19 février 2010

Shoukria Haïdar - Présidente de Negar - Soutien aux femmes d’Afghanistan

Entretien avec Shoukria Haïdar  - Extrait - L'Humanité
L'Huma : En ce qui concerne les droits des femmes, la situation est pourtant restée dramatique…Shoukria : La société a évolué depuis neuf ans, elle n’est pas bloquée. Les choses avancent petit àpetit. Non sans difficulté, c’est vrai. Mais des femmes font des études ou travaillent ; 6 millionsd’enfants, dont des petites filles, vont à l’école. Les mentalités évoluent, nous ne sommes pas sous la chape de plomb des années du régime du mollah Omar. Si on offre aux talibans de participer aupouvoir, ils fermeront les écoles, enfermeront les femmes chez elles. On ne peut pas les sacrifiersous prétexte de sceller une réconciliation nationale.
L'huma : Ce plan est-il soutenu en Afghanistan ?
Shoukria : Karzai a rendu public son projet à Londres mais n’en a pas discuté en Afghanistan. Ni l’Assemblée nationale ni le Sénat n’ont été consultés. Il n’y a eu aucun débat. Nous avons apprisl’existence d’un « plan de paix » par la presse étrangère. Ce fut une surprise. On demande l’accordde tous les pays sans demander leur avis aux Afghans ! Nous avons mobilisé très rapidement uneconférence, qui s’est tenue à l’hôtel Intercontinental à Kaboul, et qui réunissait 200 organisationsde défense des droits des femmes et de la société civile afghane. Ces organisations sontreprésentatives d’un mouvement d’opposition qui existe mais que personne ne consulte. Unerésolution en huit points a été adoptée qui exprime clairement le rejet de négocier avec lestalibans. Cette conférence a eu beaucoup d’écho et a bénéficié d’une bonne couverture de la partdes médias afghans. Il est regrettable que les Occidentaux ne veulent voir que Karzai et sa feuillede route, sans prendre en considération ce qui se dit hors de son cercle de pouvoir. Il y a une forteagitation en Afghanistan sur cette question. Pourquoi ne pas écouter les Afghans ? Je suis la porteparolede cette résolution de Kaboul et je suis venue à Paris transmettre ce message d’alerte
.L’Afghanistan n’est pas en dehors de cette planète. Tout ce qui va s’y passer aura desrépercussions graves et dangereuses. Je le répète, négocier avec les talibans, c’est reconnaîtreleur victoire. Les pays impliqués doivent en mesurer les conséquences et intervenir avant qu’il nesoit trop tard.

Intervention de Danielle BOUSQUET,

Députée des Côtes d'Armor, Vice présidente de l'Assemblée Nationale
dans l'hémicycle le jeudi 18 février sur la Proposition de résolution européenne visant à promouvoir l'harmonisation des législations européennes applicables aux droits des femmes suivant le principe de la «clause de l'Européenne la plus favorisée». Résolution qui au regard des votes sur les amendements intervenus aujourd'hui, devrait être votée mardi prochain après-midi.

