8 juin 2010

Rénover... vraiment!

Voici le texte alternatif que j'ai présenté ce soir en Commission des résolutions et l'amendement que je défendrai demain en Conseil national.
Gaëtan Gorce, député de la Nièvre 

Secrétaire national à l'exclusion, membre du Conseil national 

Rénovons... vraiment! 

La rénovation n'est pas un gadget qui se limiterait a l'organisation de Primaires (dont nul n'est sûr à 
ce jour qu'elles pourront se tenir). Elle est la condition de la reconquête, le moyen indispensable 
par lequel notre parti doit répondre aux nouvelles exigences de la vie démocratique : demande de 
participation des citoyens et donc des militants à la décision, transparence accrue du fonctionnement 
interne, prise en compte des incidences du quinquennat sur l'équilibre de nos Institutions. Bref, elle 
est le gage et la condition de la modernisation et de la démocratisation du Parti socialiste. 

1) Pour une stratégie de la rénovation ! 
La rénovation du Parti socialiste n'a ainsi de sens que si elle est mise au service d'une stratégie. Il 
est frappant de voir comment notre parti, outil créé, affûté par François Mitterrand pour la conquête 
du pouvoir, s'est progressivement transformé en machine à perdre les élections nationales. Ce 
retournement s'explique par l'extrême médiatisation, l'excessive personnalisation de notre système 
politique qui a contribué à dévaloriser toutes les autres fonctions. 
Mais, reconnaissons-le, le mal est plus profond encore. Ce qui rend nos affrontements internes si 
infructueux, c'est qu'ils reposent toujours sur le même schéma, celui fixé, défini, en 1971 à Epinay 
et que, contre toute évidence, l'on s'efforce de reproduire ou plus laborieusement d'imiter, 
« figeant » paradoxalement pour l'éternité la recette d'un génie de l'adaptation. 
Il nous faut aujourd'hui bâtir un autre parti répondant aux conditions de la reconquête. Dans la 
France actuelle, l'objectif ne peut pas être dès lors de changer nos procédures simplement parce qu'il 
faudrait les changer. Il faut les changer parce qu'elles ne sont plus adaptées au contexte social et 
politique ni à la stratégie que nous devons suivre. Sur quelles bases le parti d'Épinay a-t-il bâti son 
succès, sinon sur une analyse minutieuse et un instinct non moins sûr, de la situation du pays au 
début des années 70 ? 
L’union de la Gauche constituait sa caractéristique première par opposition à ceux, qui 
nostalgiques de la quatrième République, continuaient à rêver d’une petite fédération réunissant la 
Gauche socialiste et le Centre. À la différence de ces derniers, François Mitterrand tirant les leçons 
du scrutin majoritaire et de la présidentialisation du régime, s’était convaincu que la Gauche ne 
pourrait l’emporter que rassemblée. L’union de la Gauche s’imposait à ce titre, le pari consistant à 
1
rééquilibrer puis inverser un rapport de force à l’origine tout à l’avantage du Parti communiste 
français. Le cap, fixé très tôt et maintenu contre vents et marées, fut la clé de la victoire. 
Cette stratégie allait s’avérer d’autant plus efficace qu’elle était portée par le flot montant des 
classes moyennes qui ne pouvaient manquer de se reconnaître dans l’aspiration assumée du PS à 
« changer la vie ». L’alternance de 1981 apparaît, avec le recul, comme l’aboutissement politique 
d'une suite de transformations économiques, sociales et culturelles (dont Mai 1968 fut le symbole). 
Le carcan dans lequel la société française restait pour partie enfermée devait exploser sous la 
pression d’une demande d’initiative, d’autonomie et de liberté. 
La Gauche sut alors mieux répondre aux attentes des catégories salariées qui avaient vu dans les 
années 70 leur nombre exploser, favorisant une mobilité, une promotion sociale inédite à travers 
l’accession à un meilleur niveau de vie et de responsabilité de générations entières d’enfants 
d’ouvriers, d’employés. 
Enfin, la troisième dimension du cycle d’Épinay résidait dans l’organisation méthodique d’un 
parti tout entier tourné vers la conquête du pouvoir et mis au service d’un chef dont le 
leadership pouvait parfois être contesté, mais pas l’envergure présidentielle. 
L’énumération de ces ingrédients qui furent à la base du succès montre combien les temps ont 
changé aujourd’hui et que proclamer la fin du cycle d’Épinay ne constitue pas une 
provocation mais un simple constat dont il est urgent en revanche de tirer les leçons. 
L’environnement économique et social s'est d’abord radicalement modifié. Les fissures 
qui commençaient à lézarder le modèle des années 70 se sont encore creusées, la France 
connaissant une double révolution en l’espace d’une quarantaine d’années. 
À peine achevé, le passage d’une économie rurale à une économie industrielle qui avait mis 
plus de 30 ans à se concrétiser, a débouché sur une nouvelle transformation : la tertiarisation de 
l’emploi qui s’accompagne du déclin voire de la disparition de pans entiers de grands secteurs 
industriels. Le freinage de l’expansion des catégories moyennes est d’autant plus sensible qu’il 
s’est accompagné d’une fragmentation des statuts, d’une stagnation du pouvoir d’achat et d’un 
blocage de la mobilité sociale et professionnelle.  La poussée des médias et des nouvelles 
technologiesl’évolution des modes de vie a encouragé une individualisation accrue des 
comportements sociaux et politiques. Enfin, la précarisation de l’emploi débouche sur une crise 
des modèles traditionnels de solidarité poussant à mettre en cause le poids des prélèvements et la 
légitimité de la redistribution. En clair, la France d’aujourd’hui ne ressemble plus en rien à celle 
de 1971 ni même à celle de 1981. 
Le contexte politique est ensuite bien différent : la Gauche dans ses frontières 
traditionnelles est structurellement minoritaire. Et ses alliés potentiellement affaiblis. 
L’extrême Gauche antilibérale est dans l’impasse : elle se nourrit certes de l’inquiétude d’une frange 
de l’opinion confrontée à la mondialisation ; mais elle est bien incapable de fédérer (la 
présidentielle l’a montré, les régionales confirmé) et par conséquent de peser. Et comment imaginer 
l’avenir bâti autour d’une vision si incurablement négative de la modernité ? Le refus, la 
protestation, la résistance ne font pas une politique. Certainement pas une majorité. Même pas une 
alliance. 
La solution peut-elle venir « d’ailleurs », pour reprendre l’expression charmante de Michel Jobert 
dans les années 70, c’est-à-dire du centre ? Si le Centre du point de vue électoral peut être décisif, 
une alliance avec François Bayrou serait au contraire aventureuse puisqu’elle reviendrait à lui 
déléguer le soin d’incarner la modernité économique et sociale. Laissons donc de côté cette 
chimère ! 
C’est d’abord sur ses propres forces que le parti socialiste doit compter. Il y sera aidé par la 
logique des institutions que favorise la présidentielle. On est passé en 20 ans du fameux quadrille 
bipolaire, chaque camp étant composé de 2 cercles concurrents, à un bipartisme imparfait, l’UMP à 
droite, le PS à Gauche, s’étant assurés une position dominante. 
La question de l'alliance doit passer après celle du projet. C'est celui-ci plus que celle là qui 
créera une véritable dynamique. Parce que les Français veulent des solutions ! 
Et c'est la vocation de notre parti de les construire pour autant qu'il sache s'ouvrir sur de nouvelles 
références sociales, culturelles, écologiques. 
Cela ne doit pas nous conduire à négliger nos partenaires. Nous devons au contraire les traiter avec 
respect. Mais, forts de notre volonté, de nos idées, pas pour leur sous-traiter ce que nous aurons été 
incapables d'imaginer !Ce qui doit nous conduire à privilégier une stratégie qui n'ait pas les 
alliances comme but, mais pour conséquence. L'enjeu est de créer une dynamique qui permette de 
rassembler tant de forces éparses. Le premier acte d'une rénovation réussie devrait être ainsi de 
lancement d'Assises de l'Alternance visant à fédérer toutes celles et tous ceux Socialistes, ex 
communistes, écologistes, simples citoyens. 
Enfin, aucun véritable leadership n'a réussi à s'affirmer, chaque responsable se trouvant obligé de 
composer avec des groupes aux intérêts et aux vues contradictoires. Le dernier congrès de Reims en 
a fourni une épouvantable illustration. Nous ne pourrons sortir de cette situation que le jour où le 
Premier secrétaire sera élu avant le congrès, sur la base la plus large. 

