5 mars 2010

Le lycée Kyoto, jolie vitrine de l'"Excellence environnementale"

Situé aux confins de Poitiers, dans une zone d'aménagement encore inachevée, le lycée Kyoto a été conçu comme un symbole de l'"Excellence environnementale", slogan de la présidente (PS) sortante de la région, Ségolène Royal. Baptisé du nom du protocole international entré en vigueur en 2005, visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre, l'établissement est, selon Mme Royal, "le premier lycée de l'après-pétrole, 100 % énergies propres".

Lancé en 1998 mais entièrement revu en 2005, le lycée hôtelier et agricole a ouvert ses portes à 500 élèves à la rentrée 2009. Conçu par François Gillard, associé de la Société de conception d'architecture et d'urbanisme, le lieu est accueillant, avec son atrium central, son bardage de bois - pensé pour rappeler les séchoirs à tabac traditionnels de la région -, et la petite "plaine" plantée d'arbres qui le jouxte, elle aussi inspirée du paysage poitevin. Le lycée a coûté 32 millions d'euros, soit 10 % de plus qu'un établissement classique. "L'investissement est plus élevé, mais le coût de fonctionnement plus faible, affirme Serge Morin, vice-président (Verts) de la région, chargé de l'environnement. On savait qu'on construirait un seul lycée pendant le mandat, il fallait être novateurs et exemplaires."
Chauffage à l'huile de colza
Les concepteurs ont voulu prendre de l'avance sur la réglementation, en économisant l'énergie dès la conception : isolation de l'enveloppe du bâtiment sous un mètre de laine de verre ou de polystyrène, toitures végétalisées, couleurs claires pour limiter l'éclairage artificiel, équipements basse consommation, ventilation nocturne... Le lycée est chauffé grâce au stockage de l'énergie produite par une usine d'incinération de déchets qui alimente le réseau de chaleur urbain. Une cuve remplie de 1 000 m2 d'eau emmagasine la chaleur produite en été, utilisée l'hiver. Un système de production de chaleur et d'électricité fonctionnant à l'huile de colza, l'une des principales productions agricoles régionales, assure le complément. Le toit est équipé de 1 000 m2 de panneaux photovoltaïques, dont une partie de la production est revendue au Réseau électricité de France (ERDF). En faisant le bilan de l'énergie consommée et de l'énergie produite, l'objectif est d'amener le bâtiment à consommer moins de 5 kWh par m2 et par an, soit 13 fois moins de chauffage et 22 fois moins d'électricité qu'un lycée ordinaire. L'objectif n'est pas encore atteint. "Nous sommes en phase de réglage", explique François Obrecht, conseiller technique à la région.
Le bâtiment mise aussi sur les économies d'eau, grâce à des limiteurs de débits posés sur les robinets, ou le choix d'espèces végétales peu consommatrices à l'extérieur. Une bâche de récupération des eaux pluviales permet d'alimenter les toilettes et les espaces verts. Le mélèze, essence choisie pour habiller le bâtiment, résiste aux parasites sans traitement chimique.
Pour respecter le protocole de Kyoto, la région s'est fixé comme objectif général d'éviter l'émission de 800 000 tonnes de CO2 d'ici à 2020, en misant sur l'isolation des bâtiments, l'énergie photovoltaïque, et le chauffage au bois - huit chaufferies ont déjà été livrées. Les 92 lycées représentent 5 % de cet effort. "Nous avions pour objectif d'éviter 4 800 tonnes de CO2, nous en sommes déjà à 6 000", souligne M. Obrecht.
Gaëlle Dupont - LE MONDE le 02.03.10

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