Monsieur le Président, Madame la ministre, mes chers collègues.
En vérité, la question qui se pose à nous aujourd'hui est celle d'une ambition : l'ambition de redonner un véritable élan global, par l'Union Européenne, à la longue et difficile conquête des droits des femmes et de l'égalité entre les hommes et les femmes; et par là-même l'ambition de nous réconcilier avec une Europe qui, dans ce domaine, aurait définitivement le visage du progrès alors qu'elle nous habitue tristement, sur tant d'autres questions, à endosser les habits de la régression sociale.
Ce choix de l'ambition nous est offert par le formidable travail réalisé minutieusement par l'association «Choisir la cause des femmes» présidée par Mme Gisèle HALIMI. Notre proposition de résolution est l'occasion de rappeler que les progrès dans les droits des femmes sont toujours passés par l'Europe. De rappeler aussi, pourquoi la solution à une persistance coriace des inégalités entre les femmes et les hommes doit encore davantage passer par l'Europe. Ce texte, est aussi une chance d'affirmer que la France, et notre Parlement en particulier, a un rôle d'éclaireur à jouer dans la recherche d'une ambition européenne réaffirmée et renforcée en matière de droits des femmes.
Depuis les années 70, l'Europe a considérablement fait avancer les droits des femmes. Ce sont en effet pas moins de quatorze directives les concernant qui ont été adoptées entraînant de nombreuses avancées concrètes en Europe et en France. Et elles en appellent de nouvelles, comme par exemple une modernisation du congé maternité et un encouragement des hommes à l'exercice de la parentalité, avancées contenues dans la proposition de loi que nous aurons l'occasion de discuter le 25 mars. Ces deux avancées découlent de la proposition de directive de la Commission européenne, reprise par le rapport Tarabella adopté par une majorité confortable des députés européens le 10 février dernier. L'Union Européenne en donnant les moyens de réaliser des comparaisons entre ses membres, permet une évolution des mentalités en ouvrant le champ des possibles.
Il est à souligner à cette occasion qu'il est paradoxal que ceux qui manient avec beaucoup de dextérité les exemples étrangers pour faire avaler aux français des régressions en tout genre, soient les mêmes qui, lorsque ces exemples étrangers servent des progrès sociaux en France, nous opposent l'affirmation selon laquelle ce qui est possible ailleurs ne l'est pas ici. Je m'interroge en effet, pourquoi l'exemple suédois serait-il valable lorsqu'il s'agit d'allonger l'âge légal de départ en retraite, et ne le serait-il plus lorsqu'il s'agit d'allonger la durée légale du droit à l'IVG ?
L'harmonisation par le haut doit notamment être l'occasion de faire avancer la question des droits sexuels et reproductifs, c'est-à-dire la maîtrise de cette question essentielle de leur vie par les femmes. Ce sont des droits essentiels, ce sont les premiers. Sans la liberté fondamentale de choisir de donner la vie, les femmes ne peuvent vivre à égalité avec les hommes, notamment au moment de s'inscrire dans la vie professionnelle. Je parle ici des dispositions qui garantissent l'accès à l'éducation sexuelle, et non seulement le droit formel mais l'accès réel aux moyens contraceptifs et à l'avortement. Les conditions de nombreuses Européennes en matière de droit à l’avortement et de libre accès à la contraception restent aujourd’hui préoccupantes et révèlent de profondes disparités puisque l’avortement est en effet toujours interdit dans plusieurs Etats-membres de l’Union européenne (l'Irlande du Nord, la Pologne, Malte et Chypre), tandis que certaines femmes comme les Roms en Slovaquie ont été encore récemment, victimes de stérilisations forcées. Autant d’exemples qui montrent combien l’Europe est encore loin du compte, et dans le même temps, cette même Europe peut-être vecteur de progrès considérables, si nous savons donner l'impulsion nécessaire.
Il nous a été avancé l'argument selon lequel la présentation de ce texte serait inopportune. Comment le calendrier dans lequel s'inscrit cette proposition de résolution pourrait-il constituer autre chose qu'une formidable opportunité ? En effet, les 25 et 26 mars à Valence, la présidence espagnole a décidé de consacrer le conseil des ministres de l'Union exclusivement à l'égalité entre les femmes et les hommes. Et dans cette perspective, un groupe interministériel travaille actuellement sur un traité entre la Belgique, l'Espagne, la Suède et la France concernant le principe de la clause de l'européenne la plus favorisée. Le parlement français est dans son rôle si, en votant ce texte, il envoie un signal positif de soutien et d'accompagnement à notre gouvernement et à la présidence espagnole. Nos démarches sont complémentaires et participent de la même émulation au service des droits des femmes. Le contraire nous priverait d'une occasion d'être associés, et dans ce contexte, ne serait pas compris.
Nous avons pu sentir ces derniers jours un flottement sur les bancs de la majorité, voire même de la part de Monsieur Copé la crainte d'adopter une méthode par trop ambitieuse, lui qui préférerait et je cite, « le cas par cas ». J'ai donc envie de dire aux députés de la majorité: n'ayez pas peur et soyez cohérents. Lors des dernières élections européennes, il y a six mois, le slogan de l'UMP appelait de ses voeux « une Europe qui protège et qui agit ». Place aux actes mes chers collègues! Le Sénat belge a su ouvrir la voie en 2007, disons nous aussi OUI à une Europe qui protège et qui agit, en votant pour cette proposition de résolution. Un vote contraire serait indéniablement un renoncement de plus à une vraie ambition en terme de droits des femmes et d'égalité hommes-femmes. Mais je suis convaincue que nous serons nombreux à faire le choix de l'espoir, de l'avenir, et du progrès!