2)  Transformer le PS en une force moderne et démocratique 
Au fond, le Parti socialiste se trouve aujourd’hui un peu dans la situation du parti communiste dans 
les années 60 : on ne peut rien faire avec lui mais on ne peut rien faire non plus sans lui. 
Son appareil est demeuré rétif à la réforme, incapable de se remettre en question, figé dans ses 
archaïsmes et ses querelles. Mais il n’existe pas d’alternative. 
Certes le chantier est immense. Et la tâche à conduire exactement à rebours de celle accomplie entre 
1971 et aujourd’hui. Le PS n’a pas de leader incontestable : il lui faut donc s’en donner un ! Il est 
privé d’alliés sûrs, il lui faudra donc d'abord agir par lui-même ! Il n’est plus porté par le 
mouvement de la société, sa foi dans le changement et le progrès : il devra donc se redonner un 
projet mobilisateur qui tienne compte des réalités de la société d’aujourd’hui. On peut défaillir 
devant l’ampleur du travail à accomplir. On peut aussi y trouver matière à enthousiasme. Plutôt que 
simplement placer ses pas dans ceux des grands anciens, c’est un nouveau chemin qu’il faut ouvrir, 
un nouveau chapitre qu’il faut écrire. 
À ce stade, la question de l’outil est évidemment essentielle. Dans quel état se trouve le parti 
socialiste ? Ai-je besoin d’y revenir, tant on l’a laissé rouiller comme un vieux et grand navire, 
oublié au bord d’un quai ? Tournons-nous plutôt vers les solutions ! 
1) D'abord, supprimons les courants, ou, à tout le moins, remettons-les à leur place ! 
Disons-le tout net, sans langue de bois : le pouvoir au Parti Socialiste est devenu une sorte de rente 
à laquelle les bénéficiaires n’ont pas envie de renoncer. Cette rente, ce sont les courants, les 
sensibilités, héritiers de vrais débats aujourd’hui dépassés et paravents d’ambitions personnelles 
toujours renouvelées. Derrière chaque courant, il y a des places, des avantages à distribuer. La 
logique «proportionnelle » sur laquelle ils sont fondés garantit à chacun sa juste part de mandats 
locaux, nationaux et européens. Il suffit pour y prétendre, de réunir à un congrès, plus de 5% des 
suffrages et la porte s’ouvre sur le grand partage. 
Avec de tels appâts, il n’est pas difficile de se faire une clientèle. La constituer, l’entretenir, protéger 
ses intérêts demande cependant, face aux appétits des concurrents, une dépense d’énergie, un effort 
d’attention, qui ne sont plus disponibles pour les tâches jugées plus ingrates : comprendre les 
mutations de notre société, en débattre, faire vivre les idées. Celles-ci ne sont plus que prétextes à 
des conflits instrumentalisés selon des rites bien connus, ravivés à chaque congrès. Dans un tel 
système, le changement ne peut venir de nulle part. L’on peut sans risque aucun se démarquer le 
temps de se constituer un petit capital, sans perdre pour autant sa place dans les instances de 
pouvoir. Le vent de la défaite électorale peut bien souffler, comme en 1993 et 1995, et même 
redoubler de force et d’intensité comme en 2002 et en 2007, il ne parvient pas à ébranler ces 
casemates calfeutrées qui ne laissent pas passer le moindre air frais. La bataille des présidentiables 
peut même apparaître sans véritables conséquences dans la mesure où elle n’entraîne pas la perte de 
ses véritables joyaux de la couronne socialiste que sont les mandats locaux. On l’aura compris, le 
Parti Socialiste, qui rêve d’une sixième République, a succombé depuis longtemps aux délices de la 
quatrième. 
La solution passe par la suppression ou à tout le moins l'affaiblissement des « courants ». Pourquoi 
faudrait-il lier indissolublement la discussion de fond et les enjeux de pouvoir, au point, comme par 
le passé, de laisser les seconds cannibaliser la première ? Leur rôle ne doit plus en aucune manière 
porter sur à la sélection des candidats, à la direction du parti ou aux fonctions électives qui devront 
répondre au contraire à des critères politiques partagés : la promotion des femmes1, la diversité de 
manière générale, le renouvellement indispensable à vitalité d’une grande organisation. Ces choix 
devront être le fait des militants au scrutin direct, uninominal et majoritaire : un militant, une voix, 
un choix ! Et les courants, si l'on veut les conserver, devront être ramenés à leur vocation première : 
le débat d'idées. D'où la proposition de les doter d’un véritable statut, de mesurer leur influence aux 
parrainages (nombre de militants, de parlementaires) qu’ils pourront recueillir pour se déclarer et 
être ainsi représentés dans des commissions nationales qui devraient devenir des forums 
permanents, contribuant à nourrir la réflexion du parti et de ses instances. 

2) Rendons le pouvoir aux adhérents 
Cette modernisation devra s’accompagner, comme un pendant naturel, d’une démocratisation, c’est- 
à-dire la mise en place de mécanismes de vote individuel, garantissant la primauté des choix des 
membres sur l'autorité des dirigeants. À la méthode surannée des motions, supposée couvrir 
tous les sujets, devra succéder un vote par thème, garant de la clarté des orientations politiques et 
de l’adhésion des membres. Le PS se veut le représentant d’une nouvelle démocratie et ses modes 
de fonctionnement empruntent aux pratiques les plus archaïques de la démocratie représentative. 
D’où l’idée de transformer le « Saint-Tropez socialiste » que constitue désormais l’Université de La 
Rochelle, en conférence nationale annuelle, lieu de travail et de débat, où le poids des adhérents 
serait garanti par un principe simple : un représentant élu par section constituerait cette assemblée 
appelée à se prononcer sur la position que prendra le parti sur l’ensemble des dossiers d’actualité. 
Dans l'intervalle,  des conventions thématiques permettront un vote des militants sur les 
orientations constitutives de notre projet politique. Élaborés pas la Direction à partir des travaux des 
commissions nationales revivifiées, chaque texte et les éventuels amendements déposés, seront 
soumis au suffrage universel des militants. 
Cette démocratie directe sera la meilleure manière de garantir la participation de tous, tout en 
dépassant l’influence et la captation de pouvoir par les anciens courants et leurs dirigeants. Elle 
garantira la continuité de l’axe décisionnel entre un Président du parti issu du choix des militants et 
les orientations soumises au vote. 

