24 mars 2010

Horizon 2012 : cap sur les législatives…

            Le principal enseignement à tirer de ces élections régionales, me semble-t-il, c'est qu'il faut rester sur le terrain et travailler au succès des législatives qui sont la composante régionale/locale du scrutin national et donc les déconnecter de la présidentielle. Plus précisément, il faut les préparer toutes les deux pour les gagner évidemment, mais séparément et simultanément. Histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et de ne pas se retrouver en 2012 pris au dépourvu en cas de scénario catastrophe, style 2002…
         L'erreur de Sarkozy, dont se rendent compte ses députés et autres élus locaux, c'est que tout repose sur lui. On est dans le toutourien. D'où une mentalité effectivement servile de toutous qui ne sont rien sans leur maître… C'est évidemment la conséquence de l'hyperprésidentialisation du régime. C'est là que le modèle de Ségolène Royal et de sa démarche en Poitou-Charentes peut être exemplaire et efficace : démontrer aux élus locaux que leur travail de terrain peut leur sauver la mise… que c'est leur implantation au sens propre qui compte, et qu'ils ne doivent pas compter sur un homme ou une femme providentiel(le), ce dont l'UMP est en train de s'apercevoir. Pour la présidentielle, je reste choquée par cet accord entre Laurent Fabius, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn. Comment la dirigeante d'un parti qui veut rassembler peut-elle dire : "On s'est mis d'accord pour présenter ensemble un projet de société; à partir de ce moment-là, ce sera (...) un de nous trois sans doute qui ira présenter ce projet" ?Et les autres, ils font quoi ? de la figuration ? la claque ? ils iront, comme d'habitude, porter/tracter un projet qu'ils n'ont pas élaboré et qui doit servir de faire valoir à celui qui sera choisi comme candidat du PS parmi ces trois autodésignés ? On peut objecter que les autres candidats potentiels comme F. Hollande, SR, et les plus jeunes, auront aussi leur projet… Mais on voit bien se dessiner dans le discours de MA quelque chose qui signifie clairement que ce projet triadique sera le seul légitime, celui qui aura l'estampille du parti.Par ailleurs, il est quand même surprenant d'entendre dire que MA représente la majorité alors qu'au congrès de Reims, c'est la motion E qui a fait le plus de voix et que pour l'élection de la secrétaire, SR était à quasi égalité avec MA.Sans vouloir commenter davantage le congrès de Reims et sa suite, on peut remarquer cependant que la tactique de Ségolène a été la même que pour les Régionales : rassembler  d'abord et présenter aux électeurs la liste de ceux qui ont choisi de travailler avec elle. Cette transparence a le mérite d'être plus honnête que les tractations post premier tour qui obéissent à une arithmétique obscure pour le commun des électeurs. Le choix entre les candidats potentiels devrait donc être aussi celui des stratégies qu'ils proposent pour gagner. Non que les projets soient secondaires, mais ils doivent d'abord être collectifs. MA (ou ses apparents alter ego) compte essentiellement sur le poids de l'appareil du PS qui, à côté de la stratégie que proposent les Verts, Cohn-Bendit ou SR, me fait penser à la chevalerie française à Azincourt qu'on peut comparer à la cuisante défaite de 2002 : le leader du PS de l'époque, battu et ayant lâché ses troupes en rase campagne, ce fut la débâcle faute de solution de rechange et de cette adaptation au terrain qui permet des retournements de situation et au pire de limiter les dégâts.
Françoise Chenet

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire