24 mars 2010

Les élus au Conseil Régional Poitou-Charentes

Résultats du deuxième tour des élections régionales 2010 Région Poitou-Charentes :

Liste Ségolène Royal 60,61 % (39 sièges)
Liste Dominique Bussereau 39,39 % (16 sièges)

Charente (11 sièges)
8 sièges Liste Ségolène Royal (PS-EE) 

- M. Michel Gourinchas (PS),
- Mme Françoise Coutant (Europe Ecologie),
- M. Michel Broncy (PS),
- Mme Joëlle Averlan (PS),
- M. Christophe Rambliere (PS),
- Mme Madeleine Ngombet Bitoo (PS),
- M. Jean-Christophe Hortolan (Europe Ecologie),
- Mme Marie-Laure Tissandier (DIV)
3 sièges Liste Dominique Bussereau (UMP-NC) :
- M. Henri de Richemont (UMP),
- Mme Véronique Marendat (NC),
- M. Vincent You (Parti chrétien-démocrate)

Charente-Maritime (19 sièges)

13 sièges Liste Ségolène Royal (PS-EE) :
- M. Olivier Falorni (PS),
- Mme Françoise Mesnard (PS),
- M. Benoît Biteau (PS),
- Mme Marie-Paule Jammet (Europe Ecologie),
- M. Alain Bucherie (DVG),
- Mme Maryline Simone (PS),
- M. Patrick Larible (Europe Ecologie),
- Mme Régine Joly (PS),
- M. Alexis Blanc (DIV),
- Mme Nathalie Garnier (PS),
 
- M. Jacky Emon (DVG),
- Mme Laurence Marcillaud (Europe Ecologie),
- M. Thierry Lepesant (PS)
6 sièges Liste Dominique Bussereau (UMP-NC) :
- M. Dominique Bussereau (UMP),
- Mme Sylvie Marcilly (UMP),
- M. Bruno Drapron (NC),
- Mme Sally Chadjaa (UMP),
- M. Thierry Joulin (CPNT),
- Mme Véronique Lapree (DVD)

Deux-Sèvres (12 sièges)

9 sièges Liste Ségolène Royal (PS-EE) :
- Mme Ségolène Royal (PS),
- M. Serge Morin (Europe Ecologie),
- Mme Françoise Bély (PS),
- M. Pascal Duforestel (PS),
- Mme Julie Geairon (PS),
- M. Emile Bregeon (PS),
- Mme Geneviève Paillaud (Europe Ecologie),
- M. Yves Debien (PS),
- Mme Nathalie Lanzi (PS)
3 sièges Liste Dominique Bussereau (UMP-NC) :
- M. Xavier Argenton (NC),
- Mme Marie-Elise Dang-Vu (MPF),
- M. Philippe Mouiller (UMP)

Vienne (13 sièges)

9 sièges Liste Ségolène Royal (PS-EE) :
- M. Jean-François Macaire (PS),
- Mme Reine-Marie Waszak-Delage (PS),
- M. Georges Stupar (DVG),
 
- Mme Hélène Shemwell (Europe Ecologie),
- M. Cyril Cibert (PS),
- Mme Brigitte Tondusson (PS),
- M. Guy Eyermann (DVG),
- Mme Valérie Marmin (DIV),
- M. Eric Joyaux (Europe Ecologie)
4 sièges Liste Dominique Bussereau (UMP-NC) :
- M. Olivier Chartier (UMP),
- Mme Véronique Abelin (NC),
- M. Philippe Rabit (UMP),
- Mme Pascale Guittet (CPNT)