3) Pour un vrai « chef de l'opposition » légitimé par les primaires 
Outre les progrès qu’elle ferait connaître à notre démocratie interne, cette formule permettrait enfin 
à la Gauche de se doter d’un parti dont l’organisation serait en parfaite adéquation avec ses 
objectifs à savoir la conquête de la présidence de la République puis d’une majorité parlementaire. 
Le quinquennat a rendu cette mutation plus nécessaire et plus urgente. Devenu un super Premier 
ministre, le Président sortant doit trouver en face de lui, pendant la durée de son mandat, comme 
lors du scrutin présidentiel, un véritable chef de l’opposition, sûr de son autorité politique, tendant 
toutes ses forces vers l’objectif, choisi par un parti dont la base aura été élargie, capable de faire 
valoir ses orientations en en appelant aux militants. Appuyé sur un appareil rénové, il partira à la 
bataille dans les meilleures conditions, en tout cas bien différentes de celles que connut en 2007 
Ségolène Royal. 
Le plus surprenant est qu’une telle évolution ne fasse pas l’unanimité. Certains plaident même pour 
dissocier la désignation du leader du parti de la désignation de celui qui les représentera à la 
présidentielle. Dans le temps, et peut-être même dans les personnes ! J’invite tous ceux qui veulent 
travailler à une véritable rénovation, à se défier de cet argumentaire. Qui ne voit tout d’abord qu’il 
n’a pour objet que de gagner du temps en faisant d’une opportunité un principe. Là encore, les 
présidentiables veulent donner le change. Parce qu’ils ne se sentent pas prêts pour 2010, ils plaident 
pour reporter à 2011 un choix auquel ils veulent participer. 
Mais, n’avons-nous pas été suffisamment instruits par le précédent de 2006 des effets dilatoires 
d’un tel report ? Pouvons-nous imaginer et supporter une nouvelle querelle des chefs, larvée, diluée 
dans le temps, qui concentrera l’attention au détriment du travail d’opposition et de la 
reconstruction. Et quelle sera l’autorité d’un premier secrétaire privé de la possibilité de se présenter 
à la présidentielle ou s’il ne l’est pas, soupçonné de n’agir que dans ce but ? Et quelle sera sa 
légitimité s’il devait, au bout du compte, se voir préférer un autre candidat ? Toutes ces expériences, 
nous les avons faites. Nous avons vécu ces épreuves, traversé ces crises. 
Ne pouvons-nous pas, une fois pour toutes en tirer les leçons ? Tout, l’histoire récente, l’évolution 
des institutions, les attentes de l’opinion plaident pour une unité de direction et le choix rapide de 
celui ou celle qui devra l’assumer avec pour contrepartie naturellement, d’en rendre compte en cas 
d’échec, en abandonnant automatiquement sa « couronne». 
D'où la question des primaires qui doivent être le moyen de la transformation souhaitée du parti 
socialiste, alors c’est naturellement dans ce sens qu’il faut aller. Celles-ci devront être le plus large 
possible si l'on ne veut pas limiter le choix aux seuls personnalités acceptées par leurs pairs, la 
candidature doit être ouverte à toute personne soutenue par au moins un parlementaire ou un 
membre du conseil national. Et l'élection se déroulera sur un seul tour : qui peut croire qu'un 
candidat incapable de créer un élan majoritaire dès le premier tour des Primaires socialistes, qui ne 
soit capable de s'imposer qu'après négociations et arrangements, puisse rassembler les Français ? Il 
faut faire le pari d'une dynamique ou alors en rester à nos tristes pratiques actuelles ! 
Enfin, il faut que ces Primaires aient lieu le plus tôt possible, c'est à dire avant la fin de l'année, pour 
que celui ou celle qui sera désigné puisse à la fois incarner l'opposition et piloter la rédaction du 
projet dans lequel nous serons engagés. 
Une telle formule supposerait naturellement qu’à côté de ce Président élu travaille un secrétaire 
général qui se consacre exclusivement au Parti et qu’à un conseil national moribond (actuellement 
élu sur la base des motions2) soit substitué un forum national élu au scrutin de liste uninominal, 
à l'échelle départementale. Ainsi les délégués des militants seraient bien les délégués des 
militants ! 
Notre parti est encore solide : un réseau militant qui couvre tout le territoire et que l’espoir peut 
remobiliser comme l’a montré le succès des nouveaux adhérents ; un nombre considérable d’élus 
locaux dotés d’une légitimité incontestable auprès de nos concitoyens, doués d’une vraie 
compétence et d’une expérience du pouvoir, trop peu sollicités et dont la capacité d’initiative et 
d’invention peut s’user sous l’effet du cumul des mandats ; une position électorale enfin, 
stratégique, centrale, forte, décisive et que la succession d’échecs n’a pas entamé mais, au contraire 
si l’on en juge par la réaction de 2010, renforcé. 
Il existe donc un potentiel ! Encore faut-il le valoriser, le renforcer, l’élargir, voire même le dilater. 
La cible est claire. Elle est constituée par ses milliers de militants, ses centaines de milliers 
d’électeurs en provenance du reste de la Gauche et pour partie du centre, et aujourd’hui en 
déshérence. C’est à eux et non aux appareils, qu’il faut d'abord s’adresser. 
C’est d’eux que viendra la régénération du parti socialiste. La Gauche en arrive à une nouvelle 
étape de son histoire. D’abord républicaine, tout au long du dix-neuvième siècle, puis radicale et 
enfin socialiste, elle entre désormais dans une nouvelle ère, qui suppose, comme à chaque étape, le 
dépassement de son identité précédente. La nouveauté de la période qui s’ouvre tient peut-être au 
fait que jusqu’alors la mue s’était faite au bénéfice de son aile la plus à Gauche, à travers un 
processus de radicalisation qui s’est interrompu avec le communisme, marquant mieux encore 
l’originalité de la période qui s’annonce. Il ne s’agit plus de céder à la pente naturelle d’un 
sinistrisme accentué qui a marqué tout notre vingtième siècle, mais de réussir la synthèse d’un 
courant issu de l’économie industrielle, le socialisme, avec ceux issus de sa crise. L’écologie 
naturellement mais aussi les mouvements de société comme le féminisme ou ceux pour la diversité 
culturelle ou sexuelle ou la lutte des consommateurs... 
Il n’y aurait qu’avantage dans ces conditions à faire désigner notre leader en amont d'Assises de 
l'Altenative. 
5) Inventer un nouveau militantisme 
Sur ces bases, l’organisation à construire devra donc être avant et par-dessus tout attractive, c’est-à 
dire le contraire d’un appareil coopté malthusien. La formule des adhérents à 20 euros avait en 
quelque sorte ouvert la voie. 
2 
 et dont les membres ne peuvent supporter d'y siéger plus de deux heures d'affilée si l'on en juge par l'absentéisme 
croissant au fil des discours. 
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Elle doit être renouvelée et même institutionnalisée. L’adhésion doit changer. Elle peut et doit 
prendre plusieurs formes comme la citoyenneté moderne qui en est le fondement. À motivation 
différente, réponse adaptée. 
Pourquoi faudrait-il être choqué que le militantisme traditionnel coexiste avec d’autres formes 
d’engagement qui se traduiraient par des contributions ponctuelles mais informées ? Pourquoi le 
premier ne devrait-il pas, à défaut d’être professionnalisé, ce qui en changerait la nature, être 
organisé et modernisé à l’instar de ce qu’ont fait nos amis du Parti Socialiste ouvrier espagnol par 
exemple ? Ceux-ci se sont dotés d’une force militante percutante, facilement mobilisable et utilisant 
des méthodes ouvertes de communication : porte à porte systématique, mailing ciblé connecté à des 
campagnes d’informations nationales permettant de garantir l’impact et la cohérence du message. 
Que la direction du PS ne dispose d’un fichier central de ses adhérents que depuis quelques mois et 
toujours pas d’un fichier centralisé des sympathisants, établi pourtant par ses sections et ses élus, 
apporte la preuve d’un amateurisme qui n’est plus guère acceptable aujourd’hui. Non pas qu’il 
s’agisse de confondre l’organisation d’un grand parti avec celle d’une entreprise, mais simplement 
au nom d’un principe simple, qui veut que si l’on croit à ses idées, l’on se donne les moyens de les 
faire triompher. Et que dans une société où la communication tient une si grande place, notre 
devoir est d’utiliser des techniques modernes à partir desquelles la diffusion de notre message peut 
être assurée. 
Une telle évolution devra ouvrir sur la création de sections thématiques, en plus des sections 
territoriales, pour permettre à celles et ceux qui le souhaitent, d’apporter leurs compétences, 
leur expérience et leur contribution à l’approfondissement de la réflexion collective. Une telle 
démarche supposera aussi une véritable formation de nos cadres dont un réseau devra pouvoir 
organiser, animer les réunions. Se dessinera alors un parti moderne, citoyen, bouillonnant à la base, 
offrant à ses membres une vraie capacité de mobilisation et d’expression. 
On l’aura compris : la solution que je préconise suppose une rupture. Rupture avec les habitudes 
certes d’un parti ankylosé par ses courants, divisé par ses chapelles, en contradiction avec l’objectif 
même qu’il s’assigne pourtant ouvertement ; rupture par conséquent avec une règle, la 
proportionnelle qui ne sert plus que de prétexte à des ambitions concurrentes. 
Ce nouveau militantisme ne serait pas complet s'il ne s'accompagnait d'un renouvellement que 
faciliterait l'instauration du mandat unique. Les élus qui se trouveront en situation de cumul à l'issue 
des prochaines élections politiques devront choisir entre leurs différents mandats au plus tard en 
2014, lors du prochain renouvellement général. Cette rupture, nous devons l'assumer sans 
hésitation, elle concrétise le passage d'une époque à une autre. Doté d'un leader choisi par tous les 
électeurs de la Gauche, dans le cadre de Primaires organisées avant la fin de l'année, conforté par 
des Assises de l'Alternative qui concrétiseront le rassemblement opéré lors des Primaires, appuyé 
par une Direction élue par le Congrès au scrutin majoritaire, enrichi par des « sensibilités » 
uniquement orientées vers la préparation de conventions thématiques, bases de notre futur projet, 
cet autre parti socialiste sera prêt à assumer la relève politique et électorale que nous appelons tous 
de nos voeux pour 2012. D'une certaine façon, il est réconfortant de penser que ce changement 
dépend de nous autant que du candidat dont nous nous doterons : c'est le prix, et la vertu, de la 
démocratie! 

