22 février 2010

Oui, le bonheur éducatif est possible!

Par Dominique Bertinotti

Le malaise éducatif est très profond. Il touche tous les degrés d’enseignement et tous les acteurs du système scolaire : l’école ne joue plus son rôle de correction des inégalités et ne garantit plus la mixité sociale. Une ségrégation scolaire reproduit donc souvent la ségrégation sociale. Les personnels éducatifs vivent une crise de confiance et de légitimité. Ils sont souvent déconsidérés et peu valorisés dans leurs efforts. Les débuts de carrière sont souvent démoralisants. Les autres personnels de l’Education Nationale sont perçus comme des quantités négligeables. Les parents sont parfois exclus et ont du mal à trouver leur place. L’école, en conservant un fonctionnement élitiste, a créé une compétition qui a un coût très lourd pour la jeunesse. De nombreux élèves sont en souffrance, en rupture ou expriment leur violence face au système. Face aux réformes proposées sans aucune concertation, imposées avec autoritarisme, et toujours précipitées, l’école est donc fragilisée.

Ségolène Royal nous appelait à une lucidité radicale. Plus que jamais, elle est nécessaire pour un projet éducatif novateur et porteur d’avenir. Nous devons donc impulser un nouveau débat sur l’éducation qui sorte des schémas trop classiques. Certes, la diminution drastique des moyens financiers accordés à l’Education Nationale est un problème majeur. La suppression des postes d’enseignants l’est aussi. Mais on ne peut pas se contenter d’un discours fondé uniquement sur les moyens. Les thématiques à proposer peuvent être iconoclastes. Elles doivent aboutir à renouer le dialogue avec et entre tous les acteurs de l’éducation. Il faut s’appuyer sur la réalité de l’école d’aujourd’hui et non sur une vision fantasmée du système.
Nous ne devons plus opposer élèves, professeurs et parents. Il faut redéfinir les objectifs du système éducatif dans son ensemble :

- Repenser un système public d’éducation à partir de la petite enfance et tout au long de la vie

- Repenser la capitalisation des connaissances et des diplômes

- Redéfinir le métier d’enseignant

- Favoriser l’engagement des équipes éducatives

- Repenser la place de l’élève

- Sortir le système éducatif français de la notion de sanction/évaluation/échec

- Donner les outils aux jeunes pour devenir des citoyens bien informés et réactifs par rapport aux enjeux actuels de notre planète.

- Former des citoyens libres, responsables et capables d’apprendre tout au long de la vie.

Il faut répondre au désir d’un nouveau discours de gauche sur l’école, un discours attendu pour remettre l’école au cœur d’un projet politique ambitieux et être à la hauteur des attentes de nos concitoyens. Voilà le chemin vers le bonheur éducatif. Voilà le chemin vers une école de la fraternité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire