29 mai 2010

La retraite à 60 ans : la nouvelle frontière gauche/droite pour Ségolène Royal

Pour ceux qui ont oublié le sens de la gauche …

Nicolas Sarkozy en mettant fin à la retraite à 60 ans s’attaque à l’une des grandes réformes sociales de François Mitterrand. Il n’a pas hésité d’ailleurs à faire référence directement à son prédécesseur. En lançant cette attaque, l’actuel président de droite redessine délibérément la ligne de fracture gauche/droite. Un moyen qui devrait lui permettre de récupérer l’électorat conservateur qui lui a fait défaut lors des élections régionales.



C’est par ordonnance, le 26 mars 1982, que fut fixé l'âge légal de la retraite à 60 ans selon la décision du chef de l’Etat socialiste. Une ordonnance donc, pas une loi, pour une réforme sociale majeure du premier septennat de François Mitterrand.

Une réforme qui ne satisfaisait pas tout le monde à l’époque. « Tous les ministres compétents en économie, Jacques Delors, moi et quelques-uns, nous étions catastrophés » avouait Michel Rocard, il y a quelques mois, en venant soutenir la première secrétaire du PS. Dans une émission de radio du dix sept janvier dernier, Martine Aubry avait semé le doute en déclarant : « Je pense qu'on doit aller, qu'on va aller très certainement vers 61 ou 62 ans.». Michel Rocard saluait cette remise en cause de la retraite à 60 ans. « Mon amie et camarade Martine Aubry a eu raison, il lui a fallu du courage » précisait-il. La première secrétaire du PS a visiblement changé d’avis depuis…

François Mitterrand, laissant ses « ministres compétents en économie » poursuivait de son côté l’œuvre des grandes voix socialistes de Jaurès à Blum, avec la retraite à 60 ans « une grande conquête sociale espérée depuis la fin du siècle dernier » selon ses propres mots.



Dans cette bataille qui s’ouvre aujourd’hui sur la retraite à 60 ans, c’est à la candidate socialiste aux élections présidentielles de 2007, Ségolène Royal, que l’on doit la prise de position la plus déterminée avec l’expression sans appel : la retraite à « 60 ans, ce n’est pas négociable » ! Comme François Mitterrand en 1982, Ségolène Royal s’est ainsi fortement démarquée à gauche. En laissant de côté les grands économistes socialistes, de Paris ou de Washington, la socialiste a dénoncé une attaque inacceptable contre les catégories sociales les plus défavorisées. Venant soutenir les manifestants à Poitiers jeudi 27 mai, elle est revenue sur ce principe fondamental en déclarant : en mettant fin à la retraite à 60 ans Nicolas Sarkozy « s’en prend aux ouvriers, aux employés, à ceux qui se lèvent tôt et qui ont travaillé dur car c’est sur eux que va peser cette remise en cause d’un acquis social ».

Entre Michel Rocard condamnant une réforme sociale de Mitterrand et appuyant Martine Aubry confuse dans ses premières déclarations sur ce sujet, et Ségolène Royal définissant clairement la frontière gauche/droite pour s’opposer à la politique de Sarkozy ce sont deux socialismes qui s’expriment. Reprenant le flambeau des grands leaders socialistes de Jaurès à Mitterrand qui ont su allier socialisme et liberté pour entendre et défendre les droits du peuple, Ségolène Royal incarne de plus en plus ce socialisme humaniste qui a fait cruellement défaut à gauche depuis François Mitterrand.

Philippe Allard

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