6 juin 2010

La Région Poitou-Charentes lance le 1er FCPI dédié aux Eco-Idustries

Ségolène ROYAL, Présidente de la Région Poitou-Charentes, avec la société de gestion Alto Invest, annonce le lancement du 1er FCPI dédié aux Eco-industries : le FCPI Poitou-Charentes Croissance verte & Innovation.
 
Première initiative de cette nature et de cette ampleur en France, ce Fonds Commun de Placement dans l'Innovation (FCPI) a pour objet d'investir en fonds propres dans les PME innovantes et de Croissance verte implantées en Poitou-Charentes. Au moment de la crise économique et financière, ce fonds représente une nouvelle opportunité pour les PME régionales de financer leur développement et de participer à la mutation écologique, sociale et solidaire de l'économie.
 
Ce FCPI investira plus particulièrement dans les filières d'avenir des Eco-industries et de la Croissance verte, qui connaissent un développement soutenu en Poitou-Charentes et fortement encouragé par la Région. C'est un nouveau levier financier qui se créé en région Poitou-Charentes pour contribuer au développement des PME et des emplois dans les filières d'avenir, alors que l'accès au crédit est toujours difficile.
 
Ce nouveau FCPI permet de plus d'associer les épargnants, dans une logique de « circuit court », au développement des PME et des emplois de leur région Poitou-Charentes. Les épargnants qui le souhaitent peuvent en effet souscrire des parts et ainsi participer au développement des PME innovantes de la Croissance verte implantées en Poitou-Charentes, dans les conditions arrêtées avec l'agrément de l'Autorité des Marchés Financiers.
 
Ce nouveau FCPI est lancé à l'initiative et avec le soutien financier de la Région Poitou-Charentes. Il est géré de manière indépendante par la société de gestion Alto Invest, une société de gestion réputée et expérimentée.
 
La Région Poitou-Charentes confirme ainsi sa mobilisation aux côtés des entreprises, pour contribuer à mieux financer les projets des PME régionales innovantes, et plus généralement pour le développement et la mutation écologique, sociale et solidaire de l'économie régionale.
 
Vous êtes donc invités à investir dans la constitution de ce nouveau FCPI et à y souscrire des parts.
 
Pour participer à ce FCPI et bénéficier des réductions d’impôts (ISF et/ou IR) associées, l’investissement doit être réalisé pour le 15 juin au plus tard auprès de la société de gestion.
 
Pour plus d'informations sur le FCPI et pour souscrire : http://www.fcpi-eco-industries.com

Jean-Louis Bianco : "Ségolène et Martine se voient régulièrement"

royal-aubry.jpg
 
Jean-Louis Bianco, député PS des Alpes-de-Haute-Provence, estime que la présidente de Poitou-Charentes a « la capacité de faire bouger les lignes ».
 
France-Soir. Proche de Ségolène Royal, dont vous avez été le porte-parole en 2007, étiez-vous au courant de la teneur de son intervention sur France 5, dimanche soir ?
Jean-Louis Bianco. Non. Mais je connaissais sa pensée : je savais qu’elle était prête, au nom du rassemblement, à renoncer à ses ambitions personnelles pour 2012. Ce qui la préoccupe, c’est de ne pas se relancer dans une guerre des chefs. Ce serait mortel.
F.-S. Est-il donc déjà acté qu’elle ne se présentera pas aux primaires du P.S. ?
J.-L. B. Non. Au soir des élections régionales, Ségolène avait déclaré qu’elle n’était pas candidate aujourd’hui, mais que rien n’était tranché pour demain. Elle reste dans la même posture. Pour ma part, je souhaite toujours qu’elle se présente aux primaires. Elle conserve une image très forte auprès des jeunes et des classes populaires. Elle a la capacité de faire bouger les lignes.
F.-S. Ségolène Royal a confié s’être rapprochée de Martine Aubry. Comment cela se traduit-il concrètement ?
J.-L. B. Elles se voient régulièrement, se téléphonent… Elles ont beaucoup discuté ensemble du fonctionnement du parti, de la façon dont Ségolène pouvait contribuer au projet. Elle a déposé un texte sur la croissance verte qui a été très apprécié des militants. Le fait qu’elle apporte sa pierre à l’édifice est jugé très positivement.
F.-S. C’est un changement de stratégie pour Ségolène Royal, qui a longtemps préféré rester en marge du parti. Quel a été le déclic ?
J.-L. B. Elle a franchi le pas il y a plusieurs mois déjà, quand elle a déclaré qu’il n’y avait qu’une première secrétaire au PS et que c’était Martine Aubry. C’était un geste fort. Cela signifiait qu’elle enterrait la hache de guerre du Congrès de Reims.

« “Care”, ce mot ne parle pas aux gens ! »
 
F.-S. Si Aubry, Royal et Strauss-Kahn parviennent à s’entendre pour qu’un seul d’entre eux soit candidat à l’investiture socialiste, les primaires ont-elles encore une utilité ?
J.-L. B. La question mérite d’être posée. Dans l’hypothèse d’un accord entre les ténors, à supposer qu’il lie à la fois Aubry, Royal et Strauss-Kahn, il resterait quelques candidats en face, mais de moindre envergure. Cela pourrait frustrer les électeurs. Il faudra peut-être que l’on discute de l’opportunité des primaires. Mais on n’en est pas encore là !
F.-S. Arnaud Montebourg vient de rendre son rapport sur l’organisation des primaires, mais il ne fixe aucune date !
J.-L. B. Le calendrier m’inquiète. On parle désormais de désigner notre candidat(e) pour 2012 en octobre ou novembre 2011. Ce n’est pas bon. Plus le temps passera, plus le risque de résurgence des ego sera fort. Il y a désormais peu de chances qu’on se décide rapidement, hélas ! Je souhaite, pour ma part, que nous nous déterminions à la fin de cette année.
F.-S. Le projet de société défendu par Martine Aubry s’articule autour du « care », le bien-être. Drôle de mot !
J.-L. B. C’est un mot qui ne parle pas aux gens. Cela donne l’impression qu’on est dans la compassion alors que ce qu’ils vivent est très dur. Il faudra définir un autre axe de campagne. Eh oui, il reste du travail !
Cher(e)s ami(e)s,

Comme vous le savez, je me suis battue après la tempête Xynthia qui a frappé le littoral de Charente Maritime et de Vendée pour venir en aide aux sinistrés, puis pour contester avec les élus locaux et les associations l’établissement de zones noires par l’Etat, sans concertation ni transparence.

Hier, le tribunal administratif de Poitiers a donné raison aux associations soutenues par la région obligeant l’Etat à rendre public tous les éléments ayant servi à l’établissement du zonage. Le Gouvernement est aussi condamné à la transparence.

Le gouvernement a manqué de sérieux et de respect.

