8 novembre 2010

Les Sarkozystes, ça ose tout…

07 novembre 2010 

«…C’est même à ça qu’on les reconnaît » aurait pu dire Michel Audiard… chaque semaine qui passe me conforte dans cette intuition.

Ça ose suggérer la suppression du salaire de Martin Hirsch qui a eu le mauvais goût de dénoncer les conflits d’intérêt ; mais ça ose dans le même temps s’adonner allègrement aux nominations de complaisance au Conseil économique et social ou au Conseil d’État où on pourra désormais se rendre en patins à roulettes ou à vélo…
Ca ose prétendre que la France a bien résisté à la crise quand les derniers chiffres officiels font état de 4,6 millions de chômeurs et de précaires tenus hors d’un emploi a temps complet et durable ; ça ose et continuer d’afficher un taux de chômage à 4,5% d’ici trois ans, quand il flirte aujourd’hui avec les 10% ; ça ose fonder le désendettement de la France sur des prévisions de croissance sans rapport avec la réalité, quitte à soutenir un très gros mensonge à la face de l’Europe… pour combien de temps encore ?
Ça ose la démagogie de supprimer l’aide médicale d’État aux sans-papiers au mépris de leur santé et des risques sanitaires d’une absence d’accès aux soins ; ça ose aussi réduire de près de 2 milliards d’euros l’aide au développement dans les prochains budgets de l’État sans doute parce que ça pense que la misère, comme la maladie, est plus facile à vivre au soleil…
Ça ose rester sourd aux mouvements sociaux soutenus par 60% de la population, comme aux mises en garde des économistes, libéraux ou keynésiens, sur les insuffisances de la réforme à sauver nos retraites, ça ose, comme le disait avec émotion Pierre Mauroy au Sénat il y a quelques jours, « liquider en catimini » la retraite à 60 ans comme si on pouvait abolir l’histoire ;
Ça ose resservir, par la voix de Jean-Marie Bockel cette fois (tristement très bon élève du sarkozysme à la veille du remaniement), l’antienne de la détection dés l’âge de deux ans de la délinquance. Comme toutes les droites réactionnaires du monde, obsédées du contrôle social, ça convoque génétique et neurosciences en renfort des politiques sécuritaires et d’une justice automatique qui soigne par injonction, condamne par présomption ou enferme par précaution sur la seule foi de la dangerosité…
Ça ose parler des droits de l’homme avec Hu Jintao (ça c’est bien !), « parce qu’il n’y a pas de tabou sur la question des droits de l’Homme » (dixit Nicolas Sarkozy). Question: Ont-ils parlé du dissident Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix, quant au même moment, des réfugiés politiques chinois en France étaient embarqués manu militari pour avoir manifesté au passage du cortège ? Ont-ils aussi évoqué les récentes décisions du Conseil constitutionnel et de la Cour européenne des droits de l’homme sur la garde à vue, l’affaire des Roms, l’état des prisons françaises, l’espionnage des journalistes par les renseignements français qui sont autant d’atteintes aux droits de l’homme dans notre vénérable démocratie ?
Alors c’est vrai, cela pourrait être pire, on pourrait avoir Sylvio Berlusconi comme Président et « Benga, Benga » comme information quotidienne… Il n’empêche que Villepin m’aura vraiment enlevé les mots de la bouche le jour où il soulignait : « Nicolas Sarkozy est aujourd’hui un des problèmes de la France et parmi les principaux problèmes qu’il faut régler et qu’il est temps que la parenthèse politique que nous vivons depuis 2007 soit refermée »!