18 février 2010

Jean-Louis Bianco : "La Cour des comptes débusque 140 milliards de niches fiscales au lieu de 70".

Les niches fiscales ne représentent pas 70,7 milliards ainsi que le mentionnent les documents officiels mais 140 milliards d’euros.

« C’est très simple. À mesure que certaines niches se pérennisaient, le ministère de l’économie a arrêté de les traiter comme telle. Pourtant, leur nature n’a pas évolué au cours du temps. On peut en dénombrer une grosse centaine : le carburant des aéronefs n’est pas soumis à la TIPP (3,5 milliards d’euros) ; les plus values sur la résidence principale sont exonérées (1 milliard d’euros) ;  idem pour l’abattement de 40 % sur les dividendes (1,9 milliards d’euros) », précise le président par intérim de la Cour des comptes, Alain Pichon.

La hausse historique du déficit de la France ne tient pas seulement à la crise mais aussi à la gestion du gouvernement, qui n’a pas maîtrisé suffisamment les dépenses pour compenser les baisses d’impôts et notamment la création de « niches fiscales », a estimé la Cour des comptes dans son rapport rendu public mardi.

« Certaines décisions ont été des décisions discrétionnaires qui ont aggravé le déficit public », a déclaré le rapporteur de la commission des finances… UMP, Philippe Marini. Il a cité « l’exemple » de l’allègement de la TVA restauration — de 19,6 à 5,5 % — « qui pèse lourd, plus de trois milliards d’euros et qui ne doit rien à la crise » et celui de la suppression de la taxe professionnelle, qui induit « cinq milliards d’euros de charges supplémentaires pour l’Etat ». « Ce sont des mesures discrétionnaires, c’est un choix de l’Etat », a-t-il insisté… Ainsi, l’élu UMP confirme que le gouvernement a creusé les déficits.
   

Une belle victoire pour les femmes


Communiqué de Jean-Marc Ayrault
Président du groupe socialiste, radical et citoyen à l’Assemblée nationale
L’adoption unanime par l’Assemblée de la proposition de résolution défendue par le Groupe Socialiste, Radical et Citoyen sur l’amélioration des droits des femmes en France et en Europe est une heureuse surprise et une belle victoire pour les femmes.
En dépassant ses clivages, l’Assemblée exprime sa volonté de relancer les politiques publiques en faveur de l’égalité homme/femme qui marquaient le pas dans notre pays depuis plusieurs années. Elle invite avec force le gouvernement à sortir de sa torpeur et à prendre des initiatives législatives qui permettent de concrétiser l’égalité économique et salariale, la parité politique ou la modernisation du droit familial.
Cette résolution permet également à la France d’être un acteur majeur du mouvement impulsé par la présidence espagnole pour harmoniser par le haut les droits des femmes à l’échelle de toute l’Europe.
Sans attendre, l’Assemblée peut elle-même donner corps à sa résolution en adoptant les propositions de loi que défendra la Groupe Socialiste, Radical et Citoyen dans les prochaines semaines sur la prévention des violences faites aux femmes, sur la parité aux élections et sur l’extension du congé maternité. L’égalité homme/femme vaut bien un consensus.
Pour contacts : Xavier JULLIEN
Directeur de la communication du groupe socialiste
01 40 63 69 09 ou 06 86 67 61 37

17 février 2010

La première est secrétaire d'Etat dans le gouvernement de François Fillon, la deuxième mène, depuis quinze ans, des recherches sur le travail et les inégalités hommes-femmes, la troisième a fondé, en 1997, une association "féministe, mixte, antisexiste et universaliste". Nathalie Kosciusko-Morizet, Dominique Méda et Clémentine Autain ont, toutes trois, lu l'essai controversé d'Elisabeth Badinter dénonçant le retour du naturalisme et ses méfaits sur l'égalité des sexes (Le Conflit. La femme et la mère, Flammarion, 270 p., 18 euros). Et toutes trois en sortent avec une impression mitigée : si elles partagent ses inquiétudes au sujet de la régression de l'égalité, elles comprennent mal ses diatribes contre les écologistes et ses critiques à l'égard des discours sur le bien-être de l'enfant.



