10 septembre 2010

A vous de juger (le monde)

  Que retenir de l'émission "A vous de juger" consacrée jeudi soir 9 septembre sur France 2 à la réforme des retraites ? La prestation souriante, sereine et décontractée de François Fillon ?
 
Ou bien celle, plus vigoureuse et passionnée, mais toute aussi convaincante, de Ségolène Royal ?
!
Ce fut à l'évidence une soirée riche d'enseignements politiques. S'agissant du premier ministre, disons, au risque de nous tromper, qu'il semblait d'autant plus à l'aise qu'il donnait l'impression d'être sur le départ. Répondant aux questions, plutôt bienveillantes, d'Arlette Chabot et de Jean Boissonnat, il s'est livré à un exercice de pédagogie d'autant plus réussi que personne ne lui portait vraiment la contradiction. Calme, compétent, il entendait démontrer que le projet de réforme du gouvernement, étant donné la brusque aggravation de la situation économique du fait de la crise, est le seul susceptible de sauver le système par répartition. Attentif à ne pas sous-estimer l'ampleur de la mobilisation de mardi 7, il déclara : "Ce n'est pas une réforme facile. Je comprends parfaitement l'inquiétude des Français." Avant d'ajouter : "Il faut dire la vérité : si l'on ne travaille pas plus longtemps, on ne cotisera pas plus, et c'est tout le système qui sera en péril."
 
Bien entouré - de nombreuses personnalités de la majorité assistaient à l'émission, parmi lesquelles Christine Lagarde, Roselyne Bachelot, Nadine Morano, Xavier Bertrand, Gérard Larcher, Luc Chatel -, nulle tension ne semblait l'habiter. "Je vous trouve extrêmement détendu et serein, plus qu'avant", lui confia Arlette Chabot. Manière de sous-entendre qu'il y avait là peut-être anguille sous roche...


Si le premier ministre est peut-être sur le départ, Ségolène Royal, elle, est assurément de retour. Peut-être même est-ce la première fois qu'elle réussit à ce point une prestation télévisée.
 
Evoquant le souvenir de son dernier conseil des ministres présidé par François Mitterrand, elle déclara :
 
"Je le dis solennellement : oui, si nous accédons au pouvoir en 2012, nous rétablirons la liberté de partir à la retraite à l'âge de 60 ans."
 
Les choses étaient dites, avec clarté, sans ambiguïté, et, plus surprenant, reconnaissons-le, de manière argumentée.
 
En l'écoutant, on comprenait - enfin ! - qu'il y a bel et bien deux projets de réforme des retraites, et, plus profondément, deux visions différentes de la société qui s'opposent.
 
"Le système que le gouvernement veut mettre en place est le plus sévère d'Europe", expliqua Ségolène Royal, chiffres à l'appui, avant de conclure par un vibrant : "Nous nous battrons le dos au mur."
 
Ceux qui pensaient que les primaires du PS allaient se résumer à un choix entre Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry ont peut-être parlé trop vite.
 
La Royale est toujours là. Il faudra dorénavant compter avec elle.
Franck Nouchi (Chronique)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire