avec le texte qui a été adopté par les militants socialistes car les idéaux de paix, qui sont les nôtres aujourd’hui, ne sont pas des horizons qu’il faut invoquer au détour d’un discours, ils sont les fondements de notre puissance et de notre force. Nous parlons d’Europe de la défense, ce n’est pas qu’un dispositif militaire auquel nous pensons, mais un pilier fondé sur le droit, l’esprit de justice et l’indépendance.

C’est pourquoi nous devons, c’est une idée qui m’est chère, construire les États-Unis d’Europe.

Avec des institutions lisibles, reflets d’un gouvernement européen pour les peuples et par les peuples d’europe, mais surtout avec un projet politique de civilisation qui donne à l’Union la force d’être à la hauteur de ce que l’on attend d’elle dans un monde qui risquerait, sinon de précipiter sa marginalisation.

Pour terminer, je voudrais rappeler qu’en effet la politique étrangère est inséparable de ce que nous sommes et inséparable d’une manière de gouverner, une présidence qui échoue l’intérieur ne doit pas attendre de la politique étrangère qu’elle lui offre une quelconque excuse.

Celui qui divise à l’intérieur divise à l’extérieur, celui qui ne respecte rien à l’intérieur, ne respecte rien ni personne à l’extérieur, et c’est notre diplomatie tout entière qui s’en trouve affectée. Rien ne se bâtit sur la désinvolture et encore moins sur l’humiliation.
Tout se construit avec le sens du devoir à accomplir pour que l’histoire de France se remette en marche dans le bon sens, celui de la paix, de la justice, justice sans laquelle il n’y a pas de paix durable.

C’est avec ces lignes que nous reconstruirons une politique étrangère digne de la France et de l'Europe, et de la France dans le monde. Car n’oublions jamais notre devoir de fidélité à l’histoire, à l’histoire la France, grande histoire, certes pas uniforme, avec des moments sublimes et des abîmes et la grande lumière jamais éteinte de la Révolution française qui a donné au monde une constitution.

La France, c’est ce pays qui n’est jamais aussi grand que lorsqu’il l’est pour tous, la France, ce sont des valeurs exigeantes et belles, des valeurs universelles, qui rayonnent et que nous devons porter haut pour ne pas décevoir ceux qui ont foi en nous, et qui attendent tant de nous.

Chers amis, chers camarades, oui, nous le ferons !"