Dans son livre, Elisabeth Badinter estime que, depuis les années 1980, une offensive naturaliste tente de replacer la maternité au coeur du destin des femmes. Eloge des vertus de l'allaitement, redécouverte du "vieux concept d'instinct maternel", apologie de la présence irremplaçable des mères auprès des jeunes enfants : la philosophe estime que ces discours constituent un véritable danger pour l'émancipation des femmes... tout en reconnaissant qu'ils ont peu d'influence sur le comportement des Françaises. "Jusqu'à quand sauront-elles imposer leurs désirs et leur volonté contre le discours rampant de la culpabilité ?", conclut-elle.

Clémentine Autain
"On peut être féministe et allaiter"
Directrice du mensuel Regards, Clémentine Autain a fondé, en 1997, le mouvement féministe Mix-Cité. Adjointe à la jeunesse du maire de Paris, de 2001 à 2008, cette militante du non à Maastricht s'était présentée à la candidature de la gauche antilibérale pour l'élection présidentielle de 2007.
"J'ai un point d'accord très fort avec Elisabeth Badinter : je suis hostile aux thèses essentialistes qui considèrent que les femmes ont, par nature, des qualités particulières. Ces considérations ont contribué, pendant des siècles, à enfermer les femmes dans leur rôle traditionnel, cantonné à la sphère privée. J'ai l'impression, comme elle, que cette idéologie revient en force : dans un monde bouleversé par la révolution féministe du XXe siècle, c'est parfois réconfortant de se couler dans les schémas anciens...
En revanche, on a l'impression, en lisant le livre, que la maternité est forcément synonyme d'aliénation et de privation de liberté, ce qui emprisonne les femmes dans une alternative impossible : le retour au foyer ou la grève des ventres. Mieux vaut, me semble-t-il, tenter d'imaginer une société plus égalitaire où hommes et femmes partageraient les contraintes mais aussi les plaisirs de la parentalité.
C'est l'angle mort du livre et, pourtant, il y a du travail ! Les pères ne peuvent pas rester dormir dans les maternités, le congé paternité est trop court - onze jours - et certains pères ne le prennent même pas. Pour le congé parental, qui peut durer jusqu'à trois ans, c'est pire : 96 % des bénéficiaires sont des femmes...
Il faudrait construire un véritable service public de la petite enfance - seul un enfant sur dix est accueilli en crèche ! -, combattre les stéréotypes et encourager un partage des tâches parentales. Si elle repose sur un libre choix, la maternité peut être un véritable épanouissement. On peut, par exemple, être féministe et allaiter ! Le seul pari pertinent et durable, c'est la recherche conjointe de la liberté des mères - et plus généralement des parents - et du bien-être de l'enfant."

Dominique Méda
"La maternité continue indiscutablement à peser sur l'emploi des femmes"
Directrice de recherches au Centre d'études de l'emploi, Dominique Méda est l'auteure du Temps des femmes. Pour un nouveau partage des rôles (Flammarion, "Champs", 2002, réédité en 2008) et, avec
"Je partage l'idée que, depuis une dizaine d'années, l'on assiste à une offensive qui défend la répartition traditionnelle des rôles féminin-masculin. Ces discours, qui émanent souvent de pédopsychiatres, de psychologues ou tout simplement d'auteurs masculins, sont sans doute une façon de résister aux avancées du féminisme, qui ont été réelles jusqu'à la fin des années 1980. Ils redoutent la fin de l'autorité, la confusion des rôles père-mère et l'indifférenciation hommes-femmes. Ces discours très normés sur le rôle des mères ont contribué à peser sur le travail des femmes et à culpabiliser les mères.
Car la maternité continue indiscutablement à peser sur l'emploi des femmes : lorsqu'ils sont seuls et sans enfants, les hommes et les femmes ont les mêmes taux d'emploi, alors qu'il y a plus de 20 % d'écart lorsqu'ils deviennent parents ! Qu'elles le veuillent ou non, l'arrivée d'un enfant handicape donc lourdement les femmes sur le marché du travail, et elles seules.
En raison des politiques publiques menées notamment au milieu des années 1990 en réponse à la crise et à la montée du chômage - incitation au temps partiel, extension, aux parents d'un deuxième enfant, d'un congé parental long et mal rémunéré, insuffisance de crèches -, ces contraintes ont plus pesé sur les femmes des milieux populaires que sur les autres. Les femmes diplômées peuvent, en effet, faire garder leurs enfants et avoir presque les mêmes chances que les hommes en matière professionnelle.
En revanche, les femmes fragilisées des milieux modestes optent souvent pour un congé parental : le faible montant de l'allocation peut concurrencer les bas salaires des smicardes ou le travail à temps partiel mal rémunéré, surtout dans des conditions de travail difficiles avec de plus en plus d'horaires atypiques. Après une absence de trois ans, ces femmes peu diplômées ont énormément de mal à revenir sur le marché du travail.
Le modèle d'un couple entièrement voué au travail et déléguant entièrement les tâches de soins à l'extérieur n'est cependant pas non plus un idéal. Il serait sans doute bénéfique de réfléchir à une organisation des temps de vie qui laisse à tous - aux hommes comme aux femmes - la possibilité de s'occuper de leurs enfants. Il faudrait donc repenser l'articulation famille-emploi, afin que le temps familial cesse de peser uniquement sur l'emploi des mères, et de répartir différemment la prise en charge de l'enfant entre les pères, les mères et des modes de garde de qualité. Les femmes assument aujourd'hui 80 % des tâches parentales et domestiques, un déséquilibre qui n'a quasiment pas bougé depuis vingt ans..."

