15 septembre 2010

A 1 euro le vote, les socialistes rêvent de 4 millions d'électeurs

En 2006, seuls les militants PS avaient désigné Ségolène Royal. Pour 2012, le candidat PS sera choisi par tous ceux qui le désireront.

1 Quel est le calendrier prévu pour cette consultation ?
Certains points peuvent être modifiés. Reste que, à la date d'aujourd'hui, le dépôt des candidatures aurait lieu en juin 2011 - ce qui risque de poser un problème à Dominique Strauss-Kahn, dont le mandat à la présidence du FMI court jusqu'en septembre de la même année.
Un certain nombre de « filtres » assez perméables (parrainage de 5 % des membres du Conseil national, par exemple) seront mis en place pour éviter les candidatures par trop fantaisistes.
Après la traditionnelle université d'été à La Rochelle, fin août 2011, qui promet d'être moins consensuelle que celle de cette année, la campagne officielle se déroulera en septembre et octobre, avec figures imposées et passages obligés avant un vote en deux tours. Le premier, fin octobre, pour sélectionner les deux finalistes, le second quinze jours plus tard, pour les départager.
Rapidement, pour recoller d'éventuels pots cassés, se tiendra une convention de réunification. Comme cela s'est passé chez les démocrates américains lorsque Hillary Clinton a apporté son soutien à Barack Obama.
2 Qui pourra prendre part à ce vote ? Toutes les personnes le désirant, la seule condition étant qu'elles soient inscrites sur les listes électorales. Chaque votant sera amené à signer un document par lequel il s'engage à soutenir le candidat désigné par cette consultation.
Bien évidemment la liste des personnes ayant participé au scrutin ne sera pas publiée. Par contre, si plus tard certains ténors du parti venaient à apporter leur soutien à un autre candidat de gauche, leur engagement pris lors des primaires serait rappelé…
Pour l'heure, on sait que, dans les autres partis de la gauche, ces primaires ne suscitent que peu d'intérêt. Parti communiste et Parti de gauche ne veulent pas en entendre parler. Les Verts ont d'ores et déjà fait connaître le nom de leur candidate. Pour leur part, les radicaux de gauche n'ont pas répondu à la main tendue du PS.
3 Où pourra-t-on voter ? Dans les zones rurales, le PS veut installer au moins un bureau de vote par canton. Le souhait est de ne pas dépasser, par bureau, 5 000 personnes pouvant voter.
Dans les villes de moyenne importance, on s'achemine vers un seul lieu de vote avec plusieurs bureaux.
Le cas des grandes villes n'est pas encore tranché. Mais il est clair que, dans une cité comme Bordeaux, plusieurs bureaux seront mis en place dans chaque quartier de la ville.
4 Qui va payer une organisation aussi lourde ? Ceux qui iront voter, peut-on répondre, puisqu'une participation sera demandée à chaque électeur. Elle sera modeste. Il avait été envisagé, dans un premier temps, de réclamer 2 euros à chaque votant. La somme a été divisée par deux, soit 1 euro à chaque fois qu'un bulletin sera déposé dans l'urne.
Sachant qu'Arnaud Montebourg et ses amis ont l'espoir de voir 4 millions de Français se déplacer (ils remarquent qu'en Italie les primaires qui avaient désigné Romano Prodi avaient attiré 4,5 millions d'électeurs), les frais seraient couverts. D'autant plus que, lors de ce même scrutin italien, c'est en moyenne 10 euros qu'avait donnés chaque votant.
Les socialistes français en arrivent même à rêver que, si les choses se passent comme en Italie - 4 millions de personnes aux urnes, chacune remettant 10 euros -, c'est un pactole de 40 millions qui serait ainsi amassé. « De quoi faire face à deux campagnes présidentielles », note un optimiste.
Une association de financement sera créée tout exprès pour cette consultation.
5 Existe-t-il un risque d'entrisme ? Des personnes de droite pourraient-elles venir voter en masse afin de peser sur le scrutin socialiste ? Parmi les responsables du PS - d'Arnaud Montebourg à Ségolène Royal - interrogés sur la question, personne n'y croit.
À La Rochelle, lors d'une discussion sur le sujet face à 400 personnes, le député de Saône-et-Loire a demandé qui irait voter si la droi- te organisait pareille consulta- tion. Seules trois mains se sont levées…
6 Les urnes seront-elles « bourrées » ? C'est la question qui fait bondir au PS. « Impossible, avec les listes électorales et la pièce d'identité demandée à chaque votant », répond-on. Avant d'ajouter : « Les bureaux seront tenus par des sympathisants, pas par des militants. Rien à voir avec une consultation interne. » On respire.
(1) La Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) est l'ancêtre du Parti socialiste français, créée en 1905.

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