7 avril 2010

Lyon invente l'immeuble social en colocation et toutes générations

Rue Prosper-Chappet, au sud-ouest de Lyon (7e arrondissement), devrait naître fin 2011 un immeuble de logements sociaux entièrement pensé pour la colocation intergénérationnelle. Cinq types de configurations seront proposés, allant de 70 m2 à 120m2: deux personnes âgées partageant un même appartement; une famille monoparentale et une personne âgée; deux familles monoparentales; ou encore quatre jeunes.
Cette démarche, inédite, a été imaginée par Habitat et Humanisme. Cette association fondée à Lyon en 1985 par Bernard Devert, un agent immobilier ordonné prêtre deux ans plus tard, est aujourd'hui un acteur reconnu dans la lutte contre la ségrégation urbaine.
«Nous voulions nous saisir du phénomène des jeunes qui se mettent en colocation soit pour des raisons économiques, soit pour ne pas être tout seuls», explique Christian Bel Latour directeur de Régie Nouvelle, une agence immobilière à vocation sociale qui est le principal outil d'intervention d'Habitat et Humanisme. «Nous avons fait le pari que d'autres générations étaient intéressées et qu'on pouvait les mélanger», raconte-t-il.
Crise du logement et crise tout court obligent, la colocation, autrefois réservée aux étudiants, a en effet changé de public s’élargissant à des jeunes salariés, voire des personnes âgées et même des familles monoparentales. En France, si le phénomène fait florès dans les médias (le site colocation.fr a même mis à leur disposition une page d’appel à témoins), son importance réelle n’est pas du tout mesurée.
«Il n’y a aucune donnée objective sur la colocation, qui n’est pas une catégorie de l’Insee, explique Mourad Bahfir, doctorant en sociologie urbaine à l’université de Lyon II, qui a déposé le premier sujet de thèse sur la colocation en France. Mais sur le terrain, on voit bien que le public s’élargit, par exemple à de jeunes enseignants titulaires, de jeunes juristes, etc., qui avec leur salaire ne peuvent avoir un grand appartement seuls.»
Mais le parc immobilier ne suit pas. «En général, on bricole la colocation en partant des baux et de logements classiques peu adaptés; là on a pensé l'immeuble en partant du public cible», précise-t-on à Habitat et Humanisme.

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