Horizon 2012 : cap sur les législatives…

            Le principal enseignement à tirer de ces élections régionales, me semble-t-il, c'est qu'il faut rester sur le terrain et travailler au succès des législatives qui sont la composante régionale/locale du scrutin national et donc les déconnecter de la présidentielle. Plus précisément, il faut les préparer toutes les deux pour les gagner évidemment, mais séparément et simultanément. Histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et de ne pas se retrouver en 2012 pris au dépourvu en cas de scénario catastrophe, style 2002…
         L'erreur de Sarkozy, dont se rendent compte ses députés et autres élus locaux, c'est que tout repose sur lui. On est dans le toutourien. D'où une mentalité effectivement servile de toutous qui ne sont rien sans leur maître… C'est évidemment la conséquence de l'hyperprésidentialisation du régime. C'est là que le modèle de Ségolène Royal et de sa démarche en Poitou-Charentes peut être exemplaire et efficace : démontrer aux élus locaux que leur travail de terrain peut leur sauver la mise… que c'est leur implantation au sens propre qui compte, et qu'ils ne doivent pas compter sur un homme ou une femme providentiel(le), ce dont l'UMP est en train de s'apercevoir. Pour la présidentielle, je reste choquée par cet accord entre Laurent Fabius, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn. Comment la dirigeante d'un parti qui veut rassembler peut-elle dire : "On s'est mis d'accord pour présenter ensemble un projet de société; à partir de ce moment-là, ce sera (...) un de nous trois sans doute qui ira présenter ce projet" ?Et les autres, ils font quoi ? de la figuration ? la claque ? ils iront, comme d'habitude, porter/tracter un projet qu'ils n'ont pas élaboré et qui doit servir de faire valoir à celui qui sera choisi comme candidat du PS parmi ces trois autodésignés ? On peut objecter que les autres candidats potentiels comme F. Hollande, SR, et les plus jeunes, auront aussi leur projet… Mais on voit bien se dessiner dans le discours de MA quelque chose qui signifie clairement que ce projet triadique sera le seul légitime, celui qui aura l'estampille du parti.Par ailleurs, il est quand même surprenant d'entendre dire que MA représente la majorité alors qu'au congrès de Reims, c'est la motion E qui a fait le plus de voix et que pour l'élection de la secrétaire, SR était à quasi égalité avec MA.Sans vouloir commenter davantage le congrès de Reims et sa suite, on peut remarquer cependant que la tactique de Ségolène a été la même que pour les Régionales : rassembler  d'abord et présenter aux électeurs la liste de ceux qui ont choisi de travailler avec elle. Cette transparence a le mérite d'être plus honnête que les tractations post premier tour qui obéissent à une arithmétique obscure pour le commun des électeurs. Le choix entre les candidats potentiels devrait donc être aussi celui des stratégies qu'ils proposent pour gagner. Non que les projets soient secondaires, mais ils doivent d'abord être collectifs. MA (ou ses apparents alter ego) compte essentiellement sur le poids de l'appareil du PS qui, à côté de la stratégie que proposent les Verts, Cohn-Bendit ou SR, me fait penser à la chevalerie française à Azincourt qu'on peut comparer à la cuisante défaite de 2002 : le leader du PS de l'époque, battu et ayant lâché ses troupes en rase campagne, ce fut la débâcle faute de solution de rechange et de cette adaptation au terrain qui permet des retournements de situation et au pire de limiter les dégâts.
Françoise Chenet

Régionales : le succès de dupes de Martine Aubry

Après la victoire de la gauche dimanche soir, l’assise de Martine Aubry semble, aux yeux des médias, enfin confirmée.
Etrange déduction quand, objectivement, on ne voit pas la "patte" personnelle de Martine Aubry sur cette victoire prévisible depuis déjà quelques mois.....
Celle propulsée par les vieux éléphants dans une alliance de circonstances qui n’avait pour but que de barrer la route à Ségolène royal -quel programme !-, celle qui depuis son élection sulfureuse et constestée, représentait jusqu’ici une opposition sujette à caution - la débâcle des européennes l’aurait vue à deux doigts de claquer la porte de Solférino-, celle enfin qui a demandé aux militants en octobre leur approbation sur la rénovation du parti dont on ne voit pas encore la trace concrète, trouve là une occasion assez imméritée de redorer son blason d’un succès qui, objectivement, ne lui appartient en rien. On ne peut d’ailleurs pas lui enlever une certaine volonté de modestie dans ses réactions...
 Le printemps des libertés l’an dernier avait été un flop. Le débat sur la loi Hadopi aussi, très mal géré, et pour lequel nombre d’artistes engagés se sont brouillés avec le PS. la débâcle aux européennes. L’absence de communication avec les fédérations aussi, observée par tous les observateurs politiques qui constataient le fossé grandissant, l’écart entre la base des militants et la direction se creusant inlassablement... Martine Aubry y aura remédié en faisant son "tour de France" pour les régionales...Flair évident quand, bien sûr, le succès des régionales était plus que prévisible.
Martine Aubry, oui, a-t-elle vraiment une responsabilité dans cette victoire ?

