16 juin 2010

Les trois erreurs de Sarkozy face à la crise par Philippe Allard

1 - Accédant à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy a voulu se mesurer aux plus grands. Son arrogance lui a fait croire qu’il pourrait s’imposer comme l’homme fort du monde. Profitant de la place de la France sur la scène internationale, il a joué sa carte personnelle alors que nous avions besoin d’une vision mitterrandienne pour un renforcement de la coopération européenne. C’est la faute originelle qui a aujourd’hui de lourdes conséquences. Comment l’Allemagne pourrait-elle croire et faire confiance à cet homme malade de l’Europe ? Une autre politique devait être menée. Dans les derniers mois de la présidence Bush, la France aurait dû faire avancer le rapprochement avec l’Allemagne et les principaux partenaires européens pour consolider notre espace régional dans la mondialisation Ce serait aujourd’hui un atout considérable face à la crise. Le renforcement de l’Europe aurait dû conduire la politique de la France. Mais trop imbu de lui-même, préférant parader sur la scène internationale, Narcisse s’admire et laisse passer le train de l’histoire.
 
2 – Trop sûr de sa belle étoile, Nicolas Sarkozy accédant à la présidence s’est lancé dans une politique de baisse des impôts avec le bouclier fiscal. Dans un dogmatisme libéral, les baisses d’impôt devaient libérer l‘économie française et assurer la croissance. Il n’en a rien été et c’est surtout le déficit structurel qui s’est creusé au détriment de l’investissement. C’était l’un des thèmes de la campagne de 2007 que la candidate socialiste avait mis en avant. « Un euro dépensé doit être un euro utile » martelait la socialiste. Un discours qui n’avait pas séduit toute la gauche à l’époque notamment certains grands économistes de son parti. Mais déterminée, malgré l’accusation de dérive droitière, la socialiste n’avait pas cédé expliquant qu’on ne pouvait pas bâtir une économie solide dans la mondialisation en laissant filer les déficits. Dommage que cette parole sage n’est pas été entendue. La France fit le choix de la cigale contre la fourmi et quand vint l’hiver la cigale fut bien dépourvue.
 
3S’appuyant sur le cercle de ses amis du Fouquet’s, Nicolas Sarkozy a cru, dans une vision erronée de la mondialisation, qu’en soutenant quelques grandes firmes, il favoriserait l’économie française. L’Allemagne, de son côté, a mené une politique bien différente, comprenant qu’une économie solide reposait d’abord sur le dynamisme des PME soutenues à l’échelle régionale. Dans la mondialisation alors que des secteurs entiers sont délocalisés et que les pays émergents deviennent des pays émergés, c’est sur l’économie de la connaissance que peut reposer l’avenir économique.  Une autre politique économique que la candidate de 2007, Ségolène Royal, s’est appliquée à mettre en place dans sa région Poitou Charente. Dépassant le cadre traditionnel de ses fonctions, la socialiste a mené une politique régionale active de soutien aux PME sur son territoire pour porter cette économie de la connaissance. Elle est ainsi apparue pionnière en ce domaine pour faire des régions de nouveaux acteurs économiques en soutenant la création et l’innovation des PME.
 
En somme, si les trois erreurs politiques de Nicolas Sarkozy sont un handicap aujourd’hui pour l’économie française, une autre politique économique est possible. Ce sera l’un des enjeux de 2012.
Forte des ses choix et de ses actions, Ségolène Royal en ce domaine a pris assurément une longueur d’avance pour 2012 dans le cas d'un deuxième tour qui l'opposerait à nouveau au président actuel.
 
Philippe Allard

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