 Nathalie Kosciusko-Morizet
"Elisabeth Badinter se trompe de combat"
Avant de devenir secrétaire d'Etat à l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet était secrétaire d'Etat à l'écologie auprès de Jean-Louis Borloo. C'est à ce titre qu'Elisabeth Badinter lui reproche, dans son livre, d'avoir encouragé les parents à utiliser des couches "lavables", qui participent, selon elle, à l'aliénation des femmes.
"En accusant l'écologie de nourrir un courant naturaliste qui entrave la liberté des femmes, Elisabeth Badinter se trompe de combat. L'écologie naturaliste est un travers américain qui n'existe pas en France : ici, l'écologie s'est construite autour d'un questionnement sur le système de production et de consommation de nos sociétés industrielles. Il n'est pas question de revenir à des modes de vie anciens mais d'envisager l'avenir en intégrant l'idée du développement durable. Le vrai problème, ce n'est pas de combattre les pratiques écologiques, mais de les rendre accessibles à tous, qu'il s'agisse de la nourriture biologique ou de la lutte contre les polluants chimiques.
Cette polémique sur les couches lavables est dérisoire. Ces produits n'ont plus rien à voir avec ceux qu'utilisaient nos grands-mères et j'invite ceux qui s'y intéressent à se renseigner précisément sur le sujet, ce que n'a vraisemblablement pas fait Elisabeth Badinter. Chacun doit simplement se sentir libre de faire des choix personnels en fonction de ses besoins et de ses désirs, sans risquer pour autant d'être soupçonné d'aliénation !
J'ai peur qu'Elisabeth Badinter passe à côté des vraies difficultés des femmes. Le problème, ce n'est pas l'allaitement, c'est la discrimination professionnelle, les inégalités de salaire et le plafond de verre qui les empêche, encore aujourd'hui, d'accéder aux responsabilités. La maternité est parfois instrumentalisée pour freiner leur carrière, c'est évident, mais ce n'est pas la seule explication : chez les diplômés, l'utilisation, par les hommes, des réseaux et de la cooptation en est une autre. L'enjeu, c'est de libérer les femmes, pas de les enfermer dans de fausses alternatives sur l'allaitement ou le retour au foyer."
Propos recueillis par Anne Chemin

Ségolène Royal : une femme d’honneur

Alors que la France vit un véritable drame avec la crise qui la frappe avec acuité, alors que les privilégiés se comportent comme des enfants gâtés face à ce peuple qui souffre, c’est le branle bas de combat pour conserver, qui, son poste, qui, sa chasse gardée, qui, ses acquis. Plus de solidarité, de fraternité. Ce ne sont pas les déclarations tapageuses ou les insultes qui font la valeur d’un homme ou d’une femme politique, ce sont ses actes. C’est parfois contradictoire d’entendre ceux qui prônent le respect mais ne respectent rien. Sans grandeur de l’âme, Heure par heure, la fébrilité des uns et des autre se manifeste entre invectives et violences verbales. Une politique de caniveau. 