Citons d’abord, entre l’entre-deux tours des régionales, un sondage intéressant mis en place ici même sur agoravox. Sur 2300 personnes interrogées, on demandait aux internautes quelle était pour eux le fait marquant de ce premier tour des régionales. Plus de 40% répondaient l’abstention. 23% répondent la défaite de l’ UMP...5% répondent la percée du Parti socialiste.

On pourrait nommer aussi, à cette fausse victoire tombée dans l’escarcelle de Martine Aubry sans véritable mérite, les fondements même de la vie démocratique qui privilégie l’hégémonie des deux grands partis. En outre, le principal atout du PS, c’est son implantation locale solide. Mais Martine Aubry n’y est pour rien. Malgré une campagne, il faut le reconnaitre, active de sa part, le succès des régionales n’a rien à voir avec un plébiscite de la direction nationale du PS. Bien au contraire, serait-on tenté de dire. Ségolène Royal, la rivale N°1 de Martine Aubry l’emporte haut la main à 61% dans sa région tandis que Georges Frêche, exclu du PS par Aubry, réussit le tour de force de remporter plus de 54% dans une triangulaire. La liste d’Hélène Mandroux un tout petit 7, 5%. Ségolène Royal ne s’est pas d’ailleurs privée de le dire " ce n’est pas la victoire d’un camps mais d’un pays". Le vote sanction de l’ UMP, le désaveu de la France pour le gouvernement Sarkozy, est avant tout, oui, une victoire symbolique du pays, une force de refus, mais qui ne cautionne nullement l’action-même de Martine Aubry. On peut ajouter aussi que la région de Martine Aubry - et elle ne s’est pas privée de le dire à son équipe du nord- a fait un résultat en dessous de la moyenne nationale. Enfin, avec 53,5% puis 49,5%, n’oublions pas l’abstention d’un français sur deux qui ne veut même plus participer à cette vie démocratique biaisée... Avec un taux d’abstention si éloquent, on songe à certains pays qui obligent les gens à voter - par ordinateur, par exemple-. Peut-on parler de démocratie, de véritable représentation du peuple ? Une loi qui annulerait une élection quand plus de 50% du peuple se détourne du vote serait peut-être à réfléchir ? nul doute que ca n’intéresse pas les grands partis... sans parler de tous ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales et dont le chiffre n’est jamais recensé ou rendu public. Ainsi en comptant les abstentionnistes au 1er tour, le score du PS est ramené à 13 et quelques%, l’ UMP 12 et quelques...et le modem 0,58%.
Piètre score qui est non seulement une victoire de dupes, mais étranger à Martine Aubry.
Elle représente un système démocratique qui se fissure de toutes part et que Ségolène Royal a tenté de renverser à Reims.
Elle le dénonce longuement, dans "Femme debout", quelques mois avant que paraisse le livre édifiant " Hold uPS, arnaques et trahisons" qui fait mention de nombre de témoignages de militants, d’élus, de secrétaires de section, sur les fraudes vérifiées par huissiers dans le camp Aubry pour l’élection du 1er secrétaire.

" Avec quelques pour cents d’avance, j’aurais pu tout changer. Avec moi, la rénovation était immédiate.(...) je lançais dans les 100 jours une vaste campagne d’adhésion, tout le monde sur le pont à 20 euros. Et on déménageait. Dans un lieu vaste, clair, pas tarabiscoté comme Solférino, avec ses couloirs, ses escaliers. Non, un lieu moderne, sur deux plateaux, deux étages, très lumineux.(...) dans un quartier populaire ou vers Montparnasse, le 14ème, un endroit qui sorte de cet étouffoir, dans des lieux plus ouverts, plus fonctionnels, plus accueillants. c’est très important, ce n’était pas que symbolique( ...) ILS savent très bien qu’avec moi, ils ne peuvent plus fonctionner comme ça, que les méthodes auraient changé, qu’on aurait installé une nouvelle génération dans le parti. Finies les estrades, celui qui sait et ceux qui, en contrebas, écoutent religieusement. "je cherche à installer autre chose. une relation plus horizontale. pas pyramidale. c’est fini, les pyramides ! en tout cas, moi, je n’en veux plus"."J’aurais appliqué illico presto la démocratie participative, j’aurais créé une université populaire, on aurait fait revenir les jeunes des banlieues, ils seraient revenus militer. C’est certain. Bref, il se serait passé quelque chose, un souffle."On ne peut plus accepter ce verrouillage, ces quatre personnes qui parlent, ces vingt médias qui relaient et ces trois instituts de sondages qui assomment " Tout est question d’état d’esprit, de méthodes et de remise en cause de soi même. Le sectarisme me fatigue, nous use et nos tue. nous manquons de professionnalisme." 