7 novembre 2010

Quota imposé pour les femmes aux élections ..en Egypte

Evénement
Elections Législatives. Désormais, on ne pourra plus mettre les femmes à l’écart, un quota de 64 sièges leur est réservé au parlement. Un test autant pour les candidates que pour la société, en majorité conservatrice.
Une place à elle
Sur la route qui mène à la ville d’Aga dans le delta du Nil s’affichent des portraits et des slogans alors qu’officiellement, la campagne électorale ne débute que dans une semaine. Sabah fait le tour des petites maisons en briques rouges. Là où elle a pu, elle a peint son nom sur les façades. « Cela fait deux mois », raconte-t-elle. Un ouvrier passe chez les habitants qui « sont d’accord » pour écrire en rouge son nom complet. Prénom, prénom du père et nom, et à côté, un oui et le signe juste pour « la candidate au siège des femmes ». Parce que pour la première fois dans l’histoire de l’Egypte, les Egyptiens vont se diriger aux urnes pour le scrutin législatif pour élire, entre autres, 64 femmes, dans cette Egypte faite de moitié hommes, moitié femmes (49 % de la population sont des femmes, selon le dernier recensement officiel). Une loi votée l’an dernier par le Parlement, réservant ainsi ce nombre de sièges aux femmes aux côtés des 454 sièges classiques. Un quota à objectif « positif » pour augmenter le nombre des femmes à l’Assemblée du peuple qui, aujourd’hui, ne compte que 8 députées, dont seulement 2 élues.
L’expérience est tentante pour les partis politiques, à part le Parti National Démocrate (PND, au pouvoir), surtout pour récolter des sièges lors des élections qui tournent quasiment toujours en faveur du parti au pouvoir avec plus des trois-quarts des sièges. Le Wafd, le parti libéral et plus ancien du pays, avance ainsi 17 candidates, le Nassérien parle de 6 femmes, le Tagammoe de gauche compte sur 9 femmes sans compter des autres petits partis comme Al-Ghad et les indépendantes, dont un bon nombre de stars. C’est d’ailleurs le phénomène le plus marquant qui accompagne ce premier scrutin-femme. Des actrices, speakerines et jeune politiciennes éprouvent désormais une ambition pour réserver un siège procurant de l’immunité sous la voûte argentée au centre-ville (lire encadré page 4).
Concrètement, les électeurs devront élire de façon obligatoire deux femmes dans chaque gouvernorat, aux côtés des autres candidats, les deux sexes confondus, puisque les femmes pouvaient également se présenter avec les hommes sur les listes électorales. Et c’est le choix de beaucoup d’entre elles. Des femmes comme Gamila Ismaïl, ancienne épouse du candidat à la présidentielle de 2005 Aymane Nour, ou Amal Osmane, la plus ancienne député du PND, ont préféré entrer dans le « fair play » devant les hommes. Elles optent pour la candidature classique et non celle du quota. Ismaïl affronte ainsi un homme fort du parti au pouvoir dans la circonscription de Qasr Al-Nil, et Osmane devrait faire face à un énième combat devant les Frères musulmans (lire portrait page 5). Pour elles, le quota c’est pour les « nouvelles », celles qui se jettent pour la première fois dans la course électorale. Mais pour l’opposition, c’est un moyen de contourner la loi électorale en cours qui a abrogé le système électoral par « liste », optant pour le scrutin « individuel ». Un changement qui aurait contribué à ce recul de la femme et de son statut politique, liant son sort à une décision politique sur initiative personnelle du chef de l’Etat. Ce n’est que 5 ans après la Révolution de Juillet que les Egyptiennes avaient pu se porter candidates aux élections. Rawia Atteya était la première à oser défier les hommes sous l’impulsion du président Nasser. Et avant, le rôle de la femme était lié au mouvement nationaliste et à la lutte pour l’indépendance. « Ni élire, ni être élu », ainsi était-il. Aujourd’hui, le quota devrait changer la donne. Un système qui sera limité à deux scrutins législatifs, soit 10 ans.
« Un premier objectif est atteint », au moins c’est que croit un cadre du PND. Pour lui, les candidates et leurs partisans ont fait preuve d’activisme politique qui, dans certains cas, a dépassé celui des hommes.
Le cadre du parti au pouvoir parle de l’expérience de sa formation qui, la semaine dernière, a tenu dans toutes les villes principales des « congrès des gouvernorats » et à l’occasion un « scrutin interne », pour choisir entre toutes les femmes-PND espérant se retrouver sur la liste de leur parti.
Dans la salle de congrès de l’Université d’Al-Azhar, tous les préparatifs étaient en place. Gamal Moubarak, fils du président et chef du comité des politiques du parti, devait intervenir. Avant lui, c’est tout un processus électoral. Les femmes candidates au Caire passaient l’une après l’autre pour se présenter et essayer de convaincre leurs collègues au parti de voter pour elles. 3 minutes pour chacune, c’est tout. Devant la grille de l’entrée, la campagne battait son plein. Des partisans des candidates sont venus de différents coins de la capitale à bord de bus, privés et publics, affiches à la main, pancartes géantes, tracts et slogans à l’appui.
On chante le nom de la candidate et celui de son quartier. Plus de 3 heures passent, les supporters passent à la pause. Sandwichs et boissons, fournis par les futures députées, passent entre les mains. Une scène vouée à se répéter avec quelques différences dans les détails, le 28 novembre. Rendez-vous aux urnes, spéciales femmes. Ainsi veut le nouvel amendement apporté à la hâte à la loi de l’exercice politique. Un bulletin aussi pour voter femme séparément des autres bulletins et des urnes femmes. Une tâche gigantesque pour le ministère de l’Intérieur qui, d’ici le jour du vote, et en fonction de la modification de la juridiction, est obligé d’assurer le double du nombre prévu d’urnes.
Samar Al-Gamal