Une seule personnalité politique, malgré toutes ces attaques aussi ridicules les unes que les autres, reste digne : Ségolène Royal.

agoravox article dAllain Jules 17 février 2010 

A la région, Ségolène Royal tacle et cajole

Dernière session du conseil régional hier avant les élections. Des règlements de comptes, des amabilités et quelques grosses hypocrisies. La présidente trace sa route. Verte.
 
Ségolène Royal n'envisage pas la défaite lors des prochaines élections régionales. A la question, la présidente de Poitou-Charentes, candidate à sa succession, balaie. «Je ne réponds pas à ça.» A un peu plus d'un mois du premier tour (14 mars), c'était vendredi dernier la dernière session du conseil régional. L'occasion de faire un bilan et de donner un cap pour demain. Le cap sera vert. Ségolène Royal rêve «d'un modèle alternatif à l'économie libérale, un modèle très lié à l'écologie.»
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Avant d'ouvrir une session sous les feux des rédactions parisiennes, télé et presse écrite, Ségolène Royal a rencontré la presse régionale. L'occasion de tacler sévèrement Dominique Bussereau, tête de liste UMP qui a dérapé jeudi, qualifiant les MoDem ayant rejoint la liste PS de «Harkis».
«C'était prévisible. Il m'a déjà qualifiée de vautour, de menteuse et il avait dit des centristes qu'ils allaient à la gamelle. Il n'y a plus de code éthique. Dominique Bussereau est en service commandé par Nicolas Sarkozy pour abîmer, salir la campagne électorale. C'est une stratégie. Au bout du compte, c'est la République qui prend les coups et je refuse de m'abaisser à ce niveau.»
Le préfet de région, Bernard Tomasini, en a également pris pour son grade. «Il est antirépublicain. Le devoir de l'Etat, c'est d'être neutre. Il ne l'est pas. Ses prises de position permanentes rappellent ses services sous Pasqua.»
Sa dernière pique fut adressée aux signataires de la pétition contre sa stratégie d'ouverture. «Ils règlent des comptes qui ne sont pas les miens et il y a deux contrevérités. Me reprocher de ne pas faire d'alliance à gauche est faux. J'ai ouvert la porte aux communistes, aux Verts. Ils ne sont pas venus. Ensuite, je n'ai pas négocié avec le MoDem, mais avec des personnalités individuelles qui se reconnaissent dans mes actions et pas dans la droite de Sarkozy.»
La session fut beaucoup plus consensuelle avec même un échange presque émouvant entre la présidente et Henri de Richemont, leader de l'opposition. Ce dernier évoquant «la chance et l'honneur d'avoir participé à des débats de qualité». Ségolène Royal saluant «la grande correction» et «l'authenticité des convictions» de l'élu charentais dont elle a dit qu'il avait été «humilié» par son propre camp, glissant: «Celui qui vous a succédé à votre corps défendant dégrade le débat public.»
L'élu communiste Paul Fromenteil, qui tirait sa révérence après vingt-sept ans dans la maison, a été ovationné après un dernier discours.
Mais le moment que toute la presse attendait s'est transformé en une caricature de langue de bois. Marie Legrand, élue verte sur le départ, qui le matin même sur France Info qualifiait le règne de Royal de «gouvernance totalement égocentrée autour de la présidente avec le souci permanent d'être dans la communication», affirmant qu'«un petit staff gère l'ensemble des affaires», a pris la parole pour saluer «la politique environnementale puissante et cohérente» de l'équipe sortante, terminant sur un «conseil»: «Pour le prochain mandat, il faudra faire beaucoup plus pour l'écologie et être plus partenaires.»
Ségolène Royal venait d'annoncer six mesures, toutes en faveur de l'«excellence environnementale»: des projets d'énergie solaire, un appel à projets écoquartiers et écovillages, un plan d'aide à l'énergie verte pour les retraités, l'installation d'une unité pilote de production d'écocarburants, la reconduction du bonus vert Région et la création d'un écopôle industriel sur le terrain de New Fabris.
Arnaud Fage - Source : la Charente Libre