A méditer.......

23 mars 2010

Le report de l'âge de la retraite contribuera à baisser les pensions

Déçu par "la dérive du PS et de ses homologues européens vers les politiques et les valeurs néolibérales", Jacques Généreux quitte en 2008 le PS pour participer à la fondation du Parti de gauche avec Jean-Luc Mélenchon. Professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, il est l'un des rares économistes à défendre la retraite à 60 ans. Selon lui, l'allongement de la durée de cotisation vise à terme à développer les régimes de retraites privés.

En 1950, l'espérance de vie des hommes était de 63 ans (69 ans pour les femmes), elle est aujourd'hui de 77 ans (84 ans pour les femmes). Un report de l'âge légal de départ à la retraite n'est-il pas inévitable ?

Il y a trois paramètres sur lesquels on peut agir : le niveau des ressources (c'est-à-dire les cotisations), le niveau des pensions, et enfin la durée effective de cotisation. Si vous partez du postulat – qui est celui de toutes les réformes engagées en Europe depuis une dizaine d'années – qu'il n'est pas possible de toucher aux ressources, alors en effet, avec l'allongement de la durée de la vie, vous ne pouvez à terme que baisser les pensions et/ou allonger la durée de cotisation. Mais ce postulat est faux. On peut augmenter les ressources. Il n'y a d'ailleurs rien d'anormal à ce que la population âgée occupant une part croissante dans la population capte également une part croissante du revenu distribué.

Comment augmenter les ressources ?

Il y a deux leviers : le taux des cotisations et l'assiette. Si on décide d'augmenter le taux de cotisation, on sait ce que ça coûte. Financer le régime actuel en maintenant le niveau des pensions (le taux de remplacement actuel est en moyenne de 72 %) suppose d'augmenter de 9 points le taux de cotisation d'ici à 2050. Cela correspond à une hausse progressive de 0,4 à 0,5 % par an, ce qui est parfaitement supportable pour notre économie.

Un levier encore plus efficace consiste à élargir l'assiette. La masse salariale représente aujourd'hui 60 % de la valeur ajoutée. Les 40 % restants vont aux entreprises pour financer les profits, les investissements, et ne participent pas au régime de protection sociale. Si, au lieu de cotiser sur 60 % de la valeur ajoutée, on cotise sur 100 %, on diminue considérablement le taux de cotisation. Evidemment, le patronat ne veut entendre parler ni d'une hausse du taux de cotisation, ni de l'élargissement de l'assiette, car son souci est de préserver une part constante des profits. Si on regarde sur le long terme, la part des profits dans la valeur ajoutée est stable quelle que soit l'élévation des taux de cotisation. On aboutit donc à cette fausse contrainte : puisqu'on ne peut pas augmenter les ressources, les travailleurs doivent travailler plus longtemps ou accepter des retraites plus faibles.

En 1970, il y avait 2,5 actifs pour 1 retraité. La proportion passera à 1,5 actif par retraité en 2030. Une augmentation des cotisations ne pèsera-t-elle pas nécessairement sur la compétitivité du pays ?

C'est l'argument classique, mais il n'est pas sérieux. La productivité du travail augmente en moyenne de 1,7 à 1,8 % par an. Le nombre d'inactifs à charge pour chaque actif va certes augmenter de 75 % d'ici à 2050, mais le revenu créé par les actifs aura dans le même temps doublé. La charge réelle sera donc en réalité plus faible !

Cela fait quarante ans qu'on augmente les taux de cotisation, au fur et à mesure que la population a vieilli et que les retraites se sont développées. Que je sache, ça ne s'est pas traduit par un effondrement de la compétitivité. L'effort qu'il faut faire d'ici à 2050 est le même que celui que nous avons fait entre 1945 et 1995. Durant cette période, la part des retraites a augmenté de 7 points en part de PIB, il faudrait l'augmenter de 6,5 à 7 points au cours des quarante prochaines années.

La réforme des retraites n'est donc pas, selon vous, un problème technique ?

