12 janvier 2010

Une Féministe chinoise privée de Prix
Simone de Beauvoir par Pékin


A lire sur Rue 89 par Mathilde Bonnassieux - Aujourd'hui la Chine

Ai Xiaoming, chez elle à Canton, 2003 (P. Haski/Rue89)

photo : Le professeur Ai Xiaoming chez elle, à Canton.

Professeur d'université, vidéaste et militante active des droits civiques, Ai Xiaoming n'a pas pu assister à Paris à la remise du Prix Simone de Beauvoir qui lui a été décerné. Les autorités chinoises ont refusé de lui renouveler son passeport.

Réuni à Paris pour la remise du Prix Simone de Beauvoir ce lundi, le jury international a dû se passer de la présence d'une de ses lauréates, la militante chinoise Ai Xiaoming. Cette féministe engagée devait également participer mardi à une conférence à l'Université Paris Diderot sur les femmes chinoises contemporaines mais elle n'a pas pu non plus s'y rendre.

Les autorités chinoises ont en effet refusé de lui renouveler son passeport, privant Ai Xiaoming de la possibilité de quitter la Chine.

Créé il y a deux ans à l'occasion du 100e anniversaire de la naissance de l'écrivain français, le Prix Simone de Beauvoir récompense les travaux de ceux ou celles qui oeuvrent pour la liberté des femmes dans le monde. Cette année, le choix du jury s'était porté sur deux Chinoises, l'avocate du droit des femmesGuo Jianmei, et la vidéaste et chercheuse Ai Xiaoming.

Sur le site participatif chinois Canyuwang, Ai Xiaoming raconte :

"Je regrette de ne pouvoir me rendre en France pour recevoir le prix. J'ai fait beaucoup d'effort mais sans succès. Aujourd'hui, j'ai perdu espoir.

Ce prix est important pour moi car depuis des années, les activistes chinois, vivent des temps difficiles. Comme je tourne des documentaires, mes amis et moi avons suvi la violence de la mafia mais nous ne pensions pas que la police chinoise avait un département spécialisé pour les gens comme nous."

Ai Xiaoming, professeur respectée de littérature chinoise à l'Université de Canton, s'est illustrée en Chine par ses recherches sur la condition féminine, son combat pour les droits des femmes, la défense des travailleurs migrants et des malades du sida. Sujets sur lesquels elle a réalisé plusieurs documentaires en dehors des circuits officiels.

Déjà connue des services de police, la militante avait été arrêtée l'année dernière à Shenzhen alors qu'elle se rendait à Hong-Kong pour présenter l'un de ses derniers films, « Nos enfants », retraçant le parcours de parents d'enfants victimes du séisme au Sichuan en mai 2008.

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