Dès la publication des zones noires, j’en avais demandé la suspension et il aurait été plus utile que je sois entendue au lieu d’être critiquée. Depuis plusieurs mois, nous nous battons en effet, riverains, associations, élus locaux, pour dénoncer la décision de Nicolas Sarkozy, annoncée au lendemain de la tempête Xynthia, de démolir systématiquement les habitations situées en zone noire. Lesquelles ont été établies sans cohérence et sans concertation, ajoutant au traumatisme de la tempête qui a fait 53 morts et des centaines de sinistrés.

Le gouvernement doit tirer les conséquences de cet échec cinglant : des décisions de cette ampleur et ayant de telles conséquences pour les citoyens ne peuvent se prendre de façon aussi brutale et aveugle.

Amicalement,

Ségolène Royal,
Présidente de Désirs d'Avenir

2 juin 2010

LES PROPOSITIONS DE SEGOLENE ROYAL SUR LA RENOVATION DU PARTI SOCIALISTE

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Mobiliser la confiance des Français en leur donnant une espérance
Depuis la fin des 30 glorieuses, la participation électorale n’a cessé de s’éroder. Après un renouveau notable à l’élection présidentielle de 2007, elle est retombée à un niveau historiquement bas lors des dernières élections européennes et régionales.
Je ne crois ni à un phénomène passager, ni à un manque de civisme. Cette non-participation est assumée par beaucoup de Français comme un geste politique, un message de défiance à l’égard de l’ensemble de la classe politique. Les milieux qualifiés de « classe dirigeante » sont considérés par une masse de Français comme une sorte de caste principalement préoccupée par sa propre reproduction, mêlant dans une certaine complicité hommes politiques, magnats de la finance et stars de l’audiovisuel. Huit années d'exercice du pouvoir par la droite, particulièrement les trois dernières années, n'ont fait qu'amplifier ce phénomène.
Chaque évènement d’actualité apporte de l’eau au moulin de la défiance à l’égard du pouvoir en place : les hyper profits et les primes scandaleusement excessives, le bouclier fiscal qui protège les plus riches, la crise financière qui débouche sur une crise économique ravageuse pour les travailleurs tout en enrichissant les spéculateurs, et en même temps le démantèlement des services publics et le recul du droit à la retraite opérés au nom de la rigueur financière !
En dépit des efforts réalisés pendant les périodes où la gauche a gouverné, nous peinons à convaincre de notre capacité à changer le cours des choses. Le peuple prend ses distances, il se tait mais n’en pense pas moins. Il se tourne vers d’autres formes de citoyenneté ou se résigne, faute de mieux et en attendant mieux.
Cette espérance, c'est au parti socialiste de la porter.

Prendre appui sur l'énergie et sur la volonté de changement des Français

Si nos institutions politiques n’ont pas beaucoup changé depuis 50 ans, la société, elle, s’est profondément transformée. L’engagement militant au long cours de nos aînés a fait place, chez les plus jeunes, à d’autres formes d’engagements, moins globalisantes et plus ponctuelles. Ils privilégient plutôt une cause (environnementale, sociale, ou encore humanitaire) qui les touche à un moment donné. Ils sont capable de se mobiliser massivement pour une élection lorsqu’ils y voient un espoir (comme lors de la Présidentielle de 2007) et de s’abstenir tout aussi massivement aux scrutins suivants.
Les réseaux sociaux, fonctionnant dans l’immédiateté de l’accès à l’information sur les smart-phones, deviennent des vecteurs forts. Ils recouvrent aussi des réseaux réels très actifs. Chaque phénomène social suscite dans la société une réaction collective : contre la nouvelle pauvreté et le chômage des masse, les centaines de milliers de bénévoles des associations de solidarité, d’insertion et de promotion des droits de l’homme ; contre les atteintes à l’environnement, des associations de défense qui naissent un peu partout ; face à la disparition des services publics, dans le monde rural et dans les quartiers populaires, des réponses nouvelles souvent portées par les élus locaux, les acteurs culturels, les mouvements d’éducation populaire ; etc.
Pourquoi faudrait-il désespérer de notre société, entonner le refrain de l’indécrottable conservatisme du peuple, du « c’était mieux avant ! », alors que nous voyons sous nos yeux, bien au contraire, toutes ses ressources, toutes ses capacités de réaction et d’action qui se mettent à l’œuvre ?
Un renouveau est nécessaire, il nous faut proposer un nouveau contrat social, librement accepté par des individus très largement informés, sans s’enfermer dans la nostalgie d’un Etat-providence qui fonctionne mal. Désormais la démocratie ne saurait vivre sans être participative.

Inventer une nouvelle ère de la démocratie, notamment avec la démocratie participative

Dès lors, que faire pour stopper la dérive actuelle, combler le fossé qui s’élargit entre le peuple et les élites économiques et politiques ? Pour ma part, je mise sur deux révolutions institutionnelles : une véritable décentralisation et la mise en œuvre effective de la démocratie participative.
Une France active, entreprenante et solidaire ne peut pas exister sans la confiance de citoyens acteurs et mobilisés. Une démocratie confisquée ne peut produire que scepticisme et rejet. Les forces de l’innovation et de la créativité ne seront pleinement mises en œuvre que si chacun peut, à son niveau et à son rythme, avec ses connaissances et son expertise propres, contribuer à la formation de la décision collective.
C’est dans le cadre de cette conception de la citoyenneté active qu’il faut situer le rôle des élus. Rôle tellement précieux et indispensable à la mise en œuvre des choix collectifs. Des élus puisant leur légitimité non seulement dans le suffrage mais aussi dans la capacité à organiser dans la durée la participation de tous. Parce qu’à l’époque où, comme nous le dit Paul Virilio, « les longues durées perdant leur intérêt au profit de l'instantanéité et de l'immédiateté, l'événement ressenti instantanément devient proéminent », il n’est plus imaginable de ne consulter les citoyens qu’un fois tous les cinq ou six ans à l’occasion des élections.
Cette révolution démocratique doit se prémunir de créer de nouvelles fractures. Elle doit donner à chacun des citoyens la même capacité d’expression, qu’il ait ou non accès à des formes de communication numériques plus ou moins sophistiquées.
Les pratiques locales de démocratie participative existent. Après avoir suscité scepticisme, ironie et critiques, elles fonctionnent sans heurts et avec l'adhésion des citoyens. En Poitou-Charentes, depuis, 2005, forums participatifs, budget participatif des lycées et jurys citoyens donnent la parole aux habitants, leurs permettent de participer à l'élaboration des décisions qui les concernent, d'évaluer et de donner leur avis sur les politiques déjà mises en oeuvre.
Ce nouveau fonctionnement démocratique ne sera pas sans conséquences sur les partis politiques. Ceux-ci sont bien souvent considérés comme étant seulement des antichambres du pouvoir. En devenant des lieux d’éducation populaire, en s'ouvrant très largement à la société, en permettant à leurs membres de mieux vivre la participation démocratique, ils trouveront une assise démocratique plus large.

Faire du parti socialiste une force efficace pour battre la droite et sortir la France de la crise

Nous devons faire du Parti socialiste le grand parti démocratique, populaire, du mouvement et de la mobilisation sociale dont la France a besoin.
Le Parti socialiste doit être fidèle à ses valeurs. C’est pour lui le meilleur chemin pour s’adapter. Fidèle à ses idéaux de construction, il doit savoir assumer les tâches d’un parti de gouvernement et être l’agent actif des mobilisations sociales face à la droite. 
Il est la force indispensable, irremplaçable. Il ne doit pas être seulement l’instrument du pouvoir, mais un outil permanent de la démocratie y compris et surtout lorsque l’on est au pouvoir. Il doit être un laboratoire social, un lieu de confrontations et de convergences des idées, ouvert aux autres, à la société, à ses alliés.
Cette révolution démocratique, le Parti Socialiste doit commencer par se l’appliquer à lui-même en améliorant la démocratie militante, en fonctionnant de manière ascendante plutôt que descendante, ce qui passe par le développement de la démocratie participative pour associer en permanence les militants et les sympathisants. Elle confirmera le socialisme et la démocratie dans leur rôle historique d’émancipation, en restituant à chacun une part de pouvoir politique supplémentaire.