Il s'agit d'un choix de société. Les réformes qu'on nous propose ont un but évident. Fixer le niveau de cotisation aboutira nécessairement à une baisse des pensions, car l'augmentation de la durée de cotisation n'est que théorique. Ce n'est pas parce qu'on repousse l'âge de la retraite que les gens vont effectivement travailler plus longtemps. Aujourd'hui, les gens partent à la retraite en ayant cotisé en moyenne pendant 37 ans et demi, et c'est encore moins pour les femmes. La moitié des gens qui partent à la retraite ne sont déjà plus au travail !

Allonger la durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein reviendra donc à diminuer les pensions. Et la seule solution sera d'épargner tout au long de sa vie pour des régimes de retraites privés. Le message est le suivant : il y a un filet minimal qui est le social, et pour le reste c'est une affaire de choix individuels. Or c'est bien là le but : créer un nouveau secteur marchand, qui est le développement des assurances sociales privées. Le Medef ne s'en cache d'ailleurs pas, pas plus que le gouvernement.

Le seuil légal de départ à la retraite est généralement de 65 ans en Europe, voire de 67 ans comme en Allemagne... Pourquoi la France ferait-elle exception ?

Si tous ces pays vont dans ce sens, c'est précisément pour les raisons que je viens de citer. Dans tous ces pays, les taux de pension diminuent et ne sont maintenus que par le développement de systèmes de capitalisation privée. Les travailleurs sont aujourd'hui en position de faiblesse face aux détenteurs de capitaux qui menacent en permanence d'aller ailleurs si on ne les satisfait pas. Ce rapport de forces génère des réformes qui se font uniquement à l'avantage des détenteurs de capitaux : elles garantissent leur part dans les profits et le fait qu'ils contribueront de moins en moins à la solidarité nationale.
Propos recueillis par Soren Seelow

22 mars 2010

Discours de Ségolène Royal : Elections Régionales

Discours prononcé par Ségolène Royal dimanche soir à Poitiers
Poitiers 21/03/2010



Je remercie chaleureusement toutes celles et ceux qui m’ont renouvelé massivement leur confiance.

J’accueille ce magnifique résultat avec une profonde gratitude. Je le prends comme la reconnaissance du considérable travail accompli avec mes équipes et auquel ont participé tous les habitants de la région qui se sont aussi engagés pendant six ans par leur activité et leurs idées pour faire avancer la région.

J’avais appelé dimanche dernier, à un vote d’espérance. Vous avez répondu, c’est pourquoi je m’engage auprès de chacun et de chacune de vous ainsi qu’auprès de ceux qui n’ont pas voté pour moi à faire tout pour que cette espérance se transforme en action.

Cette unité nous donne un souffle, une nouvelle chance pour accélérer la bataille pour l’écologie, pour les emplois et pour la justice sociale, les trois piliers de notre bon bilan et de notre projet moteurs avec la croissance verte.

C’est aussi une belle victoire des présidents de région de gauche et de leurs équipes. J’ai ce soir pour chacun d’entre eux une pensée très affectueuse.

Les régions ont tenu  avec autant  de  leur force qu’elles le pouvaient leur rôle de rempart contre les effets d’une politique inefficace et injuste. Et le vote d’aujourd’hui montre que notre capacité de résistance a été reconnue.

Il nous appartient désormais de faire en sorte que cette victoire ne soit pas la victoire d’un camp, mais qu’elle soit la victoire pour tout le pays. Nous y parviendrons par l’analyse lucide des résultats de ce scrutin.

Le président de la république et son gouvernement doivent comprendre que leur politique épuise la France et que les Français n’en veulent plus.

Si cette sanction est l’une des raisons de la hauteur de nos scores, il est clair qu’elle a pris, pour la droite, l’allure d’une déroute. Pourquoi ?

Parce que le message du premier tour, qui était un avertissement clair et ferme n’a pas été entendu.

Oui, dimanche dernier les Français ont fait un vote d’avertissement aujourd’hui, c’est une sévère mise en demeure qui est faite au gouvernement de Nicolas Sarkozy.    

Le Président de la république, le gouvernement et la majorité parlementaire doivent prendre toute la mesure de cette défaite cinglante et reconnaître leur échec, modifier radicalement leur orientation en renonçant aux régressions que la France subit dans tous les domaines : salaires, emploi, pouvoir d’achat, retraite, santé, éducation, agriculture, logement, service public et sécurité.  Tout recule. Tout se précarise et nous ne l’acceptons plus.

