12 septembre 2010

Les dix Plaies du sarkozysme

A l'instar des dix Plaies d'Égypte, le sarkozisme a ses dix Plaies et la maxime de Calderon, «le pire n'est pas toujours certain», est malheureusement chaque jour contredite par l'attitude de Nicolas Sarkozy et de ses ministres. Cette rentrée nous en apporte une nouvelle fois la preuve

 
Le Président de la République empêtré dans les affaires — le dossier Woerth-Bettencourt n'étant que la partie immergée de l'iceberg — a de l'avis d'un grand nombre d'observateurs prononcé un discours de "matamore" à Grenoble, comportant plusieurs propositions irréalisables. Les devoirs de vacances étaient pour son ami et ministre de l'intérieur Brice Hortefeux et ses collègues du gouvernement qui réfléchissent déjà au prochain remaniement et prennent les positions tactiques nécessaires pour éviter d'être évincés à l'automne. Les "cahiers de vacances" ont donc été scrupuleusement remplis et les élèves besogneux auront leurs récompenses. Peu importe l'image de la France à l'étranger et la haine de l'autre ainsi attisée et libérée...
 
Cette plaie sécuritaire est la première, voyons la suivante : la RGPP qui prévoit de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux malgré des effectifs en constante diminution sont clairement insuffisants dans de nombreux services publics, à l'école, à l'hôpital et même dans la police, en dépit d'un discours présidentiel toujours en décalage avec les actes.
 
Comment oublier la mise en place du fameux "bouclier fiscal" qui sera heureusement peut-être écorné par la disparition de certaines niches fiscales ? Ce qui est clair aujourd'hui, c'est bien que Nicolas Sarkozy, derrière des propos populistes qu'il souhaite populaires, protège avant tout une classe de privilégiés et de gens fortunés. Aux petits, le discours démagogique sur la sécurité, "première des libertés", aux plus aisés, la possibilité d'un enrichissement sans limite.
 
Pendant ce temps-là, la dette publique augmente et la dépendance du pays au secteur banque-finance aussi. C'est peut-être l'une des explications de l'incroyable mansuétude de Nicolas Sarkozy à son endroit. Mais c'est également une plaie profonde et une tache tenace qui restera à l'heure du bilan du mandat Sarkozy. Les gouvernements anglais et américains eux-mêmes sont allés beaucoup plus loin que lui dans la recherche de la stabilité du monde de la finance.
 
L'incapacité à engager une véritable politique de réindustrialisation est également un fait coupable, mais là aussi, les actes parlent d'eux-mêmes car il est difficile d'encourager le secteur de la Banque-finance sans pousser celui de la Banque-investissement à disparaitre...
 
L'absence de politique industrielle est souvent à l'origine d'indicateurs catastrophiques sur le front de l'emploi : chômage de masse non endigué, mais aussi chômage des jeunes et des seniors devenu chronique. La plaie prend ici la forme d'un discours politique en constant décalage avec les chiffres réels du chômage et le retour de la fameuse critique de la majorité : "c'est la faute des 35 heures". Le bilan de la politique actuelle est sinistre, et ce ne sont pas nos mises en garde qui l'affirment, mais bien les études officielles de l'INSEE.
 
L'atlantisme, le rapport au religieux et son corollaire, le communautarisme, les libertés publiques bafouées, les promotions-nominations-licenciements du fait du Prince, la Justice démantelée, le secteur agricole asphyxié, la démocratie locale démembrée... nous mènent bien au delà des dix plaies si l'on y ajoute le démantèlement de la retraite à soixante ans, avec toujours la même stratégie : Nicolas Sarkozy affirme dans un premier temps qu'il ne touchera à rien pour ensuite proposer d'augmenter l'âge de la retraite sans pour autant assurer le financement objectif de la réforme !
 
La rentrée politique sera-t-elle difficile ? Tout laisse à le penser. Le risque le plus grave est que le Président de la République, au-delà de ses incapacités structurelles à gouverner et à réformer la France, n'affaiblisse davantage nos institutions au point de fracturer un peu plus encore la confiance des Français à l'égard des politiques.

Par Jean-Michel Clément Député de la Vienne

 

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