Instaurer le mandat parlementaire unique pour favoriser l'accession des femmes à la tête des exécutifs locaux
Pour faire en sorte que chaque citoyen ait la possibilité de devenir élu, le parti socialiste doit tenir bon sur sa volonté de restreindre les règles de cumul et de durée, conformément au vote des militants. Le Parti Socialiste doit montrer l’exemple en décidant d’interdire le cumul d’un exécutif local et d’un mandat parlementaire, y compris celui de sénateur et ce, dès les prochaines élections. L’application de cette règle permettra à des femmes d’accéder à la tête de régions, de départements et de villes. Le parti socialiste doit également limiter dans le temps les mandats.
Concernant la parité et le renouvellement, ainsi que la diversité de notre représentation politique, les propositions du rapport d’Arnaud Montebourg vont dans le bon sens. La force du parti socialiste tient à sa capacité à s’ouvrir en permanence sur l’extérieur. Il doit être le lieu où les hommes et les femmes, les jeunes et les anciens, les Français de toutes les origines, de tous les talents et de tous les métiers, de toutes les singularités et de toutes les générosités se retrouvent. Il doit être un véritable reflet de la société française.

Des règles éthiques indispensables
Comment un parti politique peut-il être crédible pour la conduite de la nation s’il n’est pas lui-même exempt de tout soupçon dans les scrutins qu’il organise ? Quelle peut être sa crédibilité s’il n’est pas meilleur dans son fonctionnement que la société qu’il prétend réformer ?
L’histoire récente du Parti Socialiste montre la nécessité de se doter de règles éthiques telles que proposées dans le rapport d’Arnaud Montebourg.

Des primaires ouvertes et transparentes :un tournant historique pour rénover le parti socialiste et déclencher un mouvement populaire

Depuis toujours, j'ai défendu cette idée et je me réjouis que le rapport d'Arnaud Montebourg lui donne toute son ampleur.
C'est en effet une chance que les socialistes doivent saisir. La réussite des primaires sera un des éléments clef de la preuve de la rénovation de notre parti. Un élan populaire lors des primaires donnera un élan à notre candidat(e). En 2006, le vote interne au PS avait attiré à nous environ 200.000 personnes, portant le collège électoral à plus de 300.000. Il faut aller encore plus loin. Associer deux millions au moins de nos concitoyens à la désignation de notre candidat est un objectif tout à fait atteignable.
Et pour que le scrutin soit parfaitement légitime, les garanties de la transparence et de la légitimité du vote doivent être renforcées. L'élection doit être organisée dans les mêmes conditions qu'un scrutin républicain. Pour éviter toute contestation au niveau du recollement des votes au niveau départemental puis national, il est impératif de prévoir dans chaque bureau de vote la publication sur internet des résultats du scrutin immédiatement après le dépouillement et la proclamation. Les résultats devront être transmis de façon concomitante aux échelons départementaux et nationaux. Cela permettra d'éviter toute discordance entre le résultat du bureau, validé par le président, ses assesseurs et les scrutateurs, et les résultats recollés au niveau départemental puis national.



Ségolène Royal soutient le très bon travail accompli par Arnaud Montebourg pour organiser les primaires. Elle a envoyé à Martine Aubry, à sa demande, des propositions par écrit en insistant sur deux points :
1 – Moderniser la transparence du vote des primaires en communiquant en temps réel les résultats sur internet, bureau par bureau, ce qui permet aux électeurs de suivre en direct les résultats.
2 – Appliquer le non-cumul des mandats dès les élections sénatoriales, comme le souhaite Martine Aubry, Arnaud Montebourg et les militants, afin de permettre l’émergence des femmes à la tête des départements, des régions et des grandes villes.
Elle redit sa volonté de soutenir un dispositif gagnant collectif permettant de sortir la France de la crise en mettant fin à la politique inefficace et injuste d’une droite dure qui fait souffrir des millions de Français.

30 mai 2010

Le mirage de l'électricité " 100 % verte "

Après avoir consommé beaucoup de produits pétroliers (essence , diesel, fioul domestique) et gaziers (grande campagne d’EDF pour le chauffage au gaz), la France fait sa « révolution verte » avec l’électricité. L’accroissement de la part de l’électricité est en effet au cœur des 273 propositions du Grenelle de l’environnement, et de manière plus large de notre société : voiture électrique, promotion du tramway (électrique) et du métro (rocade du grand Paris), plan fret et autoroutes ferroviaires massif (les trains autres qu’électriques ont disparu depuis quelques années), pénalisation de l’aérien (kérosène) et du transport routier (diesel, …), apparitions de nouveaux produits électroniques ou électroménagers électriques (ordinateurs, iPhone et portables, iPod et lecteurs MP3, iPad, machine à pain, …).
 
Et personne ne se pose LA question : est-ce que cette montée en puissance du « tout-électrique » est bien écologique ?
 
Certes, cela permettra de réduire certainement la consommation de produits pétroliers et de gaz, presque entièrement importés, ce qui n’est pas négligeable pour la dépendance énergétique de la France : en 2008, année des 273 propositions du Grenelle de l’environnement, en solde net, 50,2% de l’énergie consommée était importée (produits pétroliers et gaziers) :
 
-137 Mtep de production d’énergie en France (surtout de l’électricité),
-172 Mtep d’importations d’énergie (surtout des produits pétroliers et gaziers),
-34 Mtep d’exportation (électricité et produits rafinés).
 
Mais les 49,8% produits en France provenaient déjà surtout de l’électricité. Que se passera-t-il quand la part de l’électricité augmentera ? Les exportations, constituées en partie d’électricité, baisseront mécaniquement.
 
Mais au-delà, à partir de quoi est produite l’électricité ? Aux trois-quarts à partir de nos centrales nucléaires (deuxième parc au monde après les Etats-Unis) : 76,5% en 2008, 75,2% en 2009. Ainsi, le nucléaire représente 33,7% de l’énergie consommée en France en 2008.
 
nuclearhands

Puis vient l’hydro-électrique, les barrages : 11,9% en 2009. La production hydro-électrique est désormais à peu près fixe en valeur absolue en France, notre pays ne construit pratiquement plus de barrage en France métropolitaine depuis les années 80. Si l’énergie produite est une énergie renouvelable, certains impacts environnementaux sont reprochés aux barrages : remodelage en profondeur du paysage, « coupé » par le barrage, barrage aux routes migratoires des poissons, invasions biologiques facilitées, …
 
Le reste de la production électrique est assuré par les usines thermiques (gaz, charbon, tous deux importés) pour 11% en 2009 et par les autres énergies renouvelables, presque uniquement l’éolien, pour 1,5%.
 
800px-Electricity_production_in_France.svg.png
Graphique Wikipédia (SuperManu)

Aujourd’hui, les énergies renouvelables se résument principalement à l’hydroélectricité des barrages, production fixe en valeur absolue. Pour atteindre l’objectif de doublement de la part des énergies renouvelables fixé par le gouvernement suite au Grenelle de l’environnement pour l’horizon 2020, il va falloir faire « décoller » très rapidement les autres énergies renouvelables : l’éolien, qui suscite déjà des réactions de la part de la population alors que sa part est très faible (bruit, défiguration des paysages), le solaire qui balbutie encore, la biomasse et la géothermie, …
 
C’est dans ce contexte que Le Monde publie un article sur les « arnaques » de certains producteurs d’électricité alternatifs à EDF, qui vendent plus cher une électricité labellisée « verte » alors qu’en fait elle est « grise » (en général nucléaire) puis « verdie » par le biais de « certificats verts » achetés auprès des producteurs d’hydroélectricité.
 
F.M.