Dans ces circonstances, notre victoire n’est ni un dû, ni un triomphe. C’est une responsabilité.

A ceux qui ont peur pour l’avenir de leurs enfants, à ceux qui  souffrent, qui endurent, qui tiennent pourtant ; à ceux qui se demandent comment ils boucleront le mois ; à tous ceux qui pensent qu’un bulletin de vote ne sert à rien quand on n’a pas de bulletin de paye décent, à toutes les classes moyennes qui se sentent menacées par le déclassement et à bien d’autre, je dis que nous n’acceptons pas tous ces dégâts, toute cette injustice.

Le peuple français nous envoie aussi un message d’espérance. Sachons le saisir, avec courage, avec enthousiasme.

Il nous demande de rouvrir la route oubliée, la route de la Justice, de l’Egalité, de la Fraternité. Cette route que justement le pouvoir avait cru pouvoir barrer et dans l’indifférence générale. Ouvrons-la, cette route. Prenons-la ensemble tous unis.

A la Gauche à nouveau réunie, les Français, à nouveau, confient leur attente parfois découragée et même désespérée d’une société nouvelle, d’une vie meilleure pour tous. D’une vie qui aurait le droit de s’appeler Vie et pas seulement survie.

Ici dans les régions nous prouvons que la politique est efficace pour s’occuper de la vie quotidienne tout en préparant l’avenir, par la formation, l’éducation l’innovation pour construire un avenir, un Désirs d’avenir à tous et à chacun. C’est ce que j’appelle la morale de l’action.

Par exemple dès demain je vais à nouveau m’atteler à des dossiers urgents qui ont un écho national et qui en disent long sur l’exigence de justice et d’efficacité.

-    l’entreprise Heuliez, dans laquelle les ouvriers ne comprennent pas pourquoi un gouvernement qui vient de lancer les états généraux de l’industrie ne trouve pas 20 millions d’euros pour la voiture électrique là où la région en a apporté 5, alors que des milliards ont été déversés sur les banques.
-    Les suites de la tempête meurtrière et l’attente des sinistrés qui ne comprennent pas pourquoi après deux visites du Président de la République et une dizaine de ministres, les aides d’urgence ne sont toujours pas arrivées, seule la région ayant apporté des secours immédiats grâce notamment aux dons des autres présidents de Région que je remercie. Si les promesses ne sont pas rapidement concrétisées, on aura la preuve que seule la mise en scène de la détresse a motivé ces déplacements dont le seul coût en hélicoptères et jets privés dépasse aujourd’hui les aides arrivées qui ne sont toujours pas arrivées.
-    Je n’accepte pas que les travailleurs de la terre et de la mer soient laissés à l’abandon dans la souffrance de leur disparition annoncée alors que là aussi des promesses ont été faites pour répondre à la crise laitière et la crise de la pêche sans qu’aucun acte concret n’ait suivi.

Oui les Français ont dit aujourd’hui leurs espoirs et leur colère et l’urgence d’en finir avec le fossé qui sépare les discours et les actes.  Cela s’appelle la demande de respect. Nous sommes les témoins dans toutes nos régions que tous les talents et les énergies de notre pays peuvent se développer et nous remettre debout, nous faire avancer et relancer la croissance et l’emploi et la mutation écologique. Ici, nous transformons les paroles en actes au plus près des citoyens, nous construisons envers et contre tout, la République du Respect et nous allons continuer.

Cher(e) camarade,

Historique ! La victoire remportée par Ségolène Royal et ses équipes départementales est inédite en Poitou-Charentes. Jamais ni dans la région, ni dans la Vienne, la gauche n’avait emporté un tel score (61% dans la Vienne, 66% à Poitiers, 70% à Naintré, entre autres !).

Merci à tou(te)s les militant(e)s qui ont travaillé sans relâche pendant cette campagne. Merci aux élus qui ont démultiplié le message sur les territoires. Bravo à tou(te)s.

Plus le peuple rejette la politique de Sarkozy, plus est grande son attente à notre égard. Le score le montre, l’abstention encore trop élevée (même si elle s’est réduite au 2° tour) le fait sentir. A nous de répondre sur le terrain, ici et maintenant, à travers notre action dans les collectivités et notre participation au mouvement social.

Dans la Vienne, ce résultat nous ouvre de belles perspectives pour de futures victoires et donc de nouveaux terrains d’action.

Amitiés socialistes

Jean-François Macaire