2 mars 2010

Où va le PS ?

Geneviève Tapié «Au PS ou pas, je continue mon combat !»

Présidente de l'Assemblée des femmes-Observatoire de la parité du Languedoc Roussillon, cette viticultrice de Nissan-lez-Ensérune ne recevra pas, comme prévu, un prix récompensant son engagement autour de la parité

ENTRETIEN

Il y a trois jours vous avez appris que vous ne recevrez pas le Prix de la socialiste européenne ayant le plus oeuvré pour la parité en 2009. Quelles en sont les raisons ?
Je devais en effet recevoir ce prix à Budapest des mains de la présidente du Parti socialiste européen Femmes, Zita Gurmaï ; et samedi soir j'ai reçu un mail me signalant qu'il n'était plus question qu'on me le remette car j'étais exclue, comme cinquante-huit autres de mes collègues, du Parti socialiste étant candidate sur la liste de Georges Frêche. Et que pour cela, le Parti socialiste français s'opposait formellement à la remise de cette distinction.

Le PS français a donc le pouvoir de s'opposer à cette remise de prix au prétexte que vous venez d'en être exclue ?
Oui car il y a une consultation d'usage qui est effectuée auprès du PS pour qu'il donne son avis sur ce choix. Et comme les conditions d'attribution de ce prix exigent que le lauréat soit membre d'un parti socialiste européen, ce que je ne suis plus depuis le 23 février - date de mon exclusion après plus de trente-huit ans de militantisme -, j'ai été évincée .

Comment réagissez-vous face à cette décision ?
Au début, très mal. Puis, j'ai respiré un bon coup et je me suis dit que j'en avais vu d'autres. Mais je râle d'autant plus que je suis la dernière sur la liste de Frêche, une place plus symbolique que politique. Ceci étant, je ne suis habitée par aucun esprit de revanche.

Vous pensez réintégrer rapidement le Parti socialiste ?
Je suis très pessimiste. Le PS va aller jusqu'au bout. Et je suis certaine que le bureau national ne nous réintégrera pas. Ceux qui le voudront feront la demande, mais il faudra qu'ils attendent au moins deux ans. C'est la logique du parti qui prévaut aujourd'hui. La machine de guerre du PS est en route et elle est prête à tout broyer dans la région.

Martine Aubry sera à Montpellier le 8 mars, Journée de la femme, comptez-vous l'interpeller sur la décision qui vient d'être prise par le PS ?
Aubry va venir, elle célébrera cette journée qui ne saurait être encensée qu'une fois pas an. Puis elle repartira, se fichant bien de la parité.

Vous irez tout de même à Budapest le 6 mars assister au moins à la cérémonie... assise dans le public ?
Oui, j'ai été invitée à titre personnel par Zita Gurmaï. Car aujourd'hui personne ne peut contester mon action en faveur des femmes dans la vie publique.

Après cette histoire, allez-vous mettre un terme à votre engagement ?
Pas du tout ! Je vais continuer le combat quotidien que je mène depuis des années sans faiblesse, avec dignité et courage. Seulement, je ne serai plus socialiste. Qu'importe !
Recueilli par Gil LORFÈVRE Midi Libre, Édition du mardi 2 mars 2010

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