Discours de Ségolène Royal aux 6èmes rencontres de la démocratie participative à Poitiers

Intervention de Ségolène Royal, Présidente de la Région Poitou-Charentes
Bonjour à toutes et à tous,
Bienvenue à la Maison de la Région où je suis heureuse de vous accueillir pour la 6ème édition de nos Rencontres Europe-Amériques sur la démocratie participative.
Je salue les élus régionaux et ceux venus d'autres territoires, dont la présence témoigne qu'ils n'opposent pas démocratie représentative et démocratie participative car, loin de les vivre comme concurrentes, ils les savent complémentaires. J'aperçois également nombre de militants de la participation plus directe des citoyens aux décisions qui les concernent et je m'en réjouis car ces Rencontres sont nées d'une conviction : la nécessité d'allier la pratique et la théorie, de confronter l'engagement sur le terrain et le questionnement scientifique.
I.- Salutations aux intervenants : chercheurs et praticiens
Je salue chaleureusement les chercheurs venus de plusieurs pays d'Europe et du continent américain et je les remercie de nous apporter, tout au long de cette journée, l'éclairage de leurs travaux. Merci à celles et ceux qui assumeront le rôle de discutants lors des 4 tables rondes.
A Julien Talpin qui est, en liaison avec l'équipe Démocratie Participative de la Région, le coordonnateur scientifique des Rencontres de cette année. Et à Yves Sintomer, qui nous rejoindra tout à l'heure et clôturera cette 6ème édition : il n'en a, depuis 2005, manqué aucune ; cette fidélité et sa réflexion exigeante sur les critères d'une participation qui transforme réellement la manière de conduire les affaires publiques nous sont infiniment précieuses.
Merci aussi aux praticiens chevronnés de la démocratie participative qui nous exposeront comment ils prennent en compte les inégalités sociales et de genre, les différences culturelles et générationnelles dans les contenus et dans les procédures des démarches participatives qu'ils animent. Bienvenue, donc, aux chercheurs, aux acteurs ainsi qu'à celles et ceux de nos invités qui participent des deux univers, entre « observation participante » et, si j'ose dire, « participation réfléchissante ».
II.- Interroger nos manières d'agir
Loin de moi l'idée de confondre le champ de la recherche et celui de l'action, et encore moins les rôles respectifs « du savant et du politique », mais permettez-moi, en tant que Présidente d'une Région qui a fait de la démocratie participative une dimension forte de toutes ses politiques publiques (« au service du public », nous dirait Yves Sintomer), de vous dire tout le prix que j'attache à cette journée placée sous le signe de la fertilisation croisée. Les échanges d'expériences et les mises en perspective dont ce rendez-vous annuel est l'occasion nous aident à interroger nos manières d'agir et à ne pas céder aux pièges de quelque routine autosatisfaite.
Bien sûr, je suis fière que la Région Poitou-Charentes soit, en France, pionnière en matière de démocratie participative même si elle ne détient heureusement nul monopole en ce domaine. Parce que nous avons inventé un Budget Participatif des Lycées qui institue un véritable partage du pouvoir de décider de la dépense publique et a rassemblé en 2009 23.000 participants. Par ce que, sans nous soucier des cris d'orfraie poussés à droite et à gauche, fait appel à des Jurys Citoyens pour évaluer l'efficacité de nos politiques régionales dans des domaines comme la lutte contre le réchauffement climatique, le soutien aux entreprises et aux entrepreneurs ou la mobilité et les transports.
Mais je sais aussi combien nous devons, à l'égard de ces initiatives et de bien d'autres qui nous tiennent à coeur, rester vigilants. Pour garder le bon cap, pour corriger ce qui doit l'être, pour faire évoluer des outils qui ne doivent jamais être figés dans le bronze de quelque paresseuse certitude, je crois à l'importance de ces questions – même et peut-être surtout les plus dérangeantes – que nous posent les travaux des chercheurs et les expériences venues d'ailleurs. Et d'abord celle-ci : quel est, à y regarder de près, le peuple de la participation ?
III.- Démocratie participative et classes populaires
Sont-ils bien là, dans nos différentes déclinaisons de la démocratie participative, avec tous les autres et pas moins légitimes, ceux dont on entend si peu la voix ? Ceux qu'on ne sollicite pas pour qu'ils disent ce qu'ils savent des situations qu'ils vivent ?
Ceux dont on veut le bulletin mais pas plus et qui, en retour, ne se préoccupent plus de peser quand on ne leur renvoie que l'image de leur disqualification et que tout pouvoir d'influer leur est dénié ?
Ceux qui perçoivent souvent les institutions comme plus humiliantes que protectrices ? Et le vote, ce droit chèrement conquis, comme une injonction qui ne fait plus sens ? C'est, pour la démocratie participative, une question-clef. C'est pourquoi nous avons voulu y consacrer les Rencontres de cette année : qui participe ? Qui ne participe pas ? Et pourquoi ?
Quelles sont les raisons et les conditions de la mobilisation des citoyens, de tous les citoyens, dans les différentes démarches participatives qui se développent aujourd'hui sous toutes les latitudes ? Quelles motivations, forcément diverses, poussent à s'impliquer ? Quels obstacles sont à lever et quelles précautions à prendre pour tenir effectivement la promesse d'un égal accès de tous à la parole, à la délibération et à la décision ?
Quels enjeux et quelles règles du jeu pour qu'un Budget Participatif ou un Jury Citoyen ne reproduisent pas ce « biais sociologique » abondamment décrit par les chercheurs, qui relègue aux marges de l'espace public ceux qui ne s'y sentent pas à leur place et ne possèdent pas les codes habituellement exigés pour y être reconnus ?
Ces sujets n'étaient pas absents des précédentes éditions de ces Rencontres, organisées depuis 6 ans en partenariat avec Sciences Po et nos amis du Collège Amérique latine, Espagne et Portugal implanté à Poitiers, dont je salue le directeur, Olivier Dabène, et les étudiants ici présents bien qu'ils soient en pleine période de révision. Mais nous ne les avons jamais traités de front. Nous le faisons cette année.
IV.- Constats de carence et refus d'une démocratie élitaire
Ma volonté de mettre en oeuvre une véritable démocratie participative est née d'un constat de carence de la démocratie électorale : réduire le rôle des citoyens à la désignation périodique de leurs représentants, cela ne suffit pas et cela ne marche plus.
Elle est née du refus de ce mode de décision vertical de plus en plus décalé par rapport aux évolutions en profondeur de la société et aux attentes des citoyens. Elle est née du refus que le monopole de l'expertise légitime reste détenu par quelques uns, toujours les mêmes, dont les échecs à répétition n'entament pas l'arrogance et dont les résistances au débat public tournent le dos à ce que devrait être un nouvel art de gouverner dans un monde incertain.
A fortiori quand, sur fond d'insécurisation sociale, de chômage de masse et de précarisation croissante (que va aggraver le plan de rigueur annoncé par le gouvernement), sur fond aussi de globalisation subie et de cours erratique des affaires du monde, progresse un sentiment d'impuissance qui a pour corollaire un indifférentisme électoral seulement entamé, à titre exceptionnel, par la campagne présidentielle de 2007. Ainsi se répand l'impression que « là-haut », classe politique incluse et toutes étiquettes confondues, tout se vaut et s'équivaut dans un monde lointain régi par l'entre-soi.
C'est pourquoi il est urgent de reconnaître aux citoyens une compétence à intervenir dans l'élaboration des décisions publiques et le contrôle de leur application, toutes choses souverainement ignorées ou combattues par les conceptions élitaires de la démocratie, jadis explicites et aujourd'hui implicites mais toujours bien ancrées.
Je parle ici, bien sûr, d'une démocratie authentiquement participative et non de ce que, trop souvent, on baptise du même nom : une fade « démocratie de proximité » sans enjeux ou ce que les chercheurs appellent « écoute sélective », simples consultations sans règles du jeu claires, frustrantes, décevantes et lassantes pour ceux qui y prennent part.
V.- Le risque du « cens caché »
La pureté des intentions des promoteurs de la démocratie participative ne la met pas miraculeusement à l'abri de certaines tendances lourdes qui minent la démocratie représentative au point d'en faire ce que certains appellent une « démocratie de l'abstention ».
