12 février 2010

La crise a bon dos

Dans un précédent billet ("La crise avant la crise"), je démontrais, chiffres sur table, que la crise économique et financière de notre pays avait largement précédé la crise mondiale, qui n'avait fait qu'accélérer un processus déjà engagé par la mauvaise gestion gouvernementale.
C'est aujourd'hui l'ombre mémorable de Philippe Seguin qui apporte une nouvelle confirmation avec la publication du dernier rapport annuel de la Cour des comptes, largement marqué de l'empreinte de son Premier Président décédé.
Il démontre que la mésaventure des pays européens tels que la Grèce peut, structurellement, presque mathématiquement, arriver au nôtre si des mesures de redressement des comptes publics ne sont pas prises. L'emballement de la dette publique, déjà amorcée avant la crise mondiale, pourrait aboutir à ce que la charge des intérêts de cette dette dévorent, en 2013, 10% de ce que rapportent les prélèvements obligatoires. Soit 90 milliards d'euros ou 3500 euros par personne ayant un emploi.
La Cour statue que l'explosion du déficit public, passé de 3,4% du Produit Intérieur Brut fin 2008 à 7,9% fin 2009, n'est due que pour moitié à la crise, l'autre moité correspondant à un déficit structurel, indépendant de la conjoncture internationale. Ceci principalement en raison d'une progression excessive (et pour tout dire déraisonnée) des dépenses publiques et par des défiscalisations sélectives en 2009 pour un montant de 1,2 milliards d'euros. Ces nouvelles niches fiscales s'ajoutant aux anciennes, le manque à gagner pour l'Etat chiffre à 70,7 milliards d'euros.
"Les caisses sont vides, elles ne sont pas pour autant inépuisables" disait Philippe Seguin. Nous glissons sans contrôle vers la banqueroute si l'Etat ne redresse pas la barre en diminuant les dépenses et les cadeaux fiscaux, en réduisant son train de vie, en assurant une bonne gestion et un bon contrôle des rentrées fiscales et, inéluctablement, en augmentant les prélévements obligatoires. Si tout cela est fait avec équité (le contraire d'aujourd'hui), les Français le comprendront.
Devant ce diagnostic, aussitôt contesté par Bercy en la personne d'Eric Woerth (pas très flambant pourtant cet après-midi à l'Assemblée), espérons que le gouvernement n'ait pas l'idée de nommer à la tête de la Cour un Ministre ou un Secrétaire d'Etat dont il espère plus d'obédience et de compliance...
 
Michèle delaunay
le mercredi 10 février 2010

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