Les dernières élections régionales ont vu des taux records d'abstention dans les quartiers populaires. En Poitou-Charentes, nos 14 quartiers classés en « zones urbaines sensibles » n'ont pas été à ce point emportés par la vague abstentionniste mais, à l'échelle nationale, le mouvement est profond et ne date pas d'aujourd'hui. En 2005, lors du référendum sur l'Europe, où pourtant le débat fut vif dans tout le pays, la courbe de participation épousait, dans les grandes agglomérations, le prix du m² : maximum à Neuilly, minimum en Seine St Denis. La forte participation aux élections présidentielles de 2007 montre qu'il n'y a pas de fatalité en la matière mais reste une fugitive exception.
Quand les cartes de la ségrégation sociale, de la relégation spatiale et de l'auto-exclusion électorale se recoupent à ce point, l'inadaptation de l'offre politique y a bien sûr sa part et aussi la lassitude de trop de promesses non tenues. Mais surtout les ravages d'une déstabilisation et d'une fragilisation professionnelles, scolaires et plus largement sociales qui portent atteinte au sentiment que l'on a de son utilité aux yeux de la société, de sa propre valeur et de sa compétence pour se prononcer sur ce qui paraît le théâtre lointain d'un monde politique hors d'atteinte.
Quel rapport, me direz-vous, entre cet indifférentisme électoral et la démocratie participative ? Le risque, si l'on n'y prend garde, que le même « cens caché » y réserve la participation à ceux qui, parce qu'ils ne doutent pas de leur légitimité, sont toujours prêts à faire valoire leur point de vue. A ceux qui ont le statut professionnel ou le bagage scolaire ou le rapport apaisé aux institutions ou l'aisance culturelle ou encore l'expérience acquise dans le militantisme qui facilitent la prise de parole, cependant que les autres déclinent une offre participative qui n'entame pas leur scepticisme et dont ils redoutent qu'elle les expose à une situation d'humiliation.
VI.- Mobiliser à égalité les lycéens de toutes les filières, EREA et MFR comprises
En Poitou-Charentes, quand nous avons pris le parti de développer la démocratie participative, nous étions conscients de ce danger de participation segrégative.
C'est pourquoi, quand nous avons créé le BPL, nous avons décidé de mobiliser à égalité les lycéens de toutes les filières d'enseignement (générale, technologique, professionnelle, agricole). Y compris l'enseignement adapté qu'on nous conseillait de laisser de côté parce que ce sont souvent des enfants en grande souffrance et qui se vivent comme en marge du système scolaire. Nous avons refusé de faire une distinction entre eux et les autres.Le fait d'être traités comme tous les lycéens fut, pour eux, un signe de reconnaissance important.
Le BPL a été étendu aux Maisons Familiales et Rurales qui forment des jeunes souvent issus de familles d'agriculteurs, aux ressources généralement modestes. Voilà de quelle manière nous nous sommes efforcés de toucher les élèves de tous les milieux et de garantir à tous une même égalité de traitement.
VII.- JURYS CITOYENS : garantir la diversité du recrutement et l'égalité devant la parole
Avec les Jurys Citoyens, nous avons veillé à refléter aussi bien que possible la diversité sociale, générationnelle et territoriale de la région.
L'indemnisation de la participation de chacun a sans doute, pour les plus démunis, facilité la décision de participer.
Les 3 Jurys que nous avons réunis en 2008 et 2009 avec, chacun, sa trentaine de participants, présentaient des profils très divers. Des hommes et des femmes de tous âges, des actifs, des chômeurs, des retraités, des mères au foyer, des ouvriers, des cadres, des artisans, professions libérales, des salariés du public et du privé, des femmes de ménage, une jeune caissière de supermarché mère célibataire...
Nous savions qu'un problème majeur était celui de l'égalité devant la somme d'informations à assimiler et la prise de parole, c'est à dire la capacité à interroger les intervenants auditionnés et à prendre une part égale à la délibération collective. Certains nous ont confié, à l'issue de leur Jury, qu'ils n'avaient jamais autant lu depuis 10 ou 15 ans et que s'y remettre à haute dose avait requis de leur part un gros effort. Vous verrez dans le petit film qui sera projeté tout à l'heure, qu'un juré, ouvrier dans une usine de produits surgelés, appréhendait de se retrouver dans un groupe où les différences sociales et culturelles risquaient de le mettre en position d'infériorité.
Je vous laisse découvrir ce qu'il en dit. Tout repose, à ce stade, sur la qualité de l'animation que nous avons confiée à une équipe expérimentée qui a veillé :
- à l'appropriation collective, pas à pas, de la documentation fournie, de sorte que ceux peu familiers de la lecture ne soient pas pénalisés ;
- à la préparation également collective des auditions ; 
- à ce que nul ne monopolise la parole.
Les membres du Jury ont d'ailleurs été très conscients de l'attention portée à cette égalité d'expression (l'animation a été évaluée par les Jurés en fin de session). Voilà comment nous nous sommes efforcés de garder le cap sur l'objectif d'une participation populaire.
VIII.- Condition de la mobilisation participative : un enjeu, des règles claires
Pour vaincre le scepticisme de ceux à qui on ne demande jamais leur avis, de ceux qui ont plus l'habitude de subir que de peser, de ceux qui se méfient d'une demande émanant d'une institution, de ceux qui soupçonnent les politiques d'intentions toujours manipulatrices, il faut un enjeu réel qui justifie l'appel fait aux citoyens et le temps qui leur est demandé. Car les gens n'ont pas que ça à faire dans la vie et il faut que le jeu en vaille la chandelle.
L'enjeu, c'est soit un pouvoir de décision direct (comme dans les Budgets Participatifs) soit un vrai pouvoir d'inflexion de la décision publique (comme dans les Jurys Citoyens), ce qui suppose que les propositions retenues (pas forcément toutes) soient vraiment appliquées.
La qualité de l'expérience vécue en commun par les citoyens, la satisfaction d'être reconnus comme capables d'expertise et force de proposition, l'engagement dont ils font preuve pour être à la hauteur de leur tâche, le sentiment qu'ils en retirent d'un monde politique moins éloigné de leurs préoccupations, tout cela peut très vite se retourner en violente déception si la parole donnée n'est pas tenue et si leur travail, au bout du compte, ne débouche sur rien de palpable. Car les citoyens ne s'y trompent pas. Ils savent distinguer une mise en scène participative d'une participation vraie.
IX.- De l'hostilité à la manipulation ? Pour une éthique de la participation
Il nous faut assumer le risque fécond que la parole des citoyens bouscule nos certitudes.
Non pas en soutenant l'idée démagogique que la vérité sortirait toute crue de leur bouche mais en les créditant réellement du pouvoir de réfléchir ensemble à des questions complexes (dès lors que les conditions procédurales d'une délibération de qualité sont réunies) et de construire, par-delà les égoïsmes naturels et les préjugés dont nul n'est exempt, un intérêt général qui n'est jamais donné à priori. Cela suppose une « éthique de la participation » qui s'interdise les faux semblants. Les décisions publiques y gagneront une pertinence, une légitimité et ne assise plus solides.
La démocratie participative n'a pas réponse à tout mais c'est une dimension fondamentale de la réponse à apporter, a fortiori par gros temps, aux fossés qui se creusent, aux désespoirs qui s'y engouffrent, aux rejets qui y prospèrent.
X.- L'an prochain à Poitiers...
Nous venons de vivre, en Poitou-Charentes, un exemple emblématique de ces manières de gouverner que les citoyens ne supportent plus : la gestion autoritaire et chaotique des suites de la tempête Xynthia qui s'est abattue sur nos côtes, au mépris brutal des sinistrés, des scientifiques de nos universités régionales familiers de ces questions et de la mémoire au long cours des populations locales.
Peut-être pourrions-nous, pour nos Rencontres de l'année prochaine, nous pencher sur ce que la démocratie participative peut apporter à la gestion des catastrophes et sur ce que la nécessaire démocratisation des controverses scientifiques peut apporter à la gestion des risques naturels, sanitaires et technologiques.
Merci de votre attention.
Merci de votre présence.
Merci de nous aider, par vos expériences et vos travaux, à agir plus juste.
6èmes rencontres Europe-Amériques sur la démocratie partcipative « Raisons et conditions de la mobilisation » 21 mai 2010 Maison de la